Un mythe contemporain : faire baisser les taux d’intérêt !

Un mythe contemporain : faire baisser les taux d’intérêt !

Alors que la fixation autoritaire des prix et des salaires est désormais à peu près unanimement tenue pour inefficace (encore que de nombreux politiciens ou pseu­do-économistes proposent chaque jour d’y revenir, partiellement, temporairement, exceptionnellement…), il en va différemment pour les taux d’intérêt et les taux de change.

Certes, tous les économistes classiques ont déjà démontré qu’il s’agissait de prix qui, comme les autres, devaient être librement déterminés par le marché, c’est-à-dire par la loi de l’offre et de la demande.

Mais rien n’y fait : politiciens et pseudo-économistes tiennent pour un postulat que des taux d’intérêt faibles valent mieux que des taux d’intérêt plus élevés, comme ils croient qu’un taux de change bas favorise les exportations, et donc la production d’un pays donné.
Ces postulats ne sont pas seulement faux. Ils sont aussi très dangereux.

Commençons par celui des taux d’intérêt.
On dit que le crédit abondant et pas cher permet un financement à bon compte des projets d’investissements.
Cette assertion, remarquons-le, ne s’applique pas au financement de projets sur fonds propres, qui concerne pourtant l’essentiel des cas…
Le problème provient du fait que, pour les projets financés à crédit, des taux d’intérêt bas financent aussi de mauvais projets d’investissement, sans rentabilité interne. Ils aboutissent à une mauvaise allocation des ressources rares qui constituent l’épargne. Ils financent même, et surtout, l’État-providence et les déficits de la sphère publique. Ils découragent évidemment l’épargne. Et en­couragent la dette, si funeste…

La bulle financière où nous nous trouvons, avec ces montagnes de dettes « souveraines », ne se serait jamais formée avec des taux d’intérêt vrais. Déterminés sans manipulation.

Longtemps, on a dit que, si les banques centrales pouvaient certes influencer les taux à court terme, elles n’étaient pas en mesure d’influencer les taux longs. Ce n’est plus vrai aujourd’hui,
depuis que les banques centrales interviennent directement sur les marchés de capitaux, pour acheter ou racheter de la dette souveraine, quand la BCE prête aux banques sur 3 ans près de 500 milliards d’euros à 1 % d’intérêt… À seule fin qu’elles puissent souscrire aux émissions de refinancement des États en faillite.
Et le développement cancéreux de la sphère financière s’explique aussi, pour l’essentiel, par le caractère artificiellement bas des taux d’intérêt depuis 20 ans. Si les financements se faisaient avec davantage de fonds propres, il est évident que l’ingénierie financière à la Goldman Sachs serait moins nécessaire.

Idem pour les taux de change.

Une monnaie faible (un euro qui ne vaudrait qu’un dollar…) permettrait de retrouver de la compétitivité sur les marchés extérieurs. À l’instant « t », certainement. Mais comment se fait-il que les meilleurs exportateurs soient aussi les pays à monnaie forte, comme l’Allemagne (jusqu’à la création de l’euro) ou la Suisse ? Parce qu’une monnaie forte, outre un avantage patrimonial pour ceux qui en détiennent (ce qui n’est pas une mince motivation…), est aussi un puissant facteur de créativité et de bonne gestion pour les entreprises et les économies qui refusent la facilité des dévaluations répétitives.
En vérité, taux d’intérêt et taux de change doivent être simplement et sincèrement à leurs prix, ni plus ni moins. Et ceux-ci ne peuvent être déterminés que sur, et par, des marchés libres.

On dira qu’avec cette méthode, on risque d’avoir des écarts importants et souvent erratiques.
Notons tout d’abord qu’en système manipulé (ou régulé, c’est pareil !), les variations sont déjà invraisemblables. Il suffit d’observer l’évolution du cours de l’euro par rapport au dollar depuis dix ans !

Ces variations seraient-elles encore plus fortes dans un système libre ? Ce n’est pas sûr. Mais veut-on avoir la garantie d’un système beaucoup plus stable ? Pas d’autre solution que de permettre à l’or de retrouver son rôle de référence, au moins dans les échanges internationaux. Il suffirait pour cela d’autoriser que des contrats d’échanges soient ainsi rédigés.
On aurait alors une monnaie unique mondiale, non manipulable, bien adaptée à un commerce mondialisé. Sans banques centrales. C’en serait bientôt fini des politiques mercantilistes unilatérales, qui aboutissent, présentement, à réveiller les démons protectionnistes.
Au passage, la monnaie chinoise, dont le cours est encore plus manipulé qu’une autre, serait naturellement réévaluée de 40 ou 50 %. Ce qui changerait beaucoup de choses…

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Comments (2)

  • sas Répondre

    les banques elles se sont refinancées aupres de la fed avec des taux a 0,01 %…..

    tas de cons….

    sont des chiffres incroyables. On savait déjà que, fin 2008, George Bush et Henry Paulson avaient mis sur la table 700 milliards de dollars (540 milliards d’euros) pour sauver les banques américaines. Une somme colossale. Mais un juge américain a récemment donné raison aux journalistes de Bloomberg qui demandaient à leur banque centrale d’être transparente sur l’aide qu’elle avait apportée elle-même au système bancaire.

    Après avoir épluché 20 000 pages de documents divers, Bloomberg montre que la Réserve fédérale a secrètement prêté aux banques en difficulté la somme de 1 200 milliards au taux incroyablement bas de 0,01 %.

    Au même moment, dans de nombreux pays, les peuples souffrent des plans d’austérité imposés par des gouvernements auxquels les marchés financiers n’acceptent plus de prêter quelques milliards à des taux d’intérêt inférieurs à 6, 7 ou 9 % ! Asphyxiés par de tels taux d’intérêt, les gouvernements sont "obligés" de bloquer les retraites, les allocations familiales ou les salaires des fonctionnaires et de couper dans les investissements, ce qui accroît le chômage et va nous faire plonger bientôt dans une récession très grave

    7 janvier 2012 à 12 h 17 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Félicitation à l’auteur qui désigne les vrais coupables ( les banquiers et les hommes politiques affidés) et non pas seulement les responsables  ( les "consommateurs" d’emprunts ) … Cette "évidence" n’est que rarement citée dans les débats entre "économistes" ( dirigistes comme libéraux ) … Il faut donc en revenir aux véritables "hautes" banques comme l’étaient les banques protestantes de mon enfance …actuellement sur le blog de Debout la République a lieu un débat très novateur de Cayrol sur la Taxe sociale sur la valeur ajoutée ( T.S.V.A. )

    5 janvier 2012 à 15 h 04 min

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