Quand la Chine fait une bulle

Quand la Chine fait une bulle

Dans le numéro du Choc du mois daté du mois de mars, intitulé « Faut-il brider la Chine ? », le sinologue Jean-Luc Domenach répond à une question du directeur de la rédaction du mensuel, François Bousquet : « Qu’y a-t-il encore de communiste en Chine ? »

« L’idéal communiste, répond le sinologue, a de toute évidence disparu. On a plutôt devant nous une sorte d’hypercapitalisme guidé par un lénino-maoïsme de type organisationnel. Une plouto-bureaucratie qui recrute des arrivés et des arrivistes. On devient membre du PCC en même temps qu’on se dote des autres moyens d’accession à l’argent et au rang social. Ce n’est guère différent de ce qu’on pouvait trouver en France ou en Prusse au XIXe siècle. Ce qui diffère, c’est que le régime procède directement du communisme. De là vient qu’il a les moyens de police de se protéger. Pour le reste, c’est un capitalisme d’Etat, avec un personnel politico-administratif qui se charge du développement tout autant que de la prédation, et qui fait, au minimum minimorum, les concessions indispensables à sa survie. Le but des dirigeants étant de se maintenir tant bien que mal. Les divergences avec les localités ne portent d’ailleurs pas tant sur les fins que sur les moyens. (…) »

A la question de savoir si la « bulle » chinoise va exploser, le même expert répond :

« Il y a deux catégories de gens qui, actuellement, sont terrorisés à propos de la Chine. La première, ce sont les sinologues. (…) Nous connaissons, nous sinologues, ce dont les Chinois sont capables en termes de désordre national, de désagrégation de tous ordres. On mesure mal à l’étranger l’indiscipline chinoise parce qu’on en est resté aux images de la Chine maoïste. Or, sous Mao, l’indiscipline populaire était temporairement terrorisée. Mais l’indiscipline reste une réalité chinoise. Pour autant, elle n’est pas politisée.

« La seconde catégorie à tirer la sonnette d’alarme, ce sont les économistes qui connaissent bien la question chinoise. Que disent-ils ? Primo, que le danger est considérable. Secundo, qu’il est impossible de savoir si la Chine va le surmonter ou non. La Chine a tous les éléments constitutifs d’une bulle. La Bourse chinoise est d’une fragilité dantesque, les entreprises publiques auxquelles l’Etat a inconsidérément prêté sont les plus fragiles, percluses qu’elles sont de mauvaises dettes, etc., etc. On a l’impression qu’un grain de sable pourrait tout mettre par terre. Difficile de s’aventurer à faire un pronostic. D’autant que la Chine donne l’impression d’avoir surmonté la crise. »

Il faut l’espérer. Quand la bulle éclatera, le monde tremblera…

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Comments (7)

  • D. Pépé Répondre

    Faire travailer les chinois pour un salaire bien moindre que celui d’un occidental, ne peut amener que des troubles sociaux extrêmements graves, en occident tout d’abord et en Chine ensuite avant une propagation mondiale par effet systémique. Du fait que si les travailleurs chinois produisent ce que nous faisions la veille, il n’y aura plus de clients ici car tous chômeurs et les chinois au chômage technique par manque d’acheteurs du fait qu’il ny a pas à ma connaissance de véritables marchés intérieurs dans ce pays.

    Un commentaire dit que nous pourrions tout faire automatiser et produire par des robots. Soit ! Et l’homme dans tout ça ? On le jette aux orties ? Cela obligerait à tout reconsidérer, à remettre de l’ordre dans ce bordel qu’est devenu cette planète folle parce que dirigée par des fous à lier, donner des priorités à ce qui en vaut réellement la peine, changer de paradigme. Quant aux voitures électriques, est-ce bien aussi écologiques que l’on dit, car tôt ou tard il faudra bien s’occuper du problème des batteries alors que l’on est encore incapable de recycler les pîles et accus. De façon plus concrète, si pour faire 1000Km, il faut faire des arrêts de 9 heures tous les 200 KM pour recharger les batteries, hé bé, on est pas arrivé ! Et les camions,les bâteaux les tracteurs, et pour les avions que fait-on en cas de panne sèche ou de défaillance des batteries, on pédale pour recharger celles-ci et on appelle ça avion-fitness.Soyons sérieux et évitons de répéter toutes les bêtises et inepties que l’on peut entendre ici ou là. Restons éveillé comme il l’était.

    31 mars 2010 à 20 h 14 min
  • IOSA Répondre

    Comme dans tout pêt, lorsque celà explose…..on le sentira d’où vient le vent.

