Le spectre de l’Europe « sociale »

Le spectre de l’Europe « sociale »

Lorsque j’entends Jacques Chirac ou François Hollande, l’un coiffant un bonnet blanc et l’autre un blanc bonnet, réclamer à cor et à cri « l’Europe sociale », je pense à ce personnage atteint de la syphilis qui prenait un plaisir pervers à contaminer le plus de partenaires possible en marmonnant entre ses dents : « Puisque je suis malade, il n’y a pas de raison que les autres soient en bonne santé ! »
L’économie française est à demi ruinée par le système collectiviste autodestructeur dont notre nation s’est dotée, et qui la rend à peu près incapable de résister à la concurrence des nations plus authentiquement libérales. Aussi la France rêve-t-elle de refiler sa maladie à tous ceux qui l’entourent, en vertu du principe égalitariste bien connu qui s’énonce comme suit : « Si je ne réussis pas à m’élever, je peux tout au moins essayer d’abaisser les autres. »
Les souverainistes de droite me font pitié. Je comprends leur idéal ; j’ai moi-même été souverainiste, jusqu’au jour où j’ai compris que la droite française n’aurait jamais le courage, ni même l’idée, de dénoncer clairement l’utopie socialiste. Aussi, à partir du moment où il était évident que l’Europe adoptait résolument le libéralisme tandis que la France lui résistait, il devenait aberrant d’être souverainiste. Je suis patriote et j’aime mon pays. Mais si mon pays s’obstine à vouloir se suicider, il faut bien que je cherche ailleurs la planche de salut dont il a besoin. Somme toute, la démarche de Guy Millière et la mienne ne sont pas aussi éloignées l’une de l’autre qu’il y paraît. Lui cherche cette planche de salut de l’autre côté de l’Atlantique ; moi je la cherche dans la construction de l’Europe. Aussi bien culturellement que géographiquement, je vais au plus près. Sans compter qu’il vaut mieux s’associer à des égaux que se mettre dans la dépendance d’un super-puissant, dominateur par nature.
Je lisais dans « France-Soir » du 8 juin dernier une « tribune libre » de Michel Scarbonchi, secrétaire national du Mouvement républicain et citoyen présidé par Jean-Pierre Chevènement, souverainiste de gauche. Un vrai régal ! « Sous prétexte d’harmonisation – écrit Scarbonchi -, les maîtres de Wall Street et du FMI alliés aux eurocrates ont engagé l’Europe sur le toboggan du libéralisme économique et social ». C’est vrai. Mais ce toboggan étant en réalité un escalator, réjouissons-nous mes frères !

La victoire des hypocrites

« Comment nos élites de droite et de gauche – poursuit notre dévot marxiste – n’ont-elles pas vu la contradiction entre le développement accéléré d’une Union européenne engagée dans un modèle ultra-libéral et un système français fait d’étatisme, d’entreprises publiques, de services publics, de pacte social et d’exception culturelle ? »
Excellente question ! Ma réponse est qu’elles l’ont très bien vu, mais que, n’ayant pas le courage de reconnaître ouvertement que le libéralisme est le seul vrai facteur de progrès en tous domaines, elles ont été très heureuses de pouvoir, sous le couvert de l’Europe, le mettre en pratique sans rien changer à leurs discours. Et c’est ainsi que les socialistes européens sont, à l’instar de Tony Blair, devenus des libéraux masqués, dans le même temps que les Chinois adoptaient le capitalisme sans cesser de s’affirmer communistes contre toute évidence. Karl Marx s’en est retourné tant de fois dans sa tombe que nul ne sait plus s’il y est à l’envers ou à l’endroit ! Et je me demande si Chirac et Hollande ne crient pas « Europe sociale ! » en priant tout bas la Sainte Vierge qu’elle ne voie jamais le jour.
J’ai toujours pensé que la déesse Hypocrisie avait sauvé l’Europe du christianisme authentique, qui l’aurait menée au tombeau. Elle est en train de la sauver aujourd’hui du socialisme véritable, fils bâtard du précédent. Grâces lui soient rendues ! Mais ce serait tellement plus beau si cela se faisait dans la franchise et la loyauté ! Tellement plus efficace et plus solide aussi. Car, même lorsqu’il a choisi la bonne route en son for intérieur, l’hypocrite est bien obligé de faire quelques pas de côté pour donner le change à la cléricature dominante. De sorte qu’on est toujours à mi-chemin de tout et qu’on marche comme des crabes. Mais enfin, l’on avance tout de même…
C’est désormais la planète tout entière qui adopte le libéralisme et rien ne pourra retarder sérieusement ce choix irréversible. Tous les États, y compris le nôtre, devront abandonner peu à peu la manie vicieuse et ruineuse de l’interventionnisme économique.
Leur devoir sera néanmoins de réparer les inévitables dégâts humains engendrés, ici ou là, par la loi du marché. Ils auront avec cela bien assez à faire.

