Réforme des retraites: et revoilà le 49-3!

Réforme des retraites: et revoilà le 49-3!

Je suis comme la plupart des Français. Je ne suis pas un spécialiste et je me perds dans toutes ces explications qui n’en sont pas, dans ces avis d’experts contredits par d’autres experts, ni plus ni moins crédibles, guidés trop souvent par leur idéologie personnelle.

Tout le monde patauge; les experts, les politiques, les syndicats, les médias, et le bon peuple. Je suis sensible à l’impression brouillonne que laisse cette étude, insuffisamment préparée – sans doute essentiellement parce que sa complexité a été mal évaluée.

L’ambition de faire un système unique simple, applicable à tous, s’est fracassée devant le constat, pourtant évident, de l’existence de multiples cas particuliers.

Ceux qui ont un système de retraite équilibré et qui ne coûte pas un centime au contribuable, craignent de se voir confisquer leur magot par un État toujours à la recherche d’argent.

Ceux qui exercent des emplois particulièrement pénibles veulent légitimement qu’il en soit tenu compte; comme il faut tenir compte des carrières débutées tôt et des spécificités des emplois où la condition physique, donc en général la jeunesse, est primordiale.

Mais la fumée faite par les médias et certains politiques autour de ce soi-disant rejet de la réforme par la majorité des Français, fait oublier que notre système de retraite actuel est d’abord très injuste et, en plus, à court terme, insupportable sur le plan financier.

Au chapitre de l’injustice, faut-il rappeler les avantages parfois scandaleux dont bénéficient certains régimes spéciaux? En particulier ceux des transports publics. Pas tous: essentiellement la SNCF et la RATP. Ce sont les plus criants et les plus insupportables car leurs bénéficiaires, qui coûtent au contribuable, nuisent sans honte à d’innombrables Français lors de grèves interminables et répétitives.

Mais il y en a d’autres, moins visibles, moins flagrants, ou concernant une population plus faible en nombre: secteur de l’énergie, journalistes, contrôleurs aériens, etc. Et il faut noter que ces corporations ont déjà souvent des statuts qui les favorisent pendant leur activité, en salaire ou primes diverses et en temps de travail. Pour eux, c’est gagnant-gagnant. Pas étonnant qu’ils soient hostiles à la fin programmée du système. Ajoutons le calcul des retraites sur les six derniers mois pour certains et les 25 meilleures années pour tous les autres. Globalement, le secteur public est privilégié par rapport au secteur privé ; ce n’est plus à démontrer. Il y a aussi les laissés pour compte : paysans, artisans, etc., moins bien traités que des dizaines de milliers d’ayants-droit divers, parfois même pas Français.

Dans un pays républicain avec une devise aussi prétentieuse, ces inégalités devraient faire bondir.

Au chapitre des comptes, même si on n’a pas les informations et la compétence pour en apprécier le détail, il n’est besoin que de se souvenir que le système «par répartition», quasi sacré dans ce pays, n’est plus tenable dès lors qu’il y a moins de deux actifs pour un retraité – contre trois et demi pour un, il y a 50 ans.

Donc il faut bien faire quelque chose. Ou on cotise plus (mais on dira que les jeunes seront encore plus ponctionnés pour les vieux déjà «nantis»), ou on diminue le montant des retraites, ou on recule l’âge du départ à la retraite, comme font beaucoup de pays comparables (mais à condition qu’il y ait des emplois, d’où le lien avec le chômage), ou on complète par la capitalisation, ce que d’autres font, là encore.

On ne peut pas sortir de là; et on ne peut pas se contenter de dire qu’on ne veut pas de cette réforme et continuer comme devant. Il en faut une; mais la plus juste possible évidemment.

Maintenant, sur la méthode. Son étude n’étant manifestement pas aboutie, cette réforme nécessaire devait-elle être en l’état soumise au parlement? Je ne le pense pas; c’était prématuré. Et pourquoi absolument avant les élections municipales ? Mais la décision étant prise, comment s’étonner de la mise en œuvre du 49-3? 40000 amendements, beaucoup grotesques, ont été présentés, de l’aveu de leurs auteurs, pour bloquer toute la machine parlementaire, car il est évidemment impossible de les étudier tous, et pour entraîner le blocage de toute la réforme.

Alors toute l’opposition crie au déni de démocratie. Mais qui méprise le plus la démocratie? Ceux qui sciemment bloquent le système? Ou ceux qui, avec des outils légaux, essaient de passer outre ce blocage, ce qui s’est fait des dizaines de fois dans le passé récent? Ce n’est pas toujours celui qui déclenche une guerre qui est le plus responsable ; c’est plus généralement celui qui l’a rendue inévitable.

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Comments (1)

  • iosa Répondre

    Quand on affirme ne rien connaître…on ne dit rien

    9 mars 2020 à 14 h 27 min

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