Seule réponse à la crise : le retour au réel

Seule réponse à la crise : le retour au réel

Que veut-on dire quand on parle de « régulation » économique ? Il me semble que, selon les auteurs, le mot peut avoir deux sens. Le premier est conforme à l’étymologie : il s’agit de donner des règles à la vie économique. Le second serait plutôt synonyme de socialisme « soft ».

Entendons-nous bien. Je ne crois pas que renationaliser des banques en faillite soit nécessairement une politique socialiste. Même si je crois que c’est une politique fort dangereuse, car elle risque de pousser encore plus loin le mécanisme de surendettement des particuliers, des entreprises et des États.
Or, c’est précisément ce surendettement qui a conduit inexorablement à la crise. Malgré cela, il peut être utile, dans certains cas précis, de renationaliser telle ou telle banque, telle ou telle politique économique. Encore une fois, la nationalisation comme telle n’est pas nécessairement socialiste. En revanche, réclamer la résolution de la crise des seuls États est proche du socialisme.

À l’heure actuelle, tout le monde ou presque s’accorde sur la nécessité d’une régulation. Mais il semble que trop de plaidoyers pour cette régulation soient en réalité des plaidoyers socialistes. Il suffit d’ailleurs de voir à quel point les candidats au poste de Premier secrétaire du PS « surfent » sur la vague. Mme Royal, qui est pourtant, semble-t-il, la moins à gauche des trois, réclamait par exemple de « changer le capitalisme et ses objectifs ». De deux choses l’une. Soit il s’agit d’une pieuse pensée à but électoral exclusivement, comme nous y a habitués la dame. Soit il s’agit d’une doctrine avec un contenu concret. Et alors, même si Mme Royal ne nous aide guère à y voir plus clair sur ledit contenu, ses propositions de changement ne sont pas très rassurantes (si elle a besoin de « communicants », nous pouvons lui proposer quelques slogans publicitaires dans le style « plus d’impôts pour plus de bonheur », « un monde meilleur avec moins d’entreprises »…).

Bref, si régulation veut dire que les États doivent résoudre seuls la crise, en nationalisant durablement les différentes institutions bancaires, en déclenchant une nouvelle vague « d’emplois aidés » ou en limitant les possibilités des entreprises de réagir, nous ne sommes pas preneurs !

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. L’endettement trop important des États et des particuliers a conduit à la crise. Ce n’est pas en endettant davantage les États qu’on en sortira.

En revanche, si la régulation doit s’entendre au premier sens du mot, au sens d’établissement de règles, évidemment, j’y suis favorable.
Mais je m’étonne tout de même que tout le monde fasse semblant de croire qu’il n’y avait pas de règles dans la vie économique avant l’été 2007. Pour ne prendre qu’un exemple, issu du libéralisme le plus « orthodoxe », il existe des lois sur la concurrence et des institutions pour les faire respecter. Croit-on vraiment que la Commission européenne ou, en France, le Conseil de la concurrence étaient des organismes regardant passivement les marchés « dérégulés » agir ? Demandez donc à Microsoft s’il n’y avait aucune règle dans le capitalisme d’avant l’été 2007 !

En revanche, que ces règles aient besoin d’être repensées, j’en suis pleinement d’accord. En particulier, les licences effarantes qui ont été données aux banques, sorte de clé de voûte du système économique capitaliste, de prêter sans un minimum de fonds propres doivent être révisées. On ne peut pas gagner d’argent en vendant du vent. Il est légitime que les banques gagnent de l’argent en prêtant celui qu’elles ont. Il est aberrant qu’elles en gagnent en prêtant l’argent qu’elles n’ont pas. Il est plus aberrant encore que les États les aient obligés à le faire, en outre, à des acheteurs insolvables. Et on atteint le comble du surréalisme, lorsque les États, eux-mêmes désargentés, se portent caution de banques en faillite pour avoir prêté à des personnes insolvables de l’argent qu’elles ne possédaient pas !

Nous avons applaudi à l’écroulement du système économique socialiste. Il reposait en effet sur des nuées et non sur la réalité. Mais il existe une autre façon de vivre dans l’irréel : celle que nous voyons aujourd’hui.

Pour répondre à la crise, il n’y a qu’une seule façon de faire : revenir au réel. Il faut que l’économie repose sur l’épargne et non sur la dette ; sur la production et non sur la consommation. Certes, ni la dette, ni la consommation ne sont mauvaises en soi. Mais s’endetter sans capacité d’épargne est absurde, de même que dépenser plus que ce que l’on gagne.

La crise peut sans doute aider à redécouvrir ces règles de bon sens. Alors, nous aurions une régulation au bon sens du terme…

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Comments (8)

  • Pierre Répondre

    L’un des meilleurs blogs sur la crise économique actuelle est ici : http://www.objectifliberte.fr/
    Attention, socialistes s’abstenir.

