Anatoly Livry, Nabokov le nietzschéen – Un ouvrage interdit

Anatoly Livry, Nabokov le nietzschéen – Un ouvrage interdit

4V : L’éditeur parisien Hermann vient de publier votre ouvrage sur Nabokov et Nietzsche, dont la version russe avait été récompensée par deux prix il y a cinq ans, puis littéralement interdit en France, car pris en chasse par la faculté de slavistique de Paris IV-Sorbonne où vous avez enseigné il y a huit ans. Actuellement, en tant qu’enseignant à l’Université de Nice – Sophia Antipolis , que voulez-vous annoncer à nos lecteurs quant à cette sortie choquante pour l’Université française ?

Anatoly Livry : Nabokov le nietzschéenest une thèse sur le vrai Nabokov, Nabokov politiquement incorrect, Nabokov anti-démocrate, Nabokov méprisant le droit-de-l’hommisme, en somme ce Nabokov que les nabokoviens marchands auraient du mal à vendre dans notre Occident refusant la lecture et s’estimant pourtant fort juste, épris de cette arrogance des races mourantes qui furent en effet les premières cibles de cet aristocrate de la plume, lequel, de nos jours, serait condamné, comme Maurras ou Nietzsche, s’il était notre contemporain vivant. Cependant, Nabokov parle tel un vrai réactionnaire ; cet exilé est plus acerbe envers la « liberté-égalité-fraternité » qu’un Rivarol tout en fustigeant la pseudo-noblesse, de laquelle il est par ailleurs charnellement issu.

En revanche, celui que Nabokov méprise parmi nos contemporains, ce n’est pas le prolétaire ou la gent féminine – sur lesquels il porte le regard d’un vrai nietzschéen, aidé par son expérience de zoologiste – ; non : c’est l’« intellectuel » que Nabokov fustige le plus, cette stérile espèce fabriquée par nos socratiques universités et que Nabokov avait connu lors de ses propres enseignements des littératures russe, française et anglais.

4V : C’est un point piquant que l’on peut indiquer : après avoir été enseignant à Paris IV-Sorbonne, vous êtes vous-même de nouveau enseignant universitaire. C’est justement au moment de la sortie de Nabokov le nietzschéenqu’une grande université française vous a offert une place parmi ses slavistes, couvrant ainsi de ridicule ce que l’on appelle communément « la Sorbonne ».

Anatoly Livry : Même si je publie actuellement des ouvrages en Europe et en Amérique, naguère, j’ai travaillé comme mannequin. Cela m’a valu – comble du ridicule pour la Sorbonne – d’être victime de harcèlement sexuel de la part d’une femme, professeur slaviste, laquelle, repoussée, a contacté le fils de Vladimir Nabokov et, à la tête de son clan, s’est mise à organiser des colloques à la Sorbonne et à contacter mes éditeurs pour me barrer le chemin des publications. Cette slaviste m’a accusé d’être « antisémite » (!) et a utilisé le nom de Jean-Robert Pitte, actuellement membre de l’Institut, car elle estimait que plus elle attirait de personnes importants dans sa bougeotte, plus la Sorbonne la défendrait. Mais participer aux actes d’une personne incontrôlable, c’est se condamner soi-même au ridicule permanent.

C’est pour cela que, lorsque mon ouvrage est sorti chez Hermann et lorsqu’un slaviste de la Côte d’Azur, René Guerra, m’a invité dans son université alors qu’il connaissait parfaitement la situation (car chacun des événements qui se produit autour de moi, m’a-t-il affirmé, retentit dans la totalité de l’Université française), toutes les anciennes diffamations dont je fus victime pendant ces huit ans ont commencé à être effacées. On essaie d’acheter mon silence en me proposant des participations à des colloques ou des publications scientifiques et littéraires. Cependant, la calomnie de cette slaviste ne cesse pas. Je suis constamment googelisé par elle et elle ne cesse d’intervenir de la part de l’université où elle est encore fonctionnaire : elle contacte la présidence de Sophia-Antipolis, envoie des mails à mes étudiants ou exige de la présidence de Radio Courtoisie qu’elle ne m’invite plus jamais et que soit chassé Pascal Payen-Appenzeller qui m’invite régulièrement à ses émissions, comme en août dernier. Cette folie furieuse ne cesse donc pas.

Tête d’Or, une description dramaturgique du destin de l’empereur Julien l’Apostat.


