Une dévaluation compétitive s’impose

Une dévaluation compétitive s’impose

Actuellement, deux Français sur trois veulent conserver l’euro. Mais la monnaie uni­que est, aujourd’hui, responsable du chômage en France.
Il faut donc modifier les comportements des gouvernements.

1) Depuis le 31 décembre 1999, le franc et le mark ont disparu, mais une parité fixe lie toujours le franc et le mark à l’euro, donc les lie entre eux. Car une monnaie unique sans parité fixe est impensable. Elle ne peut pas fonctionner.

2) Depuis 1945, le comportement des Français est différent de celui des Allemands. Les coûts de production, donc les prix, augmentent plus rapidement en France qu’en Allema­gne, d’environ 2 % de plus tous les ans. La création de la monnaie unique n’a pas modifié ce comportement. En 10 ans, les prix des produits fabriqués en Allemagne sont donc devenus inférieurs de 20 % aux prix d’un produit identique fabriqué en France.

3) Les consommateurs européens ont un comportement logique. Quand une Volkswagen fabriquée en Allemagne est vendue en Europe 10 000 euros, une Peugeot de même niveau fabriquée en France sera vendue 12 000 euros. Les consommateurs français et allemands achèteront donc des Volkswa­gen.

4) Les entreprises françaises ne sont plus compétitives. Les petites entreprises qui subissent la concurrence ne peuvent pas délocaliser : elles n’en ont pas les moyens intellectuels et financiers. Elles déposent donc leur bilan. Par contre, les grosses entreprises comme Peugeot ou Renault (ou les entreprises du CAC 40) délocalisent en Ré­publique tchèque ou en Polo­gne. En ces pays, elles continuent à faire des bénéfices. Dans les deux cas, le chômage augmente en France.

5) La balance commerciale France-Allemagne mesure parfaitement le comportement des consommateurs français et allemands. Elle est devenue déficitaire depuis le mois de juin 2004. Et, depuis, ce déficit augmente régulièrement, pres­que tous les mois.

6) Les « spéculateurs » interviennent à leur tour. Ils ont, comme les consommateurs, un comportement « logique ». Ils pensent, à juste titre, que la situation créée par la monnaie unique ne peut que s’aggraver et que le retour aux monnaies nationales devient chaque jour un peu plus nécessaire.
Ce retour sera accompagné d’une dévaluation de 20 % environ. Ils vendent donc ce qui risque de se dévaluer et achètent ce qui risque de conserver sa valeur.

7) Le prix relatif des emprunts réalisés par les gouvernements français (les bons du Trésor) et allemand (les bunds) mesure parfaitement ce que pensent les spéculateurs des économies françaises et allemandes. De­puis le mois de juin 2011, la différence entre les deux s’accentue presque tous les jours, parfois heure par heure.

Ce n’est pas en imposant les échanges entre banques qu’on fera cesser la spéculation. C’est en modifiant les parités fixes unissant les anciennes monnaies entre elles. Les 17 pays membres de la zone euro doivent donc le faire immédiatement. Ce qui offrira aux entreprises françaises une « dévaluation compétitive ».

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Comments (2)

  • Numi Répondre

    Si deux Français sur trois veulent conserver l’euro, c’est qu’ils sont parfaitement ignorants de la forte nuisance que cette monnaie commune exerce sur la France. Il faut donc continuer à l’expliquer, et ne pas hésiter à se répéter.

    16 novembre 2011 à 20 h 22 min
  • QUINCTIUS CICINNATUS Répondre

    Thomas Mayer (Deutsche Bank) :
    "ce qui est derrière la crise de la dette publique et de la crise bancaire de la zone euro , c’est une crise de la balance des paiements provoquée par un mauvais alignement des taux de changes intérieurs réels"
    Martin Wolf :
    "la crise se résoudra si et seulement si les pays les plus faibles recouvrent leur compétitivité . pour l’instant leurs déficits extérieurs structurels sont trop grands pour pouvoir être volontairement financés"

    opinions puisées dans un des derniers N° du journal "Le Monde"

    enfin on lit partout que l’inflation est la cause de l’avènement d’Adolf Hitler en réalité c’est la brutale  austérité des années 1930/1932 qui en est la cause et non pas l’hyperinflation … ce qui peut signifier qu’une inflation contrôlée est moins dangereuse qu’une austérité dirigée contre les classes qui sont "laborieuses"

    16 novembre 2011 à 19 h 52 min

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