Réforme des retraites : les Français dupés

Réforme des retraites : les Français dupés

La réforme gouvernementale prétendait à l’origine rechercher l’équité ; or elle a échoué d’autant plus sûrement à la réaliser qu’elle ne l’a même pas tenté. C’est pourquoi l’éditorial de François d’Orcival dans Valeurs Actuelles du 28 octobre frise la désinformation, lorsque son auteur prétend que les syndicats ont essuyé un échec cuisant et compare la fermeté dont a fait peur l’actuel gouvernement à la capitulation en rase campagne du gouvernement Juppé en 1995.

« Il y a quinze ans, écrit d’Orcival, c’est [Bernard Thibault] qui conduisait le bal. Le 24 novembre 1995, la France s’arrêtait : tous les moyens de transport se mettaient en grève (…). C’était un mouvement national contre la réforme de la Sécurité sociale et des régimes spéciaux voulue par le premier ministre, Alain Juppé. Le 28, la grève était générale, les étudiants dans la rue. “Les réformes se feront”, répétait le gouvernement. Il fit face jusqu’au 5 décembre : ce jour-là, le premier ministre retira de son projet tout ce qui “fâchait” ; il ne restait que la CRDS. Il fallut quand même attendre le 13 décembre pour la reprise du travail. Bernard Thibault et ses camarades entendaient montrer où était le vrai pouvoir. Quinze ans plus tard, l’exécutif a reconquis ce pouvoir. La grève générale ne repasse pas deux fois. Quand Nicolas Sarkozy disait, entre les deux tours de la présidentielle de 2007, que la page de Mai 68 était tournée, il faisait plaisir à ses électeurs, mais personne n’en était vraiment sûr. Maintenant, c’est vrai. »

Cette analyse repose sur un faux postulat, que l’éditorialiste de Valeurs Actuelles ne peut pas ignorer : c’est que, précisément, la réforme avortée d’Alain Juppé menaçait les régimes spéciaux, ce que ne fait absolument pas celle de Nicolas Sarkozy. Mieux : elle les préserve, elle les protège, elle les sauve.

Les régimes spéciaux sauvegardés

Eric Woerth lui-même n’en faisait pas mystère, en déclarant le 26 mai dernier sur LCI, à la veille d’une journée de mobilisation des syndicats : « Ce que nous disons dans le document d’orientation, c’est que nous respecterons à la lettre les engagements qui ont été pris en 2007. La peinture est à peine fraîche, les régimes spéciaux ont été réformés et considérablement réformés. »

Cette contre-vérité était un message lancé aux syndicats : la réforme ne menacerait pas les régimes spéciaux. Jean Arthuis, président de la Commission des finances du Sénat, confirmait dans Le Parisien du 6 octobre : « la réforme n’apporte pas de réponses sur les inégalités entre les salariés du privé, les fonctionnaires et les agents des régimes spéciaux. »

La « convergence » annoncée à son de trompe entre le public et le privé se résume à deux points : les fonctionnaires parents de plus de trois enfants ne pourront plus partir à la retraite au bout de quinze années de services, et le taux de cotisation du public (7,85 %) sera très progressivement (en 10 ans !) aligné sur celui du privé (10,55 %).

A propos de la deuxième mesure, rappelons toutefois que les cotisations des fonctionnaires (et assimilés) sont de toutes manières fictives : il ne s’agit que d’un jeu d’écritures porté sur la fiche de paye des fonctionnaires, qui ne correspond à aucun mouvement de fonds réel. Par conséquent, il importe peu que le taux de cotisations augmente – cela n’aurait de sens que si le traitement des fonctionnaires diminuait dans la même mesure, ce qui n’est pas près d’être d’actualité.

Des pensions garanties par l’Etat

Par ailleurs, le principal avantage des retraités du public est sauvegardé : leurs pensions sont garanties et financées à 100 % par l’Etat, donc par l’impôt. Ce qui signifie qu’elles échappent au système de la répartition, dans lequel les pensions sont financées par les cotisations et, par conséquent, loin d’être garanties, baissent si le nombre des cotisants diminue, à moins que les cotisations de ces derniers n’augmentent dans des proportions intolérables.

