Hommage à Schoendoerffer

Hommage à Schoendoerffer

La mort adresse parfois aux hommes des signes qu’ils entrevoient sans toujours parvenir à les déchiffrer. C’est à quelques jours du cinquantième anniversaire de l’indépendance algérienne que disparaît Pierre Schoendoerffer, le cinéaste français qui a le mieux su porter à l’écran l’épopée coloniale française, et qui cependant n’en brossa que les heures les plus pathétiques, celles de la fin de l’Empire, de l’Indochine à l’Algérie, de La 317e section à L’Honneur d’un capitaine, en passant par le merveilleux Crabe-Tambour, ou par Dien-Bien-Phu

Schoendoerffer lui-même est un personnage de légende, un amoureux de l’aventure qui embarqua tout jeune sur un chalutier à voile avant d’entrer au service cinématographique de l’Armée et de partir filmer caméra au poing la guerre d’Indochine, sur le terrain parmi les combattants. (Au début des années 80, La 317e section était diffusé aux élèves officiers de réserve pour leur montrer comment on dresse un coup de main ou une embuscade…). C’est ainsi qu’il est fait prisonnier à Dien-Bien-Phu et subit une dure captivité dans les camps du viêtminh où le taux de mortalité était supérieur à celui des camps de concentration nazis.

Ses films reflètent l’amour de l’Indochine qui resta au cœur des Européens qui y combattirent, et l’amitié profonde qui le lia aux soldats. Pierre Schoendoerffer fut de ces Français en voie de disparition qui aiment leur pays et n’en ont pas honte.

Ce n’est pas seulement un grand cinéaste, c’est aussi un grand romancier. On dit que Coppola s’est inspiré de son roman L’Adieu au roi pour tourner Apocalypse Now (la version longue du film, accessible en vidéo, rend d’ailleurs un bel hommage aux Français en Indochine), mais Apocalypse Now restitue une vision de la guerre du Vietnam livrée par les Américains, tandis que L’Adieu au roi se situe dans le contexte de la deuxième guerre mondiale et de l’affrontement entre les Anglo-Saxons et les Japonais. Le roman met l’accent sur le personne de Learoyd, l’Irlandais aux yeux gris, et sur les Muruts qui en ont fait leur roi. Je ne saurais trop recommander la lecture de ce livre dur, poignant et nostalgique – romantique, au fond – qui n’est pas l’œuvre la plus connue de Schoendoerffer et que je range en bonne place dans ma bibliothèque, comme La 317e section et le Crabe-Tambour figurent en bonne place dans ma viéothèque. Âmes trop sensibles s’abstenir.

Nous n’oublierons pas de sitôt Schoendoerffer.

Partager cette publication

Comments (1)

  • quinctius cincinnatus Répondre

    Revu sur ARTE ( mais oui tout arrive ) " le crabe-tambour "et l’aviso Jaurreguberry , aviso d’assistance sur les bancs de Terre-Neuve … photographies superbes , en particulier de ce confetti perdu : l’ Archipel de Saint-Pierre et Miquelon … pour une fois pas de psychanalyse à deux balles

    19 mars 2012 à 21 h 24 min

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Vous venez d'ajouter ce produit au panier: