Pourquoi il ne faut pas augmenter les salaires

Pourquoi il ne faut pas augmenter les salaires

Les responsables syndicaux français réclament une augmentation des salaires, au nom de la justice sociale.
Ils trouvent scandaleux de voir les patrons ou les actionnaires percevoir de gros revenus, alors que 40 % des salariés français ne perçoivent que le SMIC.

Et, avec le SMIC, on ne peut pas acheter grand-chose Ils ont donc défilé le 1er mai dans toutes les villes de France – peu nombreux, il est vrai… –, pour demander au gouvernement cette augmentation des salaires. Ils ont été rejoints par les partis politiques se trouvant actuellement dans l’opposition. Et des élus du parti socialiste, ou des différents partis situés plus à gauche, écharpe tricolore bien en vue, se sont joints à ces défilés.
Ces syndicalistes et ces responsables politiques sont persuadés que l’augmentation des salaires va augmenter le pouvoir d’achat des salariés. Or, malheureusement, ces augmentations de salaires n’augmentent que très provisoirement le pouvoir d’achat. Car, au bout de quelques semaines, elles sont toujours responsables d’inflation.

Prenons l’exemple d’une entreprise qui vend un de ses produits 100 euros et dans laquelle les salaires représentent 60 % de ses dépenses. Une augmentation des salaires de 10 % va obliger l’entreprise à vendre son produit 106 euros pour conserver les revenus dont elle a besoin pour rémunérer correctement les actionnaires. Car, sans cet argent, les actionnaires s’en vont. Ils vendent leurs actions et achètent les actions d’une entreprise qui fait plus de bénéfices.

De plus, l’entreprise n’a plus à sa disposition l’argent dont elle a besoin pour investir. C’est-à-dire offrir à ses salariés des machines nouvelles bien plus performantes. En une heure de travail, ils pourront par exemple fabriquer cinquante ordinateurs au lieu de 40. L’offre d’ordinateurs augmente. On peut alors augmenter les salaires sans être responsable d’inflation. Puisque la demande ne devient pas supérieure à l’offre. Et les salaires augmentent.

Une usine peut aussi fabriquer un produit nouveau qui plaît à la clientèle. Dans tous les pays du monde, actuellement, des centaines d’entreprises fabriquent des centaines de produits nouveaux. Les ordinateurs fabriqués en Corée du Sud plaisent aux Français, alors que les vins français, dont la qualité s’est fortement améliorée, plaisent aux Chinois.

Augmenter les salaires ou le pouvoir d’achat

Augmenter les salaires ou le nombre des fonctionnaires, augmente nécessairement les dépenses de l’État.
Soit l’État n’augmente pas les impôts, pour ne pas déplaire à ses électeurs. Il met alors en circulation volontairement plus de monnaie. La demande augmente alors que l’offre reste identique. L’inflation corrige automatiquement cette différence. L’augmentation des salaires des fonctionnaires aboutit à une diminution des revenus de l’ensemble des Français. L’État pourra en rendre responsables les entreprises ou les commerçants…

Soit l’État augmente ses impôts. L’augmentation du salaire des fonctionnaires est responsable d’une augmentation des revenus des fonctionnaires tout en provoquant une diminution des revenus de tous les autres. Ils sont furieux et réclament à leur tour une augmentation de leurs salaires. L’augmentation des salaires ne peut que se généraliser. L’inflation va apparaître.

Dans une économie mondialisée, où les entreprises françaises sont mises en concurrence avec les entreprises du monde entier, toute augmentation de salaires réalisée uniquement en France augmente les prix français.

Il arrive alors un moment où nos entreprises ne sont plus compétitives. Elles disparaissent ou délocalisent.
Le chômage s’installe durablement. Les salariés des entreprises françaises sont parfaitement conscients de cette réalité.
Il faut donc trouver un autre moyen pour augmenter les revenus des salariés.

Marine Le Pen propose avec brio un retour à la monnaie nationale et le rétablissement des droits de douane. De très nombreux Français pensent qu’elle a raison et disent qu’ils sont prêts à voter pour elle. En agissant ainsi, nous serions obligés de payer bien plus cher de nombreux produits venant de l’étranger. Notre pouvoir d’achat diminuerait fortement.