La réforme ne touche pas non plus :

  • au mode de calcul des pensions (sur les 6 derniers mois de salaire dans le public, au lieu des 25 meilleurs années dans le régime général et de l’ensemble de la carrière pour les complémentaires Agirc-Arrco) ;

  • aux conditions de réversion des pensions aux veufs ou veuves des retraités, plafonnées et soumises à conditions de ressources dans le privé, pas dans le public ;

  • au départ anticipé – de 5 à 10 ans avant le commun des retraités du privé – de plus de 1,2 millions de fonctionnaires dits « actifs », ainsi que de la quasi totalité des personnels de la SNCF, et un grand nombre de ceux de la RATP ou d’EDF-GDF ;

  • au système des bonifications d’annuités, qui permettent aux agents du secteur public d’acquérir des trimestre gratuits sans avoir cotisé ;

  • aux privilèges des agents publics qui prennent leur retraite outre-mer

Toutes choses qui rendent les retraites des régimes spéciaux – à commencer par celui de la fonction publique – beaucoup plus attrayantes que les retraites du privé.

Pourtant, le 15 juin encore, Nicolas Sarkozy affirmait devant les patrons de PME que la réforme serait conduite dans un « souci de justice et d’équité » et précisait : « Il est juste que la réforme s’applique à tous, salariés du privé ou agents publics. »

Une opposition spectaculaire mais pour la galerie

Ce qui donne à croire aujourd’hui que le gouvernement a tenu bon, c’est la démesure même de la réaction des syndicats par rapport aux mesures proposées. Mais saluer dans ces conditions l’éclatante victoire du gouvernement, revient à prétendre qu’un général a gagné la guerre parce qu’il a emporté un poste avancé ennemi en engageant contre lui l’essentiel de ses forces. C’est certes mieux qu’un recul, mais ce n’est même pas une demi-victoire.

C’est même bien moins que cela encore si l’on considère le message qu’ont fait passer les syndicats. Les centrales connaissent assez la situation des retraites en France pour savoir que, si les régimes spéciaux sont préservés, le recul de l’âge légal de départ à 62 ans est non seulement une condition minimale à la survie du système par répartition, mais ne suffira même pas à le sauver.

Les syndicalistes sont parfaitement conscients que le gouvernement a joué la montre, en reportant aux calendes grecques – c’est-à-dire au moins après 1012, et si possible après 2018 – les vraies réformes qui fâchent. Le mouvement qui s’est développé à la rentrée, d’ailleurs moins puissant qu’en 1995, vaut donc avertissement : s’ils sont près à mobiliser ainsi pour s’opposer « au bluff » à une réforme mineure, le gouvernement peut imaginer à quelle force il se heurterait au cas où il voudrait toucher à l’avenir aux régimes spéciaux, les seuls qu’il importe vraiment aux syndicats de protéger parce que leurs bénéficiaires fournissent le gros de leurs adhérents.

Au mois de juillet, l’association Sauvegarde Retraites décryptait, dans une brochure intitulée « La réforme pipeau des régimes spéciaux » (1), le jeu de dupes entre le gouvernement et les syndicats : la véhémente opposition des seconds à une réformette qu’ils savent au fond inévitable et même insuffisante, mais qui pour eux préserve l’essentiel, crédibilise du même coup aux yeux de l’électorat de droite cette réformette et le gouvernement qui paraît l’imposer envers et contre tout. Au fond, tout le monde est content.

Reste à trouver un François d’Orcival pour proclamer que Nicolas Sarkozy vient de vaincre mai 68 et le tour est joué, les dupes sont dupées. Les dupes ? C’est le sobriquet que les milieux politiques et syndicaux sont accoutumés de donner aux Français.

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Comments (9)

  • Jaures Répondre

    M Gele vous avez tout à fait raison.

    La majorité de droite sème depuis 10 ans dans les têtes le doute quant à la pérennité de nos systèmes de retraite et de santé.

    A force d’asséner que nos retraites sont menacées, les salariés prennent peur et épargnent pour le plus grand profit des banques et de leurs officines spécialisées.

    De même, les déremboursements à la chaine, font que, mécaniquement, la part des mutuelles ou des assurances privées prennent le pas sur la sécurité sociale.

    C’est à une privatisation rampante et sournoise à laquelle nous assistons dont les plus fragiles, les plus précaires seront les victimes.

    Uliani, si vous ne financez plus les organisations syndicales, les patrons devront négocier avec celles qui pourront s’autofinancer, c’est à dire les plus corporatistes dont les intérêts particuliers seront toujours préservés. Les autres catégories devront se tourner dés lors vers des modes d’action plus violents pour être entendus.

