De Gaulle, les icônes sacrées et le triomphe de l’imposture

De Gaulle, les icônes sacrées et le triomphe de l’imposture

Chaque nation a ses icônes nationales, ses idoles. La France en compte pas mal : Jeanne d’Arc, le bon roi Henri, Louis XIV, Napoléon, Clemenceau, le maréchal Pétain vainqueur de Verdun, et le général de Gaulle dernier en date.

Mais attention, sur les deux militaires que je viens de citer, il convient d’être très prudent tant ils suscitent encore des passions. Il faudra attendre sans doute une centaine d’années pour que l’on juge avec sérénité et objectivité la dramatique période qu’a connue la France de 1940 à 1950, car la vérité exige de dire qu’à la guerre honteusement perdue en juin 1940 a succédé une guerre civile que les historiens ont commencé à décrire – ont commencé seulement.

De toutes ces catastrophes nationales, il ressort qu’il aurait été infiniment préférable qu’il n’y ait eu ni Pétain ni de Gaulle, c’est-à-dire que l’armée française gagnât la guerre. Il n’y aurait pas eu alors d’occupation allemande !

Malheureusement, notre armée, au sein de laquelle je connais de nombreux officiers de grande valeur, n’arrête pas depuis 70 ans de perdre les batailles : celle de 40, celle d’Indochine (Dien Bien Phu), celle d’Algérie (cette dernière pour des raisons, il est vrai, plus politiques que militaires). De plus, on a souvent lancé ces dernières décennies notre armée dans des opérations douteuses en Afrique noire, au Rwanda par exemple, en lui donnant aussi mission de protéger des régimes aussi incapables que corrompus pour des raisons que l’on connaît bien et qu’il vaut mieux ne pas exposer…

De façon générale, nul n’ignore que notre armée est en perte de puissance avec des crédits insuffisants pour maintenir le matériel en état de marche, doté d’un seul porte-avions toujours en panne, et des dettes, là aussi, que l’on a bien du mal à rembourser. Mais revenons au général de Gaulle qu’à l’occasion de ce 18 juin, on vient à nouveau de célébrer.

Le général de Gaulle était irréprochable dans sa vie privée et d’une grande honnêteté financière – il a renoncé à sa retraite de général, ne vivant modestement que de ses droits d’auteur –, ce qui est une exception dans le monde politique contemporain en France où les scandales succèdent aux scandales, les derniers dont on parle portant sur les rétro-commissions de la vente de sous-marins au Pakistan, les générosités ciblées de Mme Bettencourt, en passant par les cigares officiels d’un secrétaire d’État.

Ceci dit et souligné, c’est au plan de la logique que l’on peut s’interroger sur la politique du général de Gaulle. Comment se fait-il que cet homme d’État qui avait pour motivation essentielle, obsessionnelle, l’indépendance de la France, la démocratie, le respect des droits de l’homme ait pu avoir pour bras droit dès son accession au pouvoir en 1944, le chef du Parti communiste dit français, responsable avec les socialistes d’une politique anti-militariste, cause de la défaite de 1940, Thorez, condamné à mort pour désertion devant l’ennemi, agent stipendié de l’Union soviétique qu’il considérait comme sa vraie patrie où la dictature implacable de Staline fit quelque 60 millions de morts par assassinats, déportations de millions d’êtres humains dans des camps de concentration, et autres massacres purs et simples ; cette Union soviétique, où régnait la Gestapo nationale, appelée NKVD, puis KGB, et dont pourtant le général de Gaulle sollicita les dirigeants pour quitter Londres afin de fixer à Moscou le siège de la France libre, démarche connue de tous les historiens.

C’est aussi en 1942, le 23 février, que le général de Gaulle adressa un télégramme à Staline où on peut lire : « Dirigée par vous, l’armée rouge constitue un des principaux instruments de libération des peuples asservis… » Ce même Staline qui adressait en juin 1940 un télégramme à Hitler pour le féliciter de sa victoire sur la France !

