Parité fixe et monnaie unique

Parité fixe et monnaie unique

Plusieurs de mes lecteurs m’ont demandé des précisions au sujet d’une parité fixe liant deux monnaies.

Soit les gouvernements décident de conserver leurs monnaies. Ainsi une parité fixe a lié le franc et le mark de 1945 à 1999. Soit les gouvernements décident le créer une monnaie commune (l’euro) et une parité fixe lie alors le mark et le franc à l’euro.

Depuis 1945, une parité fixe a pratiquement toujours lié le mark et le franc. Un traité d’union monétaire a été passé entre la France et l’Allemagne et les gouvernements des deux pays décident par exemple que, pour l’avenir, un mark vaudra 3 francs. Les consommateurs allemands et français disposent ainsi d’un marché commun.

Mais les prix augmentent plus rapidement en France qu’en Allemagne. Les prix des produits allemands restent pratiquement stables, alors que les prix des produits français augmentent de 3 % tous les ans. Les consommateurs français achètent donc de plus en plus de produits allemands. La balance commerciale française devient de plus en plus négative. C’est bien sûr l’inverse pour la balance allemande. Le chômage apparaît en France.

Au bout de trois ans en général, parfois moins, les gouvernements se réunissent. Ils conservent exactement le même traité et décident uniquement de modifier les parités liant les deux monnaies. Une dévaluation de 10 % du franc rendra tous les produits provenant d’Allemagne 10 % plus cher au consommateur français. C’est une « dévaluation compétitive » qui rééquilibre immédiatement les échanges.

En 1998, les gouvernements français et allemand ont décidé de remplacer la parité fixe liant leurs deux monnaies par une monnaie unique, l’euro.
Le 31 décembre 1998, à Brux­elles, ils ont dû se réunir une dernière fois pour décider de la parité fixe qui allait lier le franc et le mark à l’euro le jour du lancement. Les parités retenues ont été de 1,95583 mark pour un euro et 6,55957 francs pour un euro. Ce qui donne donc une parité fixe de 3,35 francs pour 1 mark. Depuis 1998, cette parité n’a pas été modifiée.
Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes monétaires européens, si l’inflation française était depuis 1999 restée identique à l’inflation allemande…

Malheureusement, syndicats et gouvernements français unissent leurs efforts pour que l’inflation française reste supérieure à l’inflation allemande de près de 3 % par an. Les prix deviennent chaque jour un peu plus élevés en France qu’en Allemagne. Comme au bon vieux temps de la parité fixe, les Français achètent de plus en plus les produits allemands, qui sont de moins en moins cher. Le lait produit en Allemagne est vendu bien moins cher que le lait français.

Le déficit de notre balance commerciale apparu dès 2002 devient un gouffre auquel correspond bien sûr l’excédent de la balance allemande.
Il faut donc changer la parité fixe liant le franc et le mark à travers l’euro.

On peut décider de le faire en supprimant l’euro et en revenant au mark et au franc. C’est un véritable tsunami politico-administratif. Insupportable.
On peut aussi conserver l’euro, ne pas modifier la parité liant le mark à l’euro, mais modifier uniquement la parité liant le franc à l’euro. On réalise ainsi une « dévaluation compétitive » du franc sans changer une autre ligne du traité créant l’euro.

Partager cette publication

Comments (7)

  • grepon Répondre

    "Les "agences de notation" font partie du complot       L’avarice,l’avarice"

    Quelqun doit policer l’avarice des gouvernements.   Se surendette, c’est voler quand meme.

    18 juillet 2010 à 6 h 27 min
  • ozone Répondre

    Les "agences de notation" font partie du complot

    L’avarice,l’avarice

    16 juillet 2010 à 11 h 28 min
  • ozone Répondre

    D’ailleurs,la dénomination "euro" n’avait pas plu a Giscard,on peut passer plus facilement dans le langage courrant a "euro Franc,euro Mark" etc que "écu Franc ou ecu Mark".

    15 juillet 2010 à 10 h 48 min
  • grepon Répondre

    Meme reaction que Florin a la meme phrase incomprehensible de l’article de tremeau.   Pour ce faire, il faudrait que le franc existe, que ce soit possible de d’avoir des comptes bancaires en francs, de payer et recevoir paiement en francs, et eventuellement que cet monnaie existe aussi en forme de billets et/ou mitraille.   Ca veut dire sortir de l’euro, toute en permettant le commerce faite en euro et en francs, m’enfin je crois pouvoir ce propos que de cette facon.     Ce qui revient au meme debacle politico-adminstravivo-embarrasive que de sortir franchement de l’euro.   A la difference de Tremeau, je crois que ce n’est pas "impossible" mais plutot INEVITABLE.     Les francais haissent le changement mais aiment les revolutions(changements brutales).    Ils auront les deux, pour avoir essaye stupidement d’eviter a tout prix le premier.

    14 juillet 2010 à 16 h 28 min
  • Jacques Répondre

    Et pourquoi pensez-vous que Boursorama.com, dans sa page des cours croisés entre devises, conserve aussi les ratios entre euro et anciennes monnaies nationales ? Humm ? P’t’être bien parce qu’un jour ça aussi pourrait changer…
    http://www.boursorama.com/devises/devises.phtml

    14 juillet 2010 à 16 h 17 min
  • Florin Répondre

    "On peut aussi conserver l’euro, ne pas modifier la parité liant le mark à l’euro, mais modifier uniquement la parité liant le franc à l’euro."

    On ne peut que rester bouche bée face à de tels propos, dont le ridicule saute aux yeux :

    Monsieur Trémeau, modifier un paramètre (la parité) de quelque chose qui n’existe pas (le franc, le mark, le drachme …) revient à offrir un passeport biométrique à Louis XIV –

    Pensez SARL : vous montez une boîte avec des potes, boîte qui va bien ou mal : les parts initiales, en pourcentages, restent inchangées (car égales aux apports) : personne ne peut venir dire, toi, t’es un flemmard, t’as mal bossé toutes ces années, tes parts ne valent plus rien, on va les "dévaluer". Tentez le coup, vous verrez le résultat !

    Je vois, M. Trémeau, que vous évitez soigneusement de mettre le pieds dans le concret :

    on fait comment pour dévaluer une chose que tout le monde possède, mais uniquement d’un seul coté ?

    On ira voir Dupont : toi, t’as 10 euros en poche, mais t’es Français, tes 10 ne valent plus que 8. Ensuite on ira voir Schmitt : toi, t’as aussi 10 euros en poche, mais t’es Allemand, tes 10 valent 12 !!!

    Vous comprenez l’absurdité et le ridicule d’une telle situation ?

    Pour autant, l’Histoire a connu des cas similaires : dans les pays occupés par l’Armée Rouge et passés de force au communisme et au goulag, les monnaies nationales, très affaiblies par la guerre, ont été remplacées partout par de nouvelles monnaies ‘à la gloire du socialisme etc’. L’échange a été plafonné à des montants dérisoires (le but était, bien entendu, de confisquer les "possédants") – simultanément, sous peine de mort, les gens ont été obligés de céder l’or, les devises, et … les armes ! Hé oui, on n’est jamais trop prudent …

    Si c’est ça votre proposition, M. Trémeau … comment dire, pour rester poli … On peut parier que vous n’aurez jamais une majorité pour vous soutenir …

    14 juillet 2010 à 0 h 30 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *