Vers une constitution européenne

Vers une constitution européenne

Les Français seront appelés en 2005 à se prononcer sur le projet de Constitution européenne adopté en principe, et non sans peine, par les gouvernements des 25 États de l’Union. Comme l’ont déclaré diverses personnalités de tendances différentes, ce projet de Constitution, issu de laborieux compromis, est le moins mauvais possible. La vraie question n’est d’ailleurs nullement de juger ce projet, mais, beaucoup plus simplement, de savoir si l’Europe a besoin d’une Constitution, que ce soit celle-ci ou une autre. Or, dès l’instant que l’on est favorable à la construction d’une Europe unie, on ne peut que répondre « oui », me semble-t-il.
Il faut d’ailleurs se souvenir qu’une Constitution, qu’elle soit nationale ou internationale, n’est jamais coulée dans le bronze. Les révisions constitutionnelles sont fréquentes, car une nation est un être vivant qui doit évoluer et s’adapter aux circonstances nouvelles, en restant néanmoins fidèle aux principes sur lesquels elle se fonde. Il en est évidemment de même pour une Confédération de nations.
J’ai lu avec intérêt et considération l’appel pour un « sursaut national » de Charles-Philippe de Bourbon d’Orléans publié dans notre dernier numéro.(Dans la partie payante) J’en salue le patriotisme et les nobles intentions, mais je n’en suis pas moins consterné par le souverainisme étriqué qu’il exprime, et par la proposition totalement irréaliste d’une Europe fondée seulement « sur la coopération entre les États, suivant des formules souples et en fonction des intérêts communs ». D’abord parce que cette Europe-là existe déjà concrètement depuis 60 ans et qu’il est donc inutile de la proposer. Ensuite parce que, dans le nouvel ordre mondial qui s’édifie depuis la chute de l’empire soviétique, aucune nation européenne ne pourra survivre seule en dehors d’une association de pays. La Suisse est l’exception qui confirme la règle. Mais si la Suisse, d’ailleurs exceptionnelle à maints égards, peut se permettre le luxe de ne pas adhérer à l’Union, c’est principalement parce que l’Union l’entoure et la protège.
Quel panorama nous révèle en effet le monde de 2004 ?
a) Une superpuissance économique et militaire, les États-Unis, qui prétend faire la loi aux quatre coins de la planète. (Et ce n’est pas être antiaméricain que de le dire ; c’est tout au contraire inciter fraternellement notre meilleur ami à garder le sens de la mesure et du respect d’autrui.)
b) Une puissance montante à vive allure, la Chine, qui sera probablement dans moins de dix ans la seconde superpuissance mondiale. (Ses ambitions seront-elles mesurées ? Nous n’en savons rien. Mais cette dictature « fasciste rouge » n’a en soi, rien de rassurant.)
c) L’Islam, qui est le théâtre d’une explosion démographique démentielle, chapeautée par un fanatisme religieux archaïque exploitant le désespoir d’une jeunesse sans avenir et prêt à lancer sur le monde les quatre cavaliers de l’apocalypse.
Je suis certes sensible au cri émouvant jeté par le Comte de Paris en 1998 : « Ne renoncez pas à la France ! » Mais ce serait précisément renoncer à la France (et même à la civilisation occidentale) que de ne pas resserrer ses liens avec les autres nations d’Europe, qui se sont tant déchirées, alors qu’elles ont tant de choses en commun.
Qu’on me fasse la grâce de le croire : Je n’ai aucun désir de renoncer à la France ni de tourner le dos à ses trente siècles d’Histoire, Gaule incluse (et non pas dix siècles, comme le déclare ingénument M. de Bourbon d’Orléans, qui me semble mettre quelque suffisance à réduire l’Histoire de notre pays à celle de sa famille). Mais quels que soient les défauts de l’actuelle Union européenne (excès de bureaucratie, insuffisance de démocratie, manque de transparence…), défauts d’ailleurs corrigibles si nous y veillons, elle me paraît être le cadre indispensable pour assurer notre avenir, cadre sans lequel nous serions laminés par les déferlantes humaines, économiques et idéologiques qui vont parcourir la planète. C’est pourquoi je voterai « oui » à la Constitution européenne.

P.-S. – On me demande pourquoi je n’ai pas répondu à M. Guyénot, qui me prenait à partie dans notre N° 440, au sujet de mon livre « Alésia, un choc de civilisations » (Éd. Presses De Valmy). Mais que puis-je répondre à quelqu’un qui parle d’un livre qu’il n’a pas lu, qui connait si mal le sujet de la civilisation gauloise et qui croit pouvoir me confondre avec Astérix ? Rien.