Nicolas Sarkozy veut conserver l’euro et le Marché commun. Il doit donc tout faire pour réduire les dépenses obligatoires qu’il impose aux entreprises.

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Comments (5)

  • IOSA Répondre

    L’auteur devrait demander à ce que son salaire soit au même niveau que le smic et ainsi il découvrira pourquoi son "nouveau salaire" ne lui permet plus de vivre correctement et d’envoyer ses gosses en fac ou encore plus bêtement, d’aller au resto tout les jours sans pouvoir le déduire fiscalement.

    A 1,50 euros le litre de super sans plomb, sans compter les courses du week-end et le loyer à payer tous les mois ( pour ne citer que celà)….c’est sur, il peut parler pour les autres lorsque celà ne le touche pas.

    IOSA

    10 juin 2011 à 13 h 57 min
  • Frederic Répondre

    Cet article, au demeurant, bien écrit, manque sérieusement d’esprit logique et cartésien.

    L’augmentation des salaires n’est pas un but en soi, mais uniquement un objectif à la fois personnel et commun à atteindre.

    Comment voulez-vous avoir des salariés qui soient motivés par le fait de voir constamment leurs salaires stagner quand ce n’est pas baisser ?

    De plus, cela rejaillit sur l’ensemble de la société et c’est en cela que nous sommes tous concernés.

    Le problème de comportement des salariés au sein des entreprises (stress, suicide, démotivation, burn-out…) a commencé par l’emploi inexistant ou chomage, s’est poursuivi par la pression de l’activité générale, puis par la hiérarchie.

    Depuis 20 ans, on remarque une volonté de plus en plus forte des salariés de réduire leur temps au travail, de partir plus tôt en retraite, de ne plus vouloir s’investir dans le travail.
    Nous allons passer d’une société dans laquelle les gens s’investissent pour leur entreprise à des gens voulant avant tout obtenir un salaire.

    De la recherche d’emploi, nous allons passer à des chasseurs de primes car le salaire guide beaucoup de nos compatriotes et à juste titre.

    En refusant l’augmentation naturelle des salaires, on va voir progresser une nouvelle démarche face à l’emploi : Rejet des responsabilités, refus de s’investir (pourquoi en faire toujours plus, si les salaires sont figés ??), chasseur de primes (beaucoup quittent leur emploi, comme je l’ai fait, pour une meilleure rémunération), abandon de l’investissement ("Du moment que je gagne mieux dans une nouvelle entreprise, mon entreprise actuelle peut bien disparaître !" Beaucoup et plus qu’on ne le croit, pense ainsi !)…

    J’ai été consultant en RH et ce que j’y ai vu m’a beaucoup appris.

    Dans les années 80 et 90, la notion suivante a été inventée : "Faut savoir se vendre !"

    Ok, je suis d’accord, mais si nous devons être des objets, autant faire dans le luxe…
    Connaissant voire maîtrisant bien les techniques RH, à un DRH me disant qu’il fallait savoir bien se vendre, je lui ai répondu que si je savais bien me vendre, son entreprise n’avait vraiment pas les moyens de m’acheter !!!!
    Ainsi, j’ai trouvé mieux !

    Cette idiotie comme d’autres sont nés dans l’esprit inféodé des étudiants en psychologie, en technique RH et autres incongruités !

    Le monde a changé avec "l’invention" du chomage (les hauts dirigeants d’entreprises et responsables politiques ont tout intérêt à maintenir le chomage… ainsi ils "contrôlent" les salaires et maintiennent un "vivier" de recrues potentielles), les diplômes galvaudés (un BEP-CAP gagnait autant dans les 70, qu’un Master actuellement ! ou en inversant la situation, on peut également dire qu’un Master actuel gagne autant qu’un CAP dans les années 80 !!!!! Etonnant non ?), l’invention "trouble" des Ressources Humaines qui ne signifie plus rien actuellement contrairement à leur corollaire de la Gestion du Personnel dans les années 80 et 90 qui était plus sensé !

