Retraites : le grand cafouillage

Retraites : le grand cafouillage

Le journal «Les Échos» du 8 novembre consacre toute sa «deux» à ce qu’il appelle le «Nouveau cafouillage gouvernemental autour de la réforme des retraites».

Jean-Paul Delevoye, nommé Haut-commissaire à la réforme des retraites, puis ministre, pour préparer et ensuite réaliser cette réforme, est sur la sellette: l’interview qu’il a donnée la veille au «Parisien» déplaît à l’Élysée, car elle montre que l’application du projet de réforme aux seuls nouveaux entrants dans le monde du travail, la «clause du grand-père», lancée par le Président, est une atteinte au bon sens.

Ce diagnostic est partagé par tout véritable connaisseur du dossier, mais il déplaît au chef de l’État, qui veut en fait se débarrasser d’un problème dont il comprend enfin qu’il est délicat.

Au vu du soutien énergique et continu apporté à Emmanuel Macron par «Les Échos», le changement de pied de la rédaction de ce journal est significatif: l’état de grâce est terminé, le président de la République n’a plus l’aura du jeune homme hyperdoué dont l’intelligence pénétrerait tous les sujets.

Il y a quelques semaines, le chef de l’État avait pris position en faveur d’une prise en compte de la durée de cotisation, et j’avais signalé que cela manifestait sa mauvaise connaissance du dossier: en effet, quantifier les droits à pension par des «points» est précisément le moyen de sortir des absurdités et des injustices auxquelles aboutit un calcul en trimestres.

Delevoye l’avait compris; il avait bâti son projet de réforme sur l’abandon du calcul par trimestres ou annuités, et son remplacement par les points, système bien connu des Français puisqu’il est en vigueur à l’ARRCO-AGIRC et dans la plupart des régimes complémentaires.

Et voilà que son «patron» mettait les pieds dans le plat, torpillait le projet présenté dans le rapport Delevoye au terme d’un an et demi de consultations et de travaux, et, de plus, tout à fait conforme à la formule utilisée par le futur président lors de sa campagne présidentielle : chaque euro cotisé doit ouvrir les mêmes droits, quel que soit le métier du cotisant!

Comme si cela ne suffisait pas, voilà que notre nouveau Lucky Luke, l’homme qui dégaine plus vite que son ombre, a tiré une nouvelle balle: la « clause du grand-père», consistant à n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail.

Déjà au tapis, le rapport Delevoye est désormais ad patres, tué d’une balle dans la nuque. J’ignore ce que fera le ministre, s’il avalera cette couleuvre ou s’il tirera sa révérence, ou encore s’il acceptera un compromis boiteux, mais ce qui est certain, c’est que la réforme des retraites est mal partie.

Il aurait fallu à la tête de l’État, ou au minimum à Matignon, un homme qui ait des idées claires et justes sur le sujet. Une fois de plus, la France attendra!

Voilà qui nous met sous le nez une triste réalité : s’il s’est révélé être un stratège et un tacticien des plus doués en ce qui concerne la conquête du pouvoir, Emmanuel Macron est un amateur dans la conduite des affaires de l’État, particulièrement en ce qui concerne la conduite des grandes réformes nécessaires pour doter notre pays d’une protection sociale efficace et juste.

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Comments (7)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    CAFOUILLAGE … ?

    étonnant pour un ” lettré ” comme Emmanuel Macron ( deux fois recalé à Norm. Sup. malgré les cours intensifs et particuliers de Brigitte la théâtreuse et lui – même ” disciple ” de Ricoeur ) car …

    ” ce qui se conçoit bien s’ énonce clairement ”

    Boileau ( ” l’ Art poétique ” )

    1 décembre 2019 à 13 h 54 min
  • KAVULOMKAVULOS Répondre

    Le “grand couillon” donne de la voix : pour règler le problème des retraites, il faut 50 millions d’immigrés de plus en Europe.
    Voila le genre d’abruti que Macron a trouvé pour sortir une ânerie pareille après 2 ans de “travail”. Combien parmi les immigrés rêvés vont bosser pour alimenter les caisses de retraites – dont celles de leurs compatriotes fraudeurs bénéficiaires a plus de 100 ans d’âge ? De plus, l’évolution technologique exponentielle, avec robotisation et I.A. va réduire drastiquement les offres d’emploi. Mieux vaudrait créer une “cotisation robots” que d’attendre quoi que ce soit de gens qui, pour la plupart, n’ont l’intention que de recevoir, mais surtout rien donner. De plus, s’agissant surtout de muzzs, le “vivrensemble” en prend chaque jour un coup dans les dents avec les attentats qui se multiplient partout et les enfoirés qui squattent les rues de Paris en beuglant “au calbar”. Crétins !

    30 novembre 2019 à 0 h 10 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      à LaRem ça fuit sur la gauche alors il faut colmater la … fissure idéologique : on a trop ” accordé ” à la ” droite ” , j’ entend par là à la Phynance Apatride pas à nous cela se comprend aisément et puis il leur faut une main d’ œuvre pas chère

      30 novembre 2019 à 10 h 46 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    travaillez oui, mais travaillez pour Soros !

    le ” point ” d’ Omerdouille est particulièrement bien vu :

    c’ est l’ Etat Transnational qui décidera ce dont vous avez besoin pour vivre jusqu’ à l’ euthanasie attalienne

    je pense que nous sommes ” démocratiquement ” entrés dans le cadre de la légitime défense

    27 novembre 2019 à 11 h 52 min
  • OMER DOUILLE Répondre

    Réforme des retraites “par points”….. dans le pif! Vous allez adorer.

    22 novembre 2019 à 0 h 45 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      toute votre vie de travail vous avez renfloué la Gabegie Nationale, à la Retraite vous serez tout simplement spoliés !

      22 novembre 2019 à 7 h 45 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    qu’ est ce qui, en France, n’ est pas naturellement et irrévocablement voué au ” cafouillage ” ?

    la France ” bricole “, ” recolle ” et ” raccommode ” !

    c’ est là qu’ est tout son génie politique !

    20 novembre 2019 à 16 h 03 min

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