Revenir au Marché Commun et y accueillir la Turquie

Revenir au Marché Commun et y accueillir la Turquie

La demande d’adhésion de la Turquie, au moment où l’Europe doit se prononcer sur la constitution européenne, agite fortement le monde politique Français. Cette demande soulève en effet des problèmes économiques, politiques, religieux ou démographiques majeurs.
• Sur le plan économique, il existe un marché commun soumis aux lois de la concurrence. L’adhésion de la Turquie risque de perturber ce Marché du fait de deux réalités économiques. Le niveau de vie des Turcs est bien inférieur au niveau de vie des autres pays européens. L’outil de travail et les salaires dont les Turcs disposent sont bien inférieurs à ce qu’ils sont en France. L’Allemagne de l’Est n’a pas encore fini de résoudre cet énorme problème. La libre circulation des hommes poussera les Turcs à venir habiter en France, alors que la libre circulation des capitaux poussera nos investisseurs à construire leurs usines en Turquie. Les déséquilibres économiques français risquent d’être encore accentués.
Mais il n’est pas interdit de rêver. L’arrivée de la Turquie ouvrira peut-être les yeux des hommes politiques français, qui comprendront qu’il faut rendre compétitifs et la France et ses entreprises.
• Avec la constitution européenne, Giscard propose de créer un super État européen. Il propose en particulier la création d’un ministre des affaires étrangères européen. Or, déjà aujourd’hui, chaque nation européenne a, sur tous les problèmes de politique étrangère, une position très personnelle. Certains pays sont par exemple favorables à la guerre américaine en Irak, d’autres comme la France y sont opposés. La prise en charge par le Ministre européen de la politique étrangère de la Turquie, impliquée en Irak avec les Kurdes, apparaît comme utopique.
L’Europe à 25 unit dans un marché commun des peuples différents. Certains n’ont pas connu la chape de plomb communiste, d’autres l’ont subie pendant 50 ans. Il est normal que leur vision de l’idéal politique soit totalement différente, alors qu’ils sont tous heureux de profiter des avantages du Marché Commun : la paix et la richesse en prime. La construction politique d’un super état européen apparaît aujourd’hui comme bien trop prématurée.
Laissons d’abord les Européens échanger entre eux leurs marchandises et leurs idées. Laissons-les apprécier toutes leurs différences et modifier de façon pragmatique, au coup par coup, leur façon de vivre, sans imposer quoi que ce soit à qui que ce soit.
• Sur le plan religieux, la religion musulmane fortement dominante et vigoureuse en Turquie s’oppose à la religion chrétienne en déclin et de moins en moins dominante en Europe. Pour beaucoup de Français, et à juste titre, les violences qui ensanglantent actuellement le monde ont un lien avec la religion musulmane. La dynamique de la religion musulmane, qui pousse les Musulmanes à mettre un voile provocateur ou les jeunes beurres des banlieues à narguer la police, est déjà ressentie par beaucoup comme trop envahissante. L’entrée massive de musulmans qui savent ce qu’ils veulent dans une Europe politique qui ne sait plus ce qu’elle veut ne semble pas préparer un avenir radieux.
• Sur le plan démographique enfin, la fécondité des Musulmans est encore bien supérieure à celle des non musulmans. L’évolution démographique risque de rendre un jour majoritaire les populations d’origine musulmanes et leur façon d’envisager la politique.

Aujourd’hui, un choix très important doit être fait par les Européens. Soit nous construisons un super-état européen avec toutes les contraintes politiques, fiscales ou sociales que cet État implique, et l’arrivée de la Turquie dans un tel État apparaît comme une folie. Soit, chaque État restant totalement indépendant, nous améliorons le Marché commun qui les unit. Pourquoi alors ne pas inviter la Turquie, la Tunisie ou l’Ukraine ? Plus le Marché est vaste, plus la concurrence est forte, plus la richesse de la population augmente.

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Courrier
…Pour corriger la loi Galland, on élabore une nouvelle loi, tout en sachant parfaitement – mais chut ! – que cette dernière, forcément, va provoquer autant, sinon plus, de dégâts que la première… Car, en France, il est avéré que l’on se défie comme du diable de l’idée même de liberté qui, hélas, pour nombre de nos compatriotes manipulés par une propagande d’un autre temps, apparaît finalement comme l’expression la plus achevée de la servitude…
Philippe Robert, [email protected]

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Comments (6)

  • Ktorza Répondre

    M. Trémeau, bonjour, Je m’appelle Ronny Ktorza, j’ai 21 ans et j’écris un énième article sur ce site que je commence à affectionner tout particulièrement. Votre petit éditorial m’a intéressé car il concerne un sujet “brûlant”: la Turquie. Je sais que la plupart des hommes politiques sont hostiles à l’entrée de ce pays dans l’Union Européenne. Je pense aussi que la Turquie ne pourra pas y adhérer si l’Europe veut se doter d’un super-Etat. Toutefois, comme vous, je suis très sceptique sur la construction européenne actuelle: on s’éloigne de plus en plus des principes fondamentaux du Traité de Rome pour se diriger vers une “Europe à la Française”; j’ai beau être français, cela ne m’empêche pas d’avoir de la répugnance pour son modèle et je pense malheureusement que mon pays n’exerce pas une très bonne influence sur le continent. Certains croient qu’un “non” au référendum permettrait d’affaiblir notre place: je suis très réservé car d’autres Etats vont probablement voter “non” (République tchèque, Royaume-Uni,…). D’ailleurs, en République tchèque, le Président, libéral reconnu, s’oppose ouvertement à la Constitution et quand on sait l’impact que peut avoir la position de Klaus dans son pays, on peut alors se permettre d’en tirer des conclusions hâtives sans risque de se tromper… Pour en revenir à la Turquie, comme vous, je soutiens son entrée à condition de changer fondamentalement les orientations de l’Union Européenne: non à l’Europe de Maastricht et de Delors et oui à l’Europe de Rome et de Thatcher!