4V :
Pensez-vous qu’après cette publication chez Hermann, votre thèse sur Nabokov-écrivain politiquement incorrect sera enfin totalement admise dans le monde, et que pensent les spécialistes de Nietzsche de cette comparaison inattendue ?

Anatoly Livry : C’est justement des professeurs allemands de philosophie ayant l’esprit éclectique rhénan qui m’ont soutenu pendant les « années sombres ». Ils ne se contentent pas de promouvoir mon ouvrage à travers des conférences à Berlin ou à Francfort, mais mettent également tout en œuvre pour que Nabokov le nietzschéen voie prochainement le jour en version allemande. C’est par ailleurs la Présidente de la « Société Nietzsche », R. Reschke, professeur à la Humboldt-Universität, qui a préfacé l’ouvrage chez Hermann. Du côté allemand donc, tout est clair. D’ailleurs, comme chez la quasi-totalité des spécialistes sensés de Nabokov qui savent lire (ce qui, il faut l’avouer, est de plus en plus rare dans l’Université). Je reçois des lettres d’Ecosse, des Etats-Unis, de Russie ou du Japon. Et, ce qui est le plus précieux pour moi, les hellénistes français qui avaient lu mes travaux sur Claudel chez Guillaume Budé approuvent également mes réflexions sur Nabokov-prosateur dionysiaque.

4V : Quels sont désormais vos projets d’enseignement universitaire, d’essayiste et d’écrivain ?

Anatoly Livry : L’Université française, celle qui m’est chère car elle m’a élevé, vit un véritable désastre lié à une soviétisation certaine des esprits. Maintenant, je peux l’affirmer, ayant une nouvelle expérience en tant qu’enseignant-membre de cette Université : il y règne un véritable mélange de stupidité et de peur. On peut y être aisément témoin du triomphe permanent d’une paranoïa omniprésente à l’arrière-goût kafkaïen. Cependant, je suis enseignant de cette Université française depuis 2001 ; je le suis maintenant de 2010-2011 et je le resterai tant que des créatures immondes me calomnieront – usant du nom de cette Université –, en tant qu’écrivain et philosophe. C’est d’ailleurs en tant qu’écrivain que je viens d’obtenir le prix américain Marc Aldanov, ce qui est une espèce de « Goncourt » pour les écrivains russes et il paraît que je serais le plus jeune lauréat depuis la création dudit prix. Il est important de souligner que ce n’est point un de mes ouvrages récents qui fut récompensé, mais mon roman Les Yeux, que j’avais rédigé il y a environ dix ans et que je n’ai pas pu publier durant toutes ces années à cause de la pression provenant de la « Sorbonne ». Maintenant, l’œuvre est primée par des slavistes universitaires nord-américains. Quel déshonneur pour tous ceux qui me couvrent de calomnie tout en se disant professeurs, enseignant l’œuvre d’écrivains morts !

Quant à mes projets scientifiques, ils sont annoncés depuis quelques mois déjà : j’ai « marqué mon territoire » chez Guillaume Budé, chez Walter de Gruyter et lors de grandes conférences en Europe et en Asie. Je démontrerai dans une monographie aussi imposante que celle sur Nabokov et Nietzsche ma thèse sur Tête d’Or de Claudel, comme description dramaturgique du destin de l’empereur Julien dit l’Apostat.

Ma bataille pour cette thèse du mithriacisme du jeune Claudel s’avère aussi pénible avec certains claudéliens que ce que j’ai pu naguère connaître avec des nabokoviens. En effet, dès qu’on applique la vision d’un Tête d’Or guidé par le dieu Soleil, tout devient clair dans la pièce ; il n’y a plus aucun élément obscur. Fait gênant pour ceux qui se nourrissent chez les claudéliens : je leur enlève, d’un coup, ce frottement permanent et stérile qu’ils accomplissent depuis plus d’un siècle. N’est-ce pas pour cela que ces mêmes claudéliens qui m’avaient soutenu pour ma publication chez Guillaume Budé sont devenus mes premiers calomniateurs après que j’ai exprimé le désir de faire mon livre sur l’apostasie de Simon-Agnel ? Cependant, maintenant, fort de mon expérience, je peux supposer que mes détracteurs finiront comme tous ceux qui ont calomnié mon Nabokov le nietzschéen.

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Comments (1)

  • Marina Répondre

    On suit cette affaire drôle à l’Université de Nice.

    Encore hier… les débats furent organisés. Que c’est minable, notre Sorbonne

    10 janvier 2011 à 16 h 27 min

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