Il reste très étonnant que, minimisant le caractère criminel de la dictature et de l’impérialisme soviétiques, que pourtant il connaissait bien, le général de Gaulle ait toujours mis les États-Unis et l’URSS sur le même pied, comme si la dictature soviétique avait été de même nature que la démocratie américaine. Ce qui remet en mémoire la vieille stratégie française, qui consiste à s’appuyer sur la Russie pour contrer la puissance allemande. Or, la Russie, puis l’Union soviétique, ont toujours combattu et trahi les intérêts de l’Occident, en particulier de la France. Le 3 mars 1918, ce fut le traité de Brest-Litovsk et le 23 août 1939 le traité germano-soviétique, deux fois au profit de l’Allemagne. Qui s’en souvient ?

Ceci n’empêche nullement les politiciens français, qu’ils soient de droite ou de gauche, mais surtout de droite, de se réclamer du général de Gaulle à tout bout de champ. C’est là une pitoyable instrumentalisation du gaullisme à des fins électoralistes, une imposture. De Gaulle, c’est le produit, si j’ose dire, de circonstances exceptionnelles alliées à une volonté hors du commun. Que l’on soit tout simplement décent et que l’on comprenne que le gaullisme a disparu avec De Gaulle. Alors, de grâce, que l’on n’abaisse pas le général par des spectacles rituels qui rendent peu glorieux et parfois ridicules ceux qui – de petite ou de grande taille – s’efforcent de l’imiter en cherchant à grimper sur le fauteuil qu’il a occupé !

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Comments (12)

  • Daniel Répondre

    Troubadour:  
    Remerciements;  pour cette  intervention comme pour toutes les autres. Il y a des réalités qu’on tend à occulter tellement elles démontrent la cruauté des individus complexés qui se sentent soudain forts dés qu’ils sont regroupés.  L’Islam cultive et développe cet asservissement individuel et cet appauvrissement de l’esprit  mieux que tous les systèmes à l’origine des grands drames de l’Histoire. … sauf que l’information circule d’une culture à une autre,  que le choix individuel des idées s’élargit;   et ce n’est qu’un début.

    4 juillet 2010 à 15 h 30 min
  • ozone Répondre

    Ils agitent en fait le nom comme un titre de proprieté sur le pays…

    2 juillet 2010 à 20 h 32 min
  • Magny Répondre

    Hé bé , vu les commentaires c’est pas un héros De gaulle , notre copain sas lui préfère même Pétain , faut dire que les goûts et les couleurs ça se discute pas …

    Droite libérale ou droite ultranationaliste ?On se pose la question . On nous aurait menti à l’insu de notre plein gré ?

    Pétain … ce lapin collabo qui plutôt que de se replier en Afrique préféra conseiller aux anglais de se coucher comme lui . Un larbin de prestige à son service : le fürher en a dansé de joie , ça l’arrangeait que les Français fassent la moitié du travail , car ce pays était un gros morceau à avaler .

    La grande faute de De Gaulle est d’avoir lâché les colons d’Algérie d’une manière aussi brutale , mais il pressentait que ce membre malade pouvait gangréner le reste de la France : il a pratiqué une chirurgie "à la hache" . Trop brutal certes , mais qui peut affirmer honnêtement que nous aurions pu nous maintenir en Algérie … alors que de nos jours nous avons même du mal à nous maintenir en France ?

