Vive la directive Bokelstein !

Vive la directive Bokelstein !

En 1986, est signé l¹Acte unique européen. Les lois qui régissent les entreprises anglaises en Angleterre sont applicables à une entreprise anglaise travaillant en France. Une coiffeuse d¹Avignon décide de transformer son salon de coiffure en un salon anglais. Elle échoue, l¹administration fiscale française n¹étant pas encore mûreŠ
2000 : Au sommet de Lisbonne, Chirac et Jospin signent sans sourciller pour la France les textes décidant de la libre installation des Services en Europe. Un prestataire de service italien ou Polonais peut proposer son produit en France, tout en restant soumis uniquement aux lois et impôts de son pays d¹origine. Aucune voix, tant à droite qu¹à gauche, ne souligne les conséquences économiques normales et facilement prévisibles d¹une telle décisionŠ La France étant la championne toute catégorie des contraintes sur les entreprises, les entreprises de services auront nécessairement leur siège social en dehors d¹elle. Or les services représentent maintenant 70 % de l¹activité économique en Europe et délocaliser un siège social n¹est qu¹un changement d¹adresse.
2004 : La commission Prodi, qui a confié au Néerlandais Bolkenstein le soin de rédiger la mise en forme des décisions prises à Lisbonne, achève son texte. Le commissaire français Barnier ne le critique pas, donc semble a priori l¹approuver. Le texte annonce la couleur sans hésiter. Il y est écrit qu¹on doit « supprimer les charges administratives et la paperasse superflue qui empêchent actuellement les entreprises d¹offrir leurs services ou d¹ouvrir des établissements dans d¹autres états membre »Š « Certaines des restrictions nationales sont archaïques, pesantes et en contradiction avec la législation de l¹Union Européenne. Elles doivent purement et simplement disparaître ».

L’hypocrisie

2005 : Le corps politique français découvre avec effroi la directive Bolkenstein et ses conséquences normales et prévisibles. Ce sont de véritables hurlements d¹écorchés vifs. L¹UMP et le parti socialiste oublient que ce sont Jacques Chirac et Lionel Jospin qui ont donné à Lisbonne en commun pour la France l¹ordre de mettre en place la directive Bolkenstein.
Depuis que l¹Europe économique a démarré, les dirigeants politiques français sont persuadés que la concurrence organisée dans un vaste marché européen est bonne pour les consommateurs français. Cette mise en concurrence permet en effet d¹abaisser les prix, tout en améliorant la qualité des services rendus. L¹expérience montre qu¹ils ont totalement raison. sur ce premier point et les décisions prises à Lisbonne sont de bonnes décisions pour les consommateurs français. Merci à tous ceux qui ont mis en place et amélioré sans cesse l¹organisation du Marché Commun.
Mais les responsables politiques français pensent qu¹ils peuvent réaliser ce Marché Commun tout en conservant les multiples contraintes qu¹ils ont imposées depuis 60 ans aux entreprises françaises. Ces contraintes élèvent le prix de revient de nos entreprises. Nous payons plus cher tout ce que nous consommons. Surtout, comme la France est de loin le pays imposant le plus ses entreprises, nous les rendons non compétitives. Elles doivent disparaître ou délocaliser. Bien des pays voient d¹ailleurs cette délocalisation comme une manne intéressante pour euxŠ
Avec la directive Bolkenstein, les responsables politiques français sont mis au pied du mur.
Ou ils persuadent d¹urgence leurs 24 partenaires que les contraintes à la française sur les entreprises sont le top du top sur le plan économique et social, et notre système, « le meilleur du Monde » est adopté par l¹Europe des 25. C¹est la fameuse « Europe Sociale » dont ils rêvent.
Ou ils n¹arrivent pas à persuader leurs 24 partenaires que leur système est le meilleur du monde. Ce qui est de toute évidence le cas. Nous devons donc d¹urgence supprimer toutes les contraintes pesant sur nos entreprises et réaliser d¹une autre façon notre politique sociale. Ou ils continuent à croire que la France peut continuer à vivre avec des entreprises non compétitives. La France, et l¹Europe avec elle, vont alors dans le mur.

