De Séville à Salobrena, les châteaux de rêve ont la vie dure

De Séville à Salobrena, les châteaux de rêve ont la vie dure

L’Andalousie est la seule terre d’Europe qui ait vue sur l’océan atlantique et sur la Méditerranée. Elle contient des déserts, des sierras, des mines pourpres, des châteaux en Espagne, des plages fantastiques, des villages invisibles – Setenil , Calahorra – et toutes sortes de prodiges. Elle aurait vu aussi la première civilisation occidentale : celle de Tartessos ; la Tarsis de la Bible, qui aurait eu des contacts avec l’Atlantide, la Phénicie et, j’espère, les extraterrestres. Cadix, ville lumineuse au charme incomparable, serait le fief le plus ancien de notre continent.

De Grenade, avec Tatiana, nous gagnons Séville. En toute sincérité, je considère que c’est une des plus belles villes du monde ; elle en fut d’ailleurs la capitale, à l’époque de la conquête des Indes et du pillage aurifère de l’Amérique dite latine. Le parc Maria-Luisa offre d’ailleurs des senteurs et même une faune ornithologique venue d’Amérique du sud : il invite à s’y rendre et je m’y suis d’ailleurs rendu il y a huit ans…

Devant ce parc tropical, nous avons la place d’Espagne, et son fastueux hémicycle construit par Anibal Fernandez pour la magnifique exposition ibéro-américaine de 1930. Cette place célèbre comme personne la grande histoire de l’Espagne et de sa Reconquista. Elle marque aussi que la mondialisation est plus ancienne qu’on ne le dit, et qu’elle avait jadis de tout autres traits que celle qui a usurpé son nom et sa fonction.

Séville est un grand labyrinthe. Les rues sont étroites et les maisons assez hautes, parfois sublimes et baroques, parfois banales et modernes. On y voit peu le soleil, et la nature est bien loin (c’est pourquoi je lui préfère Grenade). On navigue à vue, on se perd, on se retrouve, une fois que l’on a repéré quelques axes. Il y a bien sûr la fantastique cathédrale qui ressemble la nuit à une base spatiale d’où on lancerait des fusées ; sa Giralda, incontournable clocher qui déroule sa tapisserie de pierre ; et puis son barrio de santa Cruz, dédale somptueux de palais polychromes, où je retrouve ma boulangerie baroque. On y écoute du classique en attendant d’être servi.

On peut aussi goûter une onde de latinité en se rendant à Triana et en franchissant le très sévère et somptueux Guadalquivir orné de sa fameuse tour d’or. Au déjeuner, nous nous rendons au Rinconcillo, peut-être le meilleur bar à tapas du monde, où chaque serveur est un docteur éminent. L’endroit conserve son aura et les touristes se tiennent à carreau devant les azulejos et la clientèle d’abogados qui semble sortie d’une pièce de Lope de Vega.

Séville aussi est en crise. Les églises se ferment pour travaux, comme la merveilleuse iglesia san Luis, chef d’œuvre du baroque, ou la petite santa Maria la Blanca, ornée de coquillages de plâtre. La ville bouge moins la nuit ; il est vrai que c’est l’été que l’on y vit la nuit. La nuit, on a surtout envie de se rendre plus à l’ouest, en direction de Cadix, de Huelva, de Palos de Moguer, de la réserve ornithologique de la Donana, la plus vaste et peuplée de l’Europe. Une autre fois… En Andalousie, région-continent, on ne sait où donner de la boussole. On est à la fois en pays celtique, en orient, en Afrique et en Amérique latine. C’est les Indes…

Le printemps revient et nous avons enfin des températures dignes de l’Andalousie : 23° en la tarde… Nous nous rendons à Salobrena, petit paradis tropical, par une route de montagnes magiques dont la région a le secret. Salobrena est un mélange explosif de village, de place forte, de petite ville et de belle nature : la ville à la campagne en quelque sorte, mais au bord de la mer. On sent la crise (menu à cinq euros !), mais aussi on se régale de la fin des grands travaux de l’immobilier : les ogres se sont rassasiés de dévorer la terre. Nous pouvons enfin nous baigner dans une eau de mer vivante et odorante qui enchante ma femme : nous sommes près, il est vrai, de Gibraltar et de son océan atlante… Des jeunes jouent comme des champions au squash sur la plage. La même sensation d’euphorie me revient.

Je retrouve mon hôtelière préférée, Mari-Carmen, dans sa pension de la rue Larga. Toujours aussi alerte et travailleuse, généreuse et prodigue, avec ses chambres lubrifiées, ses terrasses panoramiques et sa famille rassemblée dans les travaux de sa communauté hôtelière. Ses clients, ce sont ses amis.

Le bonheur de Salobrena, décor de film pas spaghetti, est incomparable. Ici aussi, on se croit ailleurs, entre les plantations de canne à sucre, les pavillons déserts, et le castillo more qui dort. Les châteaux en Espagne ont décidément la vie dure…

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Comments (2)

  • ozone Répondre

    La France aussi est une terre qui à vue sur Médittérrannée et Atlantique,l’Andalousie est une région,et Dieu sait que ce fait est maudit par beaucoups d’espagnols,on voit bien que Bonnal a été conquis par l’art de vivre des habitants. 

    18 mars 2011 à 14 h 44 min
  • Guillermo Répondre

    Je ne comprends pas ce que cet article veut démontrer

    18 mars 2011 à 6 h 58 min

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