L’épée brisée de la France !

L’épée brisée de la France !

 Si souvent invoqué pour des affaires mineures le principe de précaution ne s’applique plus lorsque l’avenir de la patrie est en jeu. Dans un monde de plus en plus dangereux et armé la France, comme l’ensemble de l’Europe, baisse la garde.

 La défense est étranglée d’abord par la réduction drastique de ses budgets : 3% du PNB en 1982, 1,7 en 2011, 1,56 en 2013 et maintenant l’hypothèse « Z » envisagée par Bercy et Matignon entend réduire jusqu’à 1,1%. Quand l’OTAN fixe comme objectif aux états membres un plancher de 2%. Bercy considère l’armée comme un poids lourd à alléger. Certain plan envisage de raboter son budget d’ 1 milliard par an dès 2014. L’objectif étant réduire de 30 milliards en 2013 à 20 en 2025.

Une telle réduction signifie : la suppression de 50 000 postes, la dissolution de régiments, la vente du porte-avion Charles-de-Gaulle, l’annulation de commandes d’hélicoptères Tigres et de deux sous-marins nucléaires Barracuda, l’arrêt de la chaîne de production des Rafale et des Airbus A400M, la fermeture des bases françaises à l’étranger, la réduction des budgets du renseignement.

Elle entraînera la perte définitive de compétences opérationnelles et industrielles au moment où de nombreux états menaçants les acquièrent, souvent grâce à nous.

 Mais la France ne sera pas seulement privée d’armes, le pays et même son armée sont aussi en passe d’être démilitarisés. Le militaire gène. Il croit aux vertus du courage physique et moral, de l’abnégation. Il entretient une conception héroïque de l’honneur. La singularité de l’armée dans l’appareil de l’Etat donne mauvaise conscience aux autres institutions. Elle n’est pas syndiquée ! L’antimilitarisme, qui anime ouvertement la gauche et discrètement une partie de la droite, pousse à réduire de plus en plus le périmètre de responsabilité des militaires

La démilitarisation de la France et de son armée est en route depuis trente ans :

Suppression des tribunaux militaires avec en corolaire la judiciarisassions des décisions opérationnelles. Les comptes rendus retours d’expérience (RETEX) précieux pour l’évolution des doctrines d’emploi sont édulcorés pour ne pas devenir des éléments à charge devant un tribunal incompétent.

Disparition de la conscription ;

Externalisations de tâches dites de support et de soutien ;

Rattachement de la gendarmerie au ministère de l’intérieur ; elle n’est plus une armée de l’intérieur dotée de compétences de police elle est devenue une police à statut militaire. Et la carrière de ses chefs peut se décider au Grand Orient.

Création des bases de défense qui réduisent les prérogatives de chefs de corps

 Le comité Théodule, dit du Livre Blanc, qui vient de rendre son rapport, a été créé pour des raisons économiques conjoncturelles, pour légitimer des abandons, bien plus que pour livrer une analyse originale de la situation internationale. Sa composition est une insulte à l’armée et à l’industrie d’armement. Ni militaires, ni ingénieurs jeunes parmi les « Experts ».

N’auraient ils pas été en mesure de rendre une copie plus innovante et plus réaliste que celle élaborée par une hétéroclite assemblée de notables. La présence parmi ces derniers de l’inspecteur général de la ville de Paris signifie-t-elle que le gouvernement envisage de reconstruire des forts autour de la capitale ?

 Après la lamentable défaite de 1870 l’armée avait été réorganisée sur la base de deux principes: subordination des services au commandement, permanence de l’organisation, sans distinction entre le temps de paix et le temps de crise. Deux principes de bon sens aujourd’hui oubliés. La distinction entre forces de combat et de soutien, chère aux bureaucrates des cabinets, est un non-sens paralysant. Combat et soutien ne font qu’un et doivent être dans la même main à l’entraînement comme sur le terrain. Les opérations, tant dans leur conception que dans leur conduite et leur soutien, exige l’unité de commandement. Elle seule permet de tirer le meilleur parti des hommes et du matériel, n’en déplaise à certains mandarins de haute volée, car elle est garante de la cohérence des décisions et la cohésion des unités.

Depuis plusieurs années, au nom de cette distinction entre opérations et soutien la hiérarchie militaire est de plus en plus dépossédée de postes de responsabilité. La pression politique et le lobbying corporatif des administrateurs civils s’allient pour tenter de cantonner les militaires aux domaines de la préparation et de la conduite des opérations. Cette évolution les écartera peu à peu de la préparation de l’avenir : définition des capacités opérationnelles et choix des équipements qui leur sont associés. La préparation des lois de programmation leur échappera. L’appétit des administrateurs civils étant insatiable, ils annexeront bientôt la gestion du personnel, recrutement et carrière …. Pour achever la destruction de l’armée le gouvernement enlèvera à ses chefs la responsabilité de la vie courante et des soutiens de toutes natures.

Ces militaires écartés sont pourtant les mieux préparés à assumer les missions régaliennes de l’Etat. Leur recrutement en effet ne se fait pas seulement sur des critères académiques comme celui des fonctionnaires civils. Les écoles militaires apprécient et développent les qualités morales et le caractère. Qui s’intéresse à la stabilité émotionnelle d’un élève de l’Ecole de la Magistrature ou de l’ENA ?

Dans le passé l’armée traditionnelle a fait preuve des qualités qu’on est en droit d’attendre d’elle : disponibilité de l’ensemble de ces composantes, loyauté envers le pouvoir politique, efficacité dans l’intervention. Souvenons-nous de mai 1968 où elle fut la seule à résister à la tourmente. A chaque exigence du pouvoir politique elle réagit « sans hésitations ni murmures », attitude à comparer à l’inertie de certains mammouths.

Aujourd’hui, quand la politique de défense commune est en hibernation, le sort de l’Europe aussi repose sur l’armée française, la seule encore crédible.

Les mesures déjà prises ou envisagées nous priveront des moyens d’une légitime défense et effaceront l’une des dernières références morales qui reste à la nation.

L’épée de la France sera à jamais brisée.

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Comments (1)

  • HOMERE Répondre

    Si le sort de l’Europe repose sur la France…on est mal barré!
    Avec une épée brisée et des pétards mouillés nous allons conquérir le 93 pays des Ifoghas et des djihadistes….mais,vaille que vaille,nos bouzins de la guerre de 14 poursuivrons leur immuable parade sur les pavés de la capitale devenue la place Tahrir de nos ambitions explosées par la volonté des sapeurs fossoyeurs de notre nation.

    14 mai 2013 à 15 h 25 min

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