Jean-Paul II défenseur de la personne humaine

Jean-Paul II défenseur de la personne humaine

Jean-Paul II, pape personnaliste : La personne, don et mystère( ENTRETIEN  ) Ronan Guellec a dirigé un ouvrage collectif sur la pensée politique, morale et spirituelle du pape Jean-Paul II : « Jean-Paul II pape personnaliste » . Nous l’avons interrogé sur le personnalisme.

Qu’est-ce que le personnalisme ?

C’est d’abord une attitude de vie. Lorsque je choisis de me consacrer à mes proches, aux autres, sans calcul de « retour sur investissement », je suis personnaliste. Le personnalisme est aussi un projet politique : celui d’une société accueillante fondée sur des communautés de personnes. Prenons la famille : c’est une communauté ouverte où un homme et une femme, ouverts au don réciproque et s’enrichissant de leur différence, choisissent librement de partager leur existence et d’accueillir la vie.

En quoi peut-on dire que Jean-Paul II était personnaliste ?

Jean-Paul II affirme que la vocation véritable de l’homme réside dans le libre « don désintéressé » de soi, dans la responsabilité vis-à-vis d’autrui et dans la construction d’une vie spirituelle intérieure tournée vers Dieu. Là se trouve la source du bonheur véritable de l’homme, qui devient ainsi une personne. L’homme ne peut se réaliser intégralement comme personne s’il est privé (ou s’il se prive) de l’une de ces dimensions. En ce sens, le personnalisme de Jean-Paul II est « intégral ».

Faites-vous une différence entre personnalisme et individualisme ?

Pour Jean-Paul II, la différence essentielle réside dans l’usage, par l’homme, de sa liberté et dans son rapport à la vérité. Le personnaliste limite sa liberté par la responsabilité qu’il assume vis-à-vis d’autrui. Il reconnaît aussi qu’il existe, au-dessus de sa propre liberté, une vérité objective (la loi de Dieu ou loi naturelle) à laquelle il accepte de se soumettre. L’individualiste place sa liberté au-dessus d’autrui, de Dieu, de tout. Il se croit souverain alors qu’il est, en réalité, un être « désintégré ».

Le personnalisme est-il une pensée politique actuelle ?

On pourrait imaginer, de prime abord, que le personnalisme est déjà à l’œuvre, à travers par exemple la politique des services à la personne. Mais il s’agit, en l’occurrence, de relations marchandes. Or, le personnalisme est fondamentalement une pensée de la gratuité. Le personnalisme est, en ce sens, plus un objectif qu’une réalité, dans une société matérialiste comme la nôtre. Et ce, d’autant plus que l’on promeut à présent le travail le dimanche, qui est traditionnellement un jour donné à la famille et à la vie spirituelle…

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LU POUR VOUS

Ayant contribué à cet ouvrage collectif, je ne suis pas le mieux placé pour recenser objectivement cet ouvrage. Du moins puis-je dire pourquoi son projet éditorial m’a séduit. Ronan Guellec a en effet eu l’excellente idée d’analyser l’œuvre de Karol Wojtyla sous l’angle de son personnalisme philosophique et théologique. Ce personnalisme était bien connu, mais, autant que je sache, personne n’avait choisi ce prisme pour comprendre la pensée du pape polonais.

Mais, surtout, ce qui m’a paru séduisant dans le projet tient à la diversité des sources de cette pensée originale. Comme beaucoup d’intellectuels ayant eu à lutter contre le totalitarisme (à la fois national-socialiste et marxiste-léniniste dans le cas de Karol Wojtyla, sans parler de la « démocratie totalitaire » et relativiste que le pape eut à dénoncer à la fin de ses jours), le philosophe polonais s’inspira d’auteurs très différents : de Gabriel Marcel à Emmanuel Mounier, de Jacques Maritain à saint Thomas d’Aquin, de saint Jean de la Croix à Emmanuel Lévinas…

Même sans partager toutes les analyses du penseur anti-totalitaire, puis du pape polonais, on ne peut qu’être impressionné par la richesse de sa doctrine. Et de son double combat pour la liberté et pour la vérité, qui intéressera les lecteurs des « 4 Vérités »…

Guillaume de Thieulloy

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Comments (6)

  • Anonyme Répondre

    "Prosélytisme", "droite religieuse" : dès qu’il s’agit de religion les étiquettes pleuvent ! ça ne se fait pas de parler d’un livre sur la religion, c’est pas correcte ! Vous devriez le savoir chez 4vérités !
    Les "bien-pensants" appelle prosélytisme tout ce qui a trait à la religion et qui ne la diffame pas. La liberté passe aussi par celle des croyances du moment qu’elles ne sont pas imposées.
    Si l’on considère que 80 à 90 % des médias sont de gauche, je me demande ce qui est imposé aujourd’hui en France : la religion catholique ou le socialisme ? Où est le prosélytisme ?

    16 juin 2008 à 14 h 41 min
  • Aregundis Répondre

     

    A Barthélémy. Ah oui, tout-à-fait d’accord !

