Le piège européen

Le piège européen

Lu dans la presse


« L’effondrement de la Grèce menace toute l’Europe »
, titrait Le Figaro du 16 juin. « Le pays au bord de l’implosion », annonçait le même jour le journal gratuit Direct matin. Et les images retransmises par les télévisions ou les photos publiées dans la presse montraient les mêmes scènes d’affrontements violents entre manifestants et policiers. Un mois plus tôt, l’Eurogroupe avait porté à la tête de la Banque Centrale Européenne Mario Draghi, ancien vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs…

La situation du pays, décrite par Direct-Matin, est chaotique, pour ne pas dire pré-révolutionnaire : « Le Premier ministre Georges Papandréou a dû annoncer qu’il procèderait au remaniement de son gouvernement avant de demander la confiance du Parlement. Mais en dépit de la colère de la rue, l’objectif reste bien de réaliser 28,4 milliards d’euros d’économies d’ici à 2015. Malgré le prêt de 110 milliards d’euros sur trois ans accordé en 2010 par l’UE et le FMI et un premier plan de rigueur, la Grèce n’arrive pas à financer sa dette de 350 milliards d’euros (plus de 150 % du PIB). Parmi les mesures envisagées, des privatisations, ou encore une hausse de la TVA. Le nombre de fonctionnaires (750 000) pourrait être réduit d’un cinquième. Un surcroît de pression pour ce pays qui a déjà vu le chômage grimper à 16 %. »

Aussi douloureux qu’il ait été, le premier plan de rigueur n’a pas suffi et « le pays doit plonger un peu plus profondément dans l’austérité », écrit Arnaud Rodier dans Le Figaro- économie du 17 juin. « Ecrasé par une dette publique de 350 milliards d’euros, Athènes n’a pas d’autre solution que de faire à nouveau appel à ses voisins européens. Mais pour obtenir leur aide, il va devoir donner un nouveau tour de vis à l’économie d’un pays déjà étranglé. (…) Le Premier ministre avait pourtant frappé fort en annonçant l’an dernier gel des salaires, diminutions des retraites et privatisations à tout va. Malheureusement, cela ne suffira pas. »

Le recours aux privatisations passe mal auprès de la population. Et pour cause ! « Passe encore quand c’est le Chinois Cosco qui s’empare des quais du Pirée. Mais quand on parle de vendre des îles, la fibre nationale se réveille. » Parbleu ! Que diraient les Français si, pour payer la dette publique, on vendait à l’étranger le Mont Saint-Michel ?

« La course contre la montre pour sauver la Grèce d’une banqueroute prend des allures de marathon s’effectuant au rythme d’un sprint », écrit Cyrille Lachèvre dans Le Figaro- économie du 16 juin. Echec de la réunion exceptionnelle des ministres des Finances de la zone euro, hier à Bruxelles ; grève générale à Athènes ; proposition de démission du gouvernement Papandréou ; nouveau coup de semonce des agences de notation contre les banques françaises et grecques… »


Une homme de Goldman Sachs à la BCE

En effet, l’agence Moody’s a mis sous surveillance BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit agricole et menace de baisser leur note « en raison de leur exposition au risque grec », confirme, toujours dans Le Figaro, Isabelle Chaperon. Résultat, « les cours de Bourse des trois banques ont chuté d’environ 2,5 % chacun. Le gouvernement a même cherché à calmer le jeu. » Le ministre du Budget, François Baroin, a affirmé ne pas s’inquiéter : « Les banques françaises sont parmi les banques les mieux notées, les plus solides, elles ont résisté à tous les tests internationaux. » Ce n’est apparemment pas l’avis des toutes puissantes agences de notation, dont le grand public ne connaissait même pas l’existence avant la crise et dont il découvre aujourd’hui qu’elles régentent à leur guise la vie des peuples. Avant les menaces de Moody’s, Standard & Poor’s avait effectivement baissé, au mois de mai, la note du Crédit agricole.

Pourquoi les banques françaises ? A cause de leur exposition à la crise grecque. « Si la Grèce n’honore pas ses engagements, explique Isabelle Chaperon, les banques françaises auraient à en souffrir de deux manières, sans même compter l’effet contagion. Directement, tout d’abord, à travers leurs portefeuilles de dettes souveraines. Indirectement, à travers leurs filiales en Grèce. »

A propos de banques, Le Figaro du 16 juin, rapportait dans un petit encadré que les banques espagnoles ont emprunté en mai 53 milliards d’euros à la Banque Centrale Européenne, illustrant « les difficultés des banques à se refinancer sur les marchés. » En outre, « Inquiets des perspectives économiques locales, les investisseurs internationaux réclament des taux d’intérêt élevés à Madrid. » De quoi rappeler que la Grèce n’est pas le seul pays européen en difficulté.

Face à la situation grecque, les Européens – ou plutôt les Allemands d’un côté, les Français et la BCE de l’autre – apparaissaient divisés la semaine dernière. Il semblerait qu’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy aient trouvé un accord vendredi. Jusqu’à quand ?

