Réduire le déficit public de la France
Des décisions très importantes pour notre vie quotidienne ont été prises cette semaine en France et en Allemagne.
Angela Merkel a dit que « solidarité » ne pouvait rimer qu’avec « solidité ». Ce qui signifie que l’Allemagne ne prêtera des sous qu’aux états qui feront l’effort de réduire leurs déficits. Nicolas Sarkozy a donc annoncé qu’il allait réduire le déficit de la France de 100 milliards d’euros en 3 ans.
Réduire le déficit, c’est d’abord augmenter les impôts.
– On peut augmenter les impôts des entreprises, déjà surimposées. Elles vont être obligées d’augmenter leurs prix. Elles vont donc être encore un peu moins compétitives. Les consommateurs français achèteront moins de produits français et plus de produits allemands. Délocalisations et chômage vont progresser en France. Le déficit de notre balance commerciale va devenir un gouffre. Ce serait suicidaire.
– On peut augmenter les impôts payés par ceux qui possèdent des actions, des obligations, ou qui ont confié à leur banque une partie de leurs économies (en prévision d’un éventuel chômage). Ce sont les capitalistes. Mais, depuis l’euro, les investisseurs fuient chaque année un peu plus la France. Le déficit de la balance des investissements suit donc la même courbe descendante que le déficit de la balance commerciale. Plus les investissements diminuent en France, plus l’amélioration de la productivité de nos entreprises diminue, et moins elles sont compétitives.
– On peut augmenter les impôts payés par les possesseurs d’appartements, de maisons ou de terrains. Voire par les possesseurs de meubles, d’œuvres d’art, ou de voitures.
– On peut augmenter les impôts des riches. On pousse ces gens-là à aller vivre fiscalement et dépenser leur argent à Monaco, en Suisse ou au Luxembourg.
– On peut augmenter la TVA et tout sera payé plus cher. On diminue ainsi le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais en même temps on diminue le prix des produits français à l’exportation, alors qu’on augmente le prix des produits étrangers. On rend donc nos entreprises plus compétitives. Finalement, l’augmentation de la TVA risque d’être la seule augmentation d’impôt peu toxique.
Réduire le déficit, c’est aussi réduire les dépenses.
– On peut réduire le nombre des fonctionnaires. Donnons-en 3 exemples :
1) Le territoire de la France est encore divisé en communes (autant à elle seule que tous les pays de l’Europe réunis), en cantons, en départements et en régions, comme à l’époque où l’on ne marchait encore qu’à pied. Subventions, taxes ou impôts naviguent en permanence entre toutes ces communautés, au fil des nombreuses décisions politiques. Une commune peut par exemple actuellement financer son terrain de football en installant des éoliennes sur son territoire.
2) La moitié des services d’obstétrique ou de chirurgie français attendent le client. Ceux qui y travaillent deviennent incompétents, donc dangereux. Il vaut mieux supprimer ces services.
3) La balayeuse municipale remplace le balai. L’ordinateur remplace le papier et le crayon des comptables. Balayeur et comptables sont cependant conservés, du fait de leur statut.
– On peut remplacer les voitures de fonction par des bicyclettes de fonction.
– On peut réduire au minimum l’entretien des routes, des lignes EDF ou des hôpitaux.
– On peut ne plus construire de TGV ou ne plus financer les recherches sur la fusion atomique.
– On peut aussi réduire les allocations familiales, les salaires ou les retraites des fonctionnaires.
Le budget 2011 nous montrera bientôt les choix qui ont été faits. Toutes ces mesures vont satisfaire Angela Merkel. Mais elles vont toutes réduire la demande, donc augmenter le chômage.
Dans la situation actuelle, une seule mesure s’impose : rendre les entreprises françaises immédiatement compétitives. Soit en baissant leurs impôts, soit en « dévaluant ». Mais une dévaluation exportera le chômage français en Allemagne et Angela ne sera pas contente du tout…
Comments (4)
a quand une vraie reforme des regimes speciaux cummulables de nos roturiers arrivistes nantis ??????
SAS
Il faudrait d’abord relancer la croissance sur un mode plus auto-centré, ce que ne permet pas l’Europe institutionnelle… sans barrières douanières ou marché commun, on fait comment??? Ainsi, sans le respect de paliers de décompression, le plongeur risque sa vie…
En France, il s’agirait aussi d’ en finir avec les systèmes de paravents (niches fiscales, structure territoriale etc…) qui ne servent qu’à masquer le pillage des ressources du pays par nos "élites" et leurs pratiques clientélistes… C’est bien la culture de rente qui détruit notre pays, et la lisibilité des dispositifs étatiques est indispensable pour ramener la confiance!
La "solidité" de l’Allemagne n’est liée qu’à un sens aigu de la stratégie, de leur vieux fond de pangermanisme, d’excellents services de renseignement économique qui ont permis d’anticiper et de préparer l’annexion économique de son hinterland grâce à l’Union européenne et à sa politique d’élargissement… et à la bêtise de nos propres gouvernants! La géographie, ça devrait pourtant servir…
De plus, le modèle allemand n’est pas reproductible, et est déjà inadapté sur plusieurs secteurs où nous sommes en déficit commercial avec eux comme leur production automobile de qualité certes mais qui ne nous permet aucunement de sortir de l’économie pétrolière! On a une perte sèche de 35Md d’euros par an sur les importations de pétrole, on mesure les enjeux sur une décennie, et l’équivalent de 7millions de Tep inexploitées sur la filière bois… C’est pour cela que je parle de développement plus autocentré même si ça n’est pas à la mode…(cf blog)
http://www.la-france-contre-la-crise.over-blog.com
Pour obtenir un ersatz de dévaluation on peut:
– soit réduire les impôts pour rendre les entreprises à nouveau compétitives.
– soit (comme en Grèce), les augmenter pour dans un premier temps avoir davantage de rentrées fiscales et dans un deuxième temps avoir un effet déflationniste du fait de l’amplification du marasme économique provoqué par la hausse de l’imposition, marasme qui in fine aboutira à une pression à la baisse sur les salaires et sur les prix. C’est la version hardcore.