Il faut abroger la loi Gayssot

Il faut abroger la loi Gayssot

Le 19 août dernier, Vincent Reynouard a été extradé de la Belgique vers la France, pour contestation de crime contre l’humanité. Je ne connais cette personne que par ce qu’en ont dit les médias, à savoir qu’il était un « révisionniste », c’est-à-dire une personne contestant tout ou partie des crimes commis par le IIIe Reich et notamment minimisant le drame du génocide juif.

Personnellement, je ne vois qu’une comptabilité morbide dans la contestation du nombre de victimes ou la méthode de leur assassinat. N’y eût-il qu’un million de Juifs exterminés, et fusillés plutôt que gazés, que le drame ne m’en paraîtrait pas moins tragique… et tristement révélateur de la capacité meurtrière de l’homme.

Mais je conçois sans peine que la vérité historique nécessite de critiquer telle donnée, naguère reçue communément. C’est ainsi que la science avance. Je trouve donc extrêmement suspect que le terme même de « révisionniste » soit une insulte – sinon un chef d’inculpation.
Je ne comprends pas comment un pays civilisé peut s’accommoder d’une loi comme la loi Gayssot, interdisant de contester la version de l’histoire écrite par les vainqueurs. Car, enfin, le tribunal de Nuremberg était une justice de vainqueurs… et largement influencée par les staliniens, dont l’objectivité n’a jamais été la vertu dominante !

N’étant pas historien, et surtout pas historien de cette période, je n’ai aucune compétence pour apprécier les dires de Vincent Reynouard ou d’autres révisionnistes. Mais je ne crois pas que le parlement français, fût-il majoritairement socialo-communiste comme à l’époque du vote de la loi Gayssot, soit beaucoup plus compétent que moi en la matière.

Je lui conteste même radicalement tout pouvoir en matière de vérité. Comment une majorité pourrait-elle fonder une vérité ?
Il est donc urgent d’abroger la loi Gayssot. Que le parlement émette une motion d’hommage à des victimes, soit. Qu’il prétende fixer – et même figer – la vérité historique, voilà qui dépasse l’entendement. Plus extravagant encore, la Cour européenne des droits de l’homme ne juge pas que cette loi Gayssot contrevient, de façon flagrante, à l’un des « droits de l’homme » les plus fondamentaux : la liberté d’expression.
Bref, un pouvoir qui souhaiterait une véritable « rupture » devrait, à mon avis, s’engager à abroger cette loi.

À ce stade, un lecteur pourrait me demander ce que je pense personnellement de la période 1939-1945.
Je ne suis pas certain qu’il soit intéressant d’additionner ainsi les « opinions » sur des faits historiques. Soit on est compétent en la matière et on dit ce qui est ; soit on ne l’est pas et l’on se tait. Je suis, je l’ai dit, dans le second cas. Ce n’est pas pour moi que je revendique cette liberté d’expression, n’ayant aucune intention d’en user sur ce point précis.

Cependant, à défaut d’avoir une compétence historique, sur les faits eux-mêmes, on peut avoir une idée de ce que les faits révèlent.
Or, s’il y a un fait majeur, que nul ne contestera, c’est que la législation fait du génocide juif un cas unique de la barbarie humaine.
À certains égards, cette unicité est exacte : le peuple juif n’est pas n’importe quel peuple et, pour nous Occidentaux, il nous rappelle que toute notre civilisation est née de la tension, de l’opposition et de la synthèse plus ou moins réussie entre Athènes et Jérusalem. S’en prendre à nos racines juives était quelque chose comme un suicide de notre civilisation – et il n’est pas insignifiant que ce suicide soit survenu par le fait du peuple allemand, l’un des plus civilisés de l’époque.

En revanche, il y aurait quelque chose de mensonger et de contre-productif à imaginer que les nazis étaient une espèce de barbares sans précédent ni suite dans l’histoire. On sait que cela a permis, pendant des décennies, aux communistes de perpétrer leurs atrocités en toute tranquillité. Il faut rappeler aussi que c’est toute la modernité politique qui est traversée par les massacres de masse, organisés méthodiquement (comme en témoignent les colonnes infernales en Vendée dès la fin du XVIIIe siècle, peu après la proclamation des droits de l’homme).
Au passage, le parlement français ferait peut-être bien de s’intéresser à ses propres génocides avant de regarder ceux des voisins… Mais, surtout, en isolant de la sorte le génocide juif, on oublie que la plupart des exécutants étaient de bons citoyens et de bons pères de famille. Et que tout pouvoir peut ainsi nous conduire – à l’exception de quelques héros – à nous comporter en bêtes sauvages. C’est cela qui est effrayant dans la shoah… et que la loi Gayssot nous empêche de discerner, préparant ainsi la réédition de ce crime !

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Comments (6)

  • ASMarques Répondre

    Comment ça, « s’en prendre à nos racines juives (…) un suicide de notre civilisation » ?

