Lendemain de fête douloureux après le plan de sauvetage européen

Lendemain de fête douloureux après le plan de sauvetage européen

Voilà quelques jours à peine, l’Europe entière a poussé un soupir de soulagement : les Etats membres de l’Union européenne s’étaient accordés sur un plan de 750 milliards d’euros afin de porter secours aux Etats les plus fragilisés –la Grèce, mais aussi le Portugal, l’Espagne, l’Italie, l’Irland, voire la Grande-Bretagne… –, les bourses étaient euphoriques, le pire semblait évité. Bravo, youpi.

Malheureusement, cet effet n’a pas duré, remarque Le Parisien du 15 mai : « Dans un second temps, les investisseurs ont manifesté leur inquiétude face à la propagation des plans de rigueur à travers l’Europe. L’euro est aussitôt reparti à la baisse face au dollar vers des records de plus de deux ans tandis que les bourses ont de nouveau dévissé. Ainsi, la messe n’a pas été dite : les pays «suspects» de la zone euro doivent durablement convaincre de leur solvabilité par un assainissement crédible de leurs finances mais aussi par des réformes en faveur de leur croissance économique, ultime gage en définitive de leurs recettes budgétaires futures. »

A défaut, le plan européen « ne ferait que repousser les difficultés », écrit notre confrère en constatant que nous sommes entrés « dans la troisième phase de la crise financière » après le krach immobilier aux Etats-Unis et la récession économique : « la crise des dettes publiques. » Cette nouvelle phase part d’Europe et menace la zone euro. Et la question se pose désormais de savoir si la monnaie unique tiendra.

Selon des informations du quotidien espagnol El Pais, rapportant des propos tenus par le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, Nicolas Sarkozy, lors de la réunion au cours de laquelle a le plan d’aide européen a été conçu, aurait menacé de « reconsidérer la position » de la France dans l’euro pour contraindre Angela Merkel à aider la Grèce. Le président français aurait aussi menacé de rompre avec la traditionnelle politique d’entente franco-allemande, qui pilote l’Union européenne.

Ces informations ont certes été démenties par les gouvernements allemand et français. Mais, vraies ou fausses, elle sont révélatrices de l’inquiétude ambiante. La sortie de la France de l’euro, le divorce du couple franco-allemand, deviennent ainsi des hypothèses crédibles.

La défaite idéologique du modèle économique et social européen

Pour les inconditionnels de l’euro, la crise doit conduire à faire un nouveau pas dans le sens d’une gouvernance économique, donc politique, de l’Europe. En somme, on rajouterait une couche d’eurocratie pour colmater la brèche.

Pourtant, le plan de sauvetage de la Grèce et de la zone euro est en lui-même un « échec politique », écrit Antoine Michel dans Monde et Vie : « La participation du FMI, à hauteur d’un tiers du mécanisme (250 milliards d’euros, ndlr) est un aveu de l’incapacité de la zone euro à se gouverner elle-même. Outre les facilités financières, c’est l’expertise du Fonds monétaire international dans l’élaboration et l’aide à la mise en œuvre des "plans d’ajustements structurels" (comprendre plan de rigueur et conversion brutale à l’économie de marché) qui a été recherchée par les négociateurs. Cette défaite idéologique du camp du modèle économique et social européen avait été pressentie par le gouverneur de la BCE, Jean-Claude Trichet. » (1)

Au moins, ce plan de soutien est-il crédible ?

Dans l’hebdomadaire Minute, François-Eric Helmedach écrit : « Arrêtons de nous voiler la face en pensant que le plan d’aide de l’Union européenne à la Grèce puisse changer quelque chose. Quel pays de la zone euro, lui-même en proie à des difficultés financières, endetté jusqu’au cou, prendra le risque de prêter à la Grèce un argent qu’il ne possède pas lui-même en allant le chercher sur des marchés déjà méfiants ? (…) Quand plus personne ne paye taxes et impôts, la fin de l’État est proche. Ce qui est arrivé à l’Argentine, la Suisse du continent sud-américain, est programmé pour la Grèce. La question n’est pas "si", mais quand. »

Le pire, qui non seulement ne peut pas être exclu mais n’est même plus improbable, serait que d’autre États, à commencer par le Portugal et l’Espagne, reproduisent le schéma grec. Que se passerait-il alors ?

Pierre Menou

(1) Dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Jean-Claude Trichet déclare que l’économie « se trouve dans la situation la plus difficile depuis la seconde guerre mondiale, voire depuis la première. »

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Comments (3)

  • BEAUD René Répondre

    un élève de primaire comprendrait que l’Euro ne peut pas tenir car ce dernier n’existe, sans harmonisation, que virtuellement donc n’existe pas vraiment.

    Sous ce vocable on a mélange des chous, des raves et des carottes etc…. (je veux  dire des systèmes économiques, fiscaux et autres…) on en a fait un paquet l’Euro; mais 2 chous + 3 raves + 4 carottes ça n’a jamais fait 9 sauf chez les érudis qui nous gouvernent.

     

    18 mai 2010 à 10 h 10 min
  • Blandine Panhard Répondre

    Général: votre lettre comble un vide, bravo. particulier: quand je clique sur”lire la suite”, j’ai une alerte sur les sites d’escroquerie, ce qui crée un doute immédiat sur l’opportunité de vous lire.

    18 mai 2010 à 10 h 05 min
  • ozone Répondre

    Deuxieme étage de la fusée….Le pognon "virtuel" va passer dans l’orbite des banques..

    17 mai 2010 à 21 h 12 min

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