Rétablir la préférence communautaire

Rétablir la préférence communautaire

Les rafistolages monétaires de la BCE ne serviront qu’à reporter l’éclatement de la zone euro, si des mesures structurelles à long terme, porteuses d’avenir, de croissance et d’emploi ne sont pas mises en place immédiatement.

Il faut en finir avec les profits à court terme et opposer à la logique de l’actionnaire la logique à long terme des parties prenantes de l’entreprise (« stakeholders »).

Cette contradiction avec les intérêts de l’actionnaire et la pression des analystes financiers est, en partie, responsable de la désindustrialisation française. Mais la cause première est bel et bien le libre-échange mondialiste qui oblige les entreprises à délocaliser. Le retour à la préférence communautaire est impératif pour la France !

Il faut poser en préambule que, sans diminution des coûts salariaux français et des prélèvements fiscaux dans les entreprises, sans redressement de la compétitivité, toute politique industrielle est vouée à l’échec.

Une politique industrielle doit contribuer essentiellement à produire des biens sur le territoire national, afin de les exporter.
C’est tout à fait le contraire de ce que vient de faire Renault qui, avec son usine de Tanger et sans protection douanière européenne, a contribué à la politique in­dustrielle marocaine, mais en au­cun cas à une stratégie volontariste industrielle française. Pen­dant ce temps, les États-Unis imposent des droits de douane pour les cellules photovoltaïques provenant de la Chine dont le montant varie de 31 % à 250 % sur les entreprises !

La France ne pourra pas faire non plus l’économie d’une nouvelle politique énergétique en développant son industrie nucléaire, tout en s’intéressant à quelques énergies renouvelables. Il importera aussi de se poser sérieusement la question de l’exploitation du gaz de schiste.
Améliorer l’avantage compétitif français ne signifie pas embaucher des fonctionnaires inutiles pour palabrer sur le sujet, mais bien prendre des mesures incitatives et apporter des aides efficaces et concrètes aux PME et PMI. Il faut en terminer avec les hôtels de région à 200 millions d’euros, les 22 ambassades inutiles des régions à l’étranger, et les 700 000 fonctionnaires territoriaux récemment recrutés ! Cela signifie aussi réduire les 76 milliards d’euros par an du coût de l’immigration, dont personne ne parle jamais dans le monde politiquement correct.

Il importe également de diminuer les prestations sociales laxistes. L’Allemagne a donné l’exemple avec son remède de cheval Hartz IV
qui, au-delà de sa très grande dureté, montre à la France la direction à prendre sur le chemin du bon sens et du redressement.
L’idée de TVA sociale, au lieu d’être abandonnée pour des raisons démagogiques, devrait être reprise pour encourager l’offre et la compétitivité des entreprises fabriquant sur le territoire national.

Le capitalisme rhénan donne des résultats intelligents, car les syndicats allemands ne cherchent pas à mettre en danger la croissance et la productivité.
Les dernières augmentations accordées en Allemagne, après dix années d’efforts, devraient en­courager la France à limiter les salaires pour se donner un peu d’oxygène compétitif.
Les creusements des déficits commerciaux français aboutiront, sinon, à une crise sans précédent avec l’Allemagne qui ébranlera les fondements mêmes de la construction européenne.

La Chine est en passe de ravir à la France la place de premier partenaire commercial de l’Allemagne.
En 2007, les ventes allemandes à la Chine (30 milliards d’euros) ne représentaient qu’un tiers des ventes allemandes à la France. En quatre ans, le commerce avec la France a peu évolué. En revanche, les ventes allemandes à la Chine ont dépassé les 60 milliards…
La France s’installe dans un déficit structurel, créé par sa désindustrialisation et son man­que de compétitivité.
La France et l’Allemagne doivent faire émerger un nouveau modèle industriel avec une harmonisation fiscale et sociale. Un rapprochement avec la Russie s’impose également.

Rien ne résistera à long terme aux pays émergents, aux États-Unis et à la Chine, pas même l’Allemagne, si la préférence communautaire n’est pas rétablie et si la France ne met pas en place immédiatement une politique industrielle, tout en s’inspirant davantage des vertus du capitalisme rhénan.

Marc Rousset

Partager cette publication

Comments (4)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    On peut se demander si la BCE sert encore à quelque chose?
    Le dernier livre de Thilo Sarrazin arrive à la même conclusion avec l’euro. Livre que je vais m’acheter de ce pas.

    http://www.spiegel.de/wirtschaft/thilo-sarrazin-und-sein-buch-europa-braucht-den-euro-nicht-in-der-kritik-a-833898.html

     

    8 juin 2012 à 9 h 04 min
  • NL Répondre

    Qui va mettre en place la préférence communautaire? Le "présidente de la fédération européenne"? Le parlement européen (qui ne contrôle pas l’ordre du jour) ou la commission européenne qui ne sont qu’un ramassis de fonctionnaires non élus responsables devant personne?
    Tous les textes qui ont construits l’UE ont été inspirés par l’ultra libéralisme mondialisé entrainant la baisse des défenses immunitaires de notre vieux continent.
    On ne peut pas construire d’édifice stable sur des fondations pourries
    Une autre Europe doit surgir des cendres de l’usine à gaz qui va bientôt imploser. Elle doit être construite sur des principes simples qui sont à la base de notre civilisation, ainsi qu’une défense commune de nos intérêts vitaux (au sens large du terme).
    Tous le reste n’est que littérature…!

    7 juin 2012 à 13 h 57 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    la " préférence communautaire " est un leurre " européiste " , un de plus , et pour cela il suffit de constater que les salaires , les charges sociales , les politiques de " redistribution "  etc …  ne sont pas les mêmes en France qu’en Roumanie ou en Pologne … prenons un exemple ; pour assurer sa survie une entreprise de transports routiers française doit soit transférer son siège social au Luxembourg , soit embaucher  des chauffeurs roumains …

    6 juin 2012 à 21 h 16 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    La ligne Maginot ( recommandée faut il le rappeler par Charles De Gaulle dans "le fil de l’épée "  ) a volé en éclats sous l’action CONJUGUEE " de chars blindés  très mobiles avec son soutien de fantassins et très bien commandés et d’une aviation de piquée dotée de bombes de grande puissance de pénétration , elle aussi très bien commandée    ( cette dernière , l’aviation ,non répertoriée comme pouvant être une arme fatale par Le Général )… il en est de même aujourd’hui pour l’économie :
      …. les manoeuvres financières à l’échelle mondiale sont justement cette aviation et ces nouvelles bombes …
    … les chars et l’infanterie les salaires et les charges

    6 juin 2012 à 15 h 37 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *