Pour en finir avec les syndicats « représentatifs » !

Pour en finir avec les syndicats « représentatifs » !

S‘il est douteux que nous soyons politiquement en démocratie, il est certain que la « démocratie sociale » est une vaste rigolade. Les élections syndicales des salariés de très petites entreprises (moins de 11 salariés), qui ont eu lieu, dans l’indifférence générale, au début du mois de décembre, en ont administré une nouvelle preuve.

Si l’on en croit Michel Sapin, qui présidait à cette grande manifestation de démocratie sociale, ces élections ont conforté la légitimité des syndicats. Ce qui constitue un motif de réjouissance, puisque, selon notre ministre, « pour que le dialogue social soit riche, nous avons besoin dans notre pays de syndicats forts ».

J’ignore dans quel pays vit M. Sapin. Mais, dans la France que je connais, je constate que les syndicats n’ont aucune légitimité et que, plus ils sont forts, moins il y a de dialogue social. C’est sans doute regrettable. Il serait probablement possible d’améliorer sensiblement les choses. Mais, enfin, c’est ainsi.

Et se tromper aussi manifestement sur le diagnostic n’est certainement pas la meilleure façon de résoudre le problème !

À quoi tient l’illégitimité des syndicats ? Principalement au fait que, par un dispositif absurde, qui date de la toute-puissance communiste au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les syndicats qui avaient eu une « attitude patriotique » ont été considérés seuls – et par la loi ! – comme bénéficiant d’une « présomption irréfragable de représentativité » (qu’en termes galants ces choses-là sont dites !).

Concrètement, cela signifiait que la CGT, pourtant officiellement liée au PCF qui avait ouvertement appelé à la désertion et au sabotage, a été considérée – du fait de son admirable attitude patriotique ! – comme l’une des 5 centrales syndicales pouvant légitimement se présenter aux élections.

Depuis quelques années, cette « attitude patriotique » a été abandonnée. Mais la loi l’a remplacée par un non moins grotesque « respect des valeurs républicaines » – et l’arbitraire n’est, en la matière, pas moins large qu’en matière d’attitude patriotique…

Faute de liberté de choix, les salariés ne font guère d’efforts pour se présenter ou pour voter ; la participation aux élections syndicales est donc extrêmement faible.

D’où l’idée astucieuse d’inviter les salariés des TPE à voter. Et, hop, d’un seul coup, c’est un collège de 4 614 653 nouveaux salariés qu’on récupère pour « conforter » la « légitimité » des syndicats dits « représentatifs » !

Le triomphe fut à la hauteur des espérances. 29,5 % des électeurs ont opté pour la CGT, loin devant les 19,3 % de la CFDT. Qui nierait sérieusement que la lutte des classes soit l’horizon indépassable de la pensée salariale ?

Las. Chez les salariés des TPE comme ailleurs, tout le monde se fiche éperdument de la CGT et des autres.

Le vainqueur cégétiste a, en réalité, recueilli 136 033 voix, soit 2,9 % des inscrits !

Autant dire qu’avec un syndicat aussi joliment « conforté », le dialogue so­cial va être d’une rare richesse. La démagogie dont nous mourons va encore s’accentuer.

Il n’est pourtant pas bien difficile d’instaurer un dialogue social de bonne qualité.

Il faudrait, pour commencer, que l’État s’en mêle le moins possible. Et, en premier lieu, qu’il retire cette inepte « présomption irréfragable de représentativité ». Si un syndicat n’existe que dans telle entreprise, où est le problème ? Sera-t-il moins compétent pour représenter les salariés que ces syndicats actuels, prétendument représentatifs, choisis par bien moins de 5 % des inscrits ?

Il faudrait ensuite cesser de croire que, systématiquement, les intérêts des « patrons » et ceux des salariés sont antagonistes. Le contraire est au moins aussi souvent vrai.

Et puis, il faudrait que les syndicats ne soient pas, au sens propre, des vendus. Il n’est pas tolérable que 60 %, sinon plus, des recettes des « grands » syndicats proviennent de l’impôt. D’abord, parce qu’il est pénible pour le contribuable de payer pour se faire enquiquiner par des grévistes. Mais aussi parce qu’un syndicat vivant de l’argent public ne cherche évidemment pas l’intérêt des salariés. On le constate tous les jours : le jusqu’au-boutisme de ces fous furieux du grand soir envoie, chaque jour, des milliers de salariés faire la queue à Pôle emploi.

Il est temps de cesser de se payer de mots. Reconnaissons donc enfin que les syndicats actuels sont illégitimes et nuisibles, pour la France comme pour les salariés français, et passons à autre chose !

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Comments (15)

  • ISTINA Répondre

    Ah les syndicats représentatifs de quoi ?

    d’eux-mêmes s

    6 mars 2013 à 11 h 53 min
  • Jaures Répondre

    Hans, si les syndicats sont pour moitié dans la situation actuelle, les pays où les syndicats ne sont pas subventionnés devraient être, au moins pour moitié, en bien meilleure situation. Et dans ces pays, les salariés vivent-ils mieux ? Ont-ils de meilleurs salaires ? De meilleures conditions de travail ? Les richesses y sont-elles mieux partagées ?
    Quinctius, ce que vous dîtes pourrait être étendu à l’ensemble des interventions de l’Etat. Ainsi, si les syndicalistes doivent financer intégralement les syndicats, pourquoi ne pas dire que les malades doivent financer la santé, les élèves l’école, les retraités les retraites, …
    Si vous considérez que les syndicats ne jouent pas un rôle positif dans le fonctionnement du pays, vous pouvez militer contre leur financement public. Il est à noter que le MEDEF et la CGPME ne le demandent pas. Si syndicats et entrepreneurs sont d’accord sur ce point, quel intérêt d’aller contre ce consensus, pour une fois qu’il y en a un, sinon pour aviver les conflits, briser la négociation ?

    6 janvier 2013 à 12 h 10 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    ” démocratie sociale “… illustration :

    en Conseil des Ministres François Chérèque ex-secrétaire général de la C.F.D.T. a été nommé ” inspecteur général des affaires sociales ”

    là au moins il n’y a pas de chômage de longue durée …

    5 janvier 2013 à 21 h 32 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    si je ne suis pas intervenu dans ce débat c’est pour la raison suivante : les syndicats n’ont pas à être subventionnés ( de quelque façon hypocrite que ce soit ) par les deniers ” publics ” pas plus que la presse d’ailleurs ( journaux et …. journalistes ) … c’est aux syndiqués de financer le syndicat de leur choix !

    4 janvier 2013 à 21 h 31 min
    • avatar67 Répondre

      entièrement d’accord avec vous mais comme dit un syndicat par branche car tous réunie sous la même bannière nous aurons plus de poids

      6 janvier 2013 à 12 h 53 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Jaures joue au pompier pyromane. La situation actuelle est pour beaucoup due à la rigidité stalinienne des syndicats dit reprensatitifs.
    Éliminer la cause c’est solutionner de moitié sinon plus le problème.

    4 janvier 2013 à 9 h 04 min
  • Jaures Répondre

    Ce discours contre les syndicats prête à sourire et montre la totale méconnaissance de ce qui se joue à l’intérieur des entreprises. Les syndicalistes ne sont pas des abrutis assoiffés de grève. Quand je suis en grève, je perds ma journée et de fait je n’y ai que très rarement recours. Le maître mot de tout syndicaliste est la négociation et pour cela, il faut un cadre juridique, des instances différentes selon le champs de discussions, des échéances régulières.
    Ceux qui sont contre les syndicats souhaiteraient que le salarié soit seul à négocier devant un DRH, sans connaître ses droits,avec un contrat à sens unique.
    Il est vrai que quand tout va bien, on regarde de haut les syndicalistes. Quand cela va mal, certains essaient de sauver leur peau individuellement. Mais quand les nuages s’amoncellent, on voit tout à coup les permanences se remplir et les questions se presser: quels sont mes droits si on me licencie ? Qu’est-ce qu’un reclassement ? Un départ volontaire ?…
    Mais la réalité quotidienne des syndicalistes c’est une négociation au jour le jour sur les conditions d’hygiène et sécurité, les déroulements de carrière, l’accueil des jeunes,l’intégration des précaires, la formation continue, les salaires,…bref, tout ce qui touche le quotidien des salariés, lequel importe bien peu à ceux qui pestent contre les syndicats. D’ailleurs, les salariés des pays où les syndicats sont interdits ou à la botte se portent-ils si bien ?

