Bilan politiquedu pontificat de Jean-Paul II

Bilan politiquedu pontificat de Jean-Paul II

jean-paul IISamedi 2 avril 2005, voici un an, mourait le premier pape polonais de l’histoire, Jean-Paul II. Dans la foulée, le 19 avril, son plus proche collaborateur, Joseph Ratzinger était élu sur le siège de Rome.

Un an après, quel bilan « politique » (même si la mission première d’un pontife romain est assez éloignée de la politique !) peut-on tirer du pontificat de Jean-Paul II, et du début de pontificat de Benoît XVI ?
On a beaucoup dit que le principal apport politique de Jean-Paul II avait été son rôle dans la chute du mur de Berlin. Il me semble qu’il faut nuancer cela de plusieurs manières. D’abord, il est loin d’être évident que le communisme soit réellement tombé : sans compter les centaines de millions de personnes encore sous le joug de gouvernements marxistes-léninistes, nous sommes obligés de constater que, dans bon nombre de pays de l’ex-Pacte de Varsovie, y compris en Russie, les dirigeants sont d’anciens apparatchiks non repentis.

Par ailleurs, la cause première de la chute du communisme ne tient pas aux coups de boutoir extérieurs, mais à sa faillite interne : incompatible avec la nature humaine, ce système ne pouvait tenir que par la terreur. Dès que les dirigeants soviétiques se mirent à douter de « l’utilité » de la terreur, le système s’écroula, notamment du fait de son échec économique patent.
Malgré cela, il est éclairant de mentionner le rôle de Jean-Paul II dans cette chute du communisme. Cela contribue d’ailleurs à expliquer les impératifs du nouveau pontificat. Le rôle de Jean-Paul II dans cette chute ne fut, bien évidemment, ni militaire, ni à proprement parler politique ; il fut de l’ordre du témoignage.

En portant témoignage de l’inhumanité du système soviétique, le pape slave portait, de fait, des coups mortels à ce système. Refusant d’entrer dans les débats pseudo-scientifiques sur les aménagements possibles de l’économie marxiste, il se contentait de rappeler que l’être humain n’est pas un matériau d’expérimentation sociale. En se référant à une norme morale dépassant les États, il portait l’une des condamnations les plus insupportables au régime.

Soljénistyne a dit quelque part que le système totalitaire contraignait tout le monde au mensonge, au moins par complicité. Mais un seul homme disant la vérité et refusant la compromission faisait se gripper toute la machine… Voilà ce qu’a fait, tout comme le grand écrivain russe, Jean-Paul II. Ce rôle de témoignage pourrait bien être celui que s’assigne son successeur. Mais, dans son cas, il s’agit du témoignage contre le relativisme où l’Occident risque de se perdre.

À force de dire, en effet, que toutes les cultures se valent, la plupart des Occidentaux ont fini par ignorer ce qui fit la supériorité de notre civilisation. Et il semble qu’une course de vitesse soit entreprise entre Occident et Islam (notamment : avant que l’Islam n’ait définitivement retourné contre nous notre propre relativisme, l’Occident découvrira-t-il des limites à ce relativisme ?).
Concrètement, géopolitiquement pourrait-on dire, il est clair que cette lutte contre le relativisme est un des axes dominants de l’administration Bush. De cette façon, que cela choque ou non, Benoît XVI est sans conteste l’un des meilleurs alliés de l’actuel Président américain (comme Jean-Paul II le fut en son temps de Reagan). Beaucoup d’observateurs ont d’ailleurs noté son traitement « différencié » de l’islam et du judaïsme. On se souvient, par exemple, qu’à Cologne, cet été, le pape fut accueilli en grande pompe à la synagogue, mais refusa l’invitation de la communauté musulmane, se contentant d’en recevoir les représentants auxquels il tint des paroles assez dures sur le terrorisme.

Après un pape oriental, nous avons donc un pape clairement enraciné en Occident et conscient des combats que l’Occident va avoir à mener dans les années qui viennent. Toute la question, et l’un des enjeux majeurs du pontificat, étant la définition de l’Occident (sous tutelle ou non des États-Unis, avec Israël ou non, enraciné dans le christianisme ou non…) !

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Comments (8)

  • Florent Répondre

    Ouais, le Vatican maintenant. Allons soyons sérieux, quels morts suspectes? Vous parlez de JP Ier? Et quelle preuve apportez vous de sa mort suspecte ( en fait un assassinat selon vous ). Et puis la reprise en main: la suppression d’un ordre fransiscain gauchiste, l’interdiction de la prêtrise aux homos, les mises en garde à l’islam, tiens peut être est-cela qui vous embête au fond. Bref, si cela ne suffit pas à vous convaincre. Cher SAS, autant il vous arrive d’être lumineux, autant vous vous plantez lourdement.

