Politique française : Tous inflationnistes

Politique française : Tous inflationnistes

Il est difficile d’allumer la télévision sans voir notre beau moustachu José Bové nous sourire en réclamant une Europe écologique : ceci donnerait des emplois.
Notre sympathique postier Olivier Besancenot parle un peu trop rapidement : il a tellement de choses à nous dire. Pour lui, il faut que la rue renverse le pouvoir démocratiquement élu. Martine Aubry et Ségolène Royal entrent côte à côte dans une réunion socialiste, sous les applaudissements. Elles réclament toutes les deux l’Europe sociale. L’européen François Bayroux n’est plus tellement européen.

Par contre, le porte-parole de l’UMP nous annonce avec un visage très sérieux, presque triste, qu’il faut encore attendre les bons résultats de la politique de relance des investissements mise en place depuis 2 ans. Il propose en prime de permettre à ceux qui sont malades de travailler à la maison avec Internet, s’ils le désirent. Le gouvernement le refuse et cela fait désordre.

Par ailleurs, les chiffres officiels tombent. Le chômage augmente dramatiquement. Nos exportations chutent pour la première fois. La balance commerciale s’effondre un peu plus. Notre pouvoir d’achat baisse de 3% en six mois.

Les ouvriers des usines qui n’ont plus de clients se mettent en grève. Les salariés de la SNCF qui ne veulent pas perdre leurs privilèges se mettent en grève. Les salariés d’EDF qui veulent des augmentations de salaires coupent sans prévenir l’électricité, mettant notre chauffage ou notre congélateur en panne, et mettant brutalement en difficulté usines, entreprises ou hôpitaux.

Pour couronner le tout, les médecins soignent de mieux en mieux leurs malades : nous vivons trois mois de plus tous les ans. Mais cela coûte très cher à la caisse d’assurance maladie et accentue dramatiquement le déficit de la caisse retraite. Pauvre Sécu… Ce sont les entreprises qui payent.

Les syndicats utilisent la violence pour obtenir des augmentations de salaires. Martine Aubry, José Bové et Olivier Besancenot nous proposent des augmentations de salaires pour relancer l’économie.

Les coûts de production augmentent ainsi bien plus rapidement en France qu’en Allemagne. François Bayrou, Martine Aubry et José Bové proposent de rester dans l’Europe. Mais pour rendre les entreprises françaises compétitives, il faut faire « l’Europe sociale » ou « l’Europe verte ». Il faut donc que tous les pays obligent leurs entreprises à payer les mêmes charges que les entreprises françaises. D’une part, l’Allemagne fait exactement le contraire depuis 10 ans. D’autre part, un tel comportement rendrait obligatoires les droits de douane autour de l’Europe. Pour éliminer les voitures indiennes, les ordinateurs coréens ou les chemises chinoises. Ce qu’ils proposent n’est qu’inflationniste.

À l‘extrême gauche, Olivier Besancenot semble aussi vouloir rétablir les droits de douane autour de la France, donc sortir du Marché commun. Ce qu’il propose est très inflationniste.

À l’extrême droite, plusieurs partis proposent ouvertement la sortie de l’euro. Ce qui permettrait une dévaluation immédiate rétablissant la compétitivité des entreprises françaises.

L’UMP a totalement raison de vouloir favoriser les investissements, seul moyen de faire progresser notre niveau de vie. Mais, ce parti est dans l’erreur quand il augmente à longueur d’années les charges pesant sur les entreprises françaises. Il doit massivement réduire ces charges.

Si vous lâchez une pomme que vous teniez dans la main, une force, la pesanteur, l’attire vers la terre. Un enfant apprend très rapidement que la pomme ne va pas rester flotter dans l’air.

Si vous augmentez la demande sans augmenter l’offre, l’inflation corrige obligatoirement le déséquilibre ainsi créé. Tous les économistes le savent. Malheureusement depuis la maternelle, et jusqu’à l’ENA incluse, on apprend aux Français que la relance par la demande est possible, donc que l’inflation n’existe pas. Sans inflation, une augmentation de salaires est merveilleuse…

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Comments (15)

