Chypre : Troïka, go home !

Chypre : Troïka, go home !

Chypre est une île de la Méditerranée proche de la Turquie. Sa surface est de presque 10 000 km2 et elle compte un peu plus d’un million d’habitants, dont 20 % de Turcs (au nord) et 80 % de Grecs. Une véritable guerre civile oppose les deux communautés.

Ancienne colonie britannique, Chypre acquiert son indépendance le 16 août 1960. Trois armées la contrôlent encore : 4 000 soldats anglais installés dans deux bases militaires, l’armée grecque au sud, et la puissante armée turque au nord.

Chypre est une démocratie qui élit au suffrage universel, tous les 5 ans, son président et un parlement de 59 membres.

Le 1er mai 2004, la République de Chypre entre dans l’Union européenne.

Le 10 juillet 2007, Chypre devient un nouveau membre de la zone euro, et abandonne sa monnaie la livre chypriote pour adopter l’euro. Il est décidé qu’un euro vaut « irrévocablement » 0,58 livre chypriote.

Les Chypriotes adoptent alors une politique fiscale très proche de celle de l’Angleterre, leur ancienne métropole. Ils n’imposent par exemple leurs entreprises que de 10 %. Ce qui pousse bien évidemment de très nombreuses entreprises européennes à avoir leur siège social à Nicosie pour payer moins d’impôts, tout en conservant leurs usines en Allemagne ou en France. Les banques tout particulièrement. Les banques chypriotes ont dans leurs caisses 68 milliards d’euros en dépôt.

Par ailleurs, le climat très agréable et les ports bien aménagés ouverts sur la Méditerranée attirent de nombreux Russes faisant partie de la nomenklatura. Une véritable colonie de Russes s’est installée à Chypre. Ils ont été massivement suivis par les banques russes qui interviennent dans le commerce entre la Russie et la zone euro.

Mais le gouvernement chypriote vit bien au-dessus de ses moyens et les prix augmentent à Chypre plus rapidement qu’à Berlin. Chypre importe deux fois plus qu’elle n’exporte. Le chômage est passé en 3 ans de 4 à à 12 %. La dette publique atteint 60 % du PIB.

En décembre 2012, le gouvernement chypriote demande une aide de 17 milliards d’euros à l’Union européenne.

Intervient alors la fameuse troïka : la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international. Des hauts fonctionnaires européens débarquent à Chypre. Après avoir étudié la situation chypriote, ils veulent bien que l’Europe (l’Allemagne et la France en particulier) prête les 17 milliards demandés. Mais ils demandent, en échange, que Chypre fasse un énorme effort pour rééquilibrer ses comptes. Il faut réduire les salaires, le nombre des fonctionnaires, les allocations. Il faut augmenter les impôts. Cerise sur le gâteau, il faut prendre tous les ans 10 % de l’argent déposé dans les banques chypriotes. Ce qui va obliger les Russes à débourser des milliards d’euros.

Ces folles mesures imposées aux Chypriotes par une équipe de hauts fonctionnaires venus de l’étranger ont immédiatement déclenché de nombreuses réactions. D’une part, de grandes manifestations dans les rues de Nicosie où l’on pouvait lire : « Troïka go home ! » Et, d’autre part, une réaction violente du gouvernement russe qui voit ses banques obligées de payer des milliards d’euros.

Le gouvernement chypriote a alors soumis à son parlement les propositions des technocrates étrangers. Le parlement les a immédiatement repoussées à l’unanimité.

Une telle réaction du peuple et du parlement chypriotes était prévisible. La sortie de la zone euro accompagnée d’une dévaluation devient la seule issue possible pour Chypre, mais aussi pour tous les pays de l’Europe du sud.

Avec l’expérience grecque, les responsables européens con­naissent parfaitement le coût du maintien dans l’Europe d’un pays qui vit au-dessus de ses moyens sans dévaluer. Les entreprises grecques ne sont pas miraculeusement redevenues compétitives…

Certains observateurs se demandent si l’Allemagne ne fait pas un test en obligeant à dévaluer Chypre. Si la dévaluation s’avère trop douloureuse, il ne sera pas trop difficile d’aider ce tout petit pays à surmonter ses problèmes.

Tous les pays de l’Europe du sud sont pratiquement dans la même situation que la Grèce… Et la France tout particulièrement !

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