Une politique étrangère incohérente

Une politique étrangère incohérente

Pour qu’un pays puisse mener une politique étrangère exerçant dans le monde une influence réelle, il lui faut remplir un certain nombre de conditions. Il convient d’abord que ce pays soit indépendant, qu’il ait une économie saine, des finances solides, une armée puissante et des dirigeants dotés de jugement. La vérité oblige à dire que la France, actuellement, ne remplit aucune de ces conditions.

La commission européenne l’a reconnu, qui vient de publier à l’encontre de la France un avertissement que l’on peut résumer ainsi : « Vous êtes incompétents. Vous avez démontré que vous ne vouliez, ni ne pouviez réformer et notamment diminuer votre dépense publique. Voici donc une feuille de route que vous suivrez si vous voulez échapper à la banqueroute… » Ces sévères recommandations ont été renouvelées au cours du G8 en Irlande. François Hollande, évidemment, en a été très mécontent, comme est mécontent le mauvais élève réprimandé par le maître.

Après la menace soviétique qui a pesé sur le monde occidental de 1945 à 1991, la menace actuelle est l’islam qui, tenu en lisière depuis le XVIe siècle, prend maintenant sa revanche et par tous les moyens. La fin de la colonisation voulue et par les Soviétiques et par les Américains l’a libéré, lui apportant l’espoir de détruire l’Occident chrétien par l’immigration et par les armes. Ce que l’on peut appeler une véritable déclaration de guerre à l’Occident a été le « bombardement » de New York, le 11 septembre 2001 par des « kamikazes » arabes. Depuis, les attentats islamistes sont quasi quotidiens.

Cette situation a été considérablement aggravée par ce que l’on appelle le « printemps arabe », où la responsabilité de Sarkozy est accablante. Le président du Tchad, dans l’entretien qu’il a donné au Figaro le 7 juin, l’a clairement expliqué, soulignant que ce fut une erreur magistrale d’engager une opération contre la Libye de Kadhafi sans rien connaître du dossier « ni les hommes, ni la culture, ni l’organisation sociale du pays ». C’est la Libye disloquée qui a aggravé le problème du Mali, où l’opération Serval a sans doute marqué des points grâce à l’aviation, mais n’a rien réglé. La France et son armée sont maintenant enlisées là-bas pour des années avec toutes les conséquences humaines, politiques et financières d’un tel engagement. Les djihadistes sont revenus depuis l’Algérie du Sud et surtout depuis la Libye sanctuaire et arsenal pour tous les islamistes qui opèrent désormais dans tout le Sahel, si bien que l’armée a ralenti le retrait annoncé de ses soldats au Mali, qui y sont encore au nombre de 3 400. Avec, de surcroît, le problème de l’autonomie que revendiquent les Touaregs qui ne veulent plus être administrés par les Noirs, leurs anciens esclaves. Il est vrai que l’armée malienne a démontré sa totale incompétence, mais des dispositions exceptionnelles pour le pillage et les règlements de compte. Quant à l’accord signé à Ouagadougou le 18 juin, sous pression de la France, il restera à coup sûr purement théorique.

Plus grave est la guerre civile en Syrie, où notre diplomatie se dépense sans compter en faveur des islamistes, dont 80 % sont affiliés à Al Qaïda – des bandes faisant preuve d’une barbarie inouïe. La France veut les doter d’armes lourdes, qui pourraient bien, un jour, être expédiées au Mali. C’est là une fort belle incohérence. Ainsi, comme la mouche du coche, notre diplomatie, toute bourdonnante de contradictions, s’agite de mille manières, à Londres, à Washington, au G8, pour entraîner tout l’Occident dans une croisade en faveur du terrorisme musulman. Laurent Fabius n’a-t-il pas annoncé récemment une action « massive et foudroyante » (sic) en faveur des rebelles ?

Heureusement, le G8 qui vient de se réunir en Irlande du Nord, a été sur ce sujet une impasse totale. François Hollande s’est vu rappeler qu’il n’y a pas bien longtemps, la France avait invité Bachar Al Assad à présider le défilé du 14 juillet. On doit aussi mentionner ce que viennent de déclarer les chrétiens de Syrie, ceux du Wadi al Nasra (la vallée des chrétiens) : « Les chiites et les alaouites protègent les chrétiens, la France, elle, aujourd’hui, protège les terroristes. Si, un jour, avec l’aide de la France, les salafistes parviennent à contrôler la Syrie, aucun chrétien ne survivra. »

Par ailleurs, qui peut croire que la Syrie « libérée », livrée aux extrémistes, divisée, avec application immédiate de la charia, serait une démocratie exemplaire ? Ce serait évidemment une nouvelle Libye, avec un risque accru d‘anarchie sanglante dans un Moyen-Orient en guerre de religion depuis plus d’un demi-siècle. La sagesse aurait été de laisser les protagonistes à leurs affaires. Que l’Arabie saoudite, le Qatar, et les autres monarchies du Golfe s’occupent de leurs frères sunnites, l’Iran de ses frères chiites, et que la France, donneuse universelle de leçons, pense un peu plus à son bilan économique et social : 65 000 faillites en un an, 473 800 emplois perdus depuis 2009, 7 milliards d’euros de déficit budgétaire imprévu en 3 mois, 5,5 millions demandeurs d’emplois et une dette énorme qui augmente chaque jour. Que peut peser la parole d’un pays dans cet état-là ?

