Histoire : sortir du politiquement correct

Histoire : sortir du politiquement correct

Mythes et polémiques de l'histoireSorti avec discrétion à la fin juin, « Mythes et polémiques de l’histoire » est en passe de devenir un véritable succès de librairie. Ce livre rassemble les contributions d’une quinzaine d’auteurs parmi lesquels Stéphane Courtois, Hervé Coutau-Bégarie, Pascal Gourgues, Jacques Heers, Jean-Marc Joubert, Rémi Kauffer, Christophe Réveillard ou Reynald Sécher, de bien insolentes plumes ! Les 4 Vérités ont rencontré les coordinateurs de ce livre, Guillaume Bernard et Jean-Pierre Deschodt…

Comment vous est venue l’idée de ce livre ?


Guillaume Bernard :
Un grand nombre d’ignorances ou de mensonges (volontaires ou non) sont répandus dans l’opinion publique et dans un certain nombre de manuels scolaires, en particulier du secondaire. Notre métier d’enseignant et de chercheur nous a tout naturellement conduits à réfléchir sur ce que pourrait être un ouvrage facile d’accès (par des articles courts, des encadrés), mais sans pour autant faire des concessions sur la qualité.
Jean-Pierre Deschodt : Nous avons pensé qu’il y avait un public pour un livre d’histoire qui soit à la fois scientifique et utile. Ce public, ce sont les personnes cultivées qui s’intéressent aux enjeux historiques et historiographiques, mais qui n’ont pas le temps de dépouiller les sources et de consulter de gros ouvrages bibliographiques.

N’est-ce pas s’abaisser, pour des universitaires, que de faire de la vulgarisation ?

J.-P. D. : Ce livre offre, certes, des aperçus, voire des synthèses : c’est son objet même ! Ce qui nous rapproche des cours que l’on dispense en faculté, qui ne sont rien d’autres qu’une reconstitution raisonnée du passé. Pour certains auteurs, ce sont leurs propres recherches qu’ils présentent ; pour d’autres, comme un peu des francs-tireurs, ils sont aux avant-postes pour contester, à partir des publications les plus récentes, la suprématie des images d’Épinal. Dans tous les cas, les articles s’appuient sur des recherches scientifiques.

G. B. : Mépriser la vulgarisation manifeste un état d’esprit quelque peu étonnant. Ce n’est, en tout cas, pas celui des universitaires anglo-saxons. Ils pensent même plutôt le contraire : le (supposé) « spécialiste » qui ne serait pas capable de se faire entendre du grand public trahirait sa tâche d’édification et ferait preuve d’une étrange incapacité. Il est vrai que les plus affligeantes banalités se drapent souvent dans le verbeux pour prétendre à l’intelligence ! À l’inverse, nous pensons qu’il n’est pas infamant de concevoir un « produit » accessible au plus grand nombre ; cela est même très honorable et présente une réelle difficulté d’exposition. En fait, dénoncer l’aspect vulgarisateur d’un livre revient surtout à ne pas vouloir discuter du fond ; c’est un procédé habituel du terrorisme intellectuel.

À jouer les redresseurs de torts (sur l’inquisition médiévale, les croisades, la colonisation…), votre livre peut agacer quant au fond, mais aussi par sa forme.

G. B. :
Nous avons fait appel à plusieurs auteurs pour que le résultat ne soit pas monolithique, que les styles d’écriture et d’argumentation soient variés. Tous les journalistes et chroniqueurs d’un magazine ne s’expriment pas de la même façon. Aussi, les « manières » un peu abruptes de certains peuvent-elles choquer. Mais qu’importe, si le contenu conduit les lecteurs sur la voie de la réflexion.

J.-P. D. :
En outre, il ne faudrait pas négliger le fait qu’il y a une unité formelle dans cet ouvrage grâce à la présentation homogène des articles (longueur des textes à peu près identique, intertitres pour aérer la démonstration, orientations bibliographiques), mais aussi, et peut-être surtout, à cause de l’état d’esprit des auteurs qui n’ont pas peur de s’afficher comme des bretteurs, c’est-à-dire savoir porter les coups mais aussi être prêt à en recevoir.

