Athènes, Madrid, Paris : l’agonie de l’Europe

Athènes, Madrid, Paris : l’agonie de l’Europe

Les manifestations organisées dans plusieurs pays d’Europe, voici quelques jours, étaient les signes d’un désespoir très compréhensible.

Des millions de gens en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Italie, en France, souffrent et s’inquiètent pour leur futur et celui de leurs proches. La pau­vreté monte de tous côtés. Le chômage ne cesse de s’accroître. Les réponses proposées par les gouvernements et les autorités de Bruxelles ressemblent à des promesses de souffrances plus grandes encore pour les années à venir.

Trouver des issues serait déjà, en soi, très difficile. Mais trouver des issues dans un contexte tel que celui de l’Europe actuelle ressemble à une mission impossible.

De fait, tous les gouvernements au sein de l’Union européenne, et plus particulièrement au sein de la zone euro, sont tenus de respecter des règles communes et de se soumettre à celles-ci, quoi qu’il leur en coûte.

L’idée de sortir de la zone euro semble représenter, pour les gouvernements des pays qui en font partie, l’équivalent d’un saut dans le vide sans parachute. L’idée d’avoir la moindre responsabilité dans l’éventuel effondrement de l’édifice semble si effrayante qu’ils en sont pétrifiés.

Tous les gouvernements au sein de l’Union européenne ont in­stallé des systèmes d’État-providence qui sont en train de faire faillite, en montrant l’étendue des dysfonctionnements qu’ils sont à même de susciter. Comme le disent les économistes compétents, les incitations comptent et ponctionner les revenus des uns et alourdir les charges des entreprises, pour donner à d’autres, tout en créant au passage des bureaucraties, décourage ceux dont on ponctionne les revenus, conduit les entreprises à la délocalisation, multiplie les bureaucrates attachés à leurs avantages acquis, et multiplie aussi le nombre de ceux à qui on donne l’argent confisqué.

Quand les caisses sont vides et qu’il devient difficile même d’emprunter pour combler des trous sans fonds, quand il devient impensable de ponctionner davantage, quand il devient inconcevable d’alourdir encore les charges, il ne reste plus qu’à gérer la pénurie.

Quand, parce qu’on est au sein de l’Union européenne, on n’a plus de souveraineté, on n’est pas même en position de gérer sa propre pénurie, et on se tourne vers ceux qui ont encore quelques sous en caisse et qui, voyant eux-mêmes la banqueroute s’approcher, ne sont pas nécessairement prêteurs.

Quand, parce qu’on est au sein de la zone euro, on ne peut pas avoir une monnaie reflétant la productivité du pays, on doit laisser jouer d’autres variables d’ajustement que la dévaluation, et des multitudes crèvent de faim.

Quand on dirige l’Union européenne ou la zone euro, on dirige un bateau ivre, qui prend eau de toute part et on tente de colmater les brèches sans comprendre pourquoi la machinerie explose.

Tout cela est déjà très dramatique et annonciateur du pire, mais il y a davantage.

D’une part, la culture économique est en plein effondrement en Europe. Les idées libérales classiques sont désormais marginales sur l’essentiel du continent. Le marxisme, le keynésianisme, ou une vision mutilée du monétarisme, sont partout aux leviers de commande.

Et les slogans des manifestations, comme les propositions de dialogue venues d’en haut, ressemblent à un dialogue entre des sourds et des aveugles. Les uns parlent de relancer la demande et les autres parlent d’« austérité ».

D’autre part, des flux migratoires conduisent au départ des porteurs d’un capital intellectuel élevé et à l’arrivée de porteurs d’un capital intellectuel médiocre qui, par ailleurs, viennent déliter les valeurs de la civilisation occidentale avec la bénédiction de millions d’idiots utiles.

Un redressement ? Je ne vois pas d’où il pourrait venir. Il passerait par un dépôt de bilan des États-providence, un retour à l’esprit d’entreprise, la reconstitution d’instituts d’enseignement qui transmettent des connaissances et de médias qui informent, l’émergence de politiciens à même d’expliquer lucidement le devenir du monde. Il aurait pu passer par un redressement des États-Unis. On sait depuis le 6 novembre que ce redressement n’aura pas lieu, et que les États-Unis entendent suivre l’Europe vers la mort lente.

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Comments (13)

  • grepon Répondre

    Mais encore une fois, si es systèmes de santé et de retraite publics, les prélèvements obligatoires, bref l’Etat providence, sont la cause de la crise mondiale, comment expliquer que les pays les moins impliqués dans cette politique (Irlande, Etats-Unis, R.U, Espagne,…) ne s’en tirent finalement guère mieux que les autres ?

    Jaures, je vous ai explique que l’etat federale controle pleinement 50% des depenses medicale aux Etats-Unis deja, avant Obamacare, et votre replique est que ce n’est pas ce que vous vouliez dire par systeme publique. C’est toujours un systeme de planification centralisee etatique essayant de dicter prix et services, et les resultats sont catastrophique.

    Autre exemple, le marche de prets immobilieres americain a ete domine par deux boites au capital privee, certes, mais ces deux boites ont ete cree et reglemente par Congress, et par la suite de la catastrophe qu’ils ont cree, ont ete nationalisee. Voyez, beaucoup d’acheteurs d’actifs issu par ses boites ont pris comme donne que ses deux boites avaient derriere eux la tresorie publique, la Fed, et bien sur les imposees. C’etait un systeme privee, celle la, sans influence de planification centralisee?

    D’aillieurs, deplorer que les individus planifient leur vie de facon a ce qu’ils font de l’epargne suffissant pour payer leur depenses lors de leur declin physique et mental previsible, c’est quoi ca? C’est un eloge de la deresponsibilisation de l’individu, encore. Vous pouvez ganger des votes ainsi, comme les Democrats aux Etats-Unis ont fait avec social security, Medicare, Medicaid, food stamps, welfare, et encore et encore, ou bien comme les social democrats ont fait en Europe, toujours est-il que le resultat est une deresponsibilisation des individus et familles.

    En economie politique on racolte souvent exactement ce qu’on encourage par politiques d’ingenieurie sociale. Les individus finissent par repondre aux “incentives.” Dans le cas de l’etat providence, ou l’etat de moindre apparence providentiel mais toujours tentaculaire et interventioniste, et meme de “compassionate conservatism” etatiste style les deux Bush, les incentives aux individus donne distortions qui ne peuvent faire autrement qu’empiler a de grosses crises. Beaucoup trop de monde n’a fait aucun epargne, car l’etat allait tout prendre en charge. Beaucoup trop de monde n’a pas etait prudent et/ou bosseur le long de leur vie, parceque de toute facon ils allait etre prise en charge, eux et leur dependents a eux. La somme d’individus et familles agissant ainsi, guides par les etatistes et l’etat tentaculaire, fait une montagne de dette et de services promises qui ne peuvent pas, mais aucunement, etre respectee. Il n y aurait pas assez de sous, et en Europe bien sur pas assez de travaillieurs non plus. L’etat va faire defaut sur toutes ses belles promesses, faite a une autre epoch. Les maintes systemes de securite sociale, welfare, et aides medicale(50% de depenses Jaures paye par le gouvernement federale ici) ne peuvent pas livrer sur leur promesses. La misere va s’accroitre.

    24 novembre 2012 à 16 h 00 min
  • Jaures Répondre

    Grepon, si tant d’Américains âgés meurent pauvres, c’est qu’ils doivent dépenser toutes leurs économies pour survivre justement parce qu’il n’existe pas de système de santé et de retraite basé sur la solidarité et la répartition. Vous pouvez garder votre système mais en ce qui me concerne, je préfère savoir mes parents ouvriers retraités recevoir leur pension et être pris en charge en cas de maladie plutôt qu’être reçus dans un gymnase par des médecins bénévoles comme dans les “free clinics”.
    Mais encore une fois, si es systèmes de santé et de retraite publics, les prélèvements obligatoires, bref l’Etat providence, sont la cause de la crise mondiale, comment expliquer que les pays les moins impliqués dans cette politique (Irlande, Etats-Unis, R.U, Espagne,…) ne s’en tirent finalement guère mieux que les autres ?

    24 novembre 2012 à 12 h 19 min
  • grepon Répondre

    Jaures, meme les pas-si-pauvres que ca meurt en etat de pauvrete, car en distribuant leur richesses bien avant de crever, moins est pris par l’etat en “death taxes” et bien plus reste dans les mains des familles. Pour le reste, le pauvrete etant un seuil sur base de REVENU et non pas de richesses accumules et disponibles a etre depense ou vendu, ce n’est pas tres interessant comme mesure. Bien sur que beaucoup tombe en dessous du seuil de pauvrete aux ages avance ou on a tendance a mourir, car on ne bosse plus. On depense.