    IOSA

    30 mars 2010 à 18 h 12 min
  • maschera Répondre

    je ne connais pas la chine, je n’y suis jamais aller. je sais pourtant que c’est un pays à grande démographie et à grande diversité. Si l’on dit des chinois qu’ils sont ainsi ou comme cela, on est certain de se tromper. Tout ce que je sais c’est que les chinois sont des êtres humains qui profitent de leur démographie pour faire la nique à leur gouvernement. Ah!! si l’on pouvait…. mais je rêve… Bref, n’ayez pas peur de perdre votre travail parce qu’un chinois va vous le prendre, d’abord c’est pas encore fait ensuite, l’objectif est de tout automatiser pour que le travail humain soit réduit à zéro. D’ici 10 à 20 ans la puissance des ordinateurs pour un prix abordable, si prix il y a, aura atteint l’intelligence humaine. 10 ans plus tard, l’intelligence de la planète entière sera possible dans une toute petite boite. Voila, c’est tout!! alors avoir peur des chinois… alors que c’est peut-être eux qui vont apporter l’abondance sur Terre sans se fatiguer en développant nos futurs robots. Très bien l’achat du Suédois Volvo par un chinois, on va bientôt avoir des véhicles électriques et ensuite des robots ;-)

    29 mars 2010 à 22 h 19 min
  • nadette Répondre

    … Il y a bientôt 1 siècle de cela, mes grands-parents évoquaient le "péril jaune" et pronostiquaient déjà que la chute de notre société occidentale -telle qu’ils en avaient un aperçu à l’époque- proviendrait des pays asiatiques qui seraient à l’origine d’un soulèvement gigantesque… Mes grands-parents faisaient partie de la paysannerie mais il s’est avéré depuis que les humbles avaient souvent plus de clairvoyance que nos dirigeants et autres politiques, aveuglés par le seul profit ; hélas, sans être de mauvaise augure, nous allons payer les pots cassés…

    29 mars 2010 à 22 h 02 min
  • lemans Répondre

    On oublie la diference essentielle entre la France et la Chine.En Chine on travaille et on aime le travail.En France on fait la greve et on hait le travail.La conclusion est que le Francais devrait etre MOINS paye que le Chimois car c’est le travail qui cree la richesse.On a en France l’heritage socialiste dont le message etait LE TRAVAIL CELA EST OBSCENE.

    29 mars 2010 à 14 h 28 min
  • Jean-François Répondre

    Merci pour votre article,

    Pourriez vous me donner des sources me permettant de mieux comprendre les risques de la bulle chinoise.
    Concernant cette indiscipline ?? J’ai toujours pensé que la Chine avait une population assez disciplinée depuis des siècles.

    Quels seraient les implications pour l’Europe en cas de faillite du système économique chinois ?

     

    Merci d’avance

    29 mars 2010 à 12 h 08 min
  • Anonyme Répondre

    **** Avec ou sans bulle chinoise, la faillite systémique **** Le système occidental court à sa perte avec ou sans bulle spéculative en Chine. Le salaire mensuel moyen d’un chinois (avant impôt et assurance maladie) est en gros de 250 euros par mois dans les zones urbaines. Sans compter les immenses réserves de main d’oeuvre en zones rurales. Le salaire minimum brut en France est au 01/01/2010 de 1343 euros avant part patronale. Cela fait des années que les économistes comme Maurice Allais, prix Nobel d’économie, tire la sonnette d’alarme sur les dangers du libre échangisme avec des pays qui ont des ressources humaines immenses par rapport aux pays occidentaux à main d’oeuvre beaucoup plus onéreuse. Sans résultat, la classe dirigeante reste soumise médiatiquement à une oligarchie financière indifférente au problème, car les puissances financières sont mondialisées, donc adaptées aux bas prix de revient, et possèdent l’intégralité des grands médias. Il y a donc une énorme crise de compétitivité de l’Occident vis-à-vis de la Chine, de l’Indonésie (200 millions d’habitants au même niveau de coûts salariaux que la Chine, sans compter l’Inde, l’Afrique,…); bref il faudrait un siècle de croissance économique pour que ces pays rejoignent le Smic français. Nous convergerons donc vers le bas, les libéraux doivent être conséquents avec l’offre et la demande, et la ruine occidentale est inéluctable, sauf ajustement du salaire minimum français et occidental sur le salaire miminum des pays émergents par dévaluation des devises fortes. L’Euro et le dollar sont donc condamnés à s’effondrer. Terrible perspective, en l’absence de décisions, le marché se vengera de l’inertie avec une affreuse brutalité. L’ajustement se fera car le marché a toujours raison. Les politiques sont aveugles sur l’énormité du problème.

    29 mars 2010 à 11 h 38 min

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