Adolf, Bernie et la superclasse
Bernie Ecclestone, le grand patron de la Formule 1 depuis une trentaine d’années, a fait scandale, le 4 juillet dernier, dans le prestigieux Times, en s’en prenant à la démocratie, à la guerre du Golfe, et surtout en faisant un éloge en demi-teinte de l’honnie figure d’Adolf Hitler
. Tout le monde a fait mine de s’en étonner, comme si tout le monde avait oublié le passé de la Formule 1 : entre Enzo Ferrari, membre du parti fasciste, Max Mosley, partouzeur nazi et fils du chef du parti fasciste anglais (par ailleurs ami du général de Gaulle) et Jean-Marie Balestre, ancien chef de la formule 1 aussi, mais aussi de la SS française, il n’y avait certes pas grand-chose à attendre de ce monde milliardaire et sportif sur le plan humanitaire…
Le monde automobile, entre Henry Ford, éditeur des protocoles des Sages de Sion, ou la famille Porsche, le collaborateur Renault et la marque Mercedes, n’a jamais brillé par ses qualités politiquement correctes… Tout le monde a fait donc mine d’être scandalisé et les grenouilles de s’en prendre à l’intelligence et au sens politique d’un des hommes les plus habiles de son temps, qui a gagné trente milliards d’euros en trente ans en abreuvant l’humanité post-historique des jeux dont elle a tant besoin pour ne pas s’ennuyer le jour du Seigneur.
L’un des rares commentaires lucides a été celui de Denis McShane, du labour party, qui a déclaré que « M. Ecclestone s’est aligné sur les positions anti-démocratiques qui partout progressent dans le monde ».
L’Iran national-populiste (que même l’historien israélien van Creveld veut épargner), la Russie de Poutine, la Chine communiste, impérialiste et néo-libérale, une vingtaine d’autres pays montrent que ces positions ont le vent en poupe, et pas seulement en Italie, où les immigrés peuvent être considérés comme des criminels, ou en Autriche, toujours considérée comme mal dénazifiée.
Ecclestone reproche à la démocratie son inefficacité totale et ses guerres ridicules en Irak, Afghanistan ou ailleurs. Il ne la voit pas gérer les problèmes du XXIe siècle. Il n’est pas le seul.
Il y aura trois milliards de sexagénaires en 2050, un milliard d’octogénaires… Qu’en fera-ton ? Qui en fera quoi ?
Indépendamment des problèmes ubuesques d’endettement, des catastrophes écologiques, des pandémies qui se répandent tout en répandant justement un climat de soumission aux catastrophes, qui connaît les solutions ?
J’ai rencontré un certain nombre d’Anglais dans le sud de la France qui me disent avoir fui l’Angleterre non pour profiter des bas prix d’ici, mais parce que la vie est devenue invivable en Angleterre, avec une immigration communautariste pléthorique et agressive.
L’ancien speechwriter de Richard Nixon Pat Buchanan a récemment publié : « Churchill, Hitler et la guerre non nécessaire »…
Ce livre a fait un tabac en Angleterre, pendant que les rééditions de Mein Kampf pullulent en Turquie, dans l’orient musulman ou en Amérique du sud. De même en Europe, on sent que la crise se rapproche : comme me le dit un de mes amis historiens, c’est au cours de la deuxième décennie de chaque siècle que l’histoire recommence… Nous en aurons sans doute bientôt la preuve.
L’imbécillité des temps médiatiques nie tous les problèmes : il n’y a pas de problèmes, il n’y que des fous ou des conspirationnistes.
Emmanuel Todd qui avait prophétisé la chute du communisme, puis celle des Etats-Unis (qui ne représentent presque plus rien dans le monde, il faut l’admettre maintenant, en espérant que le président Obama ne voie pas son mandat écourté…), en est venu aussi à annoncer la fin de la démocratie.
Les perversions néolibérales et keynésiennes, le courant autoritariste né en Italie, aux États-Unis, et qui a gagné la France en maintenant au pouvoir des oligarchies peu compétentes, annoncent de toute manière ce que nous allons vivre d’ici quelques années : un retour à des systèmes autoritaires qui auront pour mission de résoudre les problèmes que M. Eccclestone et bien d’autres jugent insolubles dans le cadre démocratique.
Quant à savoir si ces solutions initiales seront planétaires ou locales, c’est une autre question.
Peut-on imaginer un Hitler planétaire et multiracial, qui aurait l’heur de plaire à la surclasse de Davos et se chargerait de dépeupler un peu (ou beaucoup) la terre ?
