Crise grecque et responsabilité européenne

Crise grecque et responsabilité européenne

La confusion entretenue sur la crise grecque, entraîne plusieurs remarques.
Comme d’habitude, on traite les effets sans chercher les causes, de sorte qu’on n’aura qu’un sursis, les mêmes causes produisant les mêmes effets. On peut donc prédire sans risque qu’on se retrouvera au même point dans quelques mois.
Un petit rappel historique paraît nécessaire.

La Grèce n’a jamais été un modèle de gestion publique selon nos normes. E. About relevait déjà vers 1850 le refus de l’autorité de l’État et du paiement de l’impôt, la corruption des fonctionnaires, les privilèges des gros propriétaires, et le déficit permanent. Bien que les habitudes aient évolué depuis, il est patent qu’il y a un abîme entre les mœurs publiques grecques et celles de la plupart des autres pays d’Europe. Pourquoi pas ? Chacun vit bien comme il veut.

Le problème est que, sous pression française, la Grèce a été invitée à entrer dans l’Union européenne en 1981. Ce n’est un secret pour personne que ses comptes publics ont été fraudés par Goldman-Sachs et que la Commission le savait. De même, il est plus que douteux que Mario Draghi ait ignoré les mêmes manœuvres pour l’admission en 2001 dans la zone euro. La Grèce était incapable d’en supporter les contraintes, ce qu’on reconnaît officiellement aujourd’hui.

Cet accord a été négocié avec la Commission, sans consulter ni le peuple grec, ni les autres membres, financièrement exposés.
La Grèce a ainsi bénéficié de taux d’intérêt très inférieurs à son taux d’inflation, ce qui a mécaniquement provoqué une gabegie financière. Des fonds spéculatifs américains en ont pris conscience. En mettant en doute la capacité de la Grèce de rembourser de telles sommes, ils ont provoqué un crash des papiers grecs qui en a fait flamber les taux, rendant le coût de la dette exorbitant.

Comme l’observent Valérie Bugault et Jean-Michel Verno­chet, ce sont ceux qui ont tendu ce piège à la Grèce qui l’accusent aujourd’hui d’y être tombé, et en font supporter le coût au peuple grec et aux autres pays membres, jamais consultés. C’est scandaleux.
Aux Grecs, surendettés, voilà qu’on impose un surplus d’endettement, en prenant en ga­rantie d’importants éléments de leur patrimoine (ports, aéroports, îles, etc., apportés à un fonds géré au Luxembourg !).

On choisit ainsi de sacrifier la Grèce pour « sauver » l’euro, ce dont d’aucuns osent se féliciter. Feront-ils de même, lorsqu’il s’agira de la France ?
Ce choix est l’aveu de facto que la « construction européenne » est, sous couvert d’économie, un projet politique qui vise l’asservissement des pays membres les moins adaptés. Au fur et à mesure de leurs abandons de souveraineté, leur affaiblissement en fait des proies pour la Commission et ses suppôts. Après la Grèce, d’autres viendront, dont la France. On entre dans un système maffieux. Les mesures d’austérité et les facilités financières maintiennent le blocage par la monnaie, qui aggrave la divergence des pays de la zone, et affaiblissent les plus faibles. Les politiques d’austérité imposées par l’UE dans les pays fragiles n’ont eu d’autre effet que d’imposer la baisse des revenus nets, des retraites, et des couvertures sociales, pour tenter de réduire les déficits publics.

Il en résulte que ces pays vivent aujourd’hui moins bien qu’avant d’entrer dans l’UE, et surtout dans la zone euro.
Alors la question s’impose : à quoi sert donc la « construction européenne » ?
Le système apparaît historiquement, non comme un moyen, mais comme un objectif en soi.

Présenté pour assurer la stabilité, le plein-emploi, la hausse du pouvoir d’achat, et la paix en Europe, il n’a réussi qu’à organiser l’inverse. On voit bien qu’on a déstabilisé, endetté et affaibli les États-nations, mais on ne voit pas qu’on ait mis en place autre chose que des réglementations absurdes et souvent nuisibles, au bénéfice des lobbies bruxellois – que, vu les montants faramineux qu’ils dépensent chaque année, on peut légitimement soupçonner de corruption.

Si l’on ajoute que cette situation se développe, alors qu’il appert que la Grèce pourrait disposer de gigantesques gisements pétroliers offshore, les questions redoublent.
La Commission européenne ne serait-elle pas en train de mettre la main dessus, et de passer de la contrainte à l’arnaque ?
En tout cas, la prétendue solidarité n’y trouve certainement pas son compte…

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Comments (1)

  • raymond Répondre

    je remarque que sur la photo presente montre le sourire guoguenard de ces deux fossoyeurs des nations ,d’un air de dire “on les a encore bien baise tous ces cons” les vendus aux américains continuent leurs trahisons envers nos peuples

    13 août 2015 à 8 h 18 min

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