  • Frédéric Bastiat Répondre

    Florin, vous avez sans doute raison sous de nombreux points. La rareté peut expliquer une envolée des prix sans lien direct avec la croissance de la masse monétaire. Même si en approfondissant le raisonnement il y a aussi le problème de la plus ou moins grande abondance monétaire (et donc de la demande) face à une offre de produits rare et limitée. Votre comparaison avec les Etats-Unis est intéressante, le crédit étant, vous avez raison, plus abondant, la bulle a été plus forte et ne s’est pas limitée à l’immobilier, mais il faut garder en mémoire qu’en France les taux immobiliers pratiqués ont été divisés par deux à la fin des années 1990 pour une croissance des prix de 160% des biens. Cela n’explique pas tout mais c’est une piste sérieuse. On doit aussi évoquer l’envolée des coûts à la construction (depuis la création de l’indice, ce coût a été multiplié par 17), due certes aux matières premières mais aussi à des pressions sur les salaires provoquées par une pénurie de main-d’œuvre sur le secteur. Enfin se pose le problème du foncier. Je conçois que l’analyse diffère en Ile-de-France et dans le reste du pays. Pour autant pour moi la rareté relative des terres est créée artificiellement par les pouvoirs publics à cause de la survie de comportements de type planistes et aussi, il faut bien l’admettre, de la très grande incompétence des administrations locales. Pour conclure, même si l’on a moins de dommage collatéraux qu’aux USA, la situation française est grave. Nous avons des ménages « pendus » parfois pour 30 ans, pour des biens dont la valeur in fine n’est absolument pas garantie, cela explique largement l’atonie de la consommation des autres biens et services. Aussi, comme vous, je pense que l’inflation par la demande est, pour l’heure exclue, et que l’article de Monsieur Trémeau ne vaut pas son pesant de pixels. Je serais moins affirmatif sur l’inflation tout court. Reste à connaître les courroies de transmission. On assiste sans doute à l’heure actuelle à la reformation d’une nouvelle bulle pétrolière donc à une inflation par les coûts possible.

    7 juin 2009 à 17 h 59 min
  • Florin Répondre

    à Frédéric Bastiat : correct !!! la terre (agricole ou constructible) échappe aux analyses classiques, car il s’agit d’une ressource limitée par définition. L’offre sera toujours en deça de la demande. Crédit ou pas, les gens feront l’impossible pour se loger, quoi qu’il arrive.

    Pourtant, ce qui a favorisé la bulle immobilière en France, ce n’est pas tellement le crédit facile (qui, reconnaissons-le, était plus difficile à obtenir en France qu’aux US, par exemple), mais plutôt l’absence d’investissements d’infrastructure.

    Lorsque vous avez des difficultés à circuler pour aller au boulot, vous ne pouvez pas vous permettre d’acheter MOINS CHER, mais PLUS LOIN, en grande couronne. Si l’Amérique permet à beaucoup d’être propriétaires, c’est justement en évitant d’entasser les gens et en leur offrant des routes dignes de ce nom.
    Les écolos vont me sauter à la gorge, mais je les arrête de suite : il y a des transports colléctifs aussi là-bas. Et pas qu’à New-York.

    Les gens modestes peuvent encore se loger, et pas en HLM, mais dans des maisonnettes avec jardin.

    Si vous prenez le train de Miami-aéroport à Fort-Lauderdale (40 bornes tout de même) vous allez payer 5,50 $. A comparer avec un Roissy-Paris (8€20, pour la moitié de cette distance, plus l’insécurité totale à traverser le 9-3 : les conducteurs de RER conseillent fortément aux voyageurs de prendre les trains directs et d’éviter les omnibus, même en plein jour).

    7 juin 2009 à 15 h 34 min
  • Frédéric Bastiat Répondre

    J’ai beau faire un très gros effort, je ne comprends rien au papier de Monsieur Trémeau qui est, in fine contre-productif, car il tendrait à discréditer ceux qui cherchent à lutter contre le fléau économique que constitue l’inflation. Votre raisonnement Florin est juste en ce qui concerne les coûts fixes mais cela se gâte par la suite. En effet, les salaires et les charges sont des coûts variables (en grande partie proportionnels) et aussi bien les 35 heures que l’augmentation de 25% du SMIC sous Raffarin/Villepin ont été de puissants facteurs inflationnistes. Cela ne s’est pas traduit par une très forte inflation car l’importation massive de biens en provenance des pays à « bas salaires » a constitué, elle, un puissant facteur déflationniste. L’ajustement s’est plutôt fait au niveau des emplois et pas des prix, mais l’accroissement des coûts de production est bien une source majeure de déséquilibre. Je vous rejoint presque, cependant pour rejeter l’hypothèse d’une inflation par la demande (a contrario de ce qui s’est passé durant les Trente Glorieuses). Reste, malgré tout, l’objection de « Hans », l’inflation par un excès de création monétaire. Cela revient pratiquement au même que l’inflation par la demande. En effet si l’on observe ce qui s’est produit au niveau de l’immobilier (et dont les chiffres officiels ne tiennent pas compte car le logement est considéré en France comme un investissement et non comme une consommation), l’octroi de crédit sans retenu a brusquement solvabilisé une demande auparavant inexistante, l’offre ne suivant pas, nous avons eu la formation d’une bulle immobilière et une envolée des prix…

    6 juin 2009 à 16 h 55 min
  • alf007 Répondre

    Un auto-proclamé, un personnage qui colporte  le catéchisme  communiste, et dont le gouvenement a une peur horriblle

    Ce monsieur est une baudruche.