Comments (14)
Pas mal l’article, quoique un peu frileux sur la marque Mercédes, d’autant plus que celle-ci fit sa fortune en vendant des camions aux SS.
Des camions à l’allure anodine et pourtant modifiés en chambres à gaz roulantes vers la destination où l’on jetait les morts comme les "encore-vivants" dans le brasier ( les gaz d’échappement étaient injectés directement dans le caisson arrière où étaient entassés les juifs après qu’ils furent déshabillés dès leur descente du train, les fours crématoires furent inventés plus tard).
Et n’oublions pas le chemin de fer qui faisait payer les SS, pour le transport des juifs à destination des camps de la mort ( là c’est la tolérance complète, on oublie de le dire).
L’histoire est ce qu’elle est…avec ses pourrits et leurs victimes et le futur sera comme le passé, si personne ne prend garde et laisse faire sans rien dire, les mêmes prémisses annonciateurs du nouvel holocauste.
ps: 1er prémisse……la tolérance zéro.
IOSA
Article fort intéressant et qui amène bien des questionnements. La question qui me vient en premier à l’esprit est celle-ci.
Qu’est-ce qui est le plus condamnable, à choisir entre la démocratie qui paraît inadaptée à solutionner les problèmes vraiment graves, entre ses dirigeants totalement corrompus, ou entre le peuple totalement immature et infoutu de choisir des leaders politiques un tout petit peu responsables ?
Au fond la démocratie ça ressemble un peu à la non-violence. C’est peut-être valable mais à condition d’être porté par des gens encore plus « couillus » que des guerriers.
Il est vrai qu’avec nos politiques systématiquement lâches, veules et collaborationnistes à souhait, le système actuel nous amène droit à notre perte.
Citons ces quelques exemples.
Par principe je ne souhaite pas une dictature. Mais la démocratie de pleine décomposition vaut-elle mieux ?
J’illustrerai l'(excellent) article de Nicolas Bonnal par une vieille maxime qui dit à peu près ceci : "l’anarchie mène à la dictature"
Nos démocraties (ou oligarchies électives?) sont tombées dans la décadence pour les raisons que l’on connaît, le recours à une figure totalitaire est malheureusement probable, et ce sera peut -être celui que Benoit XVI dit qu’il se présentera sous le titre de "Réformateur de l’Humanité". Je vous laisse deviner de qui il s’agit….
A vous lire
"Juger, c’est peser le pour et le contre, et ensuite, décider."
Mais pour cela, encore faut-il maîtriser pleinement le pour et le contre…
Et il y a tant de problèmes, où une fois encore, l’affectif joue un rôle déterminant. Pensons simplement à l’énergie nucléaire, à la peine de mort ou à l’immigration allogène.
Dans ces trois cas, une étude "saine et logique" peut conduire à des décisions finales complètement divergentes, en raison de présupposés idéologiques et/ou philosophiques, qui ne sont pas "négociables"…
@ Scipion
J’en suis tout à fait conscient…
En "tenir compte" ne veut pas dire faire exactement ce que la majorité veut imposer – car étant persuadée de détenir le "vrai", encore moins d’obtempérer face à une minorité qui revendique comme si elle était majoritaire.
Juger, c’est peser le pour et le contre, et ensuite, décider. Tout le monde sait que dans la décision, il y a une grande part d’incertitude quand au résultat. Cela dit, une étude saine et logique conduit généralement à une issue moins périlleuse que de laisser faire le plus pur hasard, tout au moins, dans les domaines qui se prêtent au discernement, ce qui n’est pas le cas dans d’autres, comme le loto par exemple. Quand à réfléchir pour finalement adopter la plus mauvaise solution, nos politiques sont, dans ce domaine, absolument imbattables !
Une des questions fondamentales à laquelle beaucoup essaie de se soustraire est la suivante :
– les choix politiques majeurs concernant l’avenir de notre civilisation – parce qu’ici il n’est plus simplement question de pays ou de société – peuvent-ils être opérés par des gens qui sont passibles du suffrage universel tous les quatre ou cinq ans ?
A Lambda, qui écrit : "…consulter le peuple et en tenir compte, il y a assez de moyens actuellement pour mesurer des "aspirations profondes" et détecter les "tendances", sans avoir recours à des cérémonies rituelles qui reviennent très cher…"
…je voudrais faire observer :
– que la démocratie directe ne résout pas le problème des majorités ric-rac de type 51/49 %,
– que le peuple est versatile et que ses choix doivent systématiquement plus à l’affectif qu’à la raison
– et que le refus, par la minorité, d’accepter les verdicts de la majorité tend à se généraliser et pas seulement dans les républiques africaines.