    11 avril 2006 à 20 h 36 min
  • sas Répondre

    CAROL=RATZINGER=lustiger…..même bois et cheval de troie dans l’eglise chrétiene , d’où aucune reprise en main sérieuse,d’ou l’oeucuménisme prononcé, d’où l’internationalisation de la religion ….d’où l’attitude de mortes couilles de nos prélats, qui demeure statiques là où ils devraient être dynamiques.. a florent: les différents conclaves agrémentés de morts suspectes sont là pout témoigner… ILS SONT AU VATICAN DEPUIS DE LUSTRES.. sas

    11 avril 2006 à 13 h 03 min
  • daniel Répondre

    Bonne analyse. Non le communisme n’est pas tombé. Et s’il était tombé totalement, est-ce que la situation politique générale serait plus claire ? est-ce que la culture de l’égoïsme et de l’irresponsabilité aurait disparu chez des citoyens qui passent plus d’énergie contre, critiquer/détruire ce qui n’est pas eux, que d’énergie pour, comprendre/constuire ce qui est réellement eux ? Si le désir de vérité n’est pas essentiel en soi, toute analyse cherche des causes extérieures en oubliant le plus possible la seule personne sur laquelle nous pouvons influer à coup sûr, soi même. Si quelque chose a fait tomber le communisme, c’est le mensonge par rapport à ce que la Vie nous propose; que l’on sait possible, mais qui nous contraindrait à cesser d’aboyer vers l’extérieur. Aboyer vers les désordres visibles est normal sous réserve d’offrir une référence de fond crédible tant par l’analyse que par l’exemple quotidien. Voyons nous se dessiner une philosophie ou une religion qui ouvre sur une analyse de fond telle qu’elle nous appellerait comme un passage évident? Une analyse telle que les orgueuils individuels se feraient petits devant leur ignorance et devant l’urgente nécessité de vivre ensemble et d’être heureux ici et maintenant? Même dans ce journal qui s’applique à sortir du discours ordinaire, les forces actives sont utilisées à batailler sur la forme à la mode. Il manque une référence sur le fond, une matière à penser sur le fond, sur ce qui fait l’homme et sa place au sein d’une Vie qui ne lui a jamais demandé son avis pour avancer. Une référence commune à définir ou à redéfinir ensemble à chaque génération. Le laïc et le religieux rivalisent pour le pouvoir dès qu’ils se limitent à la forme. Voyez vous un ces deux “angles de vue” rivaliser pour l’exemple? au point d’en faire un objectif et montrer ce qu’est l’intelligence réalisée pour les uns et l’humanité réalisée pour les autres ( oui, c’est la même chose!). L’illusion de la forme, et les souffrances inutiles qui en découlent, a encore de beaux jours devant elle puisque ni les laïcs , ni les religieux ne reconnaissent l’évidente nécessité d’un exemple préalable au discours. En omettant “l’exemple” (réalité de la pensée) comme passage obligé , cela permet de passer à la trappe une notion essentielle: la responsabilité individuelle personnelle qui est la garantie et le prix que l’on est prêt à payer soi même pour ses certitudes. Valeurs et notions que je “croyais” importantes à droite…

