Vers l’éclatement de la bulle obligataire

Vers l’éclatement de la bulle obligataire

L’assurance-vie est le placement préféré des Français. Plus d’un ménage sur deux a souscrit un des vingt millions de contrats existants pour un encours global de 1 200 milliards d’euros. Aux inconditionnels de l’épargne garantie, sont venus s’ajouter, depuis l’été 2008, ceux, peu nombreux, qui avaient senti la prochaine dégringolade des marchés d’actions, et ceux, beaucoup plus nombreux, épargnants et actionnaires mortifiés, d’avoir subi, sur leurs portefeuille boursiers, des pertes de l’ordre de 40 à 50 % au moins.

Ces diverses populations d’épargnants ont, pour point commun, le sentiment d’avoir, à des degrés divers, échappé au pire et que, désormais, ils peuvent dormir tranquille.

Eh bien non ! La crise financière et économique, d’une ampleur jusque-là inconnue, dont beaucoup de naïfs optimistes voient le dénouement prochain, va probablement durer de nombreuses années. Elle aura des conséquences aussi variées qu’inattendues. Pour le court et moyen terme, elle risque fort de rattraper les détenteurs de contrats d’assurance-vie assortis de fonds en euros, et autres titulaires de livrets bancaires qui se croyaient bien à l’abri.

Il faut savoir que, pour être en mesure de servir l’intérêt quasiment garanti auquel elles se sont engagées, les banques et compagnies d’assurance, n’ont eu, de tout temps, pas d’autre choix que de placer la quasi-totalité de l’argent de leurs clients en obligations d’État. En effet, quoi de plus solide qu’une obligation d’État ? Au fil du temps, sous la pression habilement dirigée par le monde politico-financier, cette « philosophie » s’est lentement instillée dans les esprits, au point que même les professionnels ont fini par y croire.

Mais, avec la crise, les choses ont complètement changé et les exemples annonciateurs de futures catastrophes ne manquent guère. Voici pourquoi : tout comme les entreprises cotées en bourse, les pays eux-mêmes voient les divers éléments constitutifs de leur solvabilité épluchés méticuleusement par les agences de notation telles que Moody’s, Standard & Poor ou Fitch. Celles-ci leur attribuent une note que les gouvernements, bien entendu, ne veulent pas voir baisser.
La dégradation des conditions de crédit d’un État se traduit, d’abord, par le placement de ce pays sur une liste dite de « surveillance spéciale ». C’est ce qui est arrivé ces derniers mois à l’Islande, la Grèce, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Hongrie, l’Irlande, l’Espagne et le Portugal. La phase suivante, qu’ont connue tout récemment la Grèce et l’Espagne, est la dégradation de la note précédemment attribuée. Les conséquences en sont lourdes, tant pour le budget de l’État que pour les épargnants.

La quasi-totalité des États des pays dits « riches » s’appuie, pour pouvoir fonctionner, sur des politiques de creusement des déficits
. Ainsi, en permanence, les gouvernements empruntent-ils en émettant des titres appelés « obligations d’État ». Les institutions financières absorbent normalement sans difficultés les quantités émises, afin de pourvoir symétriquement les allocations d’actifs en fonds euros, livrets bancaires…
Mais dès qu’un État voit sa note abaissée, phénomène assez rare par le passé mais qui, crise aidant, est en train de se multiplier, les institutionnels rechignent à acheter les obligations d’État sur les mêmes bases de rémunération. Le pays concerné, alors pris à la gorge, se trouve contraint d’émettre de nouvelles obligations plus alléchantes, garantissant un rendement supérieur, ce qui a deux graves conséquences :

1) l’aggravation de la situation budgétaire du pays ;
2) la diminution de la valeur faciale des titres les plus anciens, justement ceux qui, pour l’essentiel, rémunèrent nos fonds en euros et autres livrets bancaires.

Voilà donc la prochaine bulle, prête à éclater ! D’ailleurs, il faut rappeler un événement tout récent : l’Allemagne, signature unanimement reconnue comme la plus solide au monde, a voulu émettre de nouvelles obligations pour un montant de six milliards d’euros. Contre toute attente, elle n’a pas pu atteindre son objectif et s’est arrêtée sur un montant de 5,2 milliards d’euros. Plutôt inquiétant, non ?
Pour la France, qui pratique une politique forcenée de creusement des déficits publics, la sanction ne devrait pas tarder.
La piste à suivre, empruntée par un nombre croissant d’épargnants : l’or. Autant vous avertir, il faudra un peu forcer la main de votre banquier !

