L’euro, les parités fixes et la décroissance

L’euro, les parités fixes et la décroissance

Pour Michel Lacourt (n° 914), « une modification de parité de monnaies qui n’existent plus depuis 12 ans » fait partie d’une vision délirante de l’économie. Et, très courtoisement, il me compare à des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer…

Je suis totalement d’accord avec M. Lacourt sur un point : l’ancien franc français ou l’ancien mark allemand n’existent plus. Ils ont été remplacés en 1999 par l’euro. Mais, en 1999, les pays européens avaient le choix entre deux solutions :

1) Soit laisser le marché décider tous les matins des valeurs relatives des anciennes monnaies par rapport à l’euro. C’est le système dit des « changes flottants » utilisé dans certains pays, par exemple le Canada ou les USA. Ces pays sont formés de plusieurs États qui utilisent la même monnaie. Ils ont leur propre fiscalité et les gouvernements de chaque État modifient cette fiscalité en fonction des informations fournies tous les matins par le marché.

2) Soit donner aux gouvernements la responsabilité du choix de la parité en unissant leurs anciennes monnaies par une « parité fixe ».

Au mois d’août 1999, les 6 États européens fondateurs de l’euro ont choisi ce système. Les anciennes monnaies ont donc disparu, mais elles sont liées à l’euro par une valeur choisie au moment de sa création. Ce n’est donc plus le marché qui détermine tous les matins la valeur relative des monnaies.

Avec la parité fixe, quand un Français achète une voiture ou un ordinateur fabriqué en Allemagne et le paye en faisant un chèque ou en utilisant sa carte de crédit, sa banque applique automatiquement la parité fixe unissant les deux anciennes monnaies. Elle est donc utilisée sans arrêt.

Par contre, si ce Français tire de sa banque française des euros, franchit la frontière et fait le plein de sa voiture en Allema­gne ou en Belgique, sa banque n’intervient plus et la parité fixe liant le franc français au mark allemand ou au franc belge n’est plus appliquée. Les charges pesant sur l’essence en Belgique étant moins importantes que les charges pesant sur l’essence en France, ce Français fera des économies.

Notons enfin que, pour montrer aux électeurs que le choix des parités fait en 1999 par les 6 États européens créateurs de la monnaie unique était sérieux, cinq décimales ont été choisies. Ainsi, un euro vaut 6,55957 francs français et 1,9558 mark allemand. Un mark vaut donc 3,354 francs.

Depuis 1999, 17 États ont choisi d’entrer dans la zone euro. Le 8 juillet 2013, la Lettonie fut la dernière à le faire, en abandonnant son ancienne monnaie. La parité choisie fut de 0,702804.

Les anciennes monnaies n’existent plus, c’est exact. Mais les pays européens ont choisi une parité fixe qui, elle, existe toujours et n’a pas été modifiée depuis 1999. Alors que les coûts de productions français augmentent plus rapidement que les coûts de production allemands. De plus de 1 % par an. Les prix français sont donc supérieurs de plus de 15 % aux prix allemands. Et la situation s’aggrave tous les jours un peu plus.

Au lieu d’affirmer que je suis le seul économiste à proposer une modification des parités fixes liant les anciennes monnaies, M. Lacourt devrait lire les excellents ouvrages de Milton Friedmann ou de Jaques Rueff…

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Comments (9)