    Par ailleurs, les subventions totales dont profitent les syndicats n’atteignent pas 40 millions d’euros par an.

    Comparez avec les 65 milliards de subventions accordées aux entreprises grâce à plus de 6000 dispositifs d’aides (chiffres de 2006 , mission d’audit d’aide aux entreprises).

    3 novembre 2010 à 9 h 30 min
  • tueursnet Répondre

    Une vidéo sur mesure… à faire tourner !!

    « Je lutte des classes… Tu luttes des classes… Elle lutte des classes. »

    Avec une opinion à la masse

    Un pouvoir à la ramasse

    Et la sourde menace

    De se retrouver dans l’impasse.

    Je lutte des classes…Tu luttes des classes…elle lutte des classes

    Tous et toute de guerre lasse…Une fois… hélas !

     

    http://www.tueursnet.com/index.php?journal=Balle%20de%20classe

    2 novembre 2010 à 23 h 49 min
  • ozone Répondre

    La répartition permet de verser immédiatement dans le circuit économique de l’argent bien mieux que des plans de relance a grands coups de gaspillages,cela fourni aussi de la TVA dans les caisses de l’état.

    Est ce que ces comptes sont faits ?

    La capitalisation,avant de commencer a fournir les mémes avantages,si tenté que ne se produisent des "accrocs",và se loger dans les circuits financiers déja hypertrophiés,avec les consequences que l’on sait,spéculation pathologique par des zombis tarés completement coupés de la réalité

    Sinon,lisez.

     

    Mieux que Jérôme Kerviel
    La spéculation financière en pilotage automatique

    L’information est parue dans plusieurs médias. Notamment dans un hebdomadaire satirique daté du 14 octobre dernier, qui lui a consacré un article entier sous le titre : « Des ordinateurs en folie ont fait perdre 1 000 milliards à Wall Street en vingt minutes ».

    L’histoire s’est déroulée le 6 mai 2010 à la Bourse de Chicago. L’organisme chargé de surveiller les flux financiers aux Etats-Unis l’a racontée en détail dans un gros rapport publié le 30 septembre dernier. Un mini-krach au cours duquel, « en vingt minutes, quelque 1 000 milliards de capitalisation boursière sont partis en fumée ». Une opération parfaitement inhumaine puisqu’elle a été déclenchée, non pas par des traders fous ou irresponsables, mais par « des ordinateurs de Waddell and Reed, un gestionnaire d’actifs établi au fin fond du Kansas ».

    Le 6 mai dernier donc, à 14 h 32, « l’automate qui gère l’un de ces fonds, programmé en conséquence, décide comme un grand d’acheter un paquet d’actions. De savants calculs le conduisent à juger l’opération intéressante. Mais, pour se “couvrir”, le robot est également programmé, comme un vulgaire Kerviel, pour vendre simultanément d’autres titres. Problème : il y a comme un bug dans son algorithme. Le prix de vente n’est pas précisé. L’ordinateur doit vendre, chaque minute, une flopée de titres correspondant à 9 % de la totalité de ceux qui se sont échangés sur le marché durant la minute précédente. A la vitesse de la lumière, la machine se met au boulot. Pas de chance, ce jour-là, on est en crise grecque, avec, à la clé, des menaces sur l’euro. Dans ce climat d’inquiétude, le cours des titres largués par Waddell and Reed baisse très rapidement. Deuxièmeme temps de la valse : croyant à une bonne affaire, des centaines d’autres robots américains se mettent, en quelques dixièmes de seconde, à acheter cette valeur bradée très au-dessous de sa valeur habituelle. Troisième temps, quelques micro secondes plus tard, constatant que le cours continue à baisser, les mêmes robots, affolés, revendent pour réduire leurs pertes. En quatorze secondes, note le rapport de la SEC, les titres ont changé 27 000 fois de mains ! »

    On vous passe le développement tout aussi ahurissant de cette histoire de cyberfinance en folie. « En un quart d’heure, près de 2 milliards d’actions sont échangées dans un chaos complet. L’indice de la Bourse de New York s’effondre de 10 % ».

    Finalement les autorités et les opérateurs mettront fin à ce chaos cybernétique en décidant « d’un commun accord, d’annuler toutes les transactions passées entre 14 heures et 15 heures ». Comme si tout cela n’était que virtuel. Simple question d’un béotien en la matière : où finit le virtuel, où commence l’économie réelle ? Quand les financiers qui mènent le monde le décident ? Pas très rassurant pour les profanes. C’était déjà très inquiétant de savoir que sur la planète financière pouvait surgir un Jérôme Kerviel à chaque instant. Mais miss Robot faisant la java à tout casser avec les ordinateurs des démiurges de la finance et jetant les milliards par les fenêtres de Wall Street ou de la city londonienne comme des paquets de confettis, c’est encore plus angoissant.

    Une autre information du même tonneau, pêchée dans un journal économique, nous apprend que les instituts financiers se battent pour acheter ou louer, à prix d’or, le moindre bureau ou appartement disponible dans des immeubles situés le plus près possible de la bourse, afin de gagner, quand ils passent un ordre de vente ou d’achat, une précieuse nano seconde sur les ordinateurs de la concurrence. Nous en sommes là. C’est-à-dire que nous plongeons dans l’absurdité électronique à vitesse hypersonique. De quoi avoir le nanomètre à zéro. Si j’étais économiste j’ouvrirais une rubrique intitulée : En attendant le crash… Au train d’enfer où vont les choses en général, et les transactions spéculatives en particuliers, il ne peut manquer de se produire. A moins de changer de logiciel le plus vite possible.

    JEAN COCHET


    2 novembre 2010 à 23 h 30 min
  • ULIANI Répondre

     

    En complément de mon précédent envoi :

    arrêtons de financer des organisations syndicales dont le seul but, afin de justifier leur existence (bien rétribuée d’aiileurs), est de s’opposer systématiquement aux réformes nécessitées par l’évolution de l’économie mondiale aux règles de laquelle la France, comme nos voisins européens, ne peut échapper.

    Précisons qu’ils sont largement co-responsables (avec certains politiciens qui prônent les mêmes solutions destructrices) de l’écroulement de l’industrie française et, par conséquent, suppressions d’emplois aidant, de l’appauvrissement des caisses de retraite du privé. mais cela ne les affecte pas tant qu’ils concservent leurs prérogatives.

    2 novembre 2010 à 15 h 35 min
  • Jacques Uliani Répondre

    Entièrement de l’avis de M Sauquet (commentaire du 1er-11-10) j’ajouterai que si l’Etat souhaite engager une réforme juste, celle-ci doit concerner tous les régimes de retraite à condition de faire des comparaisons impartiales (je rejoins sur ce point M. Jaurès sur les fonctionnaires même si une réadaptation me semble nécessaire) et pour montrer l’exemple il faudrait que les mirobolants avantages de la classe politique (sans distinction d’appartenance) et des hauts fonctionnaires , par exemple ( la liste n’est pas exhaustive) , soient drastiquement revus à la baisse, ce dont ils ne veulent absolument pas entendre parleret que la majorité des médias taisent . Comment des élus non concernés par cette réforme  peuvent-ils se permettre de faire entendre raison au peuple ?

    Autre chemin (parmi tant d’autres) pour permettre la sauvegarde du système par répartition : il serait grand temps que nos gouvernants mettent rapidement un terme à la fringale de générosité de l’Etat providence et notamment envers cette immigration sauvage qui participe grandement à l’hémorragie des finances de l’Etat , cest à dire nos impôts. Cette république m’inspire indubitalement une ressemblance avec celle de Rome avant son écroulement.

    2 novembre 2010 à 15 h 18 min
  • gele Répondre

    La montée de la capitalisation ! 

    On doit au très libéral Alain Madelin l’instauration en 1994 de la première retraite par capitalisation, un an après la réforme de 1993. Elle concerne les non salariés (industriels, professions libérales, commerçants) et son encours est de 19 milliards d’euros en 2009.

     Il faudra attendre 1997 et l’adoption de la loi Thomas (qui sera abrogée en 2002) pour que naissent les plans d’épargne retraite, autre nom de la retraite par capitalisation.

     En 2003, la réforme de François Fillon favorise le développement de l’épargne retraite individuelle, avec la création du plan d’épargne retraite populaire (Perp), qui s’adresse aux 9,2 millions de salariés du privé imposables et du plan d’épargne retraite collectif (Perco) qui remplace le plan partenarial d’épargne salariale volontaire (PPESV), créé par la gauche en 2001.

