La tragédie de l’Union européenne

La tragédie de l’Union européenne

J’ai traité ces dernières semaines de la montée du Front national, du rejet croissant de Fran­çois Hollande, et de la révolte qui monte en ce pays.

Mais, si on élargit le regard et qu’on se tourne vers l’Union européenne, on découvre un continent qui va très mal, et où des causes proches produisent des effets eux-mêmes proches : des partis que les journalistes spécialisés qualifient, dédaigneusement, de « populistes », se lèvent et rencontrent des succès croissants, au point qu’ils devraient représenter, au moins, un quart des députés au sein du Parlement européen qui sera issu des élections du printemps prochain.

Ces partis n’ont pas tous les mêmes orientations ou les mêmes positions sur tous les sujets. Certains sont plus imprégnés de libéralisme, d’autres plus étatistes. Certains sont autoritaires, d’autres ne le sont pas. Mais ils ont tous en commun un discours hostile à l’Union européenne telle qu’elle se construit, et à l’euro.

Les dirigeants politiques en place ne sont pas tous contestés au point où peut l’être François Hollande, mais, à de rares ex­ceptions près, comme Angela Merkel en Allemagne, ils sont l’objet d’une désaffection qui semble d’autant moins à même de se calmer que la croissance reste partout proche de zéro, que le chômage monte presque partout, que la déflation est proche, et que des tensions avec les immigrants s’installent dans le quotidien.

La révolte n’est pas, sur tout le continent, aussi palpable qu’elle peut l’être en France, mais les craintes concernant l’avenir sont, elles, partout très nettes. Et à juste titre.

L’Europe est un continent qui va très mal, oui. C’est un continent où il existe encore de la richesse, mais il est clair que la prospérité est loin d’être assurée dans le moyen terme. Les statistiques montrent que le développement prend surtout place, désormais, dans d’autres con­trées du monde.

C’est un continent démographiquement sinistré où le remplacement des générations n’est assuré dans aucun pays, où le vieillissement s’accélère et où s’opèrent, à des degrés divers, des changements de population que certains analysent en y voyant des changements de peuple.

C’est un continent que la construction européenne était censée rassembler et qu’elle vient fracturer, parce qu’elle en a chassé très largement la démocratie, la souveraineté, et parce qu’elle a tenté d’y éroder les identités nationales et culturelles.

C’est un continent pour lequel la mise en place précipitée de l’euro a été, très visiblement, la décision de trop, celle qui contribue à mettre au jour toutes les déshérences et tous les dysfonctionnements antécédents, celle qui fait apparaître l’absolutisme technocratique européen dans toute son horreur inhumaine.

Faut-il l’ajouter ? C’est un continent assiégé et menacé. Le chaos qui règne dans une bonne part de l’Afrique subsaharienne pousse des gens qui n’ont rien à perdre à tenter la traversée et à s’efforcer de trouver les filières qui les mèneront vers Athènes, Rome, Madrid, Paris, Londres ou Berlin.

Certains de ces gens finissent tragiquement, comme à Lampe­dusa, voici quelques semaines. D’autres ont plus de chance. La compassion qu’ils peuvent inspirer ne peut effacer dans les esprits européens le sentiment d’une lente invasion.

La situation présente dans le monde musulman et la persistance de l’islam radical s’ajoutent. Il existe dans toute l’Euro­pe, aujourd’hui, un rejet réel et global de l’islam et des musulmans quels qu’ils soient.

Ce qui prend forme a les allures d’une tragédie, car, s’il est très difficile de prévoir l’avenir de l’Europe, il est, par contre, assez facile de songer que cet avenir ne sera pas faste et prendra des allures de déclin, de déchirures, de tensions, de violences, d’effondrement…

Il y a sept décennies, l’Europe était en ruine. La construction européenne a été d’emblée porteuse de ce que Friedrich Hayek a appelé l’erreur constructiviste. Cette erreur se paie toujours. Très cher. Et ce ne sont pas ceux qui ont commis l’erreur, et qui regardent ce qui les entoure depuis des hauteurs distantes, qui paient alors l’erreur…

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Comments (18)

  • druant philippe Répondre

    Impossible de donner tort à Jaurès sur ses propos relatifs à cette saloperie intégrale qu’ est l’ extraction du gaz de schiste .

