Pour une vraie réforme de l’apprentissage

Pour une vraie réforme de l’apprentissage

Le projet de réforme du code du travail dont a hérité la malheureuse Myriam El Khomri n’est pas le pire qui ait été concocté sous la Ve République.

Sans doute parce qu’il ne vise pas l’adoption d’une nouvelle loi révolutionnaire nihiliste de déconstruction sociétale, com­me celles de Mmes Veil et Tau­bira, mais l’adoption d’un texte de législation sociale.

Ce texte est pourtant médiocre ; il ne comporte pas les réformes décisives qui permettraient l’amélioration de la vie des entreprises et des salariés par une émancipation des invariants idéologiques de la vieille syndicalocratie marxiste.

Il rompt heureusement avec l’usage, par trop généralisé, du contrat à durée déterminée, CDD ramenant bientôt les entreprises aux formes archéo-libérales de l’embauche quotidienne, comme on le voit déjà dans certains secteurs aux États-Unis.

Il entame aussi le carcan de la loi Aubry sur les 35 heures qui a constitué un véritable désastre pour certaines branches d’activité, comme celles des hôpitaux et cliniques.

Mais, au mieux insuffisant, il est médiocre ou nul sur l’essentiel. L’essentiel serait d’en finir avec les féodalités syndicales subventionnées dont les dizaines de milliers de permanents syndicaux ronds-de-cuir constituent la majorité des manifestants des jours de grève.

Il faut, pour cela, reconsidérer encore la loi sur la représentativité syndicale pour la reconstruire fédéralement à partir de la base, c’est-à-dire des entreprises et des branches. La représentativité doit pouvoir être acquise et légitimée à chaque niveau.

La véritable réforme du temps de travail doit passer par une facilitation du mi-temps ou temps partiel que souhaitent des salariés dans certaines périodes de leur vie, notamment pour mieux s’occuper de leurs enfants. C’est ce que réclame notamment un authentique fé­minisme non masculino-égalitariste. Ceci doit pouvoir entrer dans les accords d’entreprise.

Mais la réforme sociale la plus décisive, la plus salvatrice pour l’économie et la société, est cel­le de l’apprentissage qui, en France, a été depuis trop longtemps sacrifié à l’appétit totalitaire de la prétendue « Éducation nationale » avec la complicité de la syndicalocratie et la passivité patronale.

Il y a, selon les cas, en Alle­magne, en Angleterre, et dans les autres pays de l’Europe du nord, de trois à cinq fois plus de jeunes en apprentissage qu’en France, où l’on persiste, pour des raisons idéologiques, dans l’échec de l’« enseignement alterné »…

L’apprentissage doit se faire dans les métiers. Le modèle inspirateur peut en être trouvé dans la réussite de notre très ancienne et toujours novatrice institution du compagnonnage.

Mais il est vrai que cela n’est pas du goût des vieux dinosaures staliniens de la CGT ou des diplodocus trotskistes de FO !

Partager cette publication

Comments (1)

  • Jaures Répondre

    Cet article cultive la contradiction.
    D’un côté il dénonce les idéologies “archéo-libérales” qui institutionnalisent la précarité, de l’autre il prétend émanciper les entreprises des syndicats.
    Or, si B.Antony observe bien, c’est l’absence de syndicats qui permet la précarité généralisée.
    Partout où l’influence des syndicats se replie, les droits des salariés diminuent. En Allemagne, les syndicats puissants dans les grandes entreprises assurent aux travailleurs un bon salaire, un temps de travail réduit et un emploi stable. Dans les petites entreprises où les syndicats sont absents, ce sont les mini-jobs et le temps partiel.
    En Angleterre, l’écrasement des syndicats par Mme Thatcher a abouti à un affaiblissement des luttes dont le contrat 0 heure, véritable retour au XIXème siècle, est le résultat.

    Par ailleurs, dire que les syndicats seraient contre l’apprentissage est une contrevérité. La réalité est que le patronat fait pression pour que l’apprenti ne soit plus un jeune mineur en phase d’étude pour l’acquisition de compétences et d’un diplôme, mais un travailleur rentable à qui on peut même demander un peu plus car encore plus dépendant. Avoir suggérer que l’apprenti puisse dépasser l’horaire légal de travail est en soi une honte.
    Nombre d’entreprises estiment que la formation des jeunes fait partie de leurs prérogatives. Malheureusement, de nombreuses autres ne se sentent pas concernées et pleurent ensuite de ne pas trouver les compétences dont elles ont besoin.
    Dans beaucoup d’entreprises se sont les syndicats qui insistent pour prendre des apprentis ou des étudiants en alternance face à une direction frileuse et passive.
    C’est un état d’esprit qu’il faut faire évoluer.

    22 mars 2016 à 15 h 28 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *