Relocalisation ou retour en enfer ?

Relocalisation ou retour en enfer ?

C’est un retour en enfer fiscal, normatif et étatiste pour les entreprises auxquelles on demande des relocalisations.

C’est principalement l’industrie qui est concernée.

Les délocalisations intervenues depuis le début des années 2000 ne sont pas dues à un « appât du gain », comme le laissent supposer les pseudo-économistes autoproclamés des médias, qui n’ont jamais créé d’entreprise industrielle et ignorent les handicaps que nous accumulons par rapport à nos concurrents.

Ces concurrents sont majoritairement implantés en Europe, même s’il est vrai que certains domaines, généralement de l’industrie polluante, ont été abandonnés au profit des pays orientaux.

Enfer fiscal : Les chiffres, je les ai donnés dans mes précédents articles. La France a donné la priorité à son administration sur son industrie, monopolisant ainsi des besoins financiers extravagants qui ont abouti à une surtaxation de nos entreprises engendrant leur disparition (50 % ont disparu en 15 ans).

Celles qui ont survécu ne peuvent pas dégager assez de fonds propres et sont donc fragilisées. Il leur restait comme solution d’aller chercher du rendement dans un pays plus accueillant fiscalement. D’où des délocalisations pour celle qui en avaient la capacité. C’est la principale raison du faible nombre d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) en France.

Les paradis fiscaux n’existent que parce qu’il y a des enfers fiscaux, comme la France !

Enfer normatif : 400 000 normes, loi et décrets, etc. – que nul n’est censé ignorer ! C’est, en France, le quotidien des chefs d’entreprise, mais aussi des particuliers.

4 000 pages d’un Code du travail que Nicolas Sarkozy pensait pouvoir « dépoussiérer », alors qu’il n’en contenait à l’époque que 2 400 (plus de 300 pages y ont été rajoutées rien que pour le passage de 39 à 35 heures) !

Les mêmes contraintes pour une TPE (très petite entreprise) que pour une multinationale. Je me souviens d’une réunion demandée par le ministre des PME Renaud Dutreil à laquelle participaient notre député et un représentant de la Préfecture pour « nous simplifier la vie », sans que cela coûte de l’argent à l’État (les caisses étaient déjà vides en 2004).

J’avais proposé la réduction du nombre des registres de sécurité obligatoires que nous étions censés tenir à jour et présenter à l’inspecteur du travail lors de ses visites de contrôle.

Avant d’en donner le nombre, j’ai demandé leur estimation à chacun des participants. Celui qui était le plus proche l’estimait à 8. Il y en avait à l’époque, pour l’industrie, 76 ! Au point que le représentant de l’État me dit : « Vous racontez n’importe quoi, M. Goudron. » J’en avais fait auparavant un tableau avec date et numéro de décret que je lui ai remis. Son étonnement passé, il m’a dit : « Mais on n’a pas pu faire ça, c’est impensable ! »

Et si, vous l’avez fait et ma tête à couper que vous en avez rajouté d’autres depuis !

Cet exemple vécu vaut tous les discours.

Enfer étatiste : C’est l’histoire de l’œuf et de la poule. Est-ce l’overdose de fonctionnaires qui a créé cette jungle normative, ou est-ce l’accumulation dans le temps de ces règles qui a généré un nombre démesuré de fonctionnaires ?

C’est en tout cas un système auto-alimenté qui fait que, même si une majorité d’hommes politiques ont inclus dans leur programme une diminution plus ou moins grande des effectifs, le nombre de fonctionnaires continue à augmenter. Pire, cette augmentation est réclamée par une majorité de Français.

L’exemple de la gestion de crise du Covid-19 a démontré l’inefficacité, voire la nocivité de cette administration pléthorique.

Nous sommes ridicules devant nos voisins allemands qui, avec un budget inférieur au nôtre, ont fait nettement mieux – avec, cerise sur le gâteau, des équipements et des salaires bien supérieurs.

Ne croyez surtout pas que ce dysfonctionnement ne concerne que la santé. C’est pareil, sinon pire, dans toutes les autres administrations !

La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts, disait Clemenceau.

En conclusion, M. Le Maire, si vous voulez faire revenir nos entreprises, il est impératif au préalable de réformer cette « foutue France » et de ramener notre environnement économique au niveau de la moyenne européenne, ce qu’a fait l’Allemagne depuis déjà 20 ans.

Si, au contraire, vous utilisez le chantage ou la coercition, vous pousserez nos entreprises dans le précipice !

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Comments (13)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Bruno Le Foll va réinventer le monde d’après.
    Depuis l’utilisation du mot “réinventer” par son mentor élyséen, la France est en pleine réinvention et le monde à venir ne ressemblera plus jamais au monde d’avant.
    Pour éviter d’avoir affaire aux mêmes individus qu’avant changeons déjà les patronymes des principaux décideurs:
    Macron deviendra CronMagne
    Darmanin troquera le sien contre MarinDar
    Le Foll deviendra Foll Le
    Et Mme Belloubet sera Miss BêteOuBelle au choix.

    Bruno Foll Le a trouvé la recette miracle il va donc aider l’industrie française agonisante avec l’argent des autres d’une part et avec de l’argent qui n’existe pas encore d’autre part.
    Vaste entreprise où les plus belles usines à gaz d’antan seront réléguées au rang de curiositées locales.
    Bruno contitionne cette aide à des innovations vertes.
    Air France devra donc en même temps faire du bénéfice (eh oui les impôts) et transformer sa flotte en planeurs à pédales. Les futurs passagers apprécieront.
    Renault sera contraint à construire des voiturettes et des trotinettes électriques. Les ruraux seront sûrement contents de ce changement innovant qui leur permettra de vivre enfin la vie citadine à la campagne (voir Alphonse Allais)

    Avis aux amateurs tentés par la relocalisation, lisez l’Odyssée, Ulysse ne s’est pas laissé berner par les vois suaves des sirènes. Pour votre sécurité passsez outre.
    À tous les Autres bienvenue dans la Nouvelle URSS et en même dans la Cronmagnerie.

    Retournerons nous enfin dans les cavernes?
    L’avenir nous le dira bientôt..

    29 mai 2020 à 12 h 49 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Toutes les langues ont un répertoire scatologique bien fourni. La langue allemande n’est pas une exception.

    28 mai 2020 à 10 h 44 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      Commentaire destiné à Eleventh.

      28 mai 2020 à 10 h 46 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    pour pouvoir ” relocaliser ” encore faudrait il avoir conservé un tissu industriel et une main d’ oeuvre qualifiée et nous ne les avons plus … la reconquête va être longue, etdure et difficile et douloureuse surtout si le choix est fait de sauver en premier nos innombrables” canards boiteux ” et ne pas sabrer notre Administration

    28 mai 2020 à 9 h 16 min
  • ELEVENTH Répondre

    Merci pour la traduction, même si je déplore de comprendre un seul mot d’allemand . Sauf un : scheisse ce qui n’est pas très glorieux, je le confesse.

    28 mai 2020 à 0 h 43 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Excellent article, d’ un homme de terrain, qui restera hélas sans écho : la France ( centrale et périphérique ) est convaincue que sa Grandeur réside dans son Administration

    n’ oublions pas que c’ est De Gaulle qui a créé l’ Ecole Nationale d’ Administration pour former les futurs ” Grands Commis de l’ Etat ” qui ne sont en réalité que de nouveaux oligarques

    en France l’ Administration impose SA PUISSANCE *** aux ” politiques ” comme aux ” sujets ”

    la prochaine ” Grande Révolution ” des citoyens de la ” Grande Nation ” devrait avoir pour premiers trophées … les têtes des fonctionnaires

    c’ est en 1945 que nous avons raté le coche … du libéralisme

    et quand on écoute M. Le P. on doit se rendre à l’ évidence qu’ elle n’ est pas ” libérale ”

    chercher un véritable Libéral dans l’ opposition ? … il faudrait une loupe

    *** PUISSANCE : pouvoir d’ exercer une autorité

    27 mai 2020 à 16 h 43 min
  • OMER DOUILLE Répondre

    Avant de prôner la “relocalisation” des productions françaises, ou leurs recréation pour celles ayant tout bonnement été abandonnées, les têtes pensantes de l’état devraient de poser quelques questions essentielles sans lesquelles toute décision (improbable) est d’avance vouée à l’échec.
    Prenez par exemple le domaine de la machine outils – à métaux ou à bois – que j’ai bien connu : les aveuglés de la “deutsch qualitat” vous diront que ce sont des merveilles face a des productions françaises de camelotte. On aime tellement se diminuer en France, alors que les TEUTONS ne se sont pas gênés pour copier, sans payer, bien des techniques et innovations françaises mal protégées , comme de vulgaires asiatiques qui mitraillaient à tout va les photos dans les usines au prétexte de coopération.
    Pratiquement toutes les marques qualitatives qui produisaient dans la Plaine Saint Denis, une énorme zone de mécanique, ont fermé les unes après les autres, alors que leurs qualités de conception, fabrication, fiabilité et précision étaient reconnues partout en Europe et n’avaient rien à envier à la concurrence allemande. Sur des tours parallèles, par exemple, les normes Salmon et Schessinger étaient parmi les meilleures.
    Et il existait des OUVRIERS français en ce temps, pas des momos salopant le boulot. Les prix, par contre ne cessaient de monter au point que les productions ne rencontraient plus de clients sauf les “captifs” des centres de formation technique français pour encore un certain temps. Depuis la dite Plaine SAINT DENIS, toujours sous administration COCO sert de lieu de résidence arabo-africaine, au point que sur les marchés, c’est hallal à tous les étages et les langues des nouveaux colons au lieu du français.
    Il serait techniquement possible de refabriquer au moins nombre de produits banals dans le vetement par exemple, mais nos dames seraient dans l’impossibilité de s’acheter 10 paires de chaussures par an (dont une bonne partie qu’elles ne porteront jamais) et préfèrent le made in RPC pour ce qu’elles appellent le “chopping” – une sorte de détente dont une partie finira, non utilisé dans des friperies ou aux poubelles.
    Nous pouvons prendre nombre d’exemple mais il faut à chaque fois considérer la nécessité d’un retour mental à une plus juste appréciation des choses.
    Et renverser les mentalité de certains enseignements dans des écoles de commerce qui, durant plusieurs décennies professaient que la production c’était pour les sous développés et que nous aurions la partie noble : R et D , vente de nos “services” – à qui ?- Bref les betises de gens supposés réfléchir sainement mais en fait abrutis, même en voyant le bateau couler.
    Ensuite, les aides interminables a tous et à chacun ont poussé une population qui y était déjà encline à naviguer dans les systèmes de combines payés par les prélèvements sur ceux qui produisent.
    Et pour faire bonne mesure nous avons invité tous les rebuts du tiers monde à participer à la fête.
    A ce jour, un jeune de bon niveau, aux compétences certaines a bien plus intérêt à bosser au Canada par exemple, plutot que nourrir les parasites divers, qui, en plus n’ont de cesse de nous pourrir la vie par simple atavisme .

    27 mai 2020 à 5 h 54 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      vous avez entièrement raison ( y compris pour ce qui concerne la ” clientèle captive ” qui a retardé un peu la désertification )

      le secteur de la machine outil je l’ ai bien connu par mon père et par mon frère … : disparu en l’ espace de 5 ans sous … Giscard !

      impossibilité aux entreprises de bénéfices suffisants pour disposer de fonds propres et , de ce fait, d’ avoir aussi recours à l’ emprunt bancaire :( vous n’ étiez que trop partiellement ” solvable ” )

      impossibilités : de moderniser l’ outil de production , de se maintenir au niveau de la concurrence, d’ entretenir un réseau commercial et pour finir rachat de l’ usine par un ” étranger ” ( en réalité achat de la clientèle restée captive qu’ on ” éduque ” à de nouveaux produits ) et finalement exode de l’ outil de production … sans parler des ” conflits sociaux ” marxisés à l’ extrême …

      alors on maintenait tant bien que vaille une production au mieux de milieu de gamme avec des travailleurs immigrés qu’ on payait au plus bas, puis accueil de toute leur famille aggravant, entre autres désastres sociétaux, les dépenses dites ” sociales ”

