Cinéma: OSS 117 et l’amiral Koltchak à l’honneur

Cinéma: OSS 117 et l’amiral Koltchak à l’honneur

On attendait avec impatience le retour de l’agent le plus déjanté de l’histoire de la république : j’ai nommé OSS 117 joué par l’inégalable Jean Dujardin. Il y a trois ans, j’avais été stupéfait par la performance de cet acteur surdoué, promis à des rôles incertains dans un cinéma français plus prolifique et plus nul que jamais. Le culot de la production, sa manière subtile de tordre le cou au politiquement correct, au nez et à la barbe de tous les imbéciles, le charme esthétique de ce pastiche des années 50-60, tout m’avait emballé. On se souvient de la grande scène de la pyramide où l’officier allemand dénonce le traitement dont sont victimes… les nazis depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

 Il va de soi que les suites sont rarement supérieures au premier opus : mais après tout, les OSS étaient aussi une suite de films dans les années 60. La même équipe issue des Guignols de la grande époque s’est remise au travail et nous transporte du Caire au Rio des années 60, plus proche en cela des James Bond et du grand Belmondo de l’Homme de Rio. Le film reprend quelques-unes des recettes qui ont fait le génie de l’opus 1 : une ravissante idiote politiquement correcte qui tente vainement de faire l’éducation de notre génial beauf ; un traître hilare et américain (tiens, tiens…) ; et des nazis, cette fois plus nombreux (on est en Amérique du zud !) et même noirs (l’effet Durban ?) ! Dujardin multiplie joyeusement gaffes anti-jaunes et antisémites (dans « Le Caire », il s’en prenait aux Arabes), ayant affaire à des agents pas très marrants du Mossad.

Par contre, il ne montre pas des photos de son raïs René Coty à tout le monde (les scénaristes n’ont pas l’air d’aimer de Gaulle auquel ils réservent une pique excellente), et se retrouve embringué dans une beach-party d’une bande de « Love and peace », alors qu’il vient de leur faire la morale…

On en profite pour faire une critique: le seul petit défaut du film est justement qu’il se passe en 1967, et que cela se sent: la société va se déglinguer avant d’être détruite par mai 68 et ses avatars. C’est ainsi que m’apparaît OSS Dujardin dans sa dimension métaphorique:
il est le modèle d’avant, le papa du cinéma de quartier, le père de la France d’avant l’hexagonie. Dujardin me fait du reste de plus en plus penser à un colonel hussard. Il serait extraordinaire dans un film sur l’Empire.

Un autre film m’a enchanté cette année, mais aussi surpris, qui n’a évidemment pas été diffusé en hexagonie (pardon en France). Je l’ai d’ailleurs découvert par des amis russes assez mal-pensants (comme tous les Russes, ou presque…): il s’agit d’Admiral, de Serge Kravtchouk, premier film que je vois consacré aux Russes blancs et à leur leader national et spirituel, l’amiral Koltchak. Le cinéma russe me stupéfie par sa technicité, son traditionalisme et son sens de l’honneur : il faut voir et revoir l’Arche russe et la plupart des films de Sokurov qui est sans doute le plus grand cinéaste vivant. Mais là, Andreï Kravtchouk enfonce plus loin le clou d’or : il dénonce la monstruosité bolchevique, il dépeint la beauté et le sens de l’honneur des combattants russes nationaux et demeurés fidèles à leurs alliés occidentaux (avec les conséquences que l’on sait), et il célèbre une histoire d’amour inouïe, incroyable, trop belle pour être narrée en deux phrases.

Les images sont somptueuses, les effets spéciaux aussi, s’agissant d’un film qui a coûté dix fois moins que Pearl Harbour, qu’il enfonce dix mille fois. Ce film confirme la prédiction de Nietzsche qui voyait le déclin de l’occidental partout, sauf en Russie, dernière race royale entre Brest et Vladivostok…(La scène du serment devant la croix dans la taïga est un sommet du cinéma).

Le chef-d’oeuvre inconnu de Kravtchouk, financé par le ministère de la culture (il y en a donc dans le monde !), que je recommande plus que tout, montre également que la Russie est le seul pays au monde (avec la France : penser à l’Anglaise et le Duc du grand maître Rohmer, oublié à Cannes) à oser produire un film « contre-révolutionnaire »… J’en profite au passage, avant de repartir bien loin, pour demander une réactivation de l’alliance franco-russe, seul moyen de sauver l’Europe de sa dévastation spirituelle !

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Comments (9)

  • DAGMAR Répondre

    pour une alliance franco-russe comptez sur moi, je veux devenir un membre actif. Je crains que notre cher sarko avec son américanisme va nous pousser en guerre  (froide au moins) avec la Russie, quand la Russie était malade de communisme, les intelos françaises se prosternaient devant Staline. Maintenant quand elle est guérrie les mêmes pour se faire bonne conscience critiquent, torese bombé, Putin, car c’est devenu "PERMIS"

    dAGMAR

    18 mai 2009 à 16 h 44 min
  • La bête blonde Teuton Répondre

    Yukio Hatoyama, probable futur premier ministre du Japon, a souhaité ” construire une société fraternelle et mener une politique basée sur l’amour “. Tout cela sonne assez français, non ?

    17 mai 2009 à 11 h 25 min
  • siniq Répondre

    Au théâtre

    Sur le site du "Masque et la Plume", nous ne sommes point, ppourtant j’ auaris pensé car tous les comseils de lecture que nous donne P Lance.

    Faites nous part de vos compétences dans cet art qu’ est la critique de la culture, mais il est vrai que lorsque l’ on considère que deux blocs de béton négligemment posés les uns sur les autres comme une sculpture pouvant rivaliser avec celles du Parthénon.

    Va savoir Charles

    17 mai 2009 à 9 h 25 min
  • La bête blonde Teuton Répondre

    ” alliance franco-russe ” Ce serait Bien ! L’Europe de l’Est est sans doute beaucoup moins malade que l’Occident. Mais ce qui serait encore bien mieux, ce serait une alliance franco-jaune.

    17 mai 2009 à 7 h 21 min
  • Anonyme Répondre

    A Siniq: cette semaine, je suis plutôt allé au théâtre. Mais je ne m’étendrai pas là-dessus: nous ne sommes pas sur le site du "Masque et la plume".

    16 mai 2009 à 22 h 06 min
  • siniq Répondre

    Jaures

    Quel est le titre de vôtre dernier film que vous ayez vu dans vôtre cinéma d’ art et d’essais , vous êtes vous identifiez au héros.

    C’est qye vous êtes un GRAND intellectuel

    16 mai 2009 à 0 h 21 min
  • Jaures Répondre

    Si Bonnal a tant aimé OSS 117, c’est qu’il n’a eu aucun mal à s’y identifier. 

    14 mai 2009 à 18 h 41 min
  • sas Répondre

    j aimerais bien avoir le cv total de dujardin…..

    je trouve sa trajectoire boostée…..extraordinairement spécifique….UN PEU COMME CELLE DE DANY BOONE…

    si vous avez des liens etrangers ,suis preneur…

    sas

    14 mai 2009 à 13 h 46 min
  • uchronie Répondre

     

    contribution essentielle sur un film qu’on ne peut voir en France ni dans les salles ni en dvd, pas même en VOST.

    à quand un commentaire éclairé sur le cinéma bhoutanais ou la littérature gauloise, les mémoires de vercingétorix par exemple ?

    13 mai 2009 à 12 h 47 min

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