    2 juillet 2010 à 19 h 27 min
  • MAGNE Répondre

    Ses questions sur la guerre d’Algérie au XX éme siécle , sont trés bien traités par Raphaël DELPARD dans deux ouvrages : " Les souffrances secrétes des Français d’Algérie et " Les oubliés de la guerre d’Algérie " .Michel LAFON


    2 juillet 2010 à 17 h 35 min
  • SOSO Répondre

    Oui, De Gaulle comme les américains, ont toujours eu une vision plus que pragmatique de l’histoire. De Gaulle savait très bien que, à la fin de la guerre 39-40  les communistes étaient entièrement dirigés par Moscou et il redoutait une insurrection générale  de ces bons patriotes afin d’instaurer en France la révolution. Il n’a pu obtnir leur désarmement  qu’en les faisant entrer au gouvernement. On en paye encore aujourd’hui les conséquences puisque les communistes en ont profité pour investir toutes les administrations. Les,  américains, de leur côté , ont toujours considéré l’Europe comme un concurrent , et ont toujours oeuvré à sa destruction en permettant que ce continent soit livré au communisme ou maintenant à l’invasion allogène des populations musulmanes.

    2 juillet 2010 à 17 h 15 min
  • Anonyme Répondre

    Scipion, avec courage, cite la phrase celebre du général De Gaulle : «  C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne… »

    –   Oui, Scipion, c’est une phrase de parfait bon sens, rapportée par Lacouture, je crois, que je cite moi-même souvent. Elle montre bien le réalisme du général, elle explique l’éjection de l’Algérie hors de France (la non acceptation des 9 millions d’arabes), elle explique les indépendances africaines, et montre le droit de chacun d’être chez soi, dans sa race et sa culture, a commencer par les Francais.
    Accessoirement, elle peut permettre de penser ce que je crois, que si De Gaulle était la aujourd’hui, nous n’aurions pas tant d’étrangers chez nous et l’invasion en cours serait contenue avec une fermeté adaptée et une efficacité garanti.
    Mais, non, tout ca ne fait rien, et peu importe que l’on soit, bientôt, complètement envahi par les Arabes, par des Africains et par des Asiatiques, pourvu que, primo, ils ne soient pas musulmans (d’ailleurs vous allez voir, on va les faire renoncer a l’Islam, et on s’y attache, entendez nous "Gueuler"), et deuxio, pourvu que l’on puisse cracher sur la Tombe du General, qui comme chacun sait, fut le dernier des salauds, et n’a toujours eu qu’un seul objectif, c’est le massacre des pieds noirs.
    Pauvre France… comment as-tu pu accoucher de tels clowns? Bravo, Scipion.

    Mancney

    1 juillet 2010 à 22 h 29 min
  • Gérard Pierre Répondre

    Trois « détails » m’intriguent, entre autres, dans la biographie du général De Gaulle, trois détails sur lesquels il conviendra que les historiens se penchent un jour :

     

    ¤  Les circonstances exactes de sa …… capture ? …… en mars 1916 aux environs du fort de Douaumont,

     

    ¤  Son rôle exact dans la « bataille de Montcornet » le 17 mai 1940,

     

    ¤  Les raisons pour lesquelles, avant de décider de s’envoler pour Londres, il voulu connaître la composition du premier gouvernement du maréchal Pétain, le 17 juin 1940, sur le tarmac de l’aérodrome de Bordeaux.

     

    J’ai pu lire, sur la première question, quelques témoignages assez troublants, écornant passablement l’image de l’officier décrit dans la citation qui lui valut l’attribution de la Légion d’Honneur, …… à titre posthume !

     

    Sur la seconde, les récits d’époque font mention d’une division blindée, existant surtout sur le papier, commandée par le colonel Charles De Gaulle. Mais les récits des actions, qui se sont d’ailleurs soldées par l’impossibilité de combattre en raison de la pénurie de carburant des chars, ne mentionnent que les initiatives prises par les commandants d’unités, voire par des commandants d’escadrons ou des chefs de pelotons. Quel rôle exact joua le colonel De Gaulle dans ce « haut fait » et de quelle importance fut cette bataille lorsqu’on sait que, dans le camp adverse, Guderian n’en fut informé des « péripéties » que 48 heures après leur survenance ?

