Réunification de l’Allemagne : L’erreur économique

Réunification de l’Allemagne : L’erreur économique

Le 9 novembre 1989, le Mur de Berlin, qui avait été construit le 13 août 1961, tombait. C’était la fin de la guerre froide. L’URSS ne s’en remettrait pas. La stratégie offensive, développée par le président Ronald Reagan, contre l’empire du mal triomphait.
La réunification proprement dite n’eut lieu que le 3 novembre 1990. Au plan économique, elle se présentait sous les meilleurs auspices : certes le retard économique de l’est par rapport à l’ouest était grand – contrairement à ce qu’une propagande bien orchestrée pendant trente ans était parvenue à faire croire au monde entier… – mais l’Allemagne fédérale était riche, à la recherche de nouvelles opportunités et de grands chantiers, prête à mettre le paquet pour moderniser la partie orientale sous-développée.
La pauvreté relative de l’est était aussi son atout-maître : la main-d’œuvre était assez bien formée et, à la condition d’obéir aux lois du marché, il était à prévoir qu’un rush des investisseurs et des entrepreneurs transformerait l’ex-république socialiste en un vaste chantier. Certains parlaient déjà d’un nouveau dragon, d’un possible eldorado…
Pour qu’un tel scénario se mette en place, il eût simplement fallu que les politiciens allemands respectent les lois économiques les plus élémentaires, et c’est ce qu’ils ne firent pas.
La monnaie étant, en Allemagne comme ailleurs, un bien relevant de la gestion publique, il revenait au chancelier Helmut Kohl de fixer la parité entre le mark de l’ouest et celui ayant eu cours jusque-là à l’est. La comparaison des productivités respectives des deux parties réunifiées aurait voulu qu’on établisse une parité d’un mark de l’ouest pour trois ou quatre marks de l’est. Le chancelier, n’écoutant que ses bons sentiments, décida que ce serait un pour un. Les Allemands de l’est croyaient faire une bonne affaire…
Sans doute le chancelier espérait-il ainsi acheter les voix de ses nouveaux concitoyens au profit de son parti, la démocratie chrétienne. Mais, rapidement, les effets dévastateurs d’une telle erreur économique se révélèrent, en particulier au plan social : à égalité de salaire la main-d’œuvre de l’est, moins productive, restait sur le carreau. 1 500 milliards d’euros « transférés » n’y changèrent rien, et le chômage est aujourd’hui à l’est plus du double de ce qu’il est à l’ouest…
Du coup même le calcul politique se révéla erroné : anciens communistes et néo-nazis sont les seuls bénéficiaires de cette bévue.

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Comments (4)

  • Didier Répondre

    Je comprends votre vision des choses, Trévis, pour autant je ne la partage pas. Je crois que l’erreur fondammentale de notre époque, en Europe, porte sur la conception même du domaine politique. Si, pour vous, comme pour nos dirigeants successifs, la politique prime sur l’économique; bien des fautes sont commises par ignorance par des élus qui n’ont fait qu’obtenir des suffrages et au fond ne sont que, au mieux, de bons communicants… Je pense que c’est l’inverse que l’on mettre en place. Le domaine économique doit primer sur le politique. Car l’économique se montre plus souple, plus adaptable à chaque culture, que le politique qui est souvent mu par de l’idéologie. C’est ce qu’ont fait les pays qui ont émergé. Sans économie bien saine il n’y a pas de vrai domaine social. Comme en France de nos jours, on l’on en parle beaucoup sans vraiment apporter de réponses correctes aux gens qui ont réellement besoin d’aide. Bonne journée.

    23 novembre 2004 à 8 h 56 min
  • Thierry Répondre

    Personellement…Je trouve que l’Allemagne s’en est pas trop mal sortie: elle a une économie d’un niveau comparable a la France!! Sauf que la France n’a pas eu a assumé un pays du tiers-monde du jour au lendemain…. Juste 15 ans de socialisme!!! Plutot que de voter Mitterand, on aurait peut-être du rattacher la France au Maroc ??? On s’en serait mieux tiré…

    22 novembre 2004 à 20 h 56 min
  • TREVIS Répondre

    La situation de l’époque ne permettait pas de tergiverser, il fallait donner un signe fort à l’égard de l’ex RDA. On ne pouvait pas laisser place à des considérations économiques, l’histoire était en route la politique devait suivre à n’importe quel prix ! Depuis bien des erreurs ont été certainement commises mais pouvait-on éviter celle-ci. D’ailleur n’est ce pas la même logique qui anime l’élargissement de l’UE et le passage à l’Euro pour certains états comme la Grèce ?!

    22 novembre 2004 à 17 h 17 min
  • stephane Répondre

    Il n’y a pas que l’erreur du D Mark, mais aussi celui des salaires est-allemands ramenés progressivement à 70% environ des salaires de l’ouest (tout en réduisant le temps de travail) sans tenir compte de la faible productivité de départ. On a ainsi imposé des salaires hauts et créé le chomage. D’autant que l’ouest imposa également son systeme généreux (mais nefaste) d’allocations chomage, puissante incitation à ne pas chercher de travail. Sortis du communisme, l’Allemagne de l’est entra dans le socialisme démocrate au lieu du capitalisme libéral (par lequel arriva le ‘miracle économique allemand d’après guerre’). Comme quoi, même le transfert de richesses immenses de l’ouest vers l’est n’arrive pas à un meilleur résultat de développement économique et social que le libéralisme qu’on continue de qualifier d’ultra ou de sauvage dans nos médias officiels!

    21 novembre 2004 à 13 h 26 min

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