Par ailleurs l’Eurogroupe – autrement dit les ministres des Finances des pays de la zone euro – a effectué au mois de mai un choix des plus symboliques en désignant Mario Draghi pour succéder à Jean-Claude Trichet (lui-même naguère impliqué dans l’affaire du Crédit lyonnais) à la tête de la Banque Centrale Européenne.  Draghi était vice-président de Goldman Sachs International à l’époque où cette  toute-puissante banque d’affaires aurait aidé la Grèce à maquiller sa dette. Si ce choix n’est pas une provocation, ça y ressemble.

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Comments (4)

  • sas Répondre

    Il y a un  intéret encore plus urgent  et supérieur à lâcher de suite la grece malgré les milliards d encours avec le credit agricole, la societe generale et  la bnp….

    C EST LE DEBARQUEMENT ET LA PRISE DE PIED DES CHINOIS DANS LE PORT DU pyrhee….ils ont acheté la moitiée du port et se sont des milliers de conteneurs qui vont maintenant affluer et debarquer journalièrement……et nous arriver sur la gueule…terminant le naufrage economique par dumping social et financier ourdi entre enclumes trilatérales…

    on va etre submergé de merde à pas cher……..mêmes les connards portiqueurs cgtistes ou syndicalistes locaux….n ont rien dit…..ils ont même été viré de la partie chinoise où seul les fils du soleil levant sont habilités a y bosser….

    On remet les frontières …on sort de l euro…et on donne sarkozy a qui veut le récupérer…lui , son savoir, sa pouf , son nouveau programme pour 2012…et son vélo de course…MACHA ET PAL…..ON VIRE VITE TOUT CA…sans oublier super connards et alias la pomme et l idiote du poitoux…+ quelques autres ; besson,hortefeux,lefevre,gueant, guano(je sais c est gueno) et estrozi et balkani….et toute l equipe de panini

    sinon ca va devennir chaud…je sents ca monter…

     

    sas

    21 juin 2011 à 2 h 17 min
  • ozone Répondre

    Et rendre hommage a la mémoire de J.Goldsmith qui avait intitulé son livre "le piége"

    20 juin 2011 à 19 h 28 min
  • ozone Répondre

    Goldman Sachs a la téte de la BCE alors qu’aprés son attitude dans l’affaire de la Gréce aurait du provoquer de la part de l’UE tous organes confondus une interdiction d’activité dans la zone ce qui aurait eu la vertu de servir d’avertissement a tous les requins en maraude,ce qui arrive devra étre considérer le jour venu comme une trahison aux peuples de l’Europe.

    20 juin 2011 à 19 h 24 min
  • Florin Répondre

    Le plus navrant dans l’affaire : nos chères (très chères !) banques, nommées dans l’article (mais il y en a bien d’autres dans le même cas) prêtent aux Grecs bientôt insolvables (ce n’est qu’une question de temps), tout en refusant de prêter aux PME françaises !

    J’espère que le CON tribuable ne sera pas appelé à la rescousse. Sarko pourra refaire son tour de magie, "garantir" et ensuite, faire empocher par l’Etat la comm’ correspondante. Mais on devrait se méfier, il se peut que ce tour de passe-passe ne soit plus suffisant …

    Il faut (et là, PS et FN se rejoignent) :

    créer un pôle financier public

    surveiller les activités de TOUTE banque, coordonner leurs politiques de prêt et investissement (si un seul pauv’ gars peut paumer 50 milliards, imaginez combien peuvent perdre tous ces – – – –  cravatés réunis !!!)

    utiliser massivement le droit de veto à Bruxelles (et, si ce n’est pas suffisant, sortir immédiatement de l’UE)

    préparer une sortie de l’euro, dans les meilleurs délais

    Tant qu’à fuir un appart, il vaut mieux partir le matin, par la grande porte, que la nuit, dans les flammes et la fumée.

    L’euro s’écroulera, tôt ou tard. Bon débarras !!!

    Merkel et Sarko peuvent faire un chèque aux Grecs : le problème, c’est que derrière les Grecs, il y a tous les autres … et là, à vue de nez, il faudra changer de chequier (les sommes à 12 zéros, ça rentre pas sur les formats actuels).

    Une politique NATIONALE INTELLIGENTE saura régler tous ces soucis, aussi graves soient ils.

    Regardez la Suisse voisine : savez-vous leur taux de chômage actuel ???   2,9 % !!!!! Pour les "de souche", encore mieux : 2,1 % !!!!
    Ceci, avec des salaires qui (franc surévalué oblige) paraissent démentiels à nos yeux.
    Le modeste employé de bureau gagne autant qu’un directeur financier chez nous !!!!

    LA PREUVE QUE LES HAUTS SALAIRES ne sont pas un problème.

    LA PREUVE QUE LA MONNAIE FORTE n’est pas un problème.

    Bien entendu, nos mé(r)dias n’en parleront jamais !!!

     

    20 juin 2011 à 15 h 37 min

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