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Comments (5)

  • moulin Répondre

    Existe-t-il une étude de ce type concernant la notation des communes?Merci pour reponse

    8 mai 2009 à 12 h 53 min
  • dbp Répondre

    certains etats et non des moindres ( par exemple celui qui se drape de façon étoilée  dans les droits de l homme et la liberté individuelle ) ont deja interdit , dans le passé  ( 1932)  que le ressortissant de base possede de l or…
    cela peu tres bien se reproduire

    16 avril 2009 à 9 h 08 min
  • Luc SEMBOUR Répondre

       

    @Clément,

      Certes, vous n’avez pas tort, mais à long terme et même exprimée en monnaie de singe, la seule valeur refuge est celle des activités humaines profitables, et donc pour une grande part, la valeur des actions des diverses entités productrices, cotées en bourse ou non.

       L’excès catastrophique de liquidités frappera tout et tout le monde. L’important est donc de conserver au mieux la valeur relative. Et puis on peut se diversifier dans toutes les bourses du monde, pour parer à l’éventualité de la faillite complète des USA, de l’Allemagne, et du Japon réunis (sic!) .

       L’alternative est de thésauriser des artefacts de collection, des antiquités, de l’art ancien, des chefs-d’œuvre reconnus, dans une résidence campagnarde pourvue d’un très beau jardin potager (pour survivre)…

       Si l’on n’a pas peur de rendements éternellement nuls, l’or, bien sûr conservera toujours une certaine valeur, sauf au cas où la transmutation en or d’éléments chimiques moins nobles que « Au », déjà techniquement réalisée (recherche en industrie nucléaire), devenait économiquement viable. Alors on pourra toujours se servirer des lingots de 12,5 kg comme de presse-livres, pour sa bibliothèque.

    LS

    15 avril 2009 à 15 h 05 min
  • Clément Répondre

    @ Luc Sembour

    Décidément, on a vacciné à l’optimisme les occidentaux, et parmi eux les épargnants boursicoteurs. On se demande même, à voir leur enthousiasme à faire monter les bourses malgré les nouvelles économiques qui continuent à s’assombrir, si le jeu plus que le gain n’est pas leur drogue.

    Que deviendraient-ils sans la bourse? Et surtout, sans leurs économies placées? Mais bien entendu, aucun ne se pose la question de savoir de quelle légitimité pourraient se targuer ces "économies" (si florissantes malgré les revenus moyens connus) sans l’excés de liquidités dont les "autorités" ont idondé le marché pendant 30 ans, et donc sans cette monnaie de singe qui a conduit la sténo dactylo à vivre comme une princesse, à remplir les avions toutes l’année, à fréquenter les relais chateaux, à décrocher 8 semaines par an, créant de véritables "mois d’août" en plein février, mars et avril, à ne plus ressentir le besoin de travailler (Ce qui s’appelle travailler) etc, etc…

    Certes à long terme "l’immobilisme est révolutionnaire" et la barbarie qui suivit la décadence romaine prit bien fin mille an plus tard… Alors? Surtout ne CHANGEONS RIEN!!!

    15 avril 2009 à 11 h 49 min
  • Luc SEMBOUR Répondre

       Placer ses économies devient facile: fuir les assurances-vie et toutes les obligations est certes conseillé mais même sur le long terme (10 ans et plus), l’or ne sera probablement jamais meilleur que des actions achetées en ce moment (avril 2009) puisqu’elles ont tant baissé.

       Celui qui ne veut pas faire d’erreur peut acheter un fond composé de milliers d’actions reflétant très fidèlement l’ indice général de la bourse: Dow Jones, S&P 500, NASDAQ, CAC40 etc…. Il peut aussi le faire dans plusieurs grandes bourses (NY, Londres, Francfort, Tokyo etc…).

       Les meilleurs fonds sont gérés automatiquement par ordinateurs (donc sans gestionnaire vorace), et  ont des frais annuels inférieurs à 0,3%.

    LS

    15 avril 2009 à 1 h 11 min

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