    18 novembre 2013 à 11 h 28 min
  • druant philippe Répondre

    Le malheur de l’ Europe est d’ être à la fois surpeuplée
    (voir les densités démographiques de grands pays comme la RFA , la France , l’ Union Jack , l’ Italie, ‘ Espagne et encore pire, celle de petits pays comme Pays Bas / Gelbique) mais envahie par des populations natalistes et/ou mahométanes venues par regroupement familial .
    Dés lors, pour vivre une dépopulation bien menée , on conclut des traités avec les pays d’ immigration en vue du retour de ces populations naturalisées Française ou non
    Avec un peu de c…lles au C.l , cela doit être possible!!!!!!!!
    Sinon, globalement d’ accord avec GM.

    18 novembre 2013 à 11 h 24 min
  • Schaeffner Répondre

    On peut ne pas partager toutes les idées de Jaurés, mais il faut reconnaître que les arguments qu’il apporte pour s’opposer à l’analyse de G. Millière (avec qui il est clair aussi qu’on ne peut partager toutes ses idées) sont imparables.

    14 novembre 2013 à 17 h 48 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      il en est toujours ainsi quand le lobbying est aussi peu … subtil, voir même à ce point criard !

      15 novembre 2013 à 9 h 22 min
  • Bryan Travis Répondre

    Jaures est en grande forme avec une phrase comme “la part croissante du capital dans le partage des richesses, “

    13 novembre 2013 à 19 h 50 min
    • HansImSchnoggeLoch Répondre

      C’est surtout la pauvreté intéllectuelle qui caractérise Jaures. Son capital est puisé dans les stats de l’insee et de wikipédia.fr.
      Son patron par contre est le dindon de la farce.

      14 novembre 2013 à 8 h 45 min
      • quinctius cncinnatus Répondre

        la devise de @ Jaurès :

        ” ni dieux ni maitres ”

        dieux j’insiste : dieu de l’argent, dieu des voleurs, etc …

        ni maitre puisque j’entends bien en être un jour un !

        @ Jaurès n’est pas sans intelligence on peut même l’accuser d’intelligence …avec l’ennemi

        14 novembre 2013 à 16 h 51 min
    • Jaures Répondre

      « La part des profits est inhabituellement élevée à présent (et la part des salaires inhabituellement basse). En fait, l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années. ». S’agit-il d’un document interne de la CGT ? Non mais d’un article de la BRI (banque des règlements internationaux) situé à Bâle.
      De fait, tous les chiffres concordent: selon le FMI, la part des salaires dans le PIB du G7 a baissé de 5,8% entre 1983 et 2006. Selon la commission européenne, en Europe, on atteint 8,6% et plus de 9% en France. Cela concerne des dizaines de milliards de dollars accumulées par des grandes fortunes et qui manquent à l’Economie réelle, celle des investissements et de la consommation.

      14 novembre 2013 à 10 h 15 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Dopé par le gaz de schistes.
    Seul Jaures pouvait sortir une ânerie pareille. Il ne tient qu’à la France d’exploiter les siens,
    Mais avec les mulets verts au gouvernement il n’est plus possible de soulever une feuille morte sans provoquer une crise de “verdisse”.
    Les riches, toujours les riches qui vous posent problème Jaures. Avez-vous donc oublié que vous engrangez tous les mois 5 fois le smic dans votre foyer fiscal?
    Vous êtes un riche alors taisez-vous par décence pour celles et ceux qui ont beaucoupo moins que vous.

    13 novembre 2013 à 18 h 46 min
    • orldiabolo Répondre

      5 x le SMIC ! 7.000 € réels ! C’est plus que beaucoup de chirurgiens de ma connaissance… Et fonctionnaire en plus, donc garanti à vie… Je ne suis pas très doué en finance, mais il faudrait un placement supérieur à 2 millions € pour s’assurer un tel revenu. Et encore, avec des risques… Si notre fiscalité était égalitaire, ces 2 millions devraient être intégrés dans l’assiette de l’ISF, non ?

      14 novembre 2013 à 9 h 54 min
      • Jaures Répondre

        Pour votre information, orldiabolo, le smic net est à 1122€. Un foyer fiscal comprend, souvent, deux salaires. Dans ce cas nous avons donc en moyenne deux salaires de 2800€ net (soit 5600€).
        Par ailleurs, le revenu moyen annuel d’un chirurgien est de
        126 900€ (chiffre Drees 2010).