Partager cette publication

Comments (15)

  • Ktorza Répondre

    M. Trémeau, bonjour, félicitations pour votre parfaite analyse de l'”historique” de la directive “Bolkestein”: tout d’abord, M. Chirac l’avait approuvé à Lisbonne avant de, soi-disant, en découvrir les effets pervers. M. Chirac a tout simplement craint l’adoption de la directive Bolkestein qui aurait risqué de mettre en cause l’adoption de la Constitution, elle-même. En effet, face à la montée du “non” et aux protestations des souverainistes (de Villiers) et Trotskistes de tout bord, M. Chirac a préféré , comme d’habitude, se dérober. M. Chirac croit que les partenaires de l’Union Européenne doivent obéir au doigt et à l’oeil à la France: voilà aussi une des raisons qui me poussent à voter “non” à cette Constitution Giscard: non seulement, elle est plutôt “vide” en substance et ne permettra pas de changer le cours des choses comme le répète Chirac, mais en plus, la volonté de sanctionner, une fois de plus, notre Président ne me déplaît pas. Je veux lui faire payer cette vendetta contre ce pauvre Commissaire victime d’une campagne honteuse contre son nom et sa directive. Pourquoi M. Chirac ne tient-il jamais ses promesses?

    7 mai 2005 à 4 h 06 min
  • jean Répondre

    comment gagner sa vie en france ? comment avoir de l’ambition ? comment appliquer un idéal humaniste alors que les lois sont pondues après chaque petit dérapage médiatisé et minoritaire pour ficeler un peu plus la liberté d’entreprendre et de fqire profiter les salaries aux benefices je suis degoute de voir que les entrepreneurs sont tous consideres comme des voyous vite l europe au secours

    21 avril 2005 à 3 h 12 min
  • Muller Répondre

    Ben voyons, je réagit à vos propos car je suis ci en fief libéral, je ne me trompe pas ? En fait c’est vous qui avez rien compris, il apparait avec cette directive (je viens de la telecharger et de la lire) qu’un ouvrier Polonais par exemple, qui vient vendre ses services en France sera paye comme dans son pays d’origine, alors adieu l’ouvrier et l’artisan francais, ceux-la n’auront plus de travail puisque d’apres vous trop paye, donc ce sera de nouveaux chomeurs qui viendront gonfler les Assedic, Pour moi, il faut que le travailleur Europeen qui vient travailler en France soit paye comme un travailleur Francais et ait les memes aavntages sociaux. Prenez l’exemple chez moi, les vignerons ne trouvent plus de main d’oeuvre Francaise et faisaient venir de la main d’oeuvre Polonaise, bien content les Polonais d’etre paye comme un salarie Francais, ils repartaient chez eux avec un bon pecule et pouvaient de ce fait nourrir leur famille durant quelques mois, comparer aux salaires Polonais. Perso, je pense qu’il faut que ce soit ces pays qui evolus vers de meilleurs salaires et rattrape les notre mais pas l’inverse, ceux qui prone ce systeme tire vers le bas ne sont certainement pas des ouvriers qui gagnent le Smic mais des fortunes car quand on ne gagne que le Smic il n’y a pas de quoi se payer des extras et des bateaux de luxe !

    6 avril 2005 à 13 h 39 min
  • jean-christophe Répondre

    Article très vivifiant ! Tout est dit, sauf une chose essentielle, une question qui n’est pas réglée: MAIS ENFIN, C’EST BOLKESTEIN ou BOKELSTEIN ?????!!!

    20 mars 2005 à 10 h 10 min
  • Will Répondre

    Je suis outré de lire ce que vous écrivez. Je ne sais pas ce que vous faites comme profession, mais je me demande si vous possédez un coeur. Notre tradition européenne est basée sur la solidarité, la solidarité des plus nantis envers les plus défavorisés, des pays riche envers les pays pauvres. Et quand je vous lis, il me semble que c’est vous qui êtes au pieds de quelqu’un, c’est vous qui êtes manipulés! Vous avez ingurgité les écrits et les idées d’audieux personnages comme Milton Friedman, qui se moque bien de savoir si la population pourra encore vivre audessus du seuil de pauvreté (1/3 des américains en sont endessous et ce sont les associations religieuses intégristes qui leurs portent secours) puisque lui même dort sur une certaine fortune. N’oubliez pas que dans le monde que vous voulez créé, l’avenir n’est pas toujours certains et qu’un seul ennuie, une maladie peuvent d’un claquement de doigt vous faire basculer dans la pauvreté. Et là vous regretterez peut-être que le capitalisme ai triomphé sur le social et que l’état que vous jugez aujourd’huy ne puisse plus vous tendre la main. Comment peut-on donner tant d’importance à de l’argent, ce n’est que du papier! le bonheur et la vie humaine devraient être audessus de cela. Mais vous ne voyez pas les gens mais juste des chiffres…