Quant à nos relations avec l’Allemagne, elles se sont fortement dégradées depuis l’élection de François Hollande qui, sans compter les nombreux sujets de discorde, y compris sur Airbus, souhaite ostensiblement la victoire des adversaires socialistes de la chancelière. Or, la coopération franco-allemande est indispensable à la stabilité de l’UE. On dirait que l’ambition de notre diplomatie est de prendre, contre l’Allemagne, la tête d’une coalition des pays en faillite, ceux du « Club Méd » !

Et notre armée ? Il suffit de connaître le jugement du chef d’état-major de l’armée de terre : « Dotée désormais de crédits et effectifs insuffisants, l’armée française n’a plus les moyens d’entretenir son armement et d’entraîner ses hommes, lesquels sont démoralisés parce que beaucoup d’entre eux ne sont plus, ou mal, payés, en vertu d’un logiciel acheté à grand prix que l’on ne parvient pas à maîtriser ! »

Un point positif cependant dans ce bilan calamiteux : la déclaration publique de Pierre Lellouche, ancien ministre, qui qualifie la Roumanie d’État voyou pour envoyer en France les populations délinquantes et analphabètes qu’elle ne peut intégrer, non sans avoir empoché les milliards d’euros que l’UE lui a prodigués pour gérer convenablement ses minorités tsiganes. Un comble !   

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Comments (5)

  • goufio Répondre

    Instituer le socialisme c’est tout simplement détruire progressivement au gré des circonstances tous les repères, toutes les valeurs du pays où il veut s’établir. Les preuves ont été faites de son inefficacité, mais il y a toujours quelques personnages qui sont là pour nous rappeler qu’ils savent mieux que nous ce qui nous est profitable, mais malheureusement ils se trompent car nous sommes faits de richesses diverses donc individuelles. Il s’agit d’un seul combat celui d’une civilisation d’individus contre celle de la socialisation des individus. Il n’y a pas de droite ou de gôche, il y a des individus et leur liberté ou la socialisation des individus qu’importent les erreurs commises, le pouvoir qu’il leur a été donné les légitimes. L’erreur.

    29 juin 2013 à 10 h 29 min
  • philippe 01 Répondre

    Très bonne analyse. Notre politique extérieure de soutien aux “printemps” arabes, bien vite transformés en hivers islamistes, est aussi stupide que notre complaisance à l’égard des représentants de l’islam radical sur notre propre sol. Des élus irresponsables et inconscients leur accordent, sans autre considération que l’ intérêt clientéliste, toutes les facilités pour multiplier mosquées et centres culturels, qui sont autant d’écoles coraniques et de de propagande d’un communautarisme et d’une idéologie contraires à toutes nos traditions. Avec à l’horizon 2030, une situation ingérable et lourde de menaces, si l’on n’arrête pas rapidement les flux migratoires massifs en provenance du Maghreb et d’Afrique subsaharienne et si l’on ne déclare pas “persona non grata” tous les propagandistes avérés de cette idéologie totalitaire.. Néerlandais, Belges, Anglais, Allemands, Scandinaves, tous les Européens sont confrontés au même problème et prennent conscience de la menace de désintégration et de conflits ethnico-religieux qui s’annonce.
    Il est temps pour nous et nos voisins de revenir de nos illusions “droit-de-l’hommistes” et de pratiquer, à l’exemple de nos voisins suisses, une politique réaliste et sans concession à l’égard d’un l’islamisme bien décidé à ne nous en faire aucune et aujourd’hui moins que jamais…

    27 juin 2013 à 20 h 34 min
  • Claude Roland Répondre

    Notre politique extérieure n’est pas plus cohérente que notre politique intérieure si ce n’est dans le but de détruire notre pays, de le saborder dans l’indifférence générale des Français qui regardent les choses se faire comme des vaches regardent passer un train. Qui va impulser l’insurrection, le soulèvement de la population française patriote face à ce gâchis ? Pour une fois que c’est un devoir sur lequel ont été fondé les droits de l’homme…

    27 juin 2013 à 18 h 57 min
  • quinctius cincinnatus Répondre

    elle n’est aucunement incohérente , seulement louvoyante

    ( ce qui empêche de connaître le … cap )

    27 juin 2013 à 16 h 47 min
  • Jacqueline Répondre

    Oui, notre politique extérieure est incohérente! Nous tendons la main à ceux qui veulent la mordre! Quant aux communautés chrétiennes de l’étranger, ne pas s’appuyer sur elles, mais au contraire, les abandonner au massacre!
    Politiciens guidés par l’esprit de contradiction… Défaire ce que nos aïeux ont construit (avec nos impôts et notre sang) .
    Pour la Roumanie chrétienne, elle jette ses poubelles chez les voisins! Reste de l’esprit communiste, l’irresponsabilité?

    26 juin 2013 à 9 h 38 min

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