  • BRENUS Répondre

    La question de l’euro comme monaie UNIQUE est devenue cruciale de nos jours, si elle ne l’était pas au moment de sa mise en place et des parités décidées alors. Il ne me semble pas nécessaire de se qualifier d’économiste pour admettre une évidence criante : un pays – le notre, par exemple- qui a bien dévissé mais reste accroché a une valeur absolue qui est celle de son voisin plus puissant et en bon état au plan de l’équilibre commercial alors que lui même est en constant déficit est de fait virtuellement “dévalué” . Si cela ne ressprt pas immédiatement, son écart négatitf ne fera que grossir. Et sans mesure de correction quelconque que pensez vous qu’il puisse faire. Si les choses s’agravent et que les allemands fatigués d’être les cautions permanentes de cigales insouciantes retirent leurs billes en reprenant la DM, ceux qui resterons a l’euro constitueront une belle association d’aveugles et de paralytiques. Et les idées monétaires du FN ne feront alors pluis rire personne car la véritable dévaluation est déjà dans les faits. Elle est seulement masquée pour encore quelques courts temps. Pour reprendre la formule US nous pouvons dire “c’est quand la mer se retire que l’on voit qui sont ceux qui se baignent tous nus”.

    4 novembre 2013 à 1 h 39 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      C’est une évidence …

      Cependant la dévaluation est comme l’a dit je ne sais plus qui, un impôt sur les pauvres et sur tous ceux qui ne peuvent pas ou qui ne peuvent plus ” adapter ” leurs revenus à la perte de la valeur de leur monnaie
      La seule et unique solution pérenne consiste en ce que un budget soit en équilibre et si possible même bénéficiaire ( ainsi, la R.F.A. perçoit trop d’impôts ! )

      La dévaluation qu’est ce sinon casser le thermomètre ?

      … et c’est bien la raison pour laquelle tous les partis idéologiquement ” étatiques ” , ce qui revient à à dire ceux qui laisseraient filer la dette , sont pour une dévaluation, de D.L.R. au F.N.,ceci par la baguette magique d’un retour à une monnaie ” nationale ” qu’ils contrôleraient , puisque c’est là le moyen étatiquement le plus ” simple “

      5 novembre 2013 à 18 h 25 min
  • 0094917 Répondre

    J’ai fait quelques fautes de frappe, veuillez m’en excuser

    2 novembre 2013 à 11 h 06 min
  • 0094917 Répondre

    M Trémeau, c’est justement votre problème nous ne sommes plus en 1999, mais en novembre 2013 (ce n’est pas fô). M Lacour a parfaitement raison et vous occupez une place dans LES 4 VERITES que je ne vous accorde plus, mais que je paie. J’apprécie le lire les réflexions de personnes qualifiées et non les niaiseries d’un médecin qui s’ennuie à la retraite. D’autre part, le fait de vous affubler du titre d’économiste alors que vous n’avez pas cette qualification, est puni par le code pénal à l’article 313.

    Cela fait 2 ou 3 ans que j’ai mentionné votre « délire » sur la modification des parités fixes des monnaies constitutives de l’euro. Pour en finir définitivement, je reprends votre exemple complètement faux qui démontre à lui seul votre incompétence en matière monétaire, car il s’ait de moyen de paiement et non d’économie. Vous dites : « Avec la parité fixe quand un Français achète une voiture en Allemagne et paye en en faisant un chèque ou en utilisant sa carte de crédit, sa banque applique automatiquement la parité fixe unissant les deux aniciennes monnaies », pouvez-vous nous démontrer qu’elle est la différence avec « Par contre, si le Français tire de sa banque française des euros, franchit la frontière et fait le plein en Allemagne, sa banque n’intervient plus et la parité fixe …n’est plus appliquée ». Cela vaut un ZERO triplement pointé. Réfléchissez avant d’écrire môsieur le médecin. En effet, ce Français qui aurait payé avec sa carte de paiement (et non sa carte de crédit, encore une erreur) aurait eu le même débit que les euros qu’il aurait tiré préalablement.

    Pour en finir, môsieur le médecin-en-retraite-et-qui-s’ennuie, changez donc la parité de l’ancien franc (6,55957 pour un euro) et celle de l’ancien deutschemark (1,95558 pour un euro) en disons 8 anciens francs pour un euro ? Qu’est-ce que cela changerait au nombre d’euros qu’un Français doit débourser pour l’achat de sa voiture allemande ou de son litre de carburant en Belgique ? Rien du tout, mais vraiment rien du tout.