    20 mars 2005 à 2 h 53 min
  • Seb Répondre

    Wouf!!! Perpective explosive… Nos dirigeants ne seraient-ils pas entrain de transférer consciemment leurs pouvoirs de décision à un pouvoir abstrait européen sur lequel les grèves à répétitions de nos chers fonctionnaires n’auraient aucune influence. Nos dirigeants ne seraient-ils pas entrain de démissionner face à un peuple d’assisté réfractaire à toutes réformes susceptibles de remettre en cause des acquis sociaux. La politique spectacle qui trouve son écho dans les médias, souffle le chaud et le froid, ménage la chèvre et le chou, et reste pendu à son unique préoccupation: les sondages, dans la perspective des prochaines élections. A quand le nouveau De Gaulle, dont ils se revendiquent tous les héritiers, mais avec les “couilles” en moins. Mais delà à voter FN… Aujourd’hui, la directive BOKELSTEIN est selon eux inacceptable, mais une fois la constitution adoptée, qu’en sera t-il exactement? Cette directive sera t-elle exclue du texte de la constitution pour le référendum? Dans l’hypothèse d’un refus de la constitution, combien de temps encore la France pourra t-elle fonctionner en marge d’une europe ultra-libérale?

    17 mars 2005 à 10 h 06 min
  • Adolphos Répondre

    ” Voyez-vous un expert-comptable roumain établir une liasse fiscale pour une entreprise française ? Voyez-vous un notaire maltais établir un acte pour le compte d’une entreprise française ? ” Oui, via internet. Nos Puces sont bien faites en Asie.. ” La réglementation française des professions réglementées est certes forte, mais protectrice pour le consommateur ” Et oui, hors de France la vie est terrible pour les consomateurs. Heureusement que 300.000 pages de textes de Loi et autres sont là pour nous protéger ! “Les contribuables payent pour avoir une classe politique de privilégiés” Sans importance. L’important c’est de virer 500.000 fonctionaires et de faire des délégation de service public au privé. Alors qu’il y ait 100 ou 200 privilégiers, quelle importance réel ? D’ailleur rien ne vous interdit de vous presenter ;)

    10 mars 2005 à 19 h 20 min
  • marc Répondre

    Un rajout à l’intervention de mr Orlowski : dans la directive Bolkenstein , les méchants qu’il faut éliminer , ce sont les fonctionnaires , les services publics et tout ceux qui est réglementé même dans les professions libérales.

    9 mars 2005 à 11 h 42 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    Pour reprendre au vol le dernier mot de Thierry ORLOWSKI (je le salue au passage !): SARKOZY, je dirai aux électeurs qui s’apprêtent une nouvelle fois à se faire berner que, si, comme De Gaulle l’avait dit à Alain PEYREFITTE: “Je feins de feindre, pour mieux tromper les gens”, l’ancien ministre de l’Intérieur et de l’Economie (on a vu ses “résultats” mirobolants !), pourrait dire : “Je feins d’être d’accord avec les gens d’en-bas,et de penser comme eux, pour mieux tromper les électeurs !”(1). Et ceci, comme en 2002, marcheront…pour écarter le grand “méchant loup” dont il faut rappeler à notre honorable correspondant qu’il a été ostracisé et vilipendé à l’initiative d’une certaine Communauté qui ne lui lâche pas les baskets, pas plus qu’à son éventuel “dauphin”. Pourtant, dans “LE POINT”, un journaliste-écrivain (Patrick BRESSON, pour ne pas le citer) “de gauche” avaient dit à propos de Le Pen: “Tous ceux qui voient en lui un nazi ne savent pas ce qu’est le nazisme. Mais cela m’étonnerait car, chaque année, ils écrivent des tas de livres sur lui!”. P.B. aurait pu aussi bien remplacer les mots “nazi,nazisme” par “raciste, racisme”…Cordialement, Jean-Claude LAHITTE (1) SARKOZY ne parle-t-il pas comme CHIRAC (le faux homme de droite, le faux libéral) il y a une vingtaine d’années ?

    8 mars 2005 à 18 h 05 min
  • Thierry Orlowski Répondre

    Cher Lecteur, Tout a fait d’accord avec M.Lahitte….A une petite nuance pret: nos dirigeant ne sont pas coupé des réalités: Ils en profitent!!! Les contribuables payent pour avoir une classe politique de privilégiés qui, a l’image d’une monarchie corrompu, pillent sans scrupule une société dont ils ne veulent rien savoir: Nos politiques veulent continuer a être au dessus des lois, a être fonctionnaire, a beneficier de “cadeaux”, a disposer de logements et de voitures a prix exhorbitants…bref, profiter du “systeme” qu’ils ont contribué a mettre en place et a maintenir. Bien sur, dans cette logique il faut des “méchants” que l’on va accuser pour se disculper: En general les méchant sont de droite, ils sont dans le privé, ils votent FN, ils sont juifs ou Amercicains: ils sont riches, ils en profitent et cela se voient. Le pire est que la population ne voit rien et se jette dans l’abime: Elle croit vraiment qu’un politicien est un homme comme les autres…La population ne voient pas que le salut ne peut venir que de quelqu’un qui viendrait de l’exterieur de ce systeme, d’ou “L”illusion” de l’effet Sarkozy… Cordialement, Thierry Orlowski

