Les libéraux aussi ont des raisons de voter « non »

Les libéraux aussi ont des raisons de voter « non »

Les « souverainistes », de droite et de gauche, ont des raisons de voter « non » au référendum du 29 mai. En effet, l’adoption de ce texte marquerait une nouvelle étape dans la construction d’un ensemble doté de la plupart des attributs d’un État fédéral, avec un président, un ministre des Affaires étrangères, un Parlement, un gouvernement (réparti entre le Conseil et la Commission) et avec des « lois », au lieu et place de ce qui n’étaient jusqu’à présent que des « directives ». Cependant, certains « souverainistes », qui mettent au-dessus de tout la « patrie » et la « nation », seront amenés à voter « oui ». Notamment pour deux raisons :
– Le Traité introduit un droit de pétition pouvant faire obligation, à la Commission, de présenter des propositions, dans un sens indiqué par l’initiative, sur toute question dans le champ de l’application de la nouvelle Constitution. Il faut pour cela qu’un million au moins de signatures de ressortissants de l’Union soit rassemblé (article 47-4).
– D’autre part, l’article 60, prévoit explicitement les conditions dans lesquelles un État-membre peut se retirer de l’Union. Alors que, jusqu’à présent, certains prétendaient qu’il n’était pas possible de « sortir de l’Europe ».
Les « libéraux », pour leur part, sont amenés à constater que la quasi-totalité des réformes économiques ayant poussé la France à se moderniser, en acceptant en particulier la mise en concurrence de ses entreprises dans le cadre d’un marché mondial, résultent d’initiatives européennes. Même exaspéré par la propension des autorités de Bruxelles à tout vouloir régenter et organiser, un libéral français peut difficilement ne pas rendre hommage au travail accompli, y compris par ces technocrates honnis.
S’il en était besoin, la présente polémique sur la directive Bolkestein et la libéralisation des services, démontreraient une nouvelle fois, où se trouvent les incitations à la concurrence et au progrès économique et où se situent les résistances à celles-ci.
Mais le texte qui nous est soumis ne concerne en rien, ou presque, l’approfondissement d’une politique économique européenne libérale. La directive Bolkestein a été introduite sous le régime du Traité de Nice. Le projet de Constitution n’y change rien. Mais, sur plusieurs points, à l’aune des critères habituels du libéralisme, ce projet nous paraît être une régression. Dans son article 3-3, ce texte comporte l’énoncé d’un certain nombre de principes, issus directement du funeste préambule de la Constitution française de 1946. Il y est question de développement durable, de plein emploi, de progrès social, de combat contre l’exclusion et les discriminations… Nos socialistes, toujours marxistes, ont beau parler d’une Constitution ultra-libérale, ce texte est imprégné de social-démocratie bien davantage que ne l’étaient les Traités de Nice ou de Maastricht.
D’ailleurs, si l’on veut bien sortir des limites de l’Hexagone pour écouter les débats qui se déroulent ailleurs sur cette question, on est amené à constater qu’ils sont fort différents. Par exemple, les partisans du « non » en Grande-Bretagne, pour beaucoup d’entre eux, avancent l’argument du déficit libéral de ce document.
Dans leur immense majorité, avec des nuances et dans des proportions variables, les électeurs français de droite sont à la fois souverainistes et libéraux. Ils aiment tous leur pays. Ils veulent tous pour lui un meilleur avenir, fait de progrès et de prospérité, et surtout d’espoir pour leurs enfants.
Dans la mesure où cet avenir passe par l’Europe, ils la veulent géographiquement définie, culturellement cohérente, politiquement claire et capable d’affirmer une certaine puissance. Or, le texte n’est satisfaisant sur aucun de ces quatre points. Rien sur les limites géographiques de l’Union. La crainte d’une extension jusqu’à l’Asie, via la Turquie, demeure fondée. Rien sur les origines culturelles de l’Europe, mais seulement un salmigondis figurant dans le préambule (« L’Europe unie dans la diversité »…). Une architecture de gouvernement complexe et certainement source, rapidement, de multiples difficultés : l’exécutif est partagé, et même morcelé, entre différentes autorités ; le Parlement contrôle les dépenses mais n’a pas de compétence en matière de recettes. Et surtout, avec ce Traité, un nouveau niveau de pouvoir s’installe, mais il ne fait que s’ajouter aux autres, en particulier, aux pouvoirs nationaux. Il y aura par exemple un ministre des Affaires étrangères, mais celui-ci ne disposera d’aucun ambassadeur…
L’Europe, nouvelle puissance mondiale, n’est pas inscrite dans ce document. Voter « non » est un moyen de remettre l’Europe sur les bons rails…