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Comments (4)

  • Stephane Répondre

    Cher Monsieur Lance, Je reagis ici a votre propos sur les souverainistes. A mon sens, etre souverainiste n’est pas etre oppose a la construction europeenne, contrairement a ce que veulent nous faire croire le PS, l’UDF et l’UMP. C’est croire au contraire que l’Europe est une chance pour la France, a condition justement qu’elle soit liberale et democratique. A mons sens, etre souverainiste c’est s’opposer a la mise en place (en cours) d’un super-etat federal centralisateur, issu du modele sovietique, ou les “commissaires” decident en dehors de tout controle democratique la regle qui doit s’appliquer a tous au mepris des differences socio-culturelles qui font la richesse de l’Europe. C’est croire qu’il y a une facon de travailler ensemble qui respecte les differences nationales et la liberte de decision des gouvernements representant les divers peuples europeens. C’est croire aux alliances dynamiques plutot qu’a l’impuissance qui nait de la recherche de l’unanimite. C’est s’opposer a l’ambition utopique mais reelle des euro-federalistes de creer une nation europeenne homogene et uniforme, de contraindre les peuples d’Europe a fusionner dans un grand magma le plus culturellement indefini possible. Etre souverainiste, c’est savoir et rappeller que la dictature bureaucratique ne mene pas a la liberte ou a une forme dynamique de liberalisme. C’est craindre de substituer un tyran proche et moribond (l’Etat Francais) pour un tyran lointain et puissant (le super-Etat federal europeen). Ceci etant dit, je suis d’accord avec vous : la liberalisation de la France, s’il elle advient un jour, se fera par et grace a l’Europe, car les “responsables” politiques francais ont jete l’eponge depuis longtemps. Mais il va falloir veiller au grain car le vent peut tourner rapidement a Bruxelles et le mantra du super-Etat federal devenir tres rapidement celui de l’Europe sociale si chere a Messieurs Chirac et Hollande. Stephane PS: un jour, j’aimerais bien comprendre ce que vous avez en tete lorsque vous ecrivez que le “christianisme authentique aurait menée l’Europe au tombeau”…

    21 juin 2004 à 8 h 57 min
  • AGAMEMNON Répondre

    La France essaie effectivement de “contaminer” l’union européenne, de diffuser ses vices (religion du “service public”, aide sociale démentielle, incitations à l’immigration, destruction du tissu productif, fiscalité confiscatoire, bureaucratie tatillonne, socialisation de fait des individus par la destruction de la propriété individuelle, etc.) à défaut de les maitriser. Si elle y parvient, ce qui n’est pas à écarter, l’Europe entière va être rayée de la carte dans la course à la compétitivité mondiale. La Chine, l’Inde, la Corée, le Brésil, etc. nous passerons devant en deux ou trois décennies, peut-être moins. Si elle n’y parvient pas, la France va devenir une “réserve” foncière pour les ressortissants des pays européens les plus entreprenants. Des zônes entières (Dordogne,Poitou, Lubéron) sont déjà en train de passer sous contrôle économique anglais, néerlandais ou allemand. A noter que ces deux hypothèses ne sont pas exclusives l’une de l’autre : au sein d’un ensemble en voie de tiers-mondisation (l’Europe), la France peut-être le dernier de la classe, et devenir une sorte de nord-est Brésilen… Reste une dernière hypothèse (peu probable, il est vrai): que les français prennent leur destin en main et jettent par dessus bord une fois pour toutes les vieilles lunes auxquelles ils sont, parait-il, si attachés et qui les ont ruinés: la retraite par répartition, la Sécurité sociale, les entreprises publiques, l’Etat omnipotent et impotent, les 35 H, la dictature de la rue et des syndicats.

    20 juin 2004 à 22 h 43 min
  • chevalier de la Liberté Répondre

    Il n’y a pas de contradiction entre atlantisme et européisme. Il faut faire de l’Europe un instrument de puissance et non de décadence. La tâche majeure de notre époque est de ramener le Vieux Continent à son apogée de l’an 1900, l’Europe de la reine Victoria avant le suicide de la 1ère guerre mondiale.Toutes les vieilles nations de l’Europe doivent s’unir pour devenir la plus grande puissance économique du monde et une lumière pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sous le joug de l’Islam. Les Etats-Unis sont ce que l’Europe aurait dû être. D’un côté de l’Atlantique l’Occident décadent, de l’autre ce qu’il serait devenu s’il n’avait pas été décadent.

    20 juin 2004 à 15 h 51 min
  • jacques furlainac Répondre

    Félicitation M. Lance, un autre excellent article. J’espère que vous avez raison et que les courant libéraux européens vont propulser la France vers une plus grande prospérité.

    19 juin 2004 à 18 h 30 min

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