     

    Enfin, dernière question : Quid du mythe de la FRANCE LIBRE si De Gaulle avait fait partie du gouvernement de Vichy ? …… sachant que, par ailleurs, bien des hommes de l’ombre se sont décidés à entrer en résistance sans avoir entendu parler du célèbre appel du lendemain? ……  ignorant que ce général avait choisi d’entrer en dissidence !

    1 juillet 2010 à 18 h 01 min
  • BITAN Répondre

    @ Troubadour

    Merci

    1 juillet 2010 à 9 h 30 min
  • Scipion Répondre

    "Ceci n’empêche nullement les politiciens français, qu’ils soient de droite ou de gauche, mais surtout de droite, de se réclamer du général de Gaulle à tout bout de champ."

     A tout bout de champ, je ne dirais pas, parce que lorsqu’il s’agit de juguler l’immigration allogène, il n’y a plus personne, dans l’establishment, pour se souvenir de ses mises en garde. En voici une, peut-être la plus connue :

     «  C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne… »

    1 juillet 2010 à 9 h 18 min
  • Anonyme Répondre

    **** Les horreurs cautionnées par De Gaulle **** Dieu qui voit tout saura juger chacun selon ses mérites. ORAN… 5 JUILLET 1962 LE GENOCIDE « J’écris dans ce pays que le sang défigure qui n’est plus qu’un monceau de douleurs et de plaies, une halle à tous vents que la grêle inaugure, une ruine où la mort s’exerce aux osselets. » (Louis Aragon – « François la Terreur ») Ce jeudi 5 juillet ne paraissait pas devoir être, à Oran, une journée plus angoissante que les autres. Comme depuis cinq jours, les Oranais s’éveillaient dans les rumeurs d’une foule qui avait déjà envahi la rue, ivre de promesses et de rêves. On allait enfin connaître le bien être, le monde allait changer de face, le pactole allait couler. Et la fête continuait… tandis que les Français qui étaient encore là bouclaient leurs valises ou attendaient, écrasés de soleil et de misère, un bateau sur les quais ou un avion aux abords de l’aérogare. Un soulagement pourtant se faisait jour parmi ces Français-là. Tous avaient redouté la date fatidique du 1er juillet (référendum) et plus encore celle du 3 juillet qui avait vu défiler sept katibas de l’ALN dans Oran. Or, rien de ce qu’on avait craint ne s’était passé. Les enlèvements se succédaient, certes, les attentats sournois au coin des rues, aussi, mais il n’y avait pas eu de déferlement de la masse musulmane et le chef de détachement des unités de l’ALN, le Capitaine Bakhti avait déclaré aux Européens : « Vous pourrez vivre avec nous autant que vous voudrez et avec toutes les garanties accordées par le GPRA. L’ALN est présente à Oran. Pas question d’égorgements. Bien au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure que celle que vous connaissiez auparavant ! » De plus, le général Katz, en personne, avait estimé qu’il avait pris toutes les dispositions nécessaires pour que les manifestations du 5 juillet à Oran se passent dans le calme le plus absolu. Avec le Capitaine Bakhti, il s’était engagé à ce que les réjouissances algériennes ne débordent pas en ville européenne. Pourquoi dans ce cas là s’inquiéter plus que de coutume ? La fête marquant la célébration de l’indépendance algérienne pouvait commencer… Cependant, dès l’aube, le village nègre (quartiers arabes) se mit en mouvement et contrairement à ce qui avait été promis, ce furent des milliers de Musulmans qui déferlèrent vers la ville européenne, s’étourdissant dans les cris, les chants, les you-you des femmes. Rien ne laissait encore prévoir le drame qui allait se passer. Pourtant de nombreux Européens constatèrent que certains avaient une arme à la main et que beaucoup d’autres tentaient de dissimuler soit un revolver, un couteau, un fusil, une hache ou un gourdin. Le doute n’était plus permis. Alors les plus avertis se barricadèrent et on essaya de prévenir par téléphone les amis et la famille de ses craintes. Place Jeanne d’Arc située devant la cathédrale, une Musulmane, après avoir poussé une série de you-you stridents, grimpa sur le socle de la statue équestre de la pucelle d’Orléans. On lui tendit un drapeau vert et blanc qu’elle accrocha à l’épée que Jeanne d’Arc pointait vers le ciel. Une immense clameur accueillit cette action. Survoltée par sa prouesse, la mégère entreprit, toujours juchée sur le socle, une danse