    7 mars 2005 à 20 h 14 min
  • bruno Répondre

    plutôt une question. avec ce qui a été clairement exposé dans l’article, avant d’être dans le mur, ne sommes-nous pas au pied? En d’autres mots, vu ce qui a déja été signé, plus Schengen et Maastricht, et la prévisible “constitution”, car la connerie des électeurs ne se démentira sans doute pas, que va-t-il se passer concrètement? Est-ce que la France pourra se permettre là aussi ce qu’elle fait en compagnie de l’Allemagne socialiste pour le pacte de stabilité budgétaire? Faire comme si on n’avait rien signé? Ou y a-t-il des mesures contraignantes qui sont prévues? Et qui seraient réellement appliquées?

    7 mars 2005 à 11 h 04 min
  • LAUMON Répondre

    Pour ne pas noicir le tableau, j’ajouterais simplement que certaines personnes restent encore sensées et arrivent à faire entendre raison à nos politiques. Dans la dernière version de la directive Bolkenstein, les professions réglemetées ne sont pas soumises au principe dit du pays d’origine. Voyez-vous un expert-comptable roumain établir une liasse fiscale pour une entreprise française ? Voyez-vous un notaire maltais établir un acte pour le compte d’une entreprise française ? Bien plus que le prix et la concurrence, il s’agit de défendre les consommateurs et limiter les effets que pourraient avoir ces prestations de services. La réglementation française des professions réglementées est certes forte, mais protectrice pour le consommateur (normes de qualité, de compétences, assurance etc.)! Nous pourrons notamment remercier Etienne LAMPERT, président de l’UNAPL en 2003 et membre du CLIO.

    7 mars 2005 à 9 h 53 min
  • LESTORET Répondre

    Je voudrais n’être ni méchant, ni pessimiste, ni Cassandre, mais je crois, au train où vont les choses et devant l’aveuglement de nos dirigeants de tous bords, gauche ou droite, que dans quelques années (quelques = entre 10 et 20 ans) la France aura vu partir vers l’étranger ses élites intellectuelles, commerciales, industrielles ou simplement les plus dynamiques. Fuite devant les super-impositions, fuite devant l’ISF etc. Et que notre pays ne sera plus peuplé que par des fonctionnaires et des retraités, des jeunes incapables et sans métier et… des néo-français.

    6 mars 2005 à 20 h 34 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    L’article de Bernard TREMEAU est très clair. Il montre à l’évidence que les politiciens (de la vraie gauche comme de la fausse droite) et les hauts-fonctionnaires qui nous gouvenent sont complètement coupés des réalités socio-économiques. Et, grâce à leurs incohérances et à leurs inconséquences, la France est un pays en voie de sous-développement. Tant pis pour les gogos d’électeurs (il n’en manque pas, j’imagine, parmi les lecteurs des 4-Vérités !) qui, élections après élections continuent à leur faire confiance, tant pis pour ceux qui sont couchés sur “leurs” droits acquis, et tant pis, hélas ! piur ceux qui comme moi ont depuis des lustres refusent de voter pour eux, sans pour autant s’abstenir. Sans une révolution des gens sensés et honnêtes, des gens qui travaillent et refusent tout assistanat, et pour reprendre la formule: la France va droit dans le mur ! et nous avec ! En attendant, il faut dire NON, NON et NON chaque fois que, sous prétexte de donner la “voix au peuple”, on nous tend un bulletin de vote. Il faut refuser de voter pour les candidats qui, ayant eu un mandat électoral, n’ont rien fait pour que cela change, ou à ceux qui – nouveaux venus sur le marché électoral – portent l’étiquette des partis qui se partagent (en complices, en compères ?) le pouvoir après avoir ostracisé celui qui risquait de leur faire de l’ombre et de leur demander des comptes…Cordialement, Jean-Claude Lahitte

    6 mars 2005 à 15 h 48 min
  • Dilbert Répondre

    Les responsables politiques français veulent le beurre (la concurrence et ses bienfaits) et l’argent du beurre (la conservation des monopoles franchouillards et des diverses taxes et cotisations qui plombent les entreprises et font vivre les fonctionnaires). Ils voudraient bien des entreprises compétitives, mais en gardant intact le système de spoliation étatique actuel. Je suis bien content que leurs contradictions apparaissent au grand jour. Comme le dit Reichman, la république des fonctionnaires commence à craquer !

    6 mars 2005 à 8 h 21 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *