Grèce : l’impasse européenne

Grèce : l’impasse européenne

La Grèce n’est donc pas sortie de la zone euro. Pour le moment.

L’addition à payer pour les autres pays européens sera coûteuse, puisque des aides financières supplémentaires ont été consenties à la Grèce.

L’addition politique pour Angela Merkel sera coûteuse aussi, puisque les contribuables allemands sont lassés de verser de l’argent à fonds perdus.

François Hollande se présente en stratège triomphal, parce qu’il s’est fait le chef de file de ceux qui défendaient le maintien de la Grèce dans l’euro.

Mais ce triomphe n’en est pas un et les Français vont, eux aussi, avoir à verser de l’argent à fonds perdus.

Si la Grèce était sortie de l’euro, dira-t-on, et si elle avait été déclarée en défaut de paiement, l’argent qui lui a déjà été prêté aurait dû être considéré comme englouti à jamais. Mais le fait est que cet argent est, d’ores et déjà, englouti à jamais, comme le seront les sommes aujourd’hui ajoutées.

La vérité est que l’économie grecque n’est pas compétitive et, vu sa composition, permet peu de gains de productivité.

La vérité est que la Grèce comporte un bien trop grand nombre de fonctionnaires et de retraités pour connaître un assainissement financier qui ne soit douloureux et qui n’implique de lourds sacrifices, venant s’ajouter aux sacrifices très lourds déjà consentis.

La vérité est que l’évasion fiscale et la fraude atteignent en Grèce des proportions massives et qu’un assainissement, là encore, est très peu probable.

L’accord obtenu ces jours derniers est, sans aucun doute, un accord très provisoire, qui conduira à une situation du mê­me type dans quelques mois.

En contrepartie d’un peu plus de 80 milliards d’euros supplémentaires accordés, la Grèce doit confier à une instance 50 mil­liards d’euros de biens publics à privatiser, ce qui fera vraisemblablement 50 milliards d’euros sauvés.

En contrepartie, la Grèce sera également placée sous surveillance, mais la surveillance ne fera pas de miracle.

L’entrée de la Grèce dans la zone euro s’est faite sur la base de chiffres maquillés et sur la base de l’idée que la Grèce s’adapterait à marche forcée.

L’adaptation à marche forcée n’a pas eu lieu. De l’argent a été déversé en Grèce pour que l’adaptation se fasse.

En vain.

Une hausse artificielle du niveau de vie a eu lieu. De faux emplois ont été créés. Les caisses se sont vidées. Les caisses étant devenues plus que vides, la Grèce se trouve au bord du cataclysme.

L’issue logique aurait été la sortie de l’euro, pertes à la clé pour les pays prêteurs, condamnés à subir la conséquence de leur imprudence.

La Grèce aurait retrouvé une monnaie, très dévaluée, correspondant à son niveau de productivité. Elle aurait pu alors commencer à se redresser en redevenant, un peu, compétitive.

L’issue présente, qui n’en est pas une, condamne la Grèce à une récession prolongée, à une baisse lente et continue du niveau de vie, des salaires et pensions, de toute façon inéluctable, ainsi qu’à des défauts de paiement ultérieurs.

Alexis Tsipras a cédé et dû troquer une vaine arrogance gauchiste contre le constat amer qu’il n’avait que deux issues : se soumettre et rester dans l’euro (quitte à en sortir un peu plus tard), ou ne pas se soumettre et sortir de l’euro immédiatement. Il a choisi.

La Grèce est effectivement sous tutelle. Quand on est endetté et qu’on doit tendre une sébile, c’est ce qui arrive.

L’Allemagne ne voulait pas remplir à nouveau la sébile. Elle voulait arrêter les frais et choisir le « Grexit ».

C’était une attitude logique et meilleure à moyen terme pour la Grèce.

La France de François Hollande a choisi de mettre de l’argent qu’elle n’a pas dans la sébile, pour éviter le « Grexit ».

Ce fut une attitude myope.

La crise grecque révèle l’impasse dans laquelle la zone euro se trouve.

Mettre en place une monnaie unique pour des pays aux cultures économiques et politiques différentes revient à construire un château de cartes qui risque l’effondrement à chaque fois que les différences économiques et politiques conduisent à des di­vergences intenables.

Vouloir l’homogénéisation de cultures économiques et politiques très différentes relève de l’utopie constructiviste.

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Comments (3)

  • DESOYER Répondre

    Economiquement, il eût mieux valu que la Grèce sorte de l’euro, mais, comme le dit Quinctius, politiquement, elle est un “verrou” de l’Europe face à la Turquie. Le sans faute politique eût donc consisté à soutenir la Grèce dans une politique de redressement de ses comptes publics et d’arrêt de l’immigration. Le sans faute politique n’ayant pas été fait (cf. mon livre “Economie ou socialisme: il faut choisir”, le sans faute économique ne peut l’être non plus. Les dirigeants européens ne faisant ni le sans faute politique), ni le sans faute économique , la situation ne peut qu’empirer, non seulement en Grèce, mais dans toute l’Europe.

    1 août 2015 à 14 h 01 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    On remarquera une fois encore toute la ” subtilité ” U.S. qui soutient l’ entrée en guerre de la Turquie contre l’ E.I. et qui lui accorde en même temps la droit de ” frapper ” le P.K.K. en … Irak , lequel P.K.K. est tout de même l’ adversaire le plus déterminé de l’ E.I.

    26 juillet 2015 à 13 h 55 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    L’ importance de la Grèce réside dans le fait que c’ est un verrou … européen !

    Pour ce qui me concerne que ce soit Syriza ou un autre parti ( ou alliance de partis ) qui ” redresse ” la Grèce n’ a aucune importance au moment où la Turquie est elle même déstabilisée par l’ E.I.

    la seule interrogation que peut poser, pour ce qui concerne son efficacité, l’ aide ( européenne ) c’ est qu’ avec les mesures d’ austérités démentielles demandées elle ne redressera certainement pas l’ économie

    23 juillet 2015 à 17 h 45 min

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