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Comments (14)

  • Adolphos Répondre

    Hem, Bolkstein, c’est une bonne chose. Contrairement à la “théorie” Marxiste, plus il y a de concurence, plus il a d’emploi. Nous ne devons pas avoir peur de la concurence. C’est grace (a cause) de la concurence que les salariés et les chefs d’entreprises sont obligés de se remettre en cause et de créer. Par ailleur cela augmente le pouvoir d’achat. Exemple : les USA qui ont une union douaniére avec le Mexique. Et 2% de chomage. Vive la concurence ! Vive Bolkstein ! Vive le Progrés !

    9 avril 2005 à 19 h 49 min
  • Jean-Yves MESNIL Répondre

    Qui a lu la constitution ? En fait les français font preuve de sagesse !

    8 avril 2005 à 18 h 55 min
  • sas Répondre

    Telle va leur “ripoublique”…mais n’ayez crainte si d’aventure cela tourne mal (refus de l’integration de la turquie et refus de la constitution) par les peuples nationaux…le grand pourfendeur de l’axe du “bien” W BUSH sectaire et protestant…nous gratifiera de quelques bombinettes , histoire de ralancer les constructions par des entreprises anglo-saxones…que les nations bronchent et le spectre de la SERBIE resurgiera , ce sera le même traitement. SAS

    7 avril 2005 à 18 h 00 min
  • sas Répondre

    Telle va leur “ripoublique”…mais n’ayez crainte si d’aventure cela tourne mal (refus de l’integration de la turquie et refus de la constitution) par les peuples nationaux…le grand pourfendeur de l’axe du “bien” W BUSH sectaire et protestant…nous gratifiera de quelques bombinettes , histoire de ralancer les constructions par des entreprises anglo-saxones…que les nations bronchent et le spectre de la SERBIE resurgiera , ce sera le même traitement. SAS

    7 avril 2005 à 18 h 00 min
  • Jean-Claude Lahitte Répondre

    En fait, les “libéraux” ont toutes les bonnes raisons de voter NON à un texte aussi abscons que ceux qui nous dirigent en France comme à Bruxelles. Des politiciens qui, se croyant sortis de la cuisse de Jupiter (ce qui ne les empêche pas de refuser toute base “déiste” au projet de Constitution, nous le montrent en nous privant du droit de comprendre un texte établi pour notre plus grand bien, pour plus de libertés, etc.par leur modèle énarchique, le grand, le seul, l’unique, le superintelligent, Giscard d’Estaing. Celuici, pas très sûr de son style ampoulé (mais non “éclairant”), avait essayé (sans y réussir apparemment) de faire réécrire sont texte par un académicien pour le rendre un peu moins inintelligible. Mais peut-être son confrère lui aura-t-il joué le mauvais tour de le rendre encore plus ardu pour montrer la fosse abyssale qui sépare les soi-disantes élites, des pauvres abrutis que nous sommes pour elles. Cordialement, Jean-Claude Lahitte

    7 avril 2005 à 14 h 32 min
  • Adolphos Répondre

    “L’Europe au Européens !” Excellent ! :) La gauche va tomber de haut avec ce slogan ! :)))

    7 avril 2005 à 11 h 54 min
  • souverainisme & démocratie Répondre

    NON parce que la France serait réduite à une simple région d’Europe NON parce que nous défendons notre agriculture,notre pêche, le petit commerce, l’artisanat… NON parce que cette CONSTITUTION prévoit la mort du monde rural NON parce que cette CONSTITUTION annonce l’Anglais langue UNIQUE ! NON parce qu’elle accélèrerait les DELOCALISATIONS ! NON parce que l’ULTRA-LIBERALISME causerait encore plus de CHOMAGE ! NON parce que la France ne maîtriserait plus sa politique étrangère NON parce que L’HOMME n’est pas au CENTRE de cette constitution des marchands! AVEC LES AMIS DU NON : 06 88 21 75 75 SD club de réflexion politique souverainiste président : JEAN-YVES METAYER