    6 juin 2009 à 12 h 09 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Florin

    Il est inutile de s’exciter comme vous le faites.
    Premio je ne roule pas en Mercedes *), deusio il n’y a presque plus de 2CV sur la route et tertio je ne suis pas gros (1m85).
    Les pertes d’emplois se font parce que les PME n’arrivent plus à dégager une trésorerie qui leur permet de survivre. Ells ont alors deux choix, soit de fermer la boutique, soit pour les plus courageuses de s’expatrier.
    La SNCF en déficit chronique n’a pas ce problème, l’État lui permet de se refaire une jeunesse chaque fois que ses indicateurs passent au rouge. Je vous laisse deviner qui aide à la renflouer. Sans ces aides elle aurait déjà du s’expatrier en Sibérie orientale ou sur la face cachée de la lune.

    *) Vectra de 1997. Ci-joint l’adage allemand concernant ce type de voiture "Jeder Trottel fährt ein Opel!"

    5 juin 2009 à 19 h 33 min
  • Florin Répondre

    Hans : les délocalisations entraînent une redistribution de pouvoir d’achat. Dire que les consommateurs "se retiennent d’acheter" est une ânerie, dans un pays où il y a 3000 nouveaux chômeurs par jour, du lundi au dimanche.

    Je me rappelle "Le Corniaud", avec de Funès et Bourvil : le petit "gros" rentre avec sa Rolls dans la 2CV du gros "petit", la met littéralement en pièces, après quoi "elle roulera moins bien, forcément" …

    eh oui, un chômeur "se retient" d’acheter … Salauds de pauvres !!!! Faut les fusiller, place de la Bourse. 

    5 juin 2009 à 10 h 45 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Florin,

    l’inflation dont parle A.Dumait se rapporte stricto sensu à la création de monnaie par les banques centrales, je ne vois pas ce que les délocalisations ont à faire avec ce processus. L’inflation en Bulgarie qui fait partie de l’EU en sera tôt ou tard également affectée.
    Les coûts de travail ainsi que la fiscalité excessive des entreprises de la France sont la raison principale des fermetures ou des délocalisations. En résultent le chômage et le déficit de la balance des paiements. Ceci sont des faits que seul un changement de politique économique peuvent infléchir, mais ceci est une autre histoire.

     

    5 juin 2009 à 8 h 31 min
  • Florin Répondre

    Hans : "Cette inflation à 0% recouvre un double phénomène : une baisse des prix dans le secteur marchand et une hausse dans le secteur administré.".

    Bien content de vous l’entendre dire !!!! DONC, IL Y A BAISSE DES PRIX dans le secteur marchand, selon Alain Dumait.

    ensuite : "la masse monétaire disponible a augmenté de près de 5% depuis un an. Ce qui veut dire que les consommateurs continuent à se retenir d’acheter…"

    Comment vous dire … pour faire simple, tout en évitant les raccourcis … : la masse monétaire n’est pas entre les mains des SEULS consommateurs … Combien de gens dans ce pays ont-ils augmenté leurs revenus de 5% en un an ??? Il ne doit pas y avoir des millions …

    Vous affirmez qu’il y a hausse de la masse monétaire SANS augmentation de productivité –
    encore une fois, vous simplifiez à outrance. Allez, un exemple pour la route :
    Vous fabriquez des chaussettes à Lille, et une ouvrière payée au SMIC français en produit 10 000 par mois. Coût de la main d’oeuvre, 20 centimes par paire. Vous délocalisez en Bulgarie : même quantité par salarié, mais pas au même coût : de 20 centimes, il baisse à 3-4 centimes.

    Est-ce que la productivité augmente ??? Non, elle est "quantitativement" identique – les mêmes machines "crachent" autant en France qu’ailleurs. Est-ce que la masse monétaire augmente ? si le prix final en rayon de la paire ne bouge pas, la masse monétaire reste identique. Le pognon qui tombait avant dans la poche de l’ouvrière française, tombe maintenant dans celle de l’importateur, grossiste, grande surface etc. Il y a simple redistribution des richesses.