    Sur le sujet. J’ai suivi le parcours de ce bon pape, depuis son élection inattendue, le 15 octobre 1978 – ce qui ne nous rajeunit pas.  J’ai lu bien des choses sur lui, et quelques unes de ses encycliques. Et personne n’a oublié son célèbre « n’ayez pas peur ! », une semaine après son élection. J’ai toujours ce texte : « A la puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes politiques et économiques … ». Exhortation inspirée de son engagement pour la liberté qui annonçait la chute du Mur. Ce « personnalisme » (ce néologisme ne figure pas dans le Larousse), et un effet de sa personnalité et de son charisme hors du commun, de la charité au sens plein du mot exercée dans une foi sans faille. Les voyages de Jean-Paul II, ne rappelaient-ils pas ceux de l’Apôtre des Épîtres ?

    Je dirais simplement, sans entrer dans une discussion sur un nouvel « isme » dont la pertinence m’échappe, que je m’en tiens à ce qui pour beaucoup de catholiques est essentiel dans son message : un coup d’arrêt salutaire aux dérives intellos de Vatican II ou, plus exactement, à ses conséquences désastreuses dues à des curés trop zélés désireux de liquider l’héritage tridentin. Ceux-là ont vidé les églises. Ce fut aussi un rappel de l’agir chrétien authentique aux théologiens de la Libération – aux gens du CELAM, en particulier*.

    « Nous sommes convaincus que notre engagement doit s’inscrire dans la lutte des classes et des masses opprimés, pour leur libération en France et dans le monde. La lutte révolutionnaire s’inscrit dans la perspective de la construction du royaume de Dieu. Nous reconnaissons le droit pour tout chrétien comme pour tout homme de participer à ce processus révolutionnaire, y compris dans la lutte armée. »*

     Un tel délire gauchiste est certes à la marge. Et chez nous la révolution se fait désormais en paroles. Mais six ans après l’ouverture du concile on en était là, à cette démission collective de la raison. Il fallait bien qu’un jour ou l’autre un pape dise ce qu’est l’Église, et dise son fait aux cathos soixante-huitards et à quelques théologiens tellement « engagés » qu’ils en étaient devenus, au mieux des crétins atteints de logorrhée, au pire des hérétiques. Il fallait bien qu’un pape prenne quelque distance avec une pensée prétendument « progressiste ». Et qui mieux qu’un homme venu d’un pays socialiste était mieux à même d’en combattre l’idéologie pernicieuse sous-jacente ? Le discours – non, certes, du concile mais périphérique au concile dans le milieu religieux intellectuel, consistait ni plus ni moins qu’à relativiser le message de l’Évangile, pour le noyer quasiment dans le fourre-tout « social solidaire », jusqu’à le rendre incompréhensible, voire inaudible. Et qu’à force d’exégèses historico-critique, les Écritures sont devenues de simples genres littéraires, sorte de lectio divina inversée d’où était exclue toute Transcendance ; et qu’à vouloir à tout prix se fondre dans le moule sociétal et politique, l’Église en oubliait son identité chrétienne, catholique, apostolique et romaine.

    Bien entendu, Jean-Paul II, n’a jamais explicitement critiqué le concile. Il en a même rappelé l’importance au Jubilé de l’an 2000. Mais chacun compris bien au fil de ses déclarations qu’il n’en pensait pas moins. Le chrétien n’est pas un béni-oui-oui. Comment échapper aux raisons de croire ou de douter ? Mais plus encore il se doit d’être critique envers la critique. Or donc, ce pape, ce très grand pape, fut à la fois moderne dans sa façon familière et dynamique de s’adresser à la jeunesse, de s’adresser à l’humanité, et traditionnel dans sa conception du couple et du sacerdoce, comme dans ses rappels constants à l’orthodoxie. Le pape du Catéchisme (1992). En somme, son pontificat – un des plus longs de l’histoire de l’Église – aura préparé celui de Benoît XVI.

    *Colloque « Christianisme et révolution. Mars 68. Plusieurs signataires dont Témoignage chrétien de Georges Montaron.

    *Conférence des évêques latino-américains.

    16 juin 2008 à 1 h 16 min
  • HansImSchnoggeLoch Répondre

    Wulfgar a dit: J  PAUL  II  ?? : un  pourvoyeur  de souffrance humaine oui !

    Voilà un bel exemple d’inversion des valeurs. Où allons-nous?

    14 juin 2008 à 10 h 58 min
  • Barthélémy Répondre

    Comme le disait le grand Léon Bloy " S’écarter de Saint -Thomas , surtout dans les questions méthaphysiques, ne va pas sans détriment grave ".

    Mais imaginez le choc pour un laïque -anticlérical  de 2008 s’il découvrait subitement, mais en est-il encore capable, qu’il y a plus dans un seul traité de Saint-Thomas que dans les neuf dixièmes de la philosophie française publiée depuis un demi-siècle.

    Comme le dit si bien Maurice Dantec " Deux paragraphes d’Origène, de Tertullien ou de Saint-Hilaire de Poitiers valent à eux seuls de pleins cartons remplis de livres de " sociologie ".

    Ma bibliothèque se vide à un bout, pour se remplir de l’autre.

    Je ne suis pas le seul à penser que la mission première du Pape c’est d’arrêter la déchristianisation de l’Eglise.

    14 juin 2008 à 8 h 49 min
  • WULFGAR Répondre

     l’individualiste  serait un etre désintégré selon vous ! !

    vous prenez vos désirs pour des réalités  .
    J  PAUL  II  ?? : un  pourvoyeur  de souffrance humaine oui !

    12 juin 2008 à 13 h 30 min
  • IOSA Répondre

    La droite religieuse a parlé…ce ne serait pas du prosélytisme par hasard ?

    11 juin 2008 à 20 h 09 min

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