Quelques pistes pour baisser la dépense publique

Quelques pistes pour baisser la dépense publique

Bien après la prise de conscience des Français, la classe politico-médiati­que a enfin admis, au dé­but des années 2000, que le niveau de dépense publique de la France, son taux d’imposition et sa dette publique étaient trop élevés.

Pourtant, force est de constater que le diagnostic n’a aucun impact sur la politique. Bien au contraire, la dépense publique ne cesse d’augmenter en volume, comme en part du PIB. Elle est ainsi passée de 35 % du PIB au début des années 1960 (où la France n’était tout de même pas sous-administrée !) à 56,6 % en 2010 – dont à peine 5,6 % pour l’investissement !

Sans être nécessairement des gestionnaires géniaux, nous sommes tous parfaitement capables de couper dans notre budget familial. Pourquoi donc des politiciens, très largement formés à l’ENA, donc formés à la gestion des finances publiques, sont-ils incapables d’en faire autant ?

À mon sens, cela tient à trois raisons essentielles.

Tout d’abord, ces gestionnaires semblent ignorer le fonctionnement de l’économie. Oh, bien sûr, aucun politicien ne croit que l’argent pousse sur les arbres. Mais très peu savent comment « il pousse ». Regardez comment les socialistes nous ont « ven­du » les 35 heures. Tout se passait comme si, dans leur esprit, le marché du travail était un gâteau de taille donnée. Auquel cas, évidemment, si la part de certains se réduisait, la part des autres pouvait augmenter.

Le problème, c’est que les choses se passent tout différemment. L’écono­mie étudie des réalités dynamiques. En l’occurrence, plus chacun travaille, plus il accumule de capital, donc plus il peut investir et créer d’emplois. Bastiat avait attiré l’attention sur le fait qu’il y avait, en économie, ce que l’on voyait et ce que l’on ne voyait pas. Un « emploi jeune » créé, cela se voit (et c’est bon pour l’élection !). Mais, sauf cas exceptionnel, cet emploi jeune détruit au moins un emploi dans le secteur marchand. Et cela ne se voit pas…

Pour lutter contre cette première raison, il n’existe qu’une seule solution : diversifier le recrutement des politiciens et, notamment, y accueillir des entrepreneurs. Pour cela, le plus simple est d’empêcher le quasi-monopole de la fonction publique. Par exemple, en imposant aux fonctionnaires de démissionner de leur corps d’origine, au moins lorsqu’ils sont élus, et peut-être même lorsqu’ils se présentent.

Deuxième raison, les politiciens pensent, plus ou moins consciemment, que l’argent public est illimité et que, par conséquent, on peut toujours compenser un surcoût du travail privé par une dépense publique. Il est certainement vrai, dans le cas général, qu’un État est, pour les créanciers, un débiteur d’une autre nature qu’un particulier, puisqu’il peut garantir sa dette par sa faculté à augmenter les impôts. Mais cette possibilité même n’est pas illimitée et il arrive un niveau où les créanciers commencent à s’inquiéter de l’inexistence d’une économie réelle… et aussi d’un mépris du droit de propriété. Comment prêter à un État qui considère que les richesses de ses nationaux lui appartiennent ? N’aura-t-il pas le même réflexe à l’égard des banquiers pour annuler sa dette ? Or, la France est désormais dans cette situation : il est devenu impossible de lui faire confiance, puisqu’elle viole le droit de propriété et renie sa parole fiscale très fréquemment.

Pour répondre à ce deuxième motif de la hausse des dépenses publiques, il faudrait élever le niveau de la moralité publique. En particulier, il est ahurissant que des personnes con­damnées par la justice puissent se représenter… et être réélues.

Et il est inconcevable que l’État puisse promulguer des lois rétroactives et spoliatrices. Le niveau de dépense publique ne devrait pas pouvoir dé­passer 30 % du PIB (c’est déjà énorme !) et une réforme fiscale ne de­vrait pas pouvoir s’appliquer à un produit déjà existant (si le gouvernement décide de réformer la fiscalité de l’assurance-vie, cela ne devrait concerner que les assurances-vie à ouvrir et non les existantes).

