Non, les marchés ne sont pas irrationnels

Non, les marchés ne sont pas irrationnels

On nous rabâche actuellement, à longueur de journée, que les marchés sont irrationnels et qu’il faut donc s’y opposer.
Les cours de la bourse se sont effondrés, une fois de plus, le 23 septembre, dans le monde entier. Une agence de notation juge l’Italie incapable de rembourser ses dettes aux dates prévues. C’est cette décote qui est en partie responsable de cet effondrement. Mais les USA sont aussi mal jugés par les agences de notation.

Mon ami Jean-Pierre Chevallier, professeur d’économie, note et compare au jour le jour les intérêts que doivent payer les gouvernements allemands, français ou italiens pour l’argent qu’ils empruntent. Les taux français ont bondi hier de plus de 10 points. Les marchés jugent les gouvernements européens incapables de trouver une solution à la crise monétaire.

Or, cette solution existe. Une parité fixe lie le franc et le mark depuis le lancement de l’euro. Et, depuis, les prix progressent plus rapidement en France qu’en Allemagne. Selon Jean-Pierre Chevallier, les prix français sont actuellement supérieurs de 58,6 % aux prix allemands. Il faut donc modifier cette parité. Nos responsables médiatiques ou politiques semblent totalement ignorer ce problème. Pas les « marchés » !

Les « marchés », ce sont les banquiers du monde entier à qui nous confions nos économies. En espérant que ces économies prendront le plus de valeur possible. Ces banquiers cherchent donc à trouver pour nous les meilleurs placements possibles. Ils observent attentivement le comportement des entreprises et des États. Ils achètent les actions des entreprises qui sont innovantes et dynamiques. Le cours de ces entreprises augmente. Et ils vendent les actions des entreprises peu performantes, dont le cours diminue.

Ils achètent les bons du trésor des États qui leur semblent le mieux gérer leur économie. Le prix des bons du Trésor de ces pays augmente. Comme les intérêts payés ne varient pas, les intérêts payés pour un bon du Trésor sont de moins en moins élevés.
Ils vendent au contraire les bons du Trésor des pays qu’ils jugent mauvais gestionnaires. Les emprunts payés pour ces bons du Trésor deviennent plus élevés.

Le banquier qui effectue les bons placements est celui qui observe le mieux l’économie et prévoit le mieux le futur.
 On dit que ces banquiers « spéculent ». Spéculer vient du latin speculare, « observer ». Comme les décisions qu’ils prennent peuvent mettre en difficulté les entreprises ou les États, ils ne sont pas aimés des syndicats ou des pouvoirs politiques. Ainsi, depuis longtemps, le terme de « spéculateur » a une fort mauvaise connotation

En France, les hommes au pouvoir traitent maintenant d’irrationnel le comportement des spéculateurs
. Et certains veulent même les empêcher de spéculer. Alors que leur comportement est, au contraire, très logique.
C’est le comportement des politiques qui semble irrationnel.

Est-il rationnel de créer une monnaie commune, tout en conservant des fiscalités totalement différentes ? La France impose, par exemple, bien plus ses entreprises que l’Allemagne.
Est-il rationnel de créer une parité fixe entre le franc et le mark, alors que, depuis 50 ans, l’inflation française est bien supérieure à l’inflation allemande ?

Est-il rationnel, dans un marché mondialisé, d’imposer les entreprises installées en France ? On les pousse à délocaliser. On installe ainsi le chômage en France et l’activité en Chine.

Des « rumeurs », très souvent lancées par des responsables politico-médiatiques, poussent parfois les spéculateurs à trop vendre ou à trop acheter. Une variation des prix trop importante peut alors se produire. Mais, aussitôt que des informations détruisent la rumeur, les banquiers corrigent l’erreur qu’ils avaient commise et les prix retrouvent un chiffre proche de la normale.
En fait, quand les États veulent s’opposer au libre comportement des individus, ils créent des perturbations économiques graves, comme le chômage en France ou la pauvreté dans les pays marxistes.

Finalement, c’est le comportement des spéculateurs qui apparaît comme rationnel, alors que le comportement des États est très souvent irrationnel.