    24 novembre 2008 à 20 h 34 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Jaures <<Les pouvoirs publics doivent également être présents dans toutes les entreprises qui reçoivent de l’argent public.>>

    Toujours la même rengaine! Ils le sont déjà partout, même sous les ongles des doigts. Faut-il encore les avoir entre les deux fesses?

    L’argent public vient principalement des entreprises privées, l’état dans son incompétence notoire n’est pas capable d’en faire autant avec les monopoles qu’il gère. D’ailleurs ces monopoles bouffent une grande partie des impôts pour fonctionner. Une vraie honte.

    22 novembre 2008 à 9 h 31 min
  • Anonyme Répondre

    Le monde serait-il divisé en deux :

    – Le capitalisme financier faisant du fric sur le dos des autres en les pressant comme des citrons mais qui permet que les créateurs de richesses existent.

    – Le socialisme de l’acquis, prenant à ceux qui travaillent pour donner aux fainéants.  Toujours plus d’acquis pour moins de productivité et avoir tout gratuit même pour ceux qui ne le méritent pas.

    Et il n’y a pas de juste milieu.  Du moins, personne n’a été capable d’en inventer un fiable.

    Que les travailleurs assistent aux conseils d’administration ne servira à rien s’ils ne comprennent pas les nécessités de l’entreprise ni n’ont de vue d’ensemble ni de culture économique.  Les fils ou filles d’ouvriers peuvent devenir ingénieurs si et seulement si ils en ont la capacité intellectuelle.  Or l’intelligence ou capacité intellectuelle ne se décrète pas.

    Maintenant, il existe des règles des marchés, peut-être mal faites, ok, sûrement mal respectées, ok, mais elles existent.  En rajouter alourdirait encore ce qui est déjà lourd donc contournable.  Ce n’est pas pour autant qu’elles seront plus respectées. Donc, il faut certes probablement repenser les règles déjà existantes mais surtout éviter que des petits malins utilisent les failles. Il faut donc corriger les failles et avoir des scutateurs incorruptibles qui veillent au respect des règles.

    Arrêtons de complexifier les choses car manifestement, la sophistication, le poids de la règlementation détruit tout passé un certain point limite ou masse critique.

    21 novembre 2008 à 20 h 59 min
  • Jaures Répondre

    Cet article a-t-il été écrit par un économiste ou un Skrull fraichement débarqué sur notre planète ?

    Il y a belle lurette que les banques prètent l’argent qu’elle n’ont pas. Ce "découvert" était limité mais, par leur lobbying, les banques ont obtenu de croitre leurs possibilités de marge. Elles ont de surcroit encouragé la spéculation pour rechercher les profits les plus élevés à court  terme. redéfinir les objectifs du capitalisme veut tout simplement dire de miser sur le long terme et en partageant équitablement les fruits de la croissance entre capital et travail. Il serait nécessaire que les travailleurs soient associés à la vie de l’entreprise, notamment en assistant aux conseils d’administration afin qu’ils puissent contrôler la répartition des profits entre l’investissement, les salaires et les dividendes. Les pouvoirs publics doivent également être présents dans toutes les entreprises qui reçoivent de l’argent public.

    21 novembre 2008 à 16 h 11 min
  • chevalier teutonique Répondre

    Mes projets !

     

    A Tokyo : le palais paradisiaque du pouvoir satanique

    A Venise : le palais paradisiaque du pouvoir catholique

    A Berlin : le palais paradisiaque du pouvoir protestant

     

    A Rome : Le grand palais

    20 novembre 2008 à 12 h 49 min
  • UN chouka Répondre

    Il y a déjas un mécanisme simple qui devrait choquer un peut le créateur de richesses :

    Les banques prètent et font de ces dettes un avoir fictif, cèrte, mais suffisant pour invèstir dans des affaires peut etre aussi fictives que les leurs ?

    Ainsi elles pèrçoivent les intérets des emprunts qu’elles ont accordées et les dividendes de leurs invèstissements qu’elles ont fait avec ce fric  de bois prété de manière" parfois légères "?

    Les banques sont ainsi doublement le récèptacle des richesses produites ?

    Il y a donc un double jeu dans cette stratégie:

    Préter aux riches solvables , et préter aux insolvables avérés,mais créateurs de fric virtuel  ?

    Pour les comptes courants, ……………………….?

    20 novembre 2008 à 10 h 20 min
  • HEFF Répondre

    L’éditorial du 16 novembre 2008 de l’excellent Claude Reichman :

     http://www.reichmantv.com/

    Pour le G 20 et le FMI, c’est à chaque pays de redresser son économie. Voici ce que M. Sarkozy doit faire !

    20 novembre 2008 à 0 h 39 min

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