Triste bilan

Triste bilan

Autrefois, la fin de l’année était l’heure du bilan. Aujourd’hui, l’écho que nous entendons de par les médias est celui de la catastrophe dans bien des domaines. Cela ne peut que désoler tous ceux qui ont participé, à un moment de leur vie, au redressement de la France d’après-guerre.

Tous les jours, on nous explique que le pays manque d’ingénieurs, de techniciens, de médecins, d’infirmières, etc. On devrait se demander pourquoi le pays connaît une telle carence en emplois techniques, alors que les emplois commerciaux sont pléthore. A priori la rémunération ne suit plus la compétence technique, qui demande de plus en plus d’effort pour se spécialiser. Probablement, à cause d’une pensée politique qui raisonne de travers. Il semblerait qu’il soit plus méritant de vendre un produit que de le concevoir. Contrairement aux USA où les filières techniques et commerciales se suivent au niveau salaire, à échelon égal. En France, on considère les cadres techniques comme de la valetaille. Un commercial, qui pourra trouver une faille dans la loi sociale pour réduire la rémunération du personnel, sera gracieusement remercié au détriment de celui-ci.

Dans tout conflit, le moral des troupes est essentiel, y compris pour la guerre commerciale ; on ne peut pas dire que l’on en soit bien conscient dans l’entreprise et au gouvernement. Quand on en arrive à avoir des difficultés pour acheter du paracétamol et autres médicaments de base, c’est qu’il y a urgence d’agir au lieu de se concerter pour savoir si on met ou non un contrôle aux frontières en cas d’épidémie d’une maladie dangereuse.

Dans les années 50-60, la France des 30 glorieuses s’est beaucoup inspirée de ce qui existait aux États-Unis. C’est vrai un peu pour tout. On le connaît surtout pour le commerce qui a conduit à la grande distribution. La France d’avant-guerre était pourtant à l’avant-garde dans bien des domaines scientifiques. Cinq années d’occupation et de destruction de l’économie nationale ont fait qu’il était plus difficile de remonter la pente dans le domaine technique que dans le commerce. Après-guerre l’électroménager provenait essentiellement de l’étranger, peu de Français d’aujourd’hui se souviennent du frigidaire américain et de sa petite boule en façade, du lavoir municipal à la campagne, de la machine à laver aux trois bras qui brassait le linge alternativement à gauche puis à droite. On devait encore passer le linge manuellement entre deux rouleaux, à la manivelle, pour extraire l’eau et laisser sécher le linge sur une corde tendue à l’extérieur. Il fallut 20 ans pour arriver au monde moderne, y compris la télévision en couleur.

En 1996, le dit « meilleur d’entre nous » (dixit Jacques Chirac), pur produit de l’ENA, mit fin à l’aventure de Thomson, avec son écran plasma. Il est complètement sidérant de voir combien, à partir des années 90, on a pu démolir tout ce qui avait été réalisé par l’industrie. Tout est passé à la trappe de la politique du moindre coût. Il ne serait pas venu à l’esprit de nos éminents gestionnaires que la concurrence n’est acceptable que s’il y a égalité des chances.

On peut bien faire tous les progrès techniques possibles, pour fabriquer un produit au moindre coût, si les conditions d’échange du marché commercial sont faussées, ce sera un marché de dupes. C’est ce que nous connaissons depuis des années avec le Gatt et autres traités que nos élites ont signés sans concertation populaire.

Il y eut un temps où le pays pouvait investir pour être autonome ou chercher à le redevenir. Les places de serviteurs de l’État n’ont pas été créées pour faire péricliter la France dans tout ce qu’elle faisait de bien. C’est pourtant ce qu’elles ont fait. Pensez-vous raisonnable de vendre un « croque-monsieur » à 7,99 €, de ne plus indiquer le poids (brut, net ou net égoutté) lorsque l’on affiche le prix des conserves en €/kg ?

Comment expliquer la grande lessive du pouvoir d’achat des Français ? La Chine avait l’habitude de traiter l’Occident de tigre de papier. Ce dernier s’est fait manger tout cru par le monde sauvage du marché unique.

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