Mais en traitant les spéculateurs d’irrationnels, on arrive à faire croire aux électeurs que ce sont eux les responsables de tous nos maux…

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Comments (2)

  • sas Répondre

    Dans un article très sévère pour la Grèce, le Daily Mail a énuméré quelques uns de ces gaspillages ou abus fiscaux contre lesquels le gouvernement de Papandreou tente de lutter :

    1. Le métro d’Athènes est climatisé et offre des écrans plasma pour distraire les voyageurs. Et il est gratuit pour les cinq millions d’habitants de la capitale. Plus exactement, il ne l’est pas, mais comme il n’y a pas de barrière pour empêcher les usagers sans ticket de passer, rares sont les passagers qui se soucient d’acheter leur billet. C’est le contribuable européen qui a payé le métro athénien qui a coûté près de 1,7 milliard d’euros.

    2. Le salaire moyen des employés de la compagnie nationale ferroviaire grecque est de 70.000 euros, ce qui englobe les ouvriers et les agents de nettoyage des trains, et qui représente le triple des employés du secteur privé grec.

    3. Par ailleurs, le chiffre d’affaires annuel de cette compagnie est d’environ 90 millions d’euros, pour une masse salariale de près de 575 millions d’euros annuels, ce qui a même fait ironiser un politicien grec qui a remarqué qu’il eut mieux valu payer des taxis privés pour les déplacements des passagers.

    4. En une décennie, la masse salariale du secteur public a doublé.

    5. Plus de 600 professions bénéficient d’une retraite à 50 ans, avec une pension correspondant à 95% du salaire de la dernière année, en raison de leur caractère « ardu et périlleux ». Ces professions englobent les pâtissiers, les animateurs de radio, les coiffeurs et les masseurs des bains turcs.

    6. Les déclarations d’impôts sont rédigées par les contribuables eux-mêmes, et sont rarement vérifiées. Ainsi, seuls 5000 personnes sur un pays de 12 millions d’habitants admettent gagner plus de 100.000 euros annuels. Or, plus de 60.000 foyers grecs détiennent pour plus de 1 million d’euros d’investissements, sans parler des montants investis à l’étranger. Beaucoup de contribuables grecs affirment ne gagner que 12.000 euros annuels, même lorsqu’ils possèdent des bateaux, des résidences secondaires sur des îles grecques et des propriétés à l’étranger.

    7. Lorsque le percepteur s’en agace, ils lui remettent une « fakelaki », une enveloppe contenant des espèces. Il existe même une sorte de tarif informel qui va jusqu’à 10.000 euros pour les foyers les plus riches (il se dit que la famille grecque moyenne paye 2.000 euros par an).

    8. Les grands armateurs grecs, les plus riches de la banlieue riche de Kifissia, sont exonérés d’impôts, en raison des bénéfices qu’ils sont supposés apporter au pays. Mais les chantiers navals sont maintenant vides, seules 500 personnes restent pour entretenir les navires des compagnies maritimes déclinantes.

    9. Seulement 300 résidents de Kifissia (une banlieue riche d’Athènes) ont admis détenir une piscine. Le vrai chiffre est estimé à 20.000.

    10. Au total, ces évasions fiscales coûteraient au pays la somme de 45 milliards d’euros à l’année.

    « Après avoir livré bataille avec la police anti-émeute, qui a fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser, des milliers de manifestants campent toujours sur la place en attendant le vote des politiciens grecs de la semaine prochaine qui doit statuer sur les mesures d’austérité imposées par l’Europe. Pourtant, ces manifestants devraient retourner leur colère contre leur pays, contre ces Grecs qui se sont damnés pendant des années pour dénier à leur Etat les sommes qu’ils lui devaient. 

    30 septembre 2011 à 15 h 14 min
  • Daniel Répondre

    "Est-il rationnel de créer une monnaie commune, tout en conservant des fiscalités totalement différentes ? La France impose, par exemple, bien plus ses entreprises que l’Allemagne."

    Comme par hasard, les Français "rationnels" qui organisent la concurrence déloyale au détriment des entreprises françaises ne sont pas touchés dans leurs avantages à vie:  une innocente  discrimination qui fait combien de morts parmi les chefs d’entreprise et leurs salariés?
    Il faudra bien se décider un jour à faire payer ces dangereux individus pour leurs homicides volontaires et mûrement réfléchis.

    28 septembre 2011 à 22 h 40 min

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