     Le Perp a drainé 5,3 milliards d’euros en 2009 et le Perco, 3 milliards, jugés nettement insuffisant par les sociétés d’assurances qui convoitent les quelque 100 milliards d’euros de la retraite par répartition.

    Rappelons que le Perp et le Perco ont été institués par des amendements déposés par Hervé Novelli, chef de file des libéraux au sein de l’UMP, et par un certain… Eric Woerth.

     Au total, tous produits confondus, l’encours de l’épargne retraite est de 123,8 milliards d’euros en 2009.

    Seul la Prefond qui est réserver aux fonctionnaires est en partie défiscaliser ! privilège que les syndicats trouvent normal !

    Donc en catimini les français qui doutent de la pérennité de la répartition   prépare leur retraité par une épargne de précaution.

     

     

    2 novembre 2010 à 9 h 21 min
  • ozone Répondre

    Demonstration que la seule chose qui occupe le pouvoir dans cette affaire est de preparer la route a la mainmise des assureurs sur les retraites du privé puisque celles des fonctionnaires est issue des impots

    2 novembre 2010 à 0 h 27 min
  • Claude Sauquet Répondre

    Vous avez parfaitement raison, mais ne faisons pas la fine bouche: cette réformette est mieux que pas de réforme du tout… De toute façon, je suis convaincu que si un jour un gouvernement veut VRAIMENT s’attaquer aux régimes spéciaux, il ne pourra pas faire l’économie d’un très violent affrontement avec les syndicats, et devra être prêt à voir la France à l’arrêt pendant des semaines, voire des mois. Mais Thatcher a bien tenu le coup elle, d’où son surnom… Ou se cache l’ homme, ou la femme (de la VRAIE droite), qui enfin nous sortira de l’enfer fiscal et social dans lequel on se trouve, en grande partie à cause de Giscard et Chirac? J’ai 62 ans, et j’ai bien peur de ne jamais avoir le plaisir de le (la) croiser…

    1 novembre 2010 à 17 h 30 min
  • Jaures Répondre

    Quand on est dans un mouvement, on comprend plus aisément ses motivations et son évolution que quand on l’observe de l’extérieur, bardé d’idées reçues et d’a priori idéologiques.

    Tout d’abord, les personnes directement concernées par la réforme sont minoritaires: les retraités, évidemment en sont exclus, les cadres, les professions libérales et tous ceux dont la carrière a débuté à plus de 22 ans ou qui ont connu des petits accidents de carrière.
    Ceux-là, de toute façon ne pouvaient partir à 60ans.
    D’ailleurs, la moyenne d’âge du départ est de 61,5 ans.

    Donc, si elles se sont mises en mouvement, c’est qu’il s’agissait de la mauvaise action de trop, celle qui frappe les plus faibles (les femmes, les précaires, les carrières longues, les ouvriers les plus usés) et épargne les plus riches.

    C’est ce sentiment d’injustice qui a choqué les salariés, les a poussé dans la rue ou à soutenir le mouvement.

    Si celui-ci a stoppé, ce n’est pas parce que les salariés se sont résignés mais d’une part parce que l’entêtement de Sarkozy était patent et que, dans leur situation, les travailleurs ne peuvent assumer 2 ou 3 mois de grève, mais surtout parce qu’ils ont pris date: la solution plutôt que sociale, à présent que la loi est votée, sera politique.

    Nombreux sont les salariés qui sont bien décidés à faire payer à Sarkozy son allégeance aux financiers et la trahison de ses promesses. Les prochaines échéances électorales montreront ce que ce mouvement a ancré dans les esprits, et je doute que les salariés se retournent contre les immigrés !

    Sur les fonctionnaires, le discours est toujours le même mais la réalité bien différente.

    Si on prend en compte les 6 derniers mois, c’est que, par ailleurs les primes, qui peuvent entrer jusqu’à 40% de la rémunération, n’entrent pas dans le calcul de la pension et que les fonctionnaires n’ont pas de retraite complémentaire.
    Les syndicats sont prêts à négocier: l’alignement des 25 ans sur le privé en échange d’une retraite complémentaire et de l’intégration des primes. Chiche ? Cela coûterait des dizaines de milliards !

    1 novembre 2010 à 16 h 44 min

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