    L’effet pervers de la stagnation des salaires et accrut par la crise a pour effet de démotiver fortement les salariés, de se désintéresser de la vie de son entreprise…
    Indirectement, on assiste à une dévaluation salariale (logique et normale) des diplômes étant donné que les salaires stagnent ou baissent., à une recrudescence des "petits-boulots"…
    J’habite un petit village ou le boulanger gagne mieux sa vie que son voisin directeur comptable d’une grande société.

    Autre preuve à l’appui : Dans le BTP, les grandes sociétés ont du mal à recruter. Certes !

    Ce qu’elles ne disent pas et n’avouent certainement pas, c’est qu’elles ont encore plus de mal pour garder leurs salariés !!!!
    Un ouvrier du BTP, peut au bout de quelques années de travail salarié au sein d’une grande entreprise, acquérir une compétence, une connaissance approfondie de son métier et quitter rapidement cette grande société pour fonder sa propre entreprise.

    Un ami proche a quitté Vinci après 4 ans de travail salarié et 2 ans de formation interne pour fonder sa propre entreprise de BTP et gagne actuellement 6 fois le salaire de base qu’il percevait, sachant qu’il avait un salaire légèrement au-dessus du SMIC.
    Il a tout pris sans rien leur laisser, selon son expression.
    Cet exemple est reproduit chaque année par des milliers d’ex-salariés du BTP.

    Pourquoi croyez-vous qu’il y ait tant de petits artisans et tant de petites sociétés?
    Elles ont souvent pour origine des salariés déçus par les salaires des grands groupes du BTP !

    Enfant, j’ai répondu un jour au maître d’école que je voulais devenir chasseur de primes (sachant que je regardais la série "Au nom de la loi" avec Steve McQueen. Excellent acteur entre autres). Cela la fait rire, sachant que les réponses gnan-gnan sont toujours du style : Professeur, pompier, infirmière…

    Bizarre…

    Mais peut-être faut-il que nous devenions tous des chasseurs de primes ?

    9 juin 2011 à 11 h 21 min
  • Jaures Répondre

    Vous avez raison, André: le nombre de salariés au smic est  3,4 millions, soit 14,1% de l’ensemble.

    J’ai oublié de relever cette erreur mais elles sont si communes dans les articles de Tremeau…

    9 juin 2011 à 9 h 13 min
  • andré Répondre

    Je suis en partie d’accord avec vous Mr Trémeau mais il ne faut pas sous estimer la productivité des Français. Pour un certain nombre de patrons, je ne les mets pas tous dans le même panier, les salariés ne sont jamais assez productifs. Par conséquent, il est logique que les salariés se battent pour l’augmentation de leurs salaires lorsqu’ils sont productifs et qu’ils estiment ne pas être récompensés de leurs efforts. Je remarque une erreur dans ce que vous avez dit sur les salariés au SMIC. Ils ne sont pas 40% à être au SMIC sachant que le salaire médian est de 1800 Euros.

     

    8 juin 2011 à 21 h 11 min
  • Jaures Répondre

    Si on diminue les charges sociales des entreprises, on accentue le déficit de la sécurité sociale. On ne peut donc plus payer les retraites ni rembourser les soins.
    On est donc obligé de souscrire des assurances privées, ce qui coûte plus cher (16% du PIB aux Etats-Unis contre 11,5% en France) ou économiser pour sa retraite en investissant dans d’aléatoires fonds de pensions (aux Etats-Unis, les épargnants ont perdu en moyenne 33% en 2007 et 30% en 2008. Voir à ce sujet:www.irdes.fr/EspaceRecherche/Colloques/ProtectionSocialeEntreprise/PSEPresentationapRobertsSauviat.pdf).

    Par ailleurs, rien ne dit que les entreprises reverseront une part de leur nouvelle marge sur les salaires ou baisseront leurs prix (on a vu que les restaurateurs se sont contentés d’empocher leur baisse TVA sans même dire merci).

    Bref, la méthode Tremeau ne permet en rien d’augmenter le pouvoir d’achat. Bien au contraire. Les travailleurs doivent donc compter sur eux-même pour exiger la part de profit qui leur est due par la revendication et la lutte.

    8 juin 2011 à 11 h 56 min

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