    22 avril 2005 à 0 h 46 min
  • Guillermo Répondre

    A priori cette argumentation s’impose. D’abord Giscard (l’homme politique le plus technocratique du monde) a toujours fantasmé sur un super Etat européen et sur le fait d’en être le président. Quoi qu’il en soit, il n’a jamais l’aval du peuple et presque tout ce qui est pensé par lui capote aussitôt; ses partisans se consolent en disant qu’il est trop intelligent pour être compris par la masse. Faut savoir que s’il a une vue aussi européenne c’est juste pour laisser sa trace dans l’histoire, juste pour l’épitaphe sur sa tombe : père de la constitution européenne, à défaut d’avoir pu en être le super-président. Giscard n’est d’ailleurs collectif que lorsque l’Histoire l’arrange. Son tempérament et sa vanité ne le poussent pas à être un coopérant : qu’on se rappelle quand il est allé négocier avec Brechnev sur le retrait des troupes en Afghanistan, dans le dos de tous les autres pays chefs d’Etat européens. Personnellement je verrai d’un très mauvais oeil que Giscard ait un tel rôle dans l’Histoire. C’est lui qui a démarré la chute de notre nation, qui a fait venir Mitterrand alors que ce dernier était haï par 50% des Français qui s’attendaient à voir les chars russes sur les Champs Elysées, qui s’est comporté comme Louis XIV en faisant déplacer la moitié des préfets, ceci sur injonction de sa femme qui n’avait aucun rôle officiel. Egalement il a fait voter des lois complètement sexistes en matière de droit familial (lois d’ailleurs tellement ubuesque que c’est la gauche qui les a supprimées par la suite !). C’est surtout lui QUI EST LE PERE DE L’IMMIGRATION EN AYANT AUTORISE LE REGROUPEMENT FAMILIAL. Cerise sur le gâteau, il a hébergé Khomeyni, ayant senti que le vent de l’Histoire avait tourné pour reprendre ses propres termes. Au plan économique, il a réduit tout notre tissu artisanal, l’avenir selon ce monstre technocratique ne passant que par les très grosses entreprises; pour lui tous les pays européens devaient se spécialiser dans un ou plusieurs domaines : voitures et tourismes pour la France, pèche pour l’Espagne etc … Il n’en reste pas moins qu’un super Etat aurait sûrement l’avantage de nous donner plus de démocratie en réduisant fortement la marge de manœuvre de nos dirigeants dans un pays où les magouilles, démagogies et dérives se justifient par . Dans une démocratie normale les juges d’Outreau seraient sanctionnés, les juges en général seraient élus, Pasqua ne poserait pas ses fesses au sénat mais se referait une santé à la Santé, Mattei n’émargerait pas au Conseil d’Etat (organisme ridiculement tenu comme celui des grands esprits), à 12000 euros mensuels alors qu’il n’a jamais ouvert un bouquin de Droit Public. Par principe je suis donc opposé à un super Etat. Mais pour les pays tocards en politique comme la France, cela aurait plus de bénéfices que d’inconvénients.

    30 octobre 2004 à 9 h 53 min
  • TATANGAS Répondre

    Nous raisonnons tous — et c’est ce qui ressort très clairement de votre article — comme si la Turquie dcemandant son “adhésion” à la France et non pas à l’Union Européenne. Il faudrait savoir ce que pensent les autres membres de l’Union de cette candidature. Nous ne sommes pas en effet les seuls à avoir des “racines chrétiennes” ni a craindre pour notre économie l’arrivée d’un pays à la population très nombreuse et très loin du niveau moyen européen. Par contre — et vous avez raison — c’est en France que les Turcs viendront s’installer comme vont d’ailleurs le faire bientôt les gens des pays d’Europe centrale nouvellement membres de l’Union.

    27 octobre 2004 à 21 h 15 min
  • F&H Répondre

    Bonjour, Minus, Comme je l’ai écrit dans mon post, je suis contre le lupanard économique pseudo-européen actuel. Je parle d’une véritable union des Européens, avec références et défenses civilisationnelles, de la Sibérie à l’Andalousie. Je voterai donc contre. F&H

    27 octobre 2004 à 9 h 21 min
  • Minus Répondre

    Question à F&H: quelle est votre position sur le futur référendum? Voter non pour détuire l’européisme actuel et risquer la simple constitution d’un marché commun à l’anglaise? Ou voter oui au risque de confirmer dans leurs erreurs les eurocrates mais en espérant que l’Europe, malgré eux, se renforcera?

    26 octobre 2004 à 11 h 31 min
  • F&H Répondre

    Bonjour, La Turquie, La Tunisie ou l’Ukraine ? Mais on ne peut les mettre sur le même plan d’égalité, car, jusqu’à preuve du contraire, un Ukrainien est ethno-sociologiquement un Européen, contrairement à l’asiatique Turc ou a l’africain Tunisien. Vous avez très justement signalé que l’Europe est en déclin et menacée, et seule l’union fera la force face aux pestes vertes (islam et dollar). Mais une véritable union, pas le lupanard économique pseudo-européen actuel. Une union ou il faudrait, dans un premier temps, simplement se rappeller que de Lisbonne à Moscou, nous ne sommes qu’une seule et même civilisation… F&H

    25 octobre 2004 à 8 h 48 min

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