Merkel : nette victoire de l’ouverture… à droite

Merkel : nette victoire de l’ouverture… à droite

Malgré les sondages qui lui prédisaient (en France, du moins…) un revers électoral ou une victoire à la Pyrrhus, Angela Merkel vient de remporter triomphalement les élections législatives.

Le parti conservateur, la CDU, réunit autour de 33,5 % des suffrages et son allié le FDP (parti libéral) autour de 14,5 %. Au total, un peu plus de 330 des 622 sièges que compte le Bundestag devraient échoir à la nouvelle coalition.
Mais surtout, le principal adversaire de la CDU, le SPD, enregistre une défaite électorale sans précédent : seulement 23 % des suffrages. Plus inquiétant encore pour les sociaux-démocrates, l’extrême gauche (Die Linke) a fédéré 12,5 % des voix et n’est distancée par le SPD que d’une vingtaine de sièges.

Naturellement, les commentateurs français commençaient, dès lundi matin, à établir des comparaisons hasardeuses avec la situation française.
La coalition sortante SPD-CDU avait été naguère le modèle de François Bayrou au cours de la campagne présidentielle de 2007. Pour le dirigeant centriste, le gouvernement allemand prouvait qu’une majorité droite-gauche pouvait parfaitement diriger un pays et que, par conséquent, son « ni droite, ni gauche » était l’avenir.

Dans une logique assez voisine, Nicolas Sarkozy a développé lui aussi une « ouverture à gauche », persuadé que cette ouverture démobilisait l’adversaire, mais sans se préoccuper d’un accord sur le programme.

En réalité, le cas Merkel est très différent du cas français. Si le SPD est si mal en point, c’est que, appartenant à la coalition gouvernementale, il a cautionné la politique conservatrice et libérale d’Angela Merkel. Tout est là. Le problème n’est pas l’ouverture à gauche. C’est que cette ouverture ne se fait pas sur l’adhésion à un programme.

Car, contrairement à ce que Bayrou croyait, la coalition SPD-CDU n’était absolument pas une coalition « ni droite, ni gauche ». C’était un gouvernement chargé de mener les réformes urgentes pour sortir le pays du marasme. Les dirigeants du SPD (fort différents en cela de ceux du PS…) avaient eu le courage de s’associer à cette politique de réforme. Et, surtout, Angela Merkel n’avait en rien « adouci » son programme pour donner l’illusion d’une politique centriste.

Dans cette mesure, oui, le cas allemand peut nous servir d’exemple : une union de personnes d’origines politiques différentes sur un ambitieux programme de réformes, voilà effectivement ce qui manque cruellement de ce côté-ci du Rhin !

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Comments (3)

  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Encore un petit commentaire avant que l’article ne disparaisse.
    Angela Merkel a enfin les coudes libres pour accomplir des réformes qui étaient impensables sous la grande coalition. La diminution des charges des entreprises et la diminution des impôts vont permettre à l’Allemagne de redémarrer. En Fance on préfère faire des dettes, cela fait tellement tendance…
    Le travail à temps réduit (Kurzarbeitszeit) permet de maintenir beaucoup de PME allemandes en état de fonctionnement. Essayez de faire quelque chose de similaire en France et vous verrez la réaction brutale des syndicats français. En France les syndicats sont tellement bornés qu’ils préfèrent laisser crever une entreprise plutôt que la laisser survivre, tout cela au nom de principes débiles.
    En Allemagne les syndicats sont participatifs, en France ils sont surtout revendicatifs. Le fait est qu’il n’y aura bientôt plus rien à revendiquer, ce qui posera un problème existentiel à ces syndicats.

    6 octobre 2009 à 13 h 36 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Il faut espérer qu’Angela Merkel s’occupe sérieusement de l’agité de Neuilly et lui inculque quelques notions d’économie et de politique. Elle a bien réussi à apprivoiser la SPD et son vice-chancelier FW.Steinmeyer. Le cas échéant G.Westerwelle sera là pour superviser ce dressage.
    PS: le petit Napi n’a qu’à bien se tenir!

    4 octobre 2009 à 16 h 05 min
  • Delgado Répondre

    C’est exactement ce qui s’est passé en Nouvelle-Zélande,  avec un redressement spectaculaire, suite à la courageuse entreprise de démolition de l’emprise des syndicats du secteur public sur l’économie et à la dénonciation de leur rôle dans la  paralysie économique du pays. Ceci, mené en parallèle avec un encouragement et un retour des fonds publics gaspillés et mal utilisés vers le secteur privé, qui a mené tout le redressement du pays (poste, transports, télécommunications, enseignement…), tous les secteurs publics ont été passés au "karcher" des réformes, indispensables sou péril de voir le pays couler complètement. Initiative couraguese, menée par le gouvernement travailliste tout fraîchement élu à l’époque, et racontée par son ex-ministre de l’économie de l’époque, lors d’une conférence organisée à Paris  par "Liberté Chérie", juin 2008.
    Conclusion de la conférence, tirée par l’ex-ministre (conférnecier) lui-même, sur demande d’un des membres de "Liberté Chérie" : que pensez-vous, à la suite de cette expérience de gouvernement, M. le Ministre, de la "droite" et de la "gauche", qu’est-ce-celà siginifie pour vous ?
    Réponse du conférencier : j’ai vécu une expérience inoubliable (au gouvernement de l’époque…), très enrichissante sur tous les plans, et à la suite de celà, bien qu’étant totujours défini "travailliste", j’avoue que le distinguo "gauche-droite" ne représente plus rien pour moi, que des mots, des mots vides de sens…
    Totu ce que je vois d’important dans la politique, c’est une bonne gestion des deniers publics, le reste n’est que racontards, sans aucune prise sur le réel, tel que vécu tous les jours par le peuple…, et en particulier par les plus nécessiteux…

    2 octobre 2009 à 10 h 28 min

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