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Comments (6)

  • Ktorza Répondre

    M. Lance, c’est encore Ronny Ktorza. Vous avez en tout cas le don de savoir m’irriter et je vous en félicite. Mais ce qui m’irrite le plus, ce n’est même pas vous car, après tout, vous êtes un être irresponsable qui écrivez des articles stupides (heureusement que, contrairement à ce que vous dîtes, nous avons des lecteurs intelligents) et cela vous amuse sans doute, d’autant qu’au passage, vous vous permettez d’égratigner tout le monde. J’espère que vous le payerez. En revanche, l’attitude de M. Dumait est incompréhensible: comment peut-il salir son journal avec un écrivain aussi incompétent? Veut-il faire fuir les rares auteurs prestigieux qu’il avait réussi à convaincre de participer à la rédaction? Désormais, vous vous permettez de nous narguer en allant voter “oui” à cette Constitution européenne que, je suppose, vous n’avez même pas lue. P.S.: si vous voulez que les lecteurs soient un peu plus aimables avec vous, commencez à l’être vous-même.

    23 avril 2005 à 1 h 59 min
  • Tournier noël Répondre

    réponse à M de labarrière ce n’est pas parce qu’on a fait 3 pas dans la mauvaise direction (il y a aussi Amsterdam) qu’il faut en faire un 4ème

    3 novembre 2004 à 10 h 24 min
  • cast Répondre

    Soyons réalistes:l’UE est une catastrophe à tous les plans. 1)Economique: la croissance mondiale s’échelonne de 4,5% (pour la Grande Bretagne) à 9,5% (pour la Chine),pendant que la croissance des pays Schengen se traine à moins de 2% 2)sociale:plus de 20 millions de chomeurs,des délocalisations à foison,une immigration totalement libérée et exponentielle 3)democratique:a-t-on jamais vu une telle bureaucratie diriger sans aucun contrôle (car le contrôle du parlement européen est virtuel,les députés n’étant là que pour bénéficier d’avantages considérables).Elle dirige donc sans contrôle et d’autre part elle gére des quantités d’argent énormes;il est donc logique que la corruption atteigne des niveaux africains 4)sécuritaire:l’ouverture des frontières etla libre circulation des capitaux est la première cause de la flambée de délinquance dans l’europe schengen.Ceux qui ont des doutes peuvent aller étudier les statistiques du trafic de stupéfiants dans les pays Schengen depuis 92:en moyenne plus 50 à 250% d’augmentation.Ceci siginifie une chose:la main mise des mafias et des terroristes sur l’Europe. D’autre part l’ouverture des frontières est la première cause de l’augmentation des accidents de la route par la saturation du trafic qu’elle entraine. Donc l’UE est un échec.Les intégristes de la construction européenne disent:”c’est parce qu’il n’y a pas assez d’europe” et ils nous sortent la Constitution européenne. Il est pourtant grand temps de réffléchir à une autre Europe.Et ceci passe évidemment en premier par le refus de la Constitution européenne.

    2 novembre 2004 à 9 h 57 min
  • Florent Morlan Répondre

    Il faut voter non à la constitution européenne et abroger les traités de Maastricht et de Nice. Pierre Lance fait semblant de ne pas voir que l’union européenne signifie inéluctablement la dissolution de la France. Peut-on me dire ce qu’est un pays auquel on a retiré sa constitution, sa monnaie, sa culture, sa langue, son drapeau ? Car la France dans l’union européenne ne sera plus qu’une province vassale, assujettie au modèle libéral anglo-saxon. Jamais plus elle ne pourra faire entendre une voix différente de celle de la puissance dominante comme elle l’a fait pour l’Irak, foulant aux pieds l’impuissante et grotesque union européenne. Pourtant, rien ne sert de créer les etats-unis d’europe, les états-unis existent déjà en Amérique, ils y sont très bien, qu’ils y restent, que leurs “fans” y aillent, et qu’on nous laisse notre France, notre culture, notre langue, notre fierté, notre drapeau et notre honneur.

    1 novembre 2004 à 19 h 16 min
  • de labarriere Répondre

    Voter NON,c est vouloir en rester aux traités de Maastricht et de Nice,donc il faut dire en quoi ils sont préferrables à la nouvelle constitution.J attends toujours la réponse des partisans du NON.

    1 novembre 2004 à 12 h 24 min
  • TOURNIER Noël Répondre

    pourquoi le souverainisme est il systématiquement taxé d'”étriqué”? pourquoi une Europe qui existe déjà concrètement depuis 60ans est elle une proposition “totalement irréaliste”? voilà un cliché et une contradiction dans vos propos. Rien à dire sur le panorama du monde, mais on ne voit pas en quoi le resserrement nécessaire des liens devrait passer par la suppression de l’indépendance (qui n’exclut pas l’interdépendance et vice versa) et donc de la liberté car c’est de cela qu’il s’agit. La “constitution” européenne est une mauvaise solution à un problème mal posé. Un peu comme le socialisme, elle va aggraver les problèmes qu’elle prétend résoudre…et en créer qui n’existaient pas. bien sûr, je voterai NON à la disparition de ce qui reste encore de notre souveraineté-liberté-identité

    31 octobre 2004 à 10 h 06 min

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