du ventre endiablée, supportée en cela par des milliers de mains qui claquaient au rythme de la danse. Il n’y avait plus de France en Algérie, il n’y avait plus de pucelle Française. L’Algérie appartenait aux Algériens ! A midi moins dix, devant le théâtre municipal où s’était rassemblée la foule, un silence incompréhensible s’établit soudain. Des responsables du FLN, étaient là, encadrant la meute et semblant attendre un signe. Puis quatre coups de feu isolés se firent entendre. C’était le signal ! Ce fut alors que plusieurs hommes, semblant mettre à exécution un plan mûrement réfléchi, partirent en courant dans toutes les directions, criant : « C’est l’OAS, c’est l’OAS qui nous tire dessus !» entraînant par là même la foule qui se mit également à courir en criant « OAS, OAS, OAS ! » De ce rassemblement qui se devait – aux dires de Katz – être pacifique, émergèrent soudain des hommes en armes qui, pour affoler les gens, tirèrent dans toutes les directions – y compris sur la foule – aux cris de « OAS assassins ! Sus à l’OAS ! » Bientôt le feu fut dirigé sur les sentinelles françaises en faction devant la mairie, le Château-Neuf (là précisément où se tenait l’état-major de Katz) et l’hôtel Martinez qui hébergeait les officiers français. Après un moment d’hésitation, les soldats français ripostèrent à leur tour avant de se barricader. Ce fut là le point de départ du plus grand pogrom anti-européen que l’Algérie n’eût jamais connu. Ce qui va se passer ce 5 juillet à Oran, sera insoutenable à voir. Toutes les limites de l’horreur seront franchies. Des centaines d’Européens seront enlevés ; on égorgera, on émasculera, on mutilera pour le plaisir, on arrachera les tripes des suppliciés, on remplira les ventres de terre et de pierraille, des têtes d’enfants éclateront contre les murs comme des noix, des hommes seront crucifiés, brûlés vifs ; des femmes seront violées puis livrées à la prostitution ; le sang se répandra en nappes tandis qu’au village nègre, les Européens encore vivants seront suspendus par le palais aux crochets d’abattoir. Comment pardonner, 48 ans après l’horreur de ce sang pleurant des viandes… ces bouts de cadavres que l’étal tenait suspendu à ses crochets ? Le crime est bien trop grand pour que nous n’en perdions jamais le souvenir ! Très vite, les Européens qui ne s’attendaient pas à ce déferlement de violence furent pris en chasse et bientôt ce ne fut qu’horreurs et abominations. Les cris de terreur trouvaient leur écho dans toutes les gorges des victimes pourchassées. Il ne subsistait plus le moindre sang froid, plus le moindre germe d’humanité… Ce n’était plus qu’une avalanche de démence et de terreur. Le carnage était sans précédent. La puanteur uniforme de la mort avait remplacé les odeurs multiples de la vie. Pendant ce temps, l’armée française se barricadait dans les postes de garde en position de surveillance. Un hélicoptère survola la ville. A son bord, le Général Katz essayait d’apprécier la situation. D’après le rapport des sentinelles, sur la seule place d’Armes, il y avait au moins vingt cadavres d’Européens affreusement mutilés. Mais du haut de son appareil, le « boucher d’Oran » – ainsi l’avaient surnommé les Oranais – crut pouvoir conclure que la ville semblait calme (!). Tout était, apparemment, rentré dans l’ordre ! Il valait mieux éviter un affrontement avec le FLN, pensa-t-il !… et le drapeau français fut amené pour ne pas exciter davantage la multitude. Chaque Européen était devenu proie, gibier face à la foule terrible, acharnée à sa joie, déchaînée, et quand ils apercevaient des véhicules de l’armée française, en proie à la terreur, tentaient d’y grimper… ils y étaient la plupart du temps repoussés à coups de crosse. C’était l’épouvante parmi eux. « Mais que fait l’armée, que fait l’armée ? » disaient-ils. Ils entendaient encore les hauts parleurs des camions militaires promener dans toute la ville, le lancinant et rassurant appel : « Oranais, Oranaises, n’écoutez pas ceux qui vous mentent (sous-entendu, l’OAS). L’armée est ici et restera pendant trois ans pour vous protéger. ». C’était, les 26, 27 et 28 juin 1962 ! Des hommes en tenue de combat, rutilantes de neuf, « les valeureux soldats de la libération », et d’autres civils armés se déversaient dans les immeubles