    3 janvier 2013 à 14 h 50 min
    • avatar67 Répondre

      Oui un syndicat par branche car se que vous faite c’est m’importe quoi je le vois bien dans mon entreprise c’est la guéguerre entre vous par contre s’il y avait un syndicat par branche (métallurgie transport restauration etc ) vous auriez plus d’adhérent .Car en ce moment entre cgt fo cfdt cftc c’est de la politique et en plus géré par des fonctionnaires

      3 janvier 2013 à 17 h 46 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      tiens à vous voir traîner sur le blog pendant les heures ouvrables j’aurai cru que vous étiez un ” permanent ” de la grève !
      bon repos de fin de semaine pour nous revenir en pleine forme au travail lundi

      5 janvier 2013 à 13 h 44 min
  • avatar67 Répondre

    un syndicat par branche vivant des cotisations des adhérents

    vous allez rigoler

    3 janvier 2013 à 14 h 38 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      dans les pays ” du nord ” c’est bien ainsi que cela fonctionne
      les employés , ouvriers , techniciens , cadres ont besoin d’un syndicat qui les défende ; et pour cela :
      – le syndicat doit être représentatif
      – le syndicat doit être libre
      – le syndicat doit être puissant
      et … la justice doit être libre , indépendante et aussi sévère avec les patrons-voyous qu’ avec les autres voyous

      Mais j’arrête de ” fasciser “

      6 janvier 2013 à 18 h 29 min
  • charlie harper Répondre

    En France il faut être fou (ou trés motivé ) pour se syndiquer .
    A la différence de beaucoup de pays, les accords signés par les syndiqués (ou les plans sociaux, en bref plus de pognon pour les licenciés) s’appliquent à tous : si ils ne s’appliquaient qu’ aux seuls syndiqués , on en verrait beaucoup plus qui se syndiqueraient.
    Donc en ne se syndiquant pas , on a le beurre (pas de cotisation à payer) et l’argent du beurre (être défendu quand même)

    9a c’est pour le faible taux de représentation.

    Aprés sur le fait que les syndicats en France aient 2 métros de reta

    3 janvier 2013 à 10 h 41 min
  • BAYLE Répondre

    Pour mieux éclairer la lanterne des lecteurs de ce site, je recommande vivement la lecture du “dossier” n°10de décembre 2012de “contribuables associés” portant justement sur la CGT grâce à des enquêtes fouillées permettant de voir comment ce fameux syndicat “représentatif” utilise l’argent de contribuables et comment il détruit les emplois industriels en France.

    3 janvier 2013 à 10 h 03 min
  • thizy Répondre

    bonjour

    vous avez raison ,les syndicats c est une” mafia ” qui gangrene la societe

    3 janvier 2013 à 6 h 09 min
  • philippe 01 Répondre

    cher M. de Thieulloy, ce que vous dites fort justement, je l’avais écrit à N. Sarkozy en 2005, alors seulement Président de l’UMP,. qui m’avait remercié pour mon courrier mais en se gardant bien de répondre sur le fond. Il faudrait un tsunami pour mettre fin à cette situation de monopole, de privilèges et de prébendes éhontées des syndicats français, qui ont fini par ruiner nos entreprises et l’économie du pays. Il faudra qu’on en arrive à une situation de chômage à l’espagnole pour qu’un gouvernement de salut public puisse enfin prendre par décret les réformes qui s’imposent. On n’en est pas encore là, mais au train où vont les choses, l’échéance a des chances de se produire avant la fin du quinquennat de Hollande…

    2 janvier 2013 à 14 h 59 min

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