    9 avril 2006 à 14 h 18 min
  • daniel Répondre

    Bonne analyse. Non le communisme n’est pas tombé. Et s’il était tombé totalement, est-ce que la situation politique générale serait plus claire ? est-ce que la culture de l’égoïsme et de l’irresponsabilité aurait disparu chez des citoyens qui passent plus d’énergie contre, critiquer/détruire ce qui n’est pas eux, que d’énergie pour, comprendre/constuire ce qui est réellement eux ? Si le désir de vérité n’est pas essentiel en soi, toute analyse cherche des causes extérieures en oubliant le plus possible la seule personne sur laquelle nous pouvons influer à coup sûr, soi même. Si quelque chose a fait tomber le communisme, c’est le mensonge par rapport à ce que la Vie nous propose; que l’on sait possible, mais qui nous contraindrait à cesser d’aboyer vers l’extérieur. Aboyer vers les désordres visibles est normal sous réserve d’offrir une référence de fond crédible tant par l’analyse que par l’exemple quotidien. Voyons nous se dessiner une philosophie ou une religion qui ouvre sur une analyse de fond telle qu’elle nous appellerait comme un passage évident? Une analyse telle que les orgueuils individuels se feraient petits devant leur ignorance et devant l’urgente nécessité de vivre ensemble et d’être heureux ici et maintenant? Même dans ce journal qui s’applique à sortir du discours ordinaire, les forces actives sont utilisées à batailler sur la forme à la mode. Il manque une référence sur le fond, une matière à penser sur le fond, sur ce qui fait l’homme et sa place au sein d’une Vie qui ne lui a jamais demandé son avis pour avancer. Une référence commune à définir ou à redéfinir ensemble à chaque génération. Le laïc et le religieux rivalisent pour le pouvoir dès qu’ils se limitent à la forme. Voyez vous un ces deux “angles de vue” rivaliser pour l’exemple? au point d’en faire un objectif et montrer ce qu’est l’intelligence réalisée pour les uns et l’humanité réalisée pour les autres ( oui, c’est la même chose!). L’illusion de la forme, et les souffrances inutiles qui en découlent, a encore de beaux jours devant elle puisque ni les laïcs , ni les religieux ne reconnaissent l’évidente nécessité d’un exemple préalable au discours. En omettant “l’exemple” (réalité de la pensée) comme passage obligé , cela permet de passer à la trappe une notion essentielle: la responsabilité individuelle personnelle qui est la garantie et le prix que l’on est prêt à payer soi même pour ses certitudes. Valeurs et notions que je “croyais” importantes à droite…

    9 avril 2006 à 10 h 59 min
  • Jean-Claude Lahitte senior Répondre

    Guillaume de Thieulloy a résumé parfaitement quoique, nécessairement, de manière exhaustive, le Pontificat de Jean-Paul II. Mais il y a, me semble-t-il, un point sur lequel il aurait dû attirer l’attention : la volonté oecuménique(1) du défunt Pape. Volonté qui, à la lumière des faits, loin de faire avancer la Paix qu’il souhaitait tant, aura été au contraire l’occasion pour l’Islam de se donner une respectabilité qui lui sert dans sa volonté expansionnisme, impérialiste. Jean-Paul II, vers la fin de son Pontificat, aura eu le temps de reconnaître son erreur dans ce domaine. Pour ce qui concerne Benoît XVI, s’il est trop tôt pour juger de ce que sera son règne, j’avoue qu’il me déconcerte. Si j’ignorais que, à Cologne, celui-ci avait tenu à des représentants de la communauté musulmane, “des paroles assez dures”, je sais aussi que, recevant en mars l’American Jewish Comittee, il avait déclaré : “Le judaïsme, le christianisme et l’islam croient en un Dieu unique… Il en découle donc que les trois religions monothéistes sont appelés à coopérer les unes avec les autres, pour le bien commun de l’humanité et à en servir la cause de la justice et de la paix dans le monde” (fin de citation). Propos qu’aurait pu tenir (qu’a dû tenir) son prédécesseur. Et davantage “politiques”, certes que “religieux”. Mais pleins de sens pour les musulmans qui ne séparent pas le “religieux” du “politique”, eux … Et quand j’aurai ajouté que le prochain voyage de Benoît XVI du 28 au 30 novembre prochains en Turquie dirigé par un “islamiste”, il est permis de se poser des questions sur ce que sera ce nouveau Pontificat. Mais je veux aussi me souvenir de déclarations du Cardinal Ratzinger selon lesquelles “l’islam n’est pas une religion, car elle ne relie l’homme à Dieu que dans une soumission d’esclave à une puissance indifférente à son destin, distribuant le salut ou la damnation selon des caprices imprévisibles. Le motif est que ce dieu n’en est pas Un.”(fin de citation) Et quand dans sa première encyclique il dénonce le paganisme antique et celui d’aujourd’hui qui est un mélange d’érotisme et d’humanitaire(2, il est permis de se demander si ce nouveau Pape ne va, à sa manière, semer le chaud et le froid, laissant à chacun, comme l’avait fait son prédécesseur, le soin de ne retenir que les propos ou propositions qui lui plaisent, ou, inversement, de ne s’en prendre qu’à celles et à ceux qui lui déplaisent. Ainsi, il y a des gens qui en voulaient (en veulent toujours !) à Jean-Paul II d’avoir condamné l’avortement, ou même, selon la formule plaisante, d’avoir mis le préservatif à l’index ! Sans reprocher à un quelconque grand rabbin ou grand muphti de prôner l’IVG et la contraception auxquels il se refusent encore plus farouchement… Mais je n’oublie pas que le Pape est à la fois un chef religieux, le premier au monde, dans ce domaine, en même temps qu’un chef d’Etat. Et que la politique a ses raisons que la religion non seulement ne veut pas connaître(3), mais aussi, ni surtout, ne saurait accepter ! Bien cordialement, Jean-Claude Lahitte (1) l’oecuménisme n’est-il pas la volonté de montrer que toutes les religions professant un Dieu unique se valent. Et, partant de là, toutes les cultures. ¨Comme si elles étaient interchangeables. Ce qui facilite la “conquête” à une “religion” qui, par nature, se veut conquérante. (2) Sa Sainteté aurait ajouter “et de consumérisme” (3) sauf dans le secret de la confession ?

