Recherche politique industrielle désespérément !

Recherche politique industrielle désespérément !

La crise des gilets jaunes est une crise profonde qui est, en grande partie, la conséquence de la dévaluation interne, politique obligée pour respecter les fameux 3 % de déficit de Bruxelles, en raison de l’impossibilité de modifier les taux monétaires externes dans le cadre de la monnaie unique.

Il convient donc de bloquer les salaires, les pensions, les allocations, etc., pour réduire la dépense publique.

Les conséquences sont drama­tiques en matière sociale, l’ex­emple de la Grèce l’a démontré et la France emboîte le pas !

Néanmoins, la crise des gilets jaunes ne doit pas faire oublier une autre question importante, conséquence de la politique du « tout-concurrence » de Bruxelles instituée par les traités européens : l’absence d’une réelle politique industrielle nationale et européenne pour protéger nos entreprises.

Plusieurs affaires récentes rappellent cette triste réalité :

– Le refus de Ford d’accepter la reprise de son usine de Blanquefort. La société américaine préfère un plan social et la fermeture définitive de l’usine. Cerise sur le gâteau, les dirigeants de Ford refusent de parler au ministre français, Bruno Le Maire, qu’ils tiennent visiblement pour quantité négligeable.

– L’activisme du fameux fonds Elliot, qui « s’introduit » parmi les actionnaires des entreprises, puis fait « chanter » les dirigeants pour obtenir des gains de dividendes immédiats, très souvent contraires à la politique de développement à longt terme des entreprises.

– L’annonce des actions judiciaires du ministère américain de la Justice (DOJ) contre Airbus pour corruption ne doit pas faire illusion sur le but réel de la manœuvre.

Il ne s’agit pas de nier ou d’admettre des pratiques de corruption chez l’avionneur européen, mais il faut être conscient que l’objectif est de déstabiliser un concurrent européen de Boeing, grâce à l’application de sanctions extraterritoriales.

– Sanctions américaines contre Téhéran qui obligent les entreprises françaises et européennes à cesser toutes activités en Iran.

Mais à qui la faute ?

Aux Américains et aux multinationales qui jouent sans entraves dans un monde économique (et surtout financier) totalement dérégulé ?

Peut-être, et même certainement, mais encore plus certainement au gouvernement français et aux autres gouvernements européens pétris d’une idéologie libérale ancrée dans le marbre des traités européens et défendue bec et ongles par la puissante direction générale de la concurrence de la Commission européenne.

Il convient de savoir que le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne glorifie la concurrence dans 9 articles (articles 101 à 109) du titre VII et ne traite de l’industrie qu’au titre XVII, en un seul article, l’article 173, qui dispose que les actions des États pour l’industrie doivent être conformes « à un système de marchés ouverts et concurrentiels ».

Il n’y a que l’Union européenne pour croire que le « tout-concurrence » est la clé de voûte du monde international économique et financier, alors que tous les États, États-Unis, Chine et Inde en tête, veillent sur leurs entreprises industrielles pour les protéger, au besoin par des mesures régaliennes, contre les menaces étrangères dont l’objectif est d’éliminer des concurrents ou d’en prendre le contrôle.

Il est d’ailleurs symptomatique que la France n’ait pas de ministre de l’Industrie.

Cette situation française et européenne résulte d’un déni de réalité et prouve une naïveté coupable.

De plus, la France ne doit pas tout attendre de ses partenaires européens, dont la versatilité, due à la crainte de représailles, est courante, comme on vient de le constater une nouvelle fois dans la taxation des GAFAM !

Elle doit agir même seule, se donner des moyens régaliens.

Il convient d’aller plus loin que les décrets Villepin-Montebourg, en contrôlant tous les investissements étrangers – y compris européens qui sont souvent des faux nez de pays tiers – pour défendre nos entreprises, mais aussi en appliquant le principe de réciprocité dans nos relations commerciales, sans craindre de prendre des mesures de rétorsions.

Mais, pour cela, il faut cesser de bêler l’idéologie bruxelloise du « tout-concurrence ».

C’est une question de souveraineté et d’indépendance nationale.

Gardons à l’esprit que, comme le disait Victor Cherbuliez : « Dans toutes les entreprises, les malins n’arrivent à rien sans le secours des naïfs. »

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Comments (5)

  • Gérard Pierre Répondre

    Lorsque le président Georges Pompidou, après son accession à la présidence de la république, annonça son intention d’industrialiser la France, Edgard Faure, jamais avare d’un ‘’bon mot‘’, s’exclama :

    « La France ? … ce peuple de paysans, de boutiquiers et d’intellectuels ! ! ! …… s’il avait la moindre mentalité industrielle, depuis le temps, ça se saurait ! »

    Et il avait raison car, dans le même temps, une enquête comparative sur les vœux que formulaient les Français et les Allemands pour l’avenir de leur progéniture avaient placé en tête :

    – Qu’il devienne un jour ingénieur pour les Allemands,
    – Qu’il devienne un jour haut fonctionnaire pour les Français !

    Venaient ensuite : chef d’entreprise, architecte, économiste du côté allemand, …… et médecin, notaire, avocat du côté français !

    La messe était dite pour des décennies !

    12 janvier 2019 à 18 h 21 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Je crois me souvenir que Charles Gave avait dit lors de l’instauration de l’euro:
      a) des usines pour l’Allemagne
      b) des maisons et des hôtels pour l’Espagne
      c) et des fonctionnaires pour la France.

      Il ne s’était pas trompé.

      14 janvier 2019 à 15 h 26 min
  • KAVULOMKAVULOS Répondre

    Ce type, LEMAIRE, est bardé de diplomes prestigieux, a une carrière derrière lui et se comporte en termes de relations de business comme un véritable ahuri. Comme dit récemment par un télé-man : il vient de découvrir la “grace”. Pour lui ce serait plutot la crasse. J’ai toujours été étonné de la nullité incroyable de nombres de gens dont on s’attendrait à ce qu’ils en soient épargnés. Il se fait balader comme un gamin. On comprend mieux qu’il se soit dépéché de rallier le mignon macrounet, lui qui explique dans son bouquin comment il se fait caresser le chibre par sa chère et tendre. Faut il en tenir une couche pour écrire cela quand on est un homme politique. Vivement un gros soudard !

    9 janvier 2019 à 17 h 44 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    // Cerise sur le gâteau, les dirigeants de Ford refusent de parler au ministre français, Bruno Le Maire, qu’ils tiennent visiblement pour quantité négligeable. //

    Pour discuter sérieusement il faut des personnes d’envergure pas des clowns.
    De plus les dirigeants de Ford ont déjà assez de problèmes chez eux aux USA.
    Moody a abaissé leur note juste un cran au-dessus de “junk bonds” ce qui rend la recherche de crédits pour assainir la situation plus difficile.

    9 janvier 2019 à 13 h 06 min
  • IOSA Répondre

    Trop tard, la prochaine joute aux européennes donnera la souveraineté de la France aux mains de l’ Europe, cette dernière forte de son pouvoir, obligera les entreprises françaises à embaucher les nouveaux migrants au prix de la valeur de leurs pays de provenance, ce qui se fera sans difficultés puisque la récente modification du code du travail permet de licencier sans grande conséquence financière et les patrons ayant tout à gagner.

    8 janvier 2019 à 16 h 02 min

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