Votre livre est donc un manifeste politique ! Comment avez-vous choisi les auteurs ?

G. B. : Certainement pas ! Cet ouvrage ne défend pas une thèse ; chaque auteur est libre de ses propos. Les coauteurs sont des personnes qui, bien que venant d’horizons différents et ayant des orientations philosophiques parfois opposées, se respectent intellectuellement et se font mutuellement confiance. Tout en n’étant pas toujours d’accord, les auteurs de cet ouvrage sont des amis parce que des « frères d’arme ».

Bien que très riche, avec trente-cinq articles, votre ouvrage n’aborde pas toutes les légendes historiques. Une suite est-elle prévue ?

J.-P. D. :
Certes, le travail est loin d’être achevé ; ce livre en appelle d’autres. Un second volume est d’ores et déjà en préparation avec la contribution d’autres « duellistes de l’histoire »…

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Comments (2)

  • Daniel Répondre

    Oui, que de gâchis!  heureusement la Vérité est têtue simplement parce qu’elle est.  Contrairement au idéologies qui ne peuvent se nourrir que de mensonges, sinon elles disparaisent et celui qui les porte n’existe plus. Une façon de fuir devant soi même.

    Encore merci pour votre souci du vrai donc du beau.   Hors de ce choix clair, une personne devient indigne de confiance, donc mal aimée…  et entre dans un cercle fermé de compensations où tout mensonge ressemble à une solution.

    26 octobre 2008 à 18 h 28 min
  • Aregundis Répondre
    S’agissant de remettre à l’heure la pendule de l’histoire, je suis toujours preneur quand paraît un nouveau bouquin allant dans ce sens. Une histoire bien malmenée entre ceux qui nient stupidement l’héritage chrétien de l’Occident et ceux qui nient l’apport civilisateur de la colonisation ; entre le relativisme culturel et l’indifférentisme religieux. Il faut un courage certain aux historiens pour oser remettre en cause les vulgates officielles du politiquement correct. Beaucoup viennent de la gauche, il faut le dire et le saluer. Certains sont des auteurs de tradition catholique, d’autres viennent de la judéité, d’autres n’ont pas d’opinions religieuses, mais tous sont attachés à la vérité historique. C’est-à-dire aux faits, aux documents, aux archives nationales ou étrangères. Tous s’attellent à dénoncer les idéologies mensongères, les textes trafiqués et rendus frauduleux. Cela ne se fait pas sans risques et sans représailles. Stéphane Courtois a beaucoup souffert pour avoir osé – aidé de quelques autres intellectuels, dénoncer et démontrer l’idéologie du Grand Mensonge dans le Livre noir du Communisme. Bien avant eux, c’est J.F. Revel qui a ouvert les yeux de ses contemporains sur les faits et méfaits du socialisme ; c’est Annie Kriegel aussi, en son temps, c’est Jean Sévillia, Nicolas Bavez, Pierre-André Taguieff, Alain Finkielkraut et d’autres encore ; c’est aussi Sylvain Gouguenheim à propos de l’islam de Cordoue ; ce sont aussi les auteurs divers du Livre noir de la Révolution Française qui ont fait le bilan macabre des précurseurs français du bolchevisme. C’est Luc Ferry qui tenta, lui aussi, de faire bouger le « Mammouth »… Et bien d’autres encore.  
    Grace au travail universitaire, à l’honnêteté de la recherche, au fil du temps, les tabous sautent. On ouvre les yeux. On découvre les impostures.
    Nos enfants et petits-enfants, un jour, nous mettrons en accusation : comment avez-vous pu vous mentir à vous-mêmes alors que vous saviez ? Comment avez-vous pu tolérer l’intolérable ? Comment avez-vous pu être aussi lâches ? Comment avez-vous pu nous éduquer avec des manuels scolaires mensongers ? Aregundis
    25 octobre 2008 à 18 h 29 min

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