et en ressortaient des files d’Européens, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ces malheureux « convois de la mort » prenaient la direction d’Eckmuhl, du Petit Lac et de la Ville Nouvelle, mains sur la tête, sous les sarcasmes, les crachats, les injures, les coups et les huées de la populace. Pour eux, c’était la fin, ils le savaient et ils priaient pour que la mort vînt les prendre le plus vite possible et les arracher aux supplices qui les attendaient. Avec amertume ils se remémoraient les paroles de Fouchet : « La France n’oubliera jamais l’Algérie. Sa main sera toujours là pour l’aider»… « Comment pouvez-vous croire que la France puisse vous abandonner ? Vous avez la garantie d’un traitement privilégié ». Il est vrai que le Ministre n’avait pas précisé de quel traitement il s’agirait !… Et aujourd’hui, la ville toute entière leur paraissait une tombe : la leur. Aucune aide de personne à attendre. Crier, appeler au secours, tout était inutile. C’était le colonialisme et la génération nouvelle qu’on allait détruire, voilà tout. Alors, qu’importait qu’on saignât les enfants et qu’on ouvrît le ventre des mères, qu’on arrachât les tripes des suppliciés et qu’on les pendît par les pieds au-dessus de braises incandescentes… A dix sept heures, enfin, le bruit caractéristique d’un convoi de camions se fit entendre. C’était la gendarmerie mobile, l’âme damnée du Général Katz qui prenait position. Dès cet instant, comme par miracle, la manifestation prit fin et la populace disparut… mais il était trop tard. Des centaines de cadavres jonchaient les rues, le sang avait maculé trottoirs et rigoles, les appartements étaient dévastés, les magasins pillés, les disparitions ne se comptaient plus, la ville avait pris le visage de l’apocalypse. Pourquoi cette intervention s’était-elle produite si tardivement ? Avait-on décidé de faire payer aux Oranais leur folie, leur passion pour l’Algérie française, leur trop grande fidélité à l’OAS ? Où était passé le Capitaine Bakhti, l’homme fort, l’homme de confiance de Katz, qui avait déclaré le 3 juillet qu’il n’était pas question d’égorgement ? La réponse est simple : Paris, qui, grâce à ses renseignements, s’attendait à cette explosion de folie furieuse, avait ordonné à Katz « de ne pas bouger, de laisser faire ». Et Katz, grosse brute bornée qui tirait vanité de sa servilité – même quand il s’agissait d’assassiner ou de laisser assassiner des Français ! – à la recherche constante d’une nouvelle étoile, obtempéra aveuglément. Ceci est une certitude. Les preuves matérielles foisonnent en ce sens. Ce qui est incontestable, c’est que l’ordre de Paris, capté à la poste centrale vers 16 h 30, de faire cesser la tuerie eut instantanément son effet. A 17 heures, tout était fini et la ville abasourdie était plongée dans un silence de mort, de cette mort qui pendant six heures s’était abattue sur elle. Katz quant à lui, pouvait être fier : Il avait obéi aux ordres et une quatrième étoile allait récompenser sa fidélité. Cependant dans la cité meurtrie, l’angoisse étreignait les survivants. Chacun tremblait pour les siens, les gens se cherchaient, beaucoup demeuraient encore cachés de peur de voir la tornade s’abattre de nouveau. Le nombre des disparitions augmentait d’heure en heure, aggravant le tourment des familles. La morgue était pleine à craquer et une odeur fétide s’en dégageait. On en refusa bientôt l’entrée et les corps entassés, mutilés, étaient méconnaissables. Dans la ville arabe et au Petit Lac, le tas des tués était plus incohérent et plus dense. Il s’échappait une odeur fétide, insupportable, une épouvantable pestilence. L’on pouvait voir, trempant dans des bains répugnants, les viscères des malheureuses victimes et sur un mur, tracé d’une main maladroite, l’on pouvait lire : « Les boyaux des Français »… Et toujours cette liesse, et toujours ces cris « Mort aux Chrétiens ! »… Et toujours cette foule frénétique, fanatique, cette même foule qui, quelques mois plus tard, n’obtenant rien des promesses invoquées tout au long de la guerre et réduite soudain à la famine, émigrera en France avec une mine attristée et des yeux de douleur, dans cette Patrie qu’ils auront eu plaisir à humilier et dont ils auront persécuté avec délice ses enfants. José CASTANO