    23 novembre 2012 à 23 h 08 min
  • F Répondre

    C’est vrai, quoi, Greppon! Arrêtez de critiquer notre système de santé! Il est tellement performant, qu’en plus d’y laisser une bonne partie de ce qu’il gagne ( par le biais de prélèvements à la source dont il ne se rend pas compte), le citoyen Français est obligé de payer des assurances complémentaires pour ne pas être remboursé des clopinettes… Je parle, bien sûr, de citoyens Français, pas de clandestins…

    23 novembre 2012 à 14 h 29 min
  • Jaures Répondre

    Je crois que nous nous comprenons mal, Grepon. Medicaid et Medicare ne sont pas des système de santé publics mais des aides ciblées sur certaines catégories (personnes âgées, handicapés, familles pauvres). Un système de santé public concerne l’organisation globale des soins. Il en est de même du système de retraite dont les cotisations fournissent en France l’essentiel de la pension quand aux Etats-Unis ce sont les fonds de pension et l’épargne qui assurent les revenus des retraités.
    Le fait que ces systèmes ne peuvent assurer à tous une assurance santé un revenu minimal explique que la moitié des Américains meurent en état de pauvreté (James Poterba, MIT 2012).
    Selon la logique Millière, que ces systèmes sociaux soient pour l’essentiel voués au privé devrait faire des Etats-Unis un pays riche avec une population prospère. Est-ce le cas ?

    23 novembre 2012 à 10 h 42 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      @ Jaurès

      vos précisions, bien ( ou surtout parce ) qu’elles soient ( sont ) fondées , sont et resteront l’objet des sarcasmes faciles de vos contradicteurs qui eux se sont auto-proclamés : experts patentés de l’ Amérique …
      concentrez vous plutôt sur des sujets nationaux , mais sans oeillères , ni grille de lecture !

      23 novembre 2012 à 13 h 52 min
  • grepon Répondre

    “Les Etats-Unis n’ont ni système de santé, ni système de retraite publiques.”

    Jaures etale ses connaissances! Entre Medicare et Medicaid, le gouvernement federale des USA controle et paie la note pour LA MOITIER des depenses sur la sante dans ce pays, et ceci avant Obamacare. Social Security etabli par FDR dans les annees 30 persiste encore et envoie cheques a des millions et millions d’americains a la retraite. C’est OBLIGATOIRE ce systeme, et n’importe quel expatrie s’est etabli pour un moment aux USA vous aurait explique q’on ne peut presque pas bouger dans ce pays sans un “social security number” issu par le gouvernement federale. Aucun job, aucun permis de conduit ou autre ID, aucun compte bancaire ou carte de credit. Vous est un clandestin ou presque, sans ce chiffre.

    Ces trois programmes sont bien sur en crise, car ils sont des programmes de planification centralisee exemplaire, qui feront faillite. Mathematiquement impossible qu’ils ne plantent pas, sans remenagements majeur qui rendraient ces programmes meconnaissable.

    Pour info, “Obamacare” est un programme nationale de sante ayant intention d’enterrer le libre echange dans ce domaine, ou celle qui en reste apres les maintes distortions imposees par Congress, les bureaucraties federales, des etats, et comptes. Obamacare a commence par vole de l’argent a Medicare pour pouvoir clamer que ce serait neutre pour les budgets d’etat. L’etat d’aillieurs, en grosse expansion depuis Obama-Reid-Pelosi, cour un deficite colossale, pour info.

    22 novembre 2012 à 20 h 18 min
  • Jaures Répondre

    Le problème, Quinctius, n’est pas de connaître ou de méconnaître l’Economie, je suis persuadé que Millière a sur le sujet des quantités de volumes sur ses étagères et qu’il les a tous lus jusqu’à la dernière ligne, mais de la considérer comme une science exacte. Millière met de la certitude là où devraient dominer le doute et l’humilité. Pourtant il suffit de regarder les faits: en quoi les Etats où “l’Etat Providence” est présent sont-ils moins bien portant que les autres ? Les Etats-Unis n’ont ni système de santé, ni système de retraite publiques. Leur économie se porte-t-elle mieux ? La population y est-elle plus prospère ? Le R.U a deux fois moins d’agents publics que la France. Pour de meilleurs résultats ? On pourrait à l’infinie décliner les exemples. Il en est de même pour l’appartenance à l’Europe. Le Japon, par exemple, est bien plus endetté et dégradé que la France: la faute à l’euro ?
    Bref, ceux qui avancent qu’en Economie il suffirait de faire ceci pour obtenir cela se trompent comme un médecin qui aurait appris la physiologie sans rien connaître de l’anatomie. Il ne sert à rien d’asséner des certitudes économiques sans tenir compte avec précision du contexte et sans constamment évaluer lucidement, sans a priori idéologique, les résultats dans tous leurs aspects. Si Millière veut en finir avec les prédictions malheureuses et les analyses hasardeuses, il lui faut mettre au panier ses grilles de lecture obsolètes et renoncer à son mode de pensée encombré de certitudes. En matière politique et économique, seul le doute est salutaire.