La troisième raison de la hausse des dépenses publiques est la plus grave : elle tient à la nature même du régime électif. Un homme politique cherche à être élu et un élu cherche à être réélu. Pour cela, il flatte les passions de ses électeurs. D’où la démagogie et le clientélisme que l’on constate à tous les niveaux de l’administration…

Ici, je ne vois que quelques solutions simples – et maintes fois proposées dans nos colonnes –, à commencer par la prohibition de toute subvention publique à quelque organisme que ce soit (compensée par une très large défiscalisation des dons à toute organisation).

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Comments (6)

  • mazel Répondre

    vous avez raison, un bon exemple nous est donné par la grande Bretagne qui pratique depuis 30 ans se que vous préconisez.
    Les responsables de cette situation, les banques qui on jouées avec les dépôts, si ce n’est pas un viol de la propriété ça.
    Les ECHOS n’en parle jamais,
    Quand aux 35 heures pourrait-on se demander pourquoi cette loi dite “scélérate” n’a pas été remise en cause depuis son adoption

    8 août 2013 à 17 h 40 min
  • lefierebelle Répondre

    L’idée présentée par SCHAEFFNER me paraît fort intéressante.
    Dès lors qu’un élu ne respecte pas ses engagements, il devrait être débarqué sans pitié.
    Ils ont bonne mine quand ils se disent préoccupés par la cote de popularité de MLP qui ne cesse de grimper.
    Sans jamais se demander s’ils ne seraient pas les seuls responsables de leurs propres échecs ?

    3 août 2013 à 11 h 04 min
  • denisot Répondre

    L’efficacité n’est pas liée à la quantité mais à la qualité, de ce concept, divisions le nombre, de ministres, de députés, de sénateurs, par 2, voilà de belles economies immédiatement réalisables et puis touchons à ce mille feuilles administratif qui consiste à empiler moult administrations et strates politiques, communes, communautés de communes, pays, départements, régions, etc.

    2 août 2013 à 7 h 44 min
    • Némo Répondre

      Vous avez mille fois raison.C’est ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.mais comment voulez vous que cela se fasse avec de tels politiciens.Il faudrait être fou pour leur faire confiance alors que cela fait des décennies que ces c harlatans nous trompent.

      13 août 2013 à 19 h 58 min
  • SCHAEFFNER Répondre

    Désolé de ne pas partager vos suggestions M.de Thieulloy car même si les élus étaient issus prioritairement de la société civile (des entrepreneurs notamment comme vous le suggérez), ils seraient rapidement contaminés par le virus de la vie politique (démagogie , corruption,’ clientélisme…), le français étant ce qu’il est ….
    Je proposerais une autre mesure telle que la suivante : l’homme politique n’étant réellement faible et vulnérable que durant sa campagne électorale, il faudrait que des groupes de pression comme l’IFRAP ou des médias par exemple lui fasse signer officiellement une chartre fixant les dispositions qu’il entend appliquer durant son mandat s’il est élu, faute de quoi s’ il ne les applique pas, quelles qu’ en soient les raisons, il s’engage à démissionner ou à être destitué.
    Bien sur il ne s’agirait pas d’une assurance tous risques, les politiques ayant plus d’un tour dans leur sac , mais tout de même s’il trahissait par la suite son engagement formel, il lui faudrait traîner une lourde casserole qui ne pourrait que démontrer son incompétence ou sa malhonnêteté lorsqu’il n’était que candidat !!!!

    1 août 2013 à 9 h 46 min
  • mariedefrance Répondre

    IL dit promouvoir l’égalité, pèpère flamby donc qu’il commence par mettre à égalité les conditions de salaire, de travail, de retraite du service public et du service privé.

    Il dit aussi que le changement c”‘est maintenant.
    Le changement pour qui et comment ?
    La classe moyenne est en train de disparaitre et niveler par le bas ce n’est pas une solution.

    L’impôt tue l’impôt.

    Pourquoi va-t-il augmenter les bas salaires des fonctionnaires en cette période de crise ?
    200 millions d’€ que nous n’avons pas.

    et puis, et puis…… l’immigration.
    50 à 75 milliards d’€ !!

    En fait, tout est pensé à court terme et fonction de la réélection à venir.
    C’est usant.

    31 juillet 2013 à 13 h 21 min

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