De Johnny à Patrick McGoohan

De Johnny à Patrick McGoohan

Johnny qui se crève, qui se fait escroquer, qui se fait retaper. Johnny qui se fait corriger la voix, qui tient à rassurer ses fans.
Johnny qui remplit des stades de ses fans sexagénaires. Johnny le yéyé, fils du metteur au point de la télé pour les occupants allemands.
Johnny marié à la fille de son pote, le Johnny de Saint-Tropez, des Lamborghini, de la Miura, de la Vartan.
Johnny, le fabuleux consumériste increvable. Johnny le dépourvu de tout talent, le préféré des cuistots et des garçons de courses. Johnny l’escroqué par son chirurgien des stars.
Johnny le lanceur de dagues SS dans je ne sais plus quel film avec Serrault.
Johnny qui avait promis de venir un jour aux BBR de Le Pen, mais qui se rendit à la fête de l’Huma. Johnny l’icône du Sarkostan agonisant…
De Johnny, comme d’une chèvre sans fromage, je n’en n’ai jamais rien eu à braire.  C’est comme ça. Je n’y peux rien. J’ai toujours eu mieux à faire.

Il symbolise la France d’après la France, la France du Général (épisode d’ailleurs rebaptisé du « Prisonnier », ce qui souligne, comme le fait OSS117 quand il est à Rio, que nous étions alors dans un régime semi-dictatorial, qui ne nous préparait à rien de bon, contrairement à l’Espagne), la France des faux rebelles,
ou rebelles mimétiques, la France du mimétisme yankee, façon Rivers ou Mitchell, la France Nouvelle Vague qui n’a plus rien à dire sur rien.

La France de De Gaulle ? Du cynisme de vieux bébés vendus aux Américains.

Les seuls à avoir défendu l’honneur et le rang de la France à cette époque, au niveau mondial veux-je dire, furent les juifs et arménien Goscinny, Sacha Distel et Aznavour.

J’en ai assez dit sur Johnny. Mon idole médiatique est irlandaise.
Elle est anglo-saxonne ; elle est aussi américaine. Elle est surtout prodigieusement belle, athlétique, originale, complexe, retorse, chrétienne, celte en somme, comme un texte sacré de ces civilisateurs de l’Europe, célébrés par James Joyce dans un texte inégalable.

J’ai nommé Patrick McGoohan, l’inaltérable prisonnier, le rival écrasant de Peter Falk-Columbo ou de Clint Eastwood, l’homme marié 58 ans durant à la même femme, qui refusait dans un film d’embrasser une inconnue ou de se servir d’une arme à feu,
le catholique intégral qui accepta pour les besoins de la cause de jouer le plus mauvais méchant de tous les temps dans le film irlando-yankee de son héritier et comparse Mel Gibson « Braveheart ».

Patrick MacGoohan dis-je, qui eut un temps l’audace et le pouvoir de réveiller un peuple abruti par les médias et qui, malgré tout,
sortit de son agôn, comme dit Caillois, pas trop éprouvé, pas trop humilié et, je dirais même plus (comme un des deux Dupont), pas trop méprisé.

McGoohan l’a dit et redit: le Prisonnier devait réveiller le monde. On se devait de dénoncer la société néo-totalitaire, celle qui avait gagné la guerre chaude contre le fascisme, et qui allait gagner la guerre dite froide contre le post-stalinisme,
l’anglo-saxonne société donc, à la télé yéyé, héritière des workhouses de Dickens ou du Panopticon de Bentham, celle de l’émigration victorienne de millions de pauvres, celle des pendaisons fastueuses d’Henry VIII (l’apostat préstalinien exterminateur de monastères) et finalement de l’abrutissement final de la presse people et des télés privatisées.

On se devait de la dénoncer, cette société, comme cela avait été fait par deux maîtres incroyablement ignorés de la littérature, George Orwell et Aldous Huxley, et on le fit :
grâce à cet étonnant homme, aussi ordinaire dans sa vie privée qu’extravagant dans sa vie artistique, au contraire de maints imbéciles qui ne voient dans la provocation existentielle que le moyen de justifier leur propre vacuité ontologique.

Grâce à cet homme providentiel, nous avons pu justifier – artistiquement du moins – la deuxième moitié de ce peu nécessaire XXe siècle.

Au-delà de Patrick McGoohan, le génie de sa série vient de sa profusion de détails sensationnels.
Les costumes, les décors, les hauts-de-forme, les rayures, les numéros 2 à tronche de politiciens libéraux ou sociaux-démocrates, le village résidentiel (héritage du projet Epsilon où les Anglo-Saxons enfermèrent après la guerre tous les prix Nobel nazis de physique et chimie), le bord de mer gallois, et surtout l’allégorie sur le totalitarisme cool des ères postmodernes… Tout était dit.

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Comments (9)

  • pi31416 Répondre

    Le sage de service nous admoneste: "Franchement, oublions-nous que "Le Prisonnier" ne fut qu’une série télé ?"

    Franchement, oublions-nous que "Le cousin Pons" ne fut qu’un roman-feuilleton ?

    1 janvier 2010 à 3 h 12 min
  • Carolus Répondre

    Je ne vois vraiment pas à quoi peut servir une telle diahrée verbale sur notre Jhonny!!
    On l’aime ou on ne l’aime pas en tant qu’homme ou chanteur, mais de là à sortir un tel tissus d’insanités.
    Je me demande à ce sujet de quelles 4 vérités il s’aggit.
    Désolé monsieur Bonnal, je suis peut être inculte, mais Jhonny je connais, même si il n’est pas mon idole, quant à McGoohan, c’est un illustre inconnu pour moi.

    31 décembre 2009 à 16 h 53 min
  • Anonyme Répondre

    Décidément il y a quelque chose de foucaldien dans les articles de chez Monsieur Bonnal. Toujours cette même obsession de l’oeuvre (livre, film ou série télé) qui jusque là aurait échappé à l’attention de tout le monde et qui réussissant, on ne sait trop comment, à traverser tous les filtres idéologiques et économiques, parviendrait à dire la vérité ultime du “système”. Voilà donc Patrick McGoohan présentement investi de ce même rôle critique qu’occupèrent jadis “Le Panoptique” de Bentham et “Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère …” À qui demain le tour ?

    31 décembre 2009 à 11 h 59 min
  • Jaures Répondre

    "Le Prisonnier", Andy Warhol, …tout cela est bien Kitch !
    Franchement, oublions-nous que "Le Prisonnier" ne fut qu’une série télé ?
    Gageons que dans quelques années un nouveau Bonnal érigera en chef-d’oeuvre "F.B.I portés disparus" ou Jack Bauer comme maître à penser.

    30 décembre 2009 à 19 h 05 min
  • Daniel Répondre

    Mohamed
    "étrange face à face, on peut aimer l’un et apprécier l’autre. Patrick MacGoohan, visionnaire, certes, et au talent exceptionnel, mais il a oublié de "mentionner" que l’Islam ramènera l’harmonie universelle en ce pauvre monde décadent, et même en Corse".
    Oui,  les jeunes Iraniens sont en train de nous montrer ce qu’ils pensent de cette "harmonie" islamique…  Et malgré l’endoctrinement, de nombreux musulmans n’ont pas envie de rester idiots sous la coupe d’une religion qui prétends penser à leur place et a  amplement démontré ce qu’elle était capable…   de ne pas faire , en plus de ce qu’elle a détruit. Comme le communisme.   Et la vieille garde des  Mohamed verra l’heure de la mort s’approcher tiraillé entre culpabilité et  soulagement.   Dieu est grand!,  tellement grand qu’il est incontournable.

    28 décembre 2009 à 22 h 47 min
  • Guy Répondre

    J’ai déjà dit à momo abdel qui a la comprenette difficile, que sans la technologie de l’occident les musulmans seraient encore sur le sable et sans Internet. C’est grâce à la colonisation qu’ils ont vu construire leur pays, sortir du moyen-âge pour y rentrer de nouveau après l’indépendance. Si l’islam est l’harmonie universelle qu’ils la développent dans leur propre pays, c’est fortement recommandé…

    D’autre part, la principale activité que sait faire l’islam est résumée sur le lien suivant, onglet "islamic terror" : http://www.thereligionofpeace.com/ il y trouvera la très longue liste à jour depuis le 11 septembre 2001.

    Ensuite, sur le site suivant, il y trouvera ce qu’est "l’harmonie universelle de l’islam" : http://www.bivouac-id.com/ , voilà ça occupera momo jusqu’à sa prochaine intervention stupide.

     

     

     

    28 décembre 2009 à 22 h 33 min
  • alex1710 Répondre

    C’est toujours avec un grand intérêt que je lis les chroniques complètement déjantées de M. Bonnal. Il y a quelque chose de warholesque dans sa pensée, que je dois avouer ne connaître que par l’intermédiaire des 4vérités.

    Cependant son pessimisme radical me perturbe: ne peut-il proposer une alternative à l’apocalypse mou dont il nous avait parlé voici peu?

    Quant à M. Abdel Mahomet, qui est sans doute le pseudo d’un agent provocateur, je pourrais lui répondre: "si vous n’êtes pas capables déjà de régler les problèmes chez vous (Algérie, Maroc, Egypte, etc… ne sont pas dess modèles d’ordre et d’efficacité, nicht wahr?), comment croyez-vous nous apporter quoi que ce soit de positif, en tant qu’hommes ou en tant que religion?"

    A moins que pour paraphraser certain philosophe du XXème siècle, politiquement peu correct de nos jours (pour le dire avec une litote), ce n’est pas le christianisme qui a fait grandir le Peuple Européen, mais le Peuple Européen qui a fait grandir le christianisme, de même ce sera peut-être nous qui ferons grandir la religion musulmane. Mais je crois que son côté simplet et trop terre-à-terre ne nous rebute à jamais, demandons l’avis du spécialiste, n’est-ce pas, Dr. James Watson?

    27 décembre 2009 à 23 h 24 min
  • MOHAMED Répondre

    Johnny Halliday / Patrick McGoohan,

    étrange face à face, on peut aimer l’un et apprécier l’autre. Patrick MacGoohan, visionnaire, certes, et au talent exceptionnel, mais il a oublié de "mentionner" que l’Islam ramènera l’harmonie universelle en ce pauvre monde décadent, et même en Corse.

    Abdel MOHAMED

    25 décembre 2009 à 23 h 54 min
  • WatsonCorsica Répondre

    La différence entre Johnny et les autres : c’est un sous-produit français de la culture américaine ou le contraire bref comme si un new-yorkais faisait du fromage corse en élevant deux chêvres au sommet du Chrisler palace tout en se donnant un pseudo corsican.

    Avec un nom pareil, on se demande si le mec qui l’a conseillé en début de carrière n’a pas voulu lui faire une blague.

    Pauvre Johnny, obligé de chanter en américain lorsqu’il se produit aux States !

    Mais quand même, respectons-le parce que c’est un pro et qu’en tant que chanteur on n’a rien à lui apprendre.

    Dommage qu’il ne nous intéresse pas…

    25 décembre 2009 à 14 h 40 min

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