    22 novembre 2012 à 17 h 56 min
    • quinctius cincinatus Répondre

      personnellement je ne vois pas l’utilité de changer de ” grille de lecture ” puisque pour autant on est toujours derrière … les barreaux

      22 novembre 2012 à 21 h 06 min
    • MINOS Répondre

      Vous avez raison Jaurès , l économie n est pas une science exacte . Mais point n est besoin de se référer à des prix Nobel d économie pour constater un certain nombre de choses : financer retraites , santé etc avec l argent public est une bonne chose tant que la création de richesses le permet . Quand on est obligé d emprunter au delà du raisonnable pour assurer ce financement car la richesses produite s avère insuffisante , il ne faut pas être grand clerc pour savoir que l on court à plus ou moins long terme à la faillite . Quand on importe des centaines de milliers d immigrés pour a plupart incultes et sous qualifiés dans un pays où le travail est une denrée rare , le simple bon sens suffit pour s apercevoir que c est là une ineptie . Mais le bon sens était une vertu paysanne . Et des paysans , il n y en a plus guère .

      23 novembre 2012 à 21 h 28 min
  • JEAN PN Répondre

    Nous devons nous retirer de l’Europe si nous ne voulons pas sombrer avec elle. Mais il faut faire vite … très vite !

    22 novembre 2012 à 8 h 59 min
  • grepon Répondre

    Comme Thatcher a explique, le probleme avec le socialisme c’est que a certain moment vous arrivez a la fin de l’argent d’autrui.

    Mark Steyn a ajoute a cela dans ses ecrits remarquant le declin catastrophique et guaranti de l’Europe europeen, que l’Europe vient non seulement a manquer de l’argent d’autrui mais d’autrui tout court. Son these, que le socialisme se construit toujours et partout de facon a aneantir meme le desir d’etre fecond, d’investir pour l’avenir et de transmettre ses oeuvres dans l’avenir.

    On voit ca dans les taux de fecondite des europeens depuis plusieurs decennies, mais on en parle pas de ca malgre l’evidence que c’est une manque de generation futur sur qui mettre les chargesqui pose probleme:. Les pays PIIGS sont en declin demographique dramatiques, mais l’Allemagne aussi, le suppose moteur de l’Europe. L’Amerique a eu un fleshissiment negative de sa fecondite remarquable commencant en 2009, alors qu’on me dirait que la crise economique a commence bien plus tot….

    Trop de monde imagine, sans vouloir faire les maths, que “les riches” ou “le capital” peut payer, mais quand on fait les maths on devcouvert que prendre l’entierete des revenus des 5% les plus riches ferait fonctionner le gouvernement americain un tiers de l’annee seulement. Il va fallloir soit imposer les classes moyens beaucoup plus, ou reduire les depenses.

    Comme remarque Milliere les politiiciens sont peureux, paralysee, et les peuples d’ignorants de l’economie reelle et inchassable, grace aux ecoles et universites et medias truffes de gauchistes. Alors on fonce dans l’abime, le moteur de l’avion n’ayant plus de carburant, et les masses lobotomise par l’etatisme denonce le manque de carburant, au lieu de prepare pour l’inevitable. Les etats providences europeens font semblant de vouloir s’ecraser en formation, telle un equipe pour air-shows. Ils vont essayer, our certains d’entre eux, a s’en tirer mais s’ecraseront un peu plus loin. La chose a faire c’est de s’ejecter, mais on a vu que meme aux etats-unis, ou une partie toujours signifiant de la population n’est pas ingorant en economie, ne peuvent changer de cap democratiquement.

    Des tyrannies et la misere vont descendre partout dans l’occident.

    21 novembre 2012 à 16 h 12 min
    • QUINCTIUS CINCINNATUS Répondre

      si les peuples ” méconnaissent ” l’économie il est tout aussi difficile et même illusoire de croire que Guy Millière la maîtrise lui même .. qu’il soit pro-bank ne fait pas de lui un économiste

      21 novembre 2012 à 21 h 46 min

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