    7 avril 2006 à 11 h 03 min
  • Florent Répondre

    Rien à rajouter et le catholique fervent se félicite de voir s’accomplir la continuité dans l’évolution par le biai de Benoit XVI. L’islam ne pourra plus jouer son double jeux très longtemps et sera démasqué et mis sur la sélète. Quant à feu Jean-Paul II, qu’il repose en paix, même s’il lui est arrivé de se tromper sur cetains sujet, il a mené à bien sa mission. Seulement, tous ne l’ont pas écouté…et ceux là le regretteront. A SAS, dis tu ne crois pas que tu éxagères? Des francs-macs au Vatican maintenant? Dans l’église de France encore je veux bien (qui n’a d’ailleurs plus d’église que le nom), mais là. Tant qu’on y est, dis que Benoit XVI est grand maître du Grand Orient! Amicalement

    5 avril 2006 à 21 h 57 min
  • sas Répondre

    Je vous conseille la chaine PLANETE, rôle et intrigue des francs maçons des illuminatis et du kgb….au sein du vatican….édifiant, pàas rassurant et conforme aux déclarations de sas… la vérité se fait enfin jour.. sas

    5 avril 2006 à 12 h 49 min
  • Helios Répondre

    Jean-Paul II a contribué à la chute du communisme mais n’en a pas tiré toute la satisfaction qu’il souhaitait, bien au contraire à certains égards il a regretté le temps où sa Pologne, sous le joug soviétique, faisait preuve d’une ferveur catholique exemplaire. Le temps des épreuves est favorable à la religiosité et l’Église n’est jamais aussi présente ni aussi forte que lorsque les fidèles sont opprimés. Avec la liberté politique et les droits individuels, la Pologne a connu la liberté sexuelle, l’avortement sur demande et le matérialisme, de quoi provoquer l’ire du Saint-Père qu’on a pour la circonstance vu et entendu vitupérer en plein air dans sa Cracovie natale. L’Église n’est pas à l’aise dans la modernité c’est pourquoi Jean-Paul II a flirté avec l’islam au nom de certaines “valeurs communes”! Toutefois il ne faut pas exagérer sa naïveté vis à vis cette religion, il s’agissait pour lui de ménager la susceptibilité des musulmans et de se positionner en interlocuteur incontournable sur la question de la présence chrétienne en terre d’islam. Il a été très critique à l’égard du libéralisme économique et de la mondialisation. L’empreinte du socialisme sur sa compréhension de l’économie est indéniable et son expérience de la hiérarchie et de l’exercice de l’autorité le portait naturellement à se méfier d’un monde sans frontières régi principalement par la logique du marché. Son règne est encore trop proche pour que nous puissions porter une appréciation totalement objective sur son pontificat. Retenons seulement certains paradoxes: La désaffection des catholiques à l’égard du dogme et leur attachement à un Pape foncièrement dogmatique. “L’avant-gardisme” des catholiques dans les domaines de la contraception, du célibat des prêtres et de l’ordination des femmes, lequel était fondamentalement incompatible avec l’orientation conservatrice du Pape qui néanmoins est demeuré immensément populaire auprès des fidèles. Dans un monde où l’image prime sur le contenu, Jean-Paul II s’est piégé lui-même, à la fois trop proche de ses fidèles par l’image et très éloigné par le contenu, il s’est longtemps débattu pour sortir les catholiques de leur ambiguïté et n’a visiblement pas réussi.Malgré tout il est parvenu à la fin de sa vie à se recentrer sur son rôle de pasteur, le désir de cet homme à guider les siens à travers sa propre souffrance, a relégué au second plan son incapacité à les ramener dans le giron du dogme. Ne détenant aucun pouvoir temporel il a réussi à influencer le cours de l’histoire, malgré un pouvoir absolu à l’intérieur de l’Église il a été dépassé par la contestation, à bien y regarder le pontificat de Jean-Paul II illustre bien le paradoxe de cette fin du XXième siècle : l’importance et l’étendue du pouvoir moral dans un monde rétif au pouvoir tout court. Helios

    5 avril 2006 à 6 h 04 min

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