    Pour les USA et le Canada, votre « délire » monétaire est le même, les 50 états américains ont le dollar comme monnaie unique et non comme monnaie commune (lire la Constitution ratifiée en 1788 comprenant, sept articles et vingt-sept amendements)et le Canada itou pour ses 10 provinces (articles 91, 92 et 93 de la Loi constitutionnelle de 1867) et vous dites : « Ils ont leur propre fiscalité et les gouvernements de chaque état modifient cette fiscalité en fonction des informations fournies tous les matins par le marché ». Ah bon ! Cela doit être autrement plus schizophrénique qu’en France, si tous les matins la fiscalité change. Réfléchissez un minimum.
    Par contre, M. Lacour vous avez noté, comme moi, un infléchissement, il distingue maintenant les parités fixes des changes flottants, ce qui n’était pas le cas il y a environ deux ans.
    M. Trémeau, vous écrivez « au lieu d’affirmer que je suis le seul économiste … » que vous attribuez à M Lacour., relisez le n° 914, M Lacour écrit : « il se demande encore pourquoi il est le seul en France à évoquer ce sujet…aucun économiste (ce que lui n’est pas du tout)… ».
    J’ajouterai qu’un changement de parité est totalement inutile, sauf comme je l’ai écrit, à avoir opté pour une monnaie commune : l’euro et en conservant les monnaies nationales, voir mon billet sous le titre « Les monnaies n’ont pas à être régulées ! » du 4 juillet 2012.

    Votre problème est que vous n’êtes pas économiste et encore moins monétariste, et sans méchanceté (au cas où vous le preniez mal) profitez de votre retraite. Comme le chantait John Lennon : Pendant ce temps là, votre vie s’écoule ».

    2 novembre 2013 à 11 h 03 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      Le bon Docteur Bernard Trémeaux semble confondre depuis toujours l’euro avec l’écu et cela je le constate depuis que je suis sur le site des ” 4V² ”
      Pouvez vous lui expliquer une bonne fois pour tout la différence entre ces deux ” monnaies ” européennes
      Merci, car cela servira aussi à beaucoup de gens … et soyez indulgent, car vous savez aussi bien que moi que le vote du citoyen en démocratie ne se fait que rarement en connaissance de cause(s) , mais surtout sur un coup de ” passion “

      3 novembre 2013 à 13 h 37 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    Même dans un Etat ” capitaliste ” ce ne sont pas les ” marchés ” ( la Bourse ) seuls qui déterminent la fiscalité des Etats … celle ci est adaptée en fonction de paramètres économiques et politiques nombreux ; on peut citer : le niveau de l’investissement, la balance commerciale, les intérêts de la dette plutôt que la dette elle-même, le parti au pouvoir, la création de monnaie ( liquidités ) , les taux d’escompte etc …

    31 octobre 2013 à 20 h 21 min
    • quinctius cincinnatus Répondre

      je devrais ajouter que les Bourses sont, quand cela leur est profitable, régulièrement manipulées par les puissances financières

      1 novembre 2013 à 8 h 57 min
  • BAYLE Répondre

    Il est totalement illusoire de vouloir changer les parités entre les ex monnaies de l’Euro aujourd’hui. Soit on supprime l’euro et chaque pays revient à ses ex monnaies et là, certains pays dévalueront, la France en particulier, d’autres, réévalueront, l’Allemagne certainement.
    Mais tant que l’euro existe, je ne voit pas comment on peut revenir sur les parités, au lieu de rabâcher sans arrêt ce discours, j’aimerai bien que l’auteur nous explique comment, concrètement cela pourrait se faire !

    31 octobre 2013 à 8 h 56 min
  • Roban Répondre

    ” M. Lacourt devrait lire les excellents ouvrages de Milton Friedmann ou de Jaques Rueff…”
    J’espère qu’après les avoir lu il aura compris, moi, sans les avoir lu j’ai compris !

    30 octobre 2013 à 22 h 04 min

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