      ENFIN la rencontre avec l’ iceberg : l’ arrivée des socialistes et il n’ y avait même plus de canots de sauvetage : tout le monde à la mer avec les gilets de la dette publique

      et c’ est sans doute pour cela, l’ arrivée des socialistes au pouvoir, qu’ on estime en France que Giscard et Chirac étaient des ” libéraux ” tant il est vrai que les deux premières années du premier quinquennat de Mitterrand furent catastrophiques et que bien sûr Hollande ( et son conseiller ) reproduisirent scrupuleusement durant aussi deux années

      nous n’ avons plus de souveraineté industrielle et … alimentaire !

      27 mai 2020 à 17 h 26 min
      • OMER DOUILLE Répondre

        Pour une fois, c’est rare , nous sommes d’accord.

        28 mai 2020 à 0 h 39 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Sehr geehrter Herr Goudron,

    was Sie in Ihrem Artikel beschreiben ist jedem deutschen Bürger bekannt. Frankreich verwaltet mit “zigtausenden” Gesetzen und einer Armada von Beamten, währenddessen Deutschland organisert und da liegt halt der Hase im Pfeffer.

    Im echten Leben muss man hautnah an der Aktualität kleben und sich stetig daran anpassen ganz besonders wenn’s um’s nackten Überleben geht.
    Und da ist Deutschland mit seiner effizienten Organisation viel besser bewaffnet.
    Die Ergebnisse jenseits des Rheins lassen sich anschauen und die jüngsten Erlebnisse mit dem Corona-Virus sind ein eklatanten Beweis dafür, geschweige noch die leistungsfähigere deutsche Wirtschaft.

    Deutschland kocht sowie Frankreich auch nur mit Wasser, leider wird der Siedepunkt in Frankreich nie erreicht und das Ergebnis bleibt darum ungeniessbar.

    Die Aussichten für eine Verbesserung sind hierzulande schlecht aber wie Sie es ebenfalls wissen, Hoffnung stirbt zuletzt.

    26 mai 2020 à 20 h 01 min
    • ELEVENTH Répondre

      Dans la langue de Molière, s’il vous plait, merci. A moins que le commentaire soit insultant ou désobligeant.

      27 mai 2020 à 2 h 23 min
      • HansImSchnoggeLoch Répondre

        Mr.Goudron,

        ce que vous décrivez dans votre article est connu de chaque citoyen allemand normalement constitué. La France administre grâce à des millers de lois et à une pléthore de fonctionnaires pendant que l’Allemagne organise. C’est la clé du problème.

        Dans la vraie vie il faut constamment rester collé à l’actualité et s’y adapter pour survivre. Et là l’Allemagne avec son organisation efficace est mieux armée. Les résultats outre-Rhin sont probants et les derniers évènements concernant le Corona-Virus en sont une preuve éclatante sans parler de la meilleure performance de l’économie allemande.

        L’Allemagne comme la France cuit aussi avec de l’eau, malheureusement le point d’ébullition n’est jamais atteint en France ce qui rend rend le résultat insipide.

        Les projections pour une amélioration en France sont mauvaises mais comme vous le savez, l’espoir meurt en dernier.

        27 mai 2020 à 8 h 38 min
        • Claude GOUDRON Répondre

          Merci pour votre traduction car, même marié à une allemande, je suis très mauvais dans cette langue.
          Je partage complètement votre analyse et j’y rajouterai un autre élément non négligeable de l’économie allemande, c’est leur capacité à prospecter partout dans le monde.
          Mon épouse, qui travaillait chez un concurrent allemand avant que l’on se connaisse est partie, dans les années 70 vendre des échelles… Au Koweït et avec un grand succès alors qu’à l’époque mes seules exportations étaient en Suisse et en Belgique, vous comprenez sans doute pourquoi.
          C. GODRON

          2 juin 2020 à 11 h 12 min

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