    Ah ,oui !!! la nouvelle chômeuse, elle,  se "retiendra" d’acheter … juste comme ça, pour emmerder les commerçants du coin, bien évidemment …

    5 juin 2009 à 0 h 42 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Voici la réflexion d’Alain Dumais sur l’inflation.
    http://alaindumait.wordpress.com/


    <<Remarquons que l’inflation en mai serait à 0% dans la zone euro, alors que la masse monétaire disponible a augmenté de près de 5% depuis un an. Ce qui veut dire que les consommateurs continuent à se retenir d’acheter, préférant reconstituer leurs encaisses. Cette inflation à 0% recouvre un double phénomène : une baisse des prix dans le secteur marchand et une hausse dans le secteur administré.>>

    Il y a donc création de masse monétaire (+5%) sans augmentation de productivité!

    Et ce qu’il dit un peu plus loin dans le même article:
    <<Le seul problème est que si les banques centrales ont les outils pour ouvrir les robinets et les fermer, ils n’ont pas les serpillières voulues pour assécher, sur commande, les liquidités auparavant créées par excès…>>

    Bernard Trémeau a donc raison l’inflation est au bout du chemin aussi sûrement que l’eau coule vers le bas!

    4 juin 2009 à 22 h 43 min
  • Galopin Répondre

    "Le trous de la secu… mdr…Faudrait l’augmenter encore un peu… et hop, un argument supplementaire pour la privatisé…"

    Si j’etais Sarko, voila ce que je me dirais… et a mon avis, la est bien son intention…

    Dsl pour le hors sujet

    4 juin 2009 à 20 h 46 min
  • Galopin Répondre

    "Le trous de la secu… mdr…Faudrait l’augmenter encore un peu… et hop, un argument supplementaire pour la privatisé…"

    Si j’etais Sarko, voila ce que je me dirais… et a mon avis, la est bien son intention…

    Dsl pour le hors sujet

    4 juin 2009 à 20 h 17 min
  • Galopin Répondre

    "Le trous de la secu… mdr…Faudrait l’augmenter encore un peu… et hop, un argument supplementaire pour la privatisé…"

    Si j’etais Sarko, voila ce que je me dirais… et a mon avis, la est bien son intention…

    Dsl pour le hors sujet

    4 juin 2009 à 20 h 08 min
  • Jaures Répondre

    Chacun a ses phobies. Ma tante Léonie panique devant une arraignée, Tremeau craint plus son taux d’inflation que de cholestérol. Pourtant la France dont l’inflation est nulle devrait rassurer notre gynécologue. Mais voilà, il y a ces fameuses charges… Il est vrai que les pays où elles sont 2 ou 3 fois moins élevées se portent nettement mieux ! Regardez les E.Unis, l’Irlande, l’Angleterre,…Seul Tremeau, à qui les faits donnent tort depuis des années, peut encore prétendre qu’en baissant les charges, en privatisant la Poste et la SNCF tout irait pour le mieux.

    Tremeau est aux libéraux ce que Marchais fut pour les communistes. Triste sillage.

    4 juin 2009 à 13 h 10 min
  • gobillon Répondre

    Les pauvres, les malades et les fonctionnaires, voilà l’ennemi.Rien de nouveau sous le ciel de la droite libérale française

    3 juin 2009 à 9 h 32 min
  • Florin Répondre

    M. Trémeau, vous énoncez pour la énième fois une contre-vérité (ou plutôt, une demi-vérité) flagrante : vous reliez offre, demande et inflation, pour affirmer que toute nouvelle demande génère automatiquement de l’inflation.

    En réalité, la demande est INFLATIONNISTE dans un seul cas de figure : lorsque les capacités de production tournent à plein régime, sont donc utilisées à 100%. Ce qui est très loin d’être vrai aujourd’hui, tout chef d’entreprise vous le dira.

    Lorsque la demande augmente et pousse une entreprise à augmenter le taux d’utilisation de ses capacités de production, disons de 50% à 80%, le coût UNITAIRE de ses produits BAISSE de manière significative, car les coûts FIXES (loyer, entretien, amortissement, intérêts versés aux banques, …) sont répartis sur une quantité plus grande de produits. Implicitement, le profit de l’entreprise augmente de manière exponentielle (bien plus vite que les "quantités de marchandises" produites par l’entreprise).

    Au lieu de générer une "inflation par les coûts", pour reprendre votre expression fétiche, l’augmentation du taux d’utilisation des machines conduit à une REDUCTION BRUTALE des coûts unitaires, et donc l’inflation s’éloigne.

    Faites un tour dans une bibliothèque ou une librairie spécialisée, vous trouverez des centaines d’ouvrages là-dessus, avec des exemples chiffrés.

    3 juin 2009 à 0 h 52 min

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