    30 juin 2010 à 19 h 19 min
  • sas Répondre

    Merci a roger holleindre du FN…….

    …pour sa pédagogie et les explications supplémentaires visant a préciser la periode de Vichy…..car effectivement le senat et l assemblée nationale ont donné tout pouvoir au marcéchal ,récupéré en retraite….le gouvernment de Vichy etait donc légaliste…..

    et c’est De Gaule HERITIER DE LA NOBLESSE FRANCAISE DECADANTE ET A L ORIGINE DE LA SITUTAION COMTEMPORAINE ET DES GUERRES : qui a pratiqué un coup d etat avec l aide salutaire et fraternelle de nos enemis héridaire et habituiuel les ANGLAIS…..

    MERCI ROGER….

    sas 

    30 juin 2010 à 13 h 22 min
  • La bête blonde Teuton Répondre

    http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/category/ump/

    Le quotidien d’Occident, ce sont les affrontements durs avec les groupes politiques d’extrême gauche qui sont majoritaires dans le monde universitaire.  Les descentes d’Occident se multiplient en 1966 et 1967 et culminent avec l’affaire de l’université de Mont-Saint-Aignan, à Rouen le 12 janvier 1967. Dans son livre paru en 2005 au Seuil, Génération Occident, Frédéric Charpier raconte : “Une vingtaine d’individus, blousons et manteaux de cuir noir a transpercé le brouillard. Ils brandissent des barres de fer, l’un d’eux, un trident. Ils hurlent “Occident vaincra, Occident passera, De Gaulle au poteau!”, se ruent avec une hargne incroyable sur les porteurs de pancarte du Comité Viet-Nâm et s’emparent du drapeau Viêt-Cong. […] Certains militants agressés ne se relèvent pas. Ils gisent à terre au milieu des débris de verre, des boulons des barres de fer et des chaises tordues, dans des flaques de sang. Un militant de la JCR, Serge Bolloch [qui deviendra journaliste au Monde] est dans le coma. Un coup de clé anglaise lui a enfoncé la boîte crânienne. On retrouvera dans sa chair un éclat de métal, c’est dire avec quelle violence le coup a été asséné.”

    Ahhh la belle jeunesse d’Alain Madelin et Patrick Devedjian, pour le Viêt-Nam du Sud et pour l’Algérie française – et je précise que je ne fais pas d’ironie…

    30 juin 2010 à 11 h 30 min

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