        14 novembre 2013 à 15 h 39 min
        • HansImSchnoggeLoch Répondre

          Oui € 7000.- par mois, ce qui fait par an € 84000 et Jaures est loin d’être un chirurgien.
          Et d’après l’horaire de ses posts il ne se casse pas de jambe au boulot.
          Quel est l’intervenant sur ce site qui fait ce chiffre par an à part Jaures?

          14 novembre 2013 à 17 h 52 min
    • Jaures Répondre

      Dopé est bien le mot: on améliore ponctuellement et artificiellement ses performances et l’on paie l’addition plus tard.
      C’est ce qui va se produire avec les gaz de schiste dont la rentabilité va rapidement s’effondrer et laisser un sol pollué, des milliers d’hectares inexploitables.
      Il est burlesque de voir les mêmes qui s’effarouchent d’une éolienne accepter ainsi des derricks de gaz de schiste, les rotations de camions, les bruits de la fracturation, les polluants déversés, les rivières définitivement polluées,… Je sais pertinemment que pour quelques millions d’euros certains n’hésiteraient pas à sacrifier les gorges du Tarn ou les marais poitevins. Je garde donc mes âneries, cher Hans, et vous laisse les vôtres.

      14 novembre 2013 à 10 h 03 min
      • HansImSchnoggeLoch Répondre

        Grâce à vos âneries et celles de vos potes les Américains largueront un jour des jerrycans d’essence par voie aérienne pour soulager la misère des citoyens français.
        Mais il est vrai que les socialistes ne sont plus à une ânerie près.
        Le baudet est chez eux inné.

        14 novembre 2013 à 17 h 58 min
    • quinctius cncinnatus Répondre

      surtout pas les gaz dits de schistes

      j’ai envie encore de boire des bières pures !

      14 novembre 2013 à 16 h 52 min
  • christiane Répondre

    Oui, l’ Union européenne va très mal, elle devient de plus en plus une oligarchie totalitaire amarrée à Washington – Wall Street.. Il est urgent de donner un coup de pied à l’ OTAN comme l’avait fait de Gaulle et de réformer cette Europe ou d’en sortir avant que l’entrée de la Turquie soutenue par les Américains n’ achève sa mise à mort et que le traité transatlantique ne signe son exécution.

    13 novembre 2013 à 16 h 47 min
  • Jaures Répondre

    “La tragédie de l’Union Européenne”. Ben voyons ! Durant les 50 premières années du XXème siècle le moins que l’on puisse dire est que l’Europe n’était guère unie. C’est alors que nous avons connu nos meilleures années, n’est-ce pas ? Notre apogée !
    Les problèmes que subit l’Europe actuellement ne sont pas liés à l’existence de l’Union mais à la crise financière importée des Etats-Unis.
    Car Millière regarde avec des lunettes mal ajustées la situation du monde. L’Europe est mal en point, personne ne le nie, mais ce n’est guère mieux ailleurs. La croissance américaine est dopée par le crédit et le gaz de schiste. Le Japon est près de trois fois plus endetté que la France. Les pays émergeant connaissent certes une meilleure croissance mais les populations gardent un niveau de vie extrêmement bas: au Brésil, le salaire minimum est inférieur à 250€.
    Enfin, l’Europe d’avant l’euro était-elle plus prospère ? En France, en 1997, alors que le franc avait encore cours, le chômage était à plus de 11% !
    L’Europe et l’euro sont les boucs émissaires des libéraux. Les problèmes, en Europe et ailleurs, viennent de la financiarisation de l’Economie, de la part croissante du capital dans le partage des richesses, de l’exigence démentielle de rentabilité des actionnaires, quitte à sacrifier l’emploi, l’environnement, la santé des salariés.
    Car l’incontestable point commun des pays industrialisés depuis 15 ans, crise ou pas, quel que soit le continent, c’est que les riches y sont plus riches et les pauvres toujours plus pauvres et plus nombreux tandis que les classes intermédiaires stagnent, voire régressent.

    13 novembre 2013 à 11 h 45 min
    • quinctius cncinnatus Répondre

      vous avez raison dans votre dernier paragraphe ( voir l’article de The Economiste à ce sujet article que j’avais mis sur le blog la semaine dernière ) … voilà pour quoi je suis ” fasciste ” et que je n’adhère pour ainsi dire jamais aux dires de Monsieur G. M.

      14 novembre 2013 à 16 h 56 min

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