    Comment  ça, « n’étant pas historien (…) je n’ai aucune compétence pour apprécier » ?

    Est-ce qu’il me faut un diplôme d’historien ou une autorisation du Vatican pour nier l’historicité de Jésus Christ, c’est à dire que nos « racines juives » réposent sur de gigantesques mensonges ?

    Aujourd’hui, hélas, comme autrefois…

    Que de crétins, bon dieu !       

    2 septembre 2010 à 18 h 56 min
  • Anonyme Répondre

    J’aime la discussion et la contradiction mais l’article de Guillaume de Thieulloy me semble un modèle d’analyse. Accord à 100%. J’ajoute qu’on devrait raisonner comme lui sur ce point, qu’on soit de gauche ou de droite.
    Nous sommes le seul pays démocratique à avoir voté une loi contraire à nos principes fondamentaux, pour des motivations sentimentales n’ayant rien à voir avec la raison. Extrader un homme parce qu’il a prononcé des paroles qui nous déplaisent, comme s’il était un criminel! Mais alors, il faudrait en extrader des milliers d’autres qui, un peu partout dans le monde, et surtout dans les pays islamiques, hurlent leur haine des Juifs, acclament la mémoire d’Hitler et nient la Shoah. Tiens, tiens, silence sur ceux-là!
    Nous devrions prendre modèle sur le 1er amendement de la Constitution des USA qui stipule:
    "Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de ses griefs".
    Et rappelons que cette Constitution n’est ni "bushienne" ni "obamesque", elle est simplement la première constitution démocratique du monde moderne, antérieure même la Déclaration des Droits de l’Homme de 89.
    Mais en France aujourd’hui, hélas, on n’admet plus qu’un homme puisse penser et s’exprimer en dehors du courant de la bien-pensance. C’est la pire des régressions et la marque d’une décadence effrayante.

    28 août 2010 à 10 h 02 min
  • SAS Répondre

    ……la merde monstre essémée par la fausse gauche ne sera jamais assurément épongée par la fausse droit…….

     

    De toute manière interdir à des veaux de reflechir , se poser des questions et faire usage de leur libre arbitre……..N EST QUE FADAISE ET PERTE DE TEMPS…

     

    les français sont donc un peuple de cons……et j appartiens malgré moi a ce peuple…….

     

    sas le honteux.

    25 août 2010 à 20 h 22 min
  • Pascale Répondre

    Il me semble que dans le changement récent de la Constitution, il a été donné la possibilité au peuple français de revenir sur une loi adoptée par le parlement et non soumise à l’analyse des "Sages". Ce fut le cas de la loi Gaissot, là aussi, me semble-t-il. Car, cette loi est anticonstitutionnelle et je vois mal le Conseil Constitutionnel la valider.

    Cependant, je crois que la validité d’une loi non soumise au Conseil Constitutionnel avant mise en application ne peut être remise en cause qu’à l’occasion d’un procès relatif, dans ce cas, au "révisionnisme" ou peut-être d’une manière plus générale à l’occasion d’un procès en rapport avec la liberté d’expression.

    Mes suppositions sont peut-être fausses. Mais si elles étaient véridiques, n’y aurait-il pas moyen pour les Français de faire abroger cette loi, dès qu’un procès serait intenté ? 

    Loin d’être une juriste et encore moins une spécialiste du droit constitutionnel, je m’étonne que des lois anticonstitutionnelles puissent être votées par le Parlement et appliquées sans qu’il soit obligatoire qu’elles reçoivent l’accord du Conseil Constitutionnel ?

    25 août 2010 à 17 h 25 min
  • alex Répondre

    Certes, M. Thieulloy (de),

    Vous n’êtes pas compétent pour juger de l’histoire de 39-45, mais Eric Hobsbawm, "historien spécialiste de cette période " acclamé par tous les média, l’est-il vraiment? Rappelons que ce militant communiste et sioniste a écrit dans ses livres publiés en 2000 (!) que le massacre de Katyn était perpétré par les Allemands. Aucun journal n’a songé l’interroger sur l’accident d’avion de Kaczinsky!!! Alors sil faut se fier aux déclarations de cet individu pour se faire une idée de l’organisation d’Auschwitz…

    La loi Fabius-Gayssot ne sera JAMAIS abrogée, car elle fait partie d’une idéologie qui justifie:

    – la présence d’immigrés en Europe

    – la présence des Américains dans des pays qui ne nous ont RIEN fait (qui a entendu parler de jeunes Irakiens incendiant nos banlieues?) et sur un prétexte mensonger (WMD)

    – la tronche de nos dirigeants

    25 août 2010 à 16 h 47 min
  • LE KET Répondre

     

    " Laissons les juifs, qui proclament être le peuple élu, prouver leur titre en choisissant le chemin de la non-violence pour revendiquer leur position sur terre".

                                                                  Mahatma GHANDI .  26 novembre 1938.

     

    25 août 2010 à 12 h 20 min

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