Naufrage de l’Europe politique

Naufrage de l’Europe politique

( NOUVEAUTE Commander en avant premiere le prochain livre de Guy Milliére : Qui a peur de l’islam ? Le XXIe siècle sera-t-il musulman ? ) SORTIE LE 4 MARS 2004

L’échec de la conférence consacrée à la constitution européenne voici quelques semaines pourrait bien ne pas être un simple contre-temps, mais le signe qu’une période s’achève, et que des lézardes très visibles se transformeront en fractures.

La crise couvait, en fait, depuis des mois. Les positions anti-occidentales prises par la France au printemps 2003 lui ont permis d’entraîner l’Allemagne dans son sillage, mais ont été très mal vécues par nombre d’autres pays déjà présents dans l’Union Européenne, Espagne, Italie ou Royaume-Uni, et par la plupart des pays qui vont y entrer. Les remarques arrogantes de Jacques Chirac vis-à-vis des dirigeants polonais et tchèques ont laissé une sensation de mépris à des pays qui, sortis depuis dix ans à peine du pacte de Varsovie n’entendent pas passer de la domination par le grand frère soviétique à la domination par un grand frère français. Le fait que la France et l’Allemagne se soient autorisées à sortir du pacte de stabilité, alors que nombre de petits pays ont fait des efforts considérables pour respecter celui-ci, a achevé de mettre le feu aux poudres. L’espoir d’une Europe caporalisée où tout le monde serait en rang derrière le couple franco-allemand est moribond. J’aurais tendance à penser qu’il sera peu à peu enterré, et c’est à mes yeux une bonne chose.

On parle encore de noyau dur, je sais, de fusion graduelle entre la France et l’Allemagne qui constitueraient ainsi la pointe avancée du « projet européen » et le moyen de sauver la face. Je dois dire que je ne crois pas beaucoup à cette « pointe avancée ». En France même, au temps où le projet de constitution de l’Europe politique n’était pas encore à terre, celui-ci était si impopulaire que la classe politique envisageait de l’adopter sans demander l’avis des électeurs. En Allemagne, où la situation économique et financière est préoccupante, une part croissante de l’opinion est gagnée elle aussi par l’euroscepticisme et voit de plus en plus d’un mauvais œil un fonctionnement européen où l’Allemagne est le plus gros contributeur financier et où la France, par le biais de la Politique Agricole Commune, est l’un des plus gros bénéficiaires. Si l’Allemagne devait en venir à considérer que l’argent allemand devrait servir l’économie allemande davantage que l’agriculture française, des conséquences lourdes s’ensuivraient. Outre la cassure du noyau dur, la France verrait descendre dans la rue des milliers de paysans et connaîtrait une déstabilisation profonde.

Face à ce scénario, les États-Unis, qui se réjouissent déjà du (salubre) échec de l’Europe politique, devraient mener une politique de renforcement des alliances transatlantiques avec les pays d’Europe occidentale qui sont d’ores et déjà des alliés de l’Amérique. Ils devraient aussi renforcer les liens avec les pays d’Europe centrale tels que la Pologne, la République tchèque, la Hongrie et les pays baltes qui voient dans l’OTAN la structure la plus adéquate pour assurer leur défense. Une Allemagne retrouvant des moyens financiers pourrait se voir pardonner ses égarements passagers : les dirigeants de la CDU ont fait savoir plusieurs fois que si le choix devait se faire, ils préféraient être le partenaire des États-Unis que celui de la France.

De l’échec de l’Europe politique sortirait ainsi un renforcement de l’alliance occidentale. La France se retrouverait isolée et face aux conséquences de ses actes. Ce serait juste : on ne peut préférer l’alliance avec des dictateurs arabo-musulmans à l’alliance avec les grandes démocraties du monde, sans retour de manivelle. Ce serait salutaire aussi : il faudra bien que les Français finissent par voir vers quelles impasses tragiques les entraînent des dirigeants mégalomanes, cyniques et dévoyés. Il serait temps que le peuple français sorte de ce mélange d’hypnose collective et d’inquiétude suicidaire dans lequel il gît à présent.

