France-Allemagne : Vive Angela ? Vraiment ?

France-Allemagne : Vive Angela ? Vraiment ?

Les récentes élections législatives allemandes ont provoqué des commentaires confus.

Selon les sondages, la majorité des Français plébiscite la Chancelière pour les bons résultats de sa politique économique.

Pour en tirer leçon, essayons de ne pas comparer sans nuance l’Allemagne et la France.

La divergence de nos deux pays est due à des constantes depuis au moins 40 ans, sinon 60.

Le succès économique, et maintenant politique, de l’Allema­gne, est le fruit de ses traditions nationales : sérieux de sa population et rigueur de ses dirigeants.

Pays d’industriels et de commerçants, son industrie est en constante expansion, surtout pour les biens d’investissement et d’équipement à marché mondial. Depuis près de cent ans, nombre d’usines du monde entier s’équipent allemand : marché stable, porté par la réputation et la confiance, et où l’effet-prix est secondaire.

Parallèlement, la gestion publi­que a toujours été rigoureuse, favorisant la compétitivité des entreprises par une politique sociale raisonnable, des budgets modestes et en équilibre, et un secteur public limité.

En France, outre la valorisation constante du patrimoine agricole et touristique, l’expansion de l’industrie a aussi été rapide.

Jusqu’en 1973, l’industrie française a créé en moyenne 50 000 emplois par an, plus la sous-traitance technique et commerciale, les traditionnelles industries de la mode et du luxe, ou l’agro-alimentaire, complétant les productions mécaniques et électriques. Hélas, le manque de rigueur de nos dirigeants, catastrophique depuis 40 ans, privilégie la démagogie, et le secteur public, au détriment du long terme. L’économie le paie.

Madame Merkel poursuit ainsi la politique économique rigoureuse de ses prédécesseurs (mê­me socialistes), comme Hollan­de poursuit, en plus catastrophique, la politique électoraliste et court-termiste de ses prédécesseurs (même « de droite »).

Cela n’a pas empêché les deux pays de connaître longtemps une croissance satisfaisante, l’inflation française due aux choix « coûteux », notamment sociaux, étant bon an mal an compensée par des dévaluations.

Chacun, par ses voies propres, assurait plus ou moins bien sa croissance. Idem pour l’Italie, l’Espagne, ou la Grèce. Les ré­sultats étaient différents, et chacun se contentait des siens.

La faute décisive a été l’euro.

Car la poursuite de ces croissances à plusieurs vitesses n’était possible que par la souplesse monétaire, qui permettait à chacun de maintenir sa compétitivité à l’exportation, tout en gardant son mode de vie. Sa suppression devait donc, à terme, être fatale à tous sauf à l’Allemagne, ce qui était facilement prévisible.

C’est là que nos politiciens ont fait l’erreur.

Les dirigeants français, drogués à la dépense publique et principalement préoccupés de leur réélection, ont, par faiblesse et intérêt, accepté des Allemands le soi-disant « sacrifice » du Deutschemark et de la Bun­desbank, perdant avec la souveraineté monétaire le seul moyen de maintenir notre compétitivité internationale, et concédant à l’Allemagne un quasi-monopole définitif de compétitivité.

Le slogan « La France doit faire comme l’Allemagne » est exact pour la gestion publique, mais faux pour la compétitivité économique.

Si son avantage monétaire venait à lui échapper (dislocation de l’euro), il ne resterait à l’Allemagne que sa compétitivité réelle. Sa monnaie se revaloriserait fortement, et elle perdrait ses clients européens, soit 65 % de ses excédents.

Elle lutte donc bec et ongles pour empêcher cela, et accepte de payer tous les frais (notamment de colossales pertes en Grèce), plutôt que de mettre fin à cette situation bénie.

Après 50 années d’efforts rigoureux et constants, elle est maintenant en position, avec la monnaie unique, d’imposer quasi définitivement son avantage monétaire.

La leçon est donc que les dirigeants allemands cherchent l’intérêt de l’Allemagne, quand les Français poursuivent leur intérêt de carrière.

Ne sous-estimons pas pour autant leur intelligence et leurs connaissances. Ils savent ce qu’ils font, mais leur intérêt n’est pas le nôtre.

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Comments (1)

  • Hector Répondre

    Belle conclusion les dirigeants français poursuivent leurs intérêts de carrière .
    Là ou je ne suis pas d’accord c’est l’analyse de la réussite allemande . Quand l’euro a été créé et pris comme monnaie européenne la France et l’Allemagne partaient avec un handicap par rapport aux autres pays européens qui payaient beaucoup moins d’impôts et avaient des salaires beaucoup plus bas .
    Les allemands par une gestion sérieuse de leurs entreprises , leur direction ne les pille pas comme en France et le sérieux de ces employés a réussi a surmonter cet handicap de compétitivité par rapport aux autres pays européens . Ces autres pays européens qui avaient une population instruite ont été incapables de créer des entreprises avec un personnel qui coûtaient beaucoup moins cher .
    Les français ont voulu les 35 heures , les organismes humanitaires installer toute la misère du monde souvent pas instruite et l’entretenir . Maintenant nous payons l’addition en perdant nos emplois .
    Les allemands s’occupent de leurs affaires et ils ont raison . Et si un jour l’euro disparaît ils trouveront une solution pour continuer à vendre et à travailler . Voire la Suisse qui a sa monnaie , qui travaille et ou beaucoup d’entreprises veulent s’installer . Mais un suisse travaille 42 heures pour son entreprise et lui aussi est sérieux , même les français qui travaillent en Suisse et qui se tapent une centaine de Km pour travailler .
    Nous avons élu des charlots mais nous aussi nous sommes des charlots qui ont voulu les 35 heures du cerveau musclé Martine .

    27 septembre 2013 à 0 h 32 min

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