    7 avril 2005 à 9 h 54 min
  • Alborg Répondre

    Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres forumers, mais mon impression à moi qui ne suis vraiment pas spécialiste, est que les technocrates de Bruxelles cherchent à jouer sur les 2 tableaux dès qu’ils se sentent coincés par l’opinion: quand on leur reproche de “bâtir” une Europe impuissante qui n’est faite que de voeux pieux & de virtualités,on nous met en avant l’aspect CONSTITUTION. Mais dès que le vent tourne et que pointe le spectre de certaines décisions folles prises d’autorité (v. La Turquie, par ex.), alors on cherche à nous endormir en nous disant que ce n’est qu’un TRAITE – donc par-là même révocable à souhait… On dirait vraiment que les 2 sont vrais (d’ailleurs ne dit-on pas “Traité Constitutionnel” ?)… alors que cette expression que l’on cherche à nous faire avaler est un oxymore complet, c-à-d. contradictoire dans son énoncé même ! Plus que jamais pour moi la réponse est NON.

    5 avril 2005 à 23 h 21 min
  • JEAN YVES METAYER Répondre

    Membre du MPF et président de Souverainisme&Démocratie, je suis assez d’accord avec votre analyse. Les souverainistes veulent garder une économie libérale mais non ULTRA-libérale. C’est la raison pour laquelle nous refusons BOLKESTEIN ! Pour comprendre notre ligne:http://jedisnon.site.voila.fr je vous souhaite bon courage. Jean-Yves Metayer

    5 avril 2005 à 14 h 18 min
  • gil Répondre

    Incapables ,par manque de conviction et de courage politique,d’enrayer la déferlante migratoire,de garantir la sécurité,de s’opposer au communautarisme islamique,de protéger nos industries,notre agriculture et nos emplois,de libérer l’entreprise,nos dirigeants fonctionnaires cherchent par tous les moyens de renforcer les pouvoirs législatifs et judiciaires d’une Europe héterogène,pour la simple raison qu’elle devient de plus en plus le confortable alibi de l’irresponabiité et de l’inaction. Les gesticulations bruyantes autour d’une directive que tout le monde sait qu’elle n’aura aucune incidence sur les garanties sociales sont un écran de fumée qui cache l’abandon des prérogatives nationales. Voter oui ou non n’influence en rien la tendance actuelle qui se poursuivra ,hélas,sans l’accord des peuples.

    5 avril 2005 à 11 h 51 min
  • Bernard Laudon Répondre

    L’EUROPE DES EUROPÉENS. Tellement évident que c’est incorrect. Libérale, Souverainiste et Identitaire! Peut m’importe la France Souveraine si elle n’est plus la Patrie…la terre des pères. Bernard Laudon

    4 avril 2005 à 1 h 48 min
  • Adolphos Répondre

    En fait, pas besoin que ce soit écris dans une constitution pour faire une pétition et l’envoyer au parlement Européen. Par ailleurs le retrait d’un états n’est pas explicite dans Nice, donc il est implicite, et conformément au droit internationnale sur les traités : n’importe quel état peut se retirer deux ans aprés l’avoir demandé. Bref dans les deux cas ca nous fait une belle jambe que ce TCE.

    4 avril 2005 à 0 h 34 min
  • gpa Répondre

    En fait c’est assez simple ce NON? La Constitution ignorerait les Chretiens. Dieu n’a pas de place dans ce charabia. La Constitution serait contre la peine de mort. La Constitution approuverait le mariage entre homos. … Bonjour tristesse.

    3 avril 2005 à 18 h 00 min
  • Pierre Répondre

    Voici de bonnes raisons sans aucun parti pris politique de voter non: http://etienne.chouard.free.fr/Europe/index.htm

    3 avril 2005 à 10 h 07 min

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