Ce serait douloureux, je sais. Quand l’enlisement a été long, quand les compromissions douteuses ont pu proliférer largement, seule une thérapie de choc est susceptible de permettre un éventuel rétablissement.

Je préfère, tant qu’à faire, la thérapie de choc à une longue agonie où l’on administre au malade des doses régulières de psychotropes pour qu’il ne s’aperçoive pas qu’il va mourir. Au printemps dernier, je conseillais aux États-Unis de sanctionner la France aux fins que celle-ci ait une chance de se ressaisir et de cesser de se comporter comme un État-voyou. Les sanctions américaines sont venues peu à peu. S’y ajoutent le naufrage de l’Europe politique et une perspective d’isolement pour la France. Le temps de la thérapie de choc va peut-être venir.

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Comments (7)

  • Anonyme Répondre

    God Damn FASCISTS!,USA don’t need your support!,We need true DEMOCRACY ,not damned Republicand(read Fascists).

    26 octobre 2007 à 6 h 34 min
  • Renne Du Champs Répondre

    It’s terrible! all the new FASCISTS!,you need to get in touch with REALITY! today and always.

    26 octobre 2007 à 6 h 32 min
  • cable hogue Répondre

    ‘ Je préfère, tant qu’à faire, la thérapie de choc à une longue agonie où l’on administre au malade des doses régulières de psychotropes pour qu’il ne s’aperçoive pas qu’il va mourir. ‘ C’est faire preuve encore d’optomisme. Bravo! Mais je crois que le malade et une bonne partie du corps soignant prefere la solution psychotropique. La France et toute l’ Europe en fait, est tout simplement fatiguees de vivre. Maladie longtemps deja diagnostiquee par Nietzsche.

    19 février 2004 à 2 h 49 min
  • Adolphos Répondre

    Ce n’est pas plutôt la devise de Richelieu ?

    18 février 2004 à 18 h 01 min
  • jean baptiste C. Répondre

    Pro rege saepe, pro patria semper. (Pour le roi souvent, pour la patrie toujours.) devise de Jean-Baptiste Colbert ps : OUI pour la patrie toujours, SI le roi ne trahi pas sa patrie et ses sujets…

    16 février 2004 à 22 h 09 min
  • Adolphos Répondre

    “Au printemps dernier, je conseillais aux États-Unis de sanctionner la France aux fins que celle-ci ait une chance de se ressaisir et de cesser de se comporter comme un État-voyou.” Tssss.. Pro Patria Semper !

    16 février 2004 à 11 h 50 min
  • hussein dey Répondre

    “Je préfère, tant qu’à faire, la thérapie de choc à une longue agonie où l’on administre au malade des doses régulières de psychotropes pour qu’il ne s’aperçoive pas qu’il va mourir.” / dixit votre texte. Cher monsieur Millière je partage grandement vos idées, mais m’interroge sur cette stratégie de vouloir punir un pays et une opinion publique française déjà grandement partagée… ? (il y a effectivement un an c’était 25 % de français qui étaient pour l’intervention américaine, mais aujourd’hui ce nombre a grandi car les gens intelligents comprennent désormais ) Que l’Amérique ne se trompe pas dans sa “punition”… Car punir les irréductibles OK ! mais ne pas faire le distingo dans notre population c’est d’apres moi dangereux a moyen terme et long terme pour eux aussi…( ce pays c’est déjà de lui même puni, et la vraie force c’est pour citer qui vous savez : le pardon ) Amicalement to you. ps : il faut aussi a propos de la Pologne ( qui a pris de gros risques ) que l’Amérique renvoie l’ascenseur, ce qui est pas tout a fait le cas